Archives de catégorie : Jésus-Christ

Jean
1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement avec Dieu. 3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. 4 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. 5La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

6 Il y eut un homme envoyé de Dieu: son nom était Jean. 7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8 Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.

9 Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. 10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. 11Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. 12 Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, 13 lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

14 Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. 15 Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié: C’est celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi. 16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce; 17 car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 18 Personne n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.

Le Suaire de Turin aurait bien 2000 ans

Cette bande de tissu est sans conteste l’objet historique qui a suscité et suscite encore le plus d’attention de la part du monde scientifique. De nouvelles recherches réalisées par des chercheurs italiens confirment une datation antique, remontant à 2000 ans.
Suaire de Turin
La nouvelle technique – WAXS – employée par les scientifiques italiens s’appuie sur des rayons X.

Cette nouvelle étude a été rendue publique le 11 avril 2022. Menée par des chercheurs italiens et baptisée « X-ray dating of a linen sample from the Shroud of Turin » (datation par rayons X d’un échantillon de lin provenant du Linceul de Turin), elle atteste que le drap aurait bel et bien environ 2 000 ans.

Plus fiable que le carbone 14

Cette nouvelle découverte contredit donc les résultats de la datation au carbone 14 effectuée en 1988 qui faisait du linceul une « construction médiévale ».

Concrètement, cette méthode d’analyse appelée « Wide Angle X-Ray Scattering » (WAXS), consiste à mesurer le vieillissement naturel de la cellulose de lin grâce aux rayons X, puis de le convertir en temps écoulé depuis la fabrication. Les résultats ont été comparés à ceux d’autres échantillons de tissus de lin authentifiés, d’un âge variant entre 3000 av. J.-C. et 2000 ap. J-C. Les mesures du linceul ont donc révélé qu’il datait bien de l’époque du Christ.

Pourquoi cette technique est-elle plus fiable que la datation au carbone 14 ? Parce qu’elle n’est pas influencée par la présence de nouvelles particules qui se seraient ajoutées au cours du temps entre les fibres du tissu, et qui peuvent dès lors fausser les résultats..

Toutefois, la technique employée ne permet pas d’obtenir la date exacte d’apparition du linceul. Il est d’ailleurs très probable qu’on ne pourra jamais y parvenir. La WAXS est également soumise à un aléa : la température et l’humidité dans lesquelles le linceul a été conservé. En effet, le Suaire de Turin a connu de nombreuses péripéties, il a notamment survécu à deux incendies, il a aussi probablement été inondé. C’est donc déjà un miracle qu’il nous soit parvenu en si bon état.

Avec le Suaire de Turin, « Tout se tient sur le plan scientifique »

La science viendrait donc confirmer l’origine antique du tissu vénéré par de très nombreux catholiques. En 2018, c’est le professeur et médecin légiste Philippe Boxho, Université de Liège, qui nous partageait ses conclusions: « Les résidus de terre prélevés contiennent des concentrations identiques à celles présentes dans les tombes antiques de Jérusalem. […] L’image imprimée sur le tissu n’est pas une peinture, un dessin, un décalque mais a bien été produite par une oxydation acide qui aurait pu être provoquée par la sueur d’une personne victime d’acidose respiratoire. […] Tout ceci me fait dire que celui qui a été enveloppé dans ce linceul est soit Jésus soit est mort comme lui. »

Le professeur affirmait également que le linceul comportait des traces des substances utilisées à l’époque pour oindre les défunts. Enfin, on sait que le corps n’est pas resté longtemps enveloppé dans le linge vu l’absence de signe de putréfaction. « Tout se tient sur le plan scientifique par rapport au récit de la mise en croix » affirmait encore le professeur Boxho, mais la porte reste ouverte, l’étude n’est pas encore finie.

Source

La dévotion au Cœur Immaculé de Marie – Les 9 premiers samedis du mois

Le 15 août 1942, le Seigneur m’accorda une vision, durant laquelle il fit diverses promesses aux âmes qui accomplissent cette neuvaine avec zèle. Lors de cette vision, le Sauveur me conduisit, entre autres, auprès de sa Mère Immaculée « la Reine du monde » et me dit : Mon enfant, vois ta Mère, la Reine du Monde et la Reine des reines. Aime-là et présente-lui tes hommages d’enfant, comme j’aime que chacun le fasse. » Puis le Sauveur entrouvrit le manteau de la Sainte Vierge pour montrer le Cœur de sa Mère, en disant : « Comme en naissant je me suis présenté au monde par le Cœur immaculé de ma Mère, c’est aussi par ce même Cœur que les âmes viendront à mon Très Saint Cœur. » Puis, mystérieusement, le Cœur Immaculé de Marie passa dans sa main divine, et Jésus dit au monde en se tournant vers lui : « Voici le Cœur Immaculé dont j’ai fait le siège de la grâce pour le monde et pour les âmes! Ce Cœur est la source assurée de mes grâces qui en jaillissent pour la vie et la sanctification du monde. Comme le Père m’a donné toute puissance dans le ciel et sur la terre, j’établis dans le Cœur immaculé de ma Mère la puissance qui vaincra le péché er le monde. Ma fille, j’ai fait au monde entier, par l’intermédiaire de Marguerite (Alacoque), des grandes promesses. Mais étant infini dans ma bonté et inépuisable dans ma grâce, je promets maintenant davantage. Si les âmes désirent que mes promesses s’accomplissent en elles, qu’elles aiment et vénèrent le Cœur immaculé de ma Mère. Elles le prouveront en me recevant dans la Sainte Communion, après une préparation pleine de repentir, neuf premiers samedis du mois consécutifs, comme pour les neufs premiers vendredis du mois, avec l’intention, uni au Cœur immaculé de ma Mère, de présenter à mon divin Cœur des actes d’expiation. »

Pour obtenir les grâces associées à cette dévotion il faut :
  1. Se préparer et se repentir;
  2. Aller à la messe en guise de vénération au Cœur Immaculé de Marie le 1er samedi du mois durant neuf mois consécutifs;
  3. Se confesser
  4. Réciter cette prière lors de la communion : Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par le Cœur Immaculé de Marie, cette sainte Hostie, en expiation et en réparation de toutes les offenses dont l’humanité ne cesse de vous abreuver.

(Les personnes qui, suivant les consignes du Sauveur, se seront confessées pour le premier vendredi du moi et maintenues en état de grâce, n’ont pas à se confesser de nouveau pour le premier samedi du moi, ni pour le samedi du Cœur de Marie. Mais si le premier Samedi du mois coïncide avec le premier jour du mois, et précède donc le premier vendredi, le vendredi du Sacré Cœur de Jésus, il faut aussi se confesser, si la possibilité en est donnée.)

Les 33 promesses de Jésus pour la dévotion au Cœur Immaculé de Marie :
  1. Tout ce que les âmes demandent à Mon Cœur par le Cœur de Ma Mère, pour autant que tout soit conforme aux décrets divins et qu’elles me le demandent avec confiance, je le leur accorderai déjà durant la neuvaine.
  2. Dans toutes les circonstances de la vie, elles bénéficieront de l’assistance spéciale de Ma Mère et de sa bénédiction.
  3. En elles et dans leurs familles régneront la paix, l’entente et l’amour.
  4. Leurs familles ne subiront ni scandale, ni déceptions, ni injustices.
  5. Les couples ne se sépareront pas ; les séparés reviendront au foyer.
  6. Les familles vivront dans l’entente et persévéreront dans la vraie foi.
  7. Les mères qui auront reçu la bénédiction jouiront de la protection spéciale de ma Mère et obtiendront tout ce qu’elles demanderont pour elles et pour leurs enfants.
  8. Les pauvres trouveront logement et nourriture.
  9. Les âmes trouveront réconfort dans la prière et dans la peine et apprendront à aimer Dieu, le prochain et leurs ennemis.
  10. Les pécheurs se convertiront sans trop de réticence, même si la neuvaine est accomplie pour eux par une autre personne.
  11. Les pécheurs ne retomberont pas dans leurs péchés et ils retrouveront non seulement le pardon de leurs péchés mais encore l’innocence baptismale par la contrition parfaite et l’amour.
  12. Qui accomplit cette neuvaine en état de grâce, n’offensera mon Cœur par aucune faute grave dans la suite, jusqu’à sa mort (concerne spécialement les enfants).
  13. L’âme qui se convertit sincèrement échappera non seulement au feu éternel mais aussi aux flammes du Purgatoire.
  14. Les âmes tièdes deviendront ferventes et, se maintenant dans leur zèle, parviendront rapidement à la plus haute perfection et à la sainteté.
  15. Si ce sont les parents ou tout autre membre de la famille qui accomplissent la neuvaine, aucun des membres de la famille ne sera damné.
  16. Beaucoup de jeunes y trouveront l’appel au sacerdoce ou aux vœux religieux.
  17. Ceux qui ont perdu la foi, la retrouveront, et les égarés reviendront à la vraie Église.
  18. Les prêtres et les membres des ordres religieux resteront fidèles à leur vocation. Les infidèles recevront la grâce du repentir et du retour.
  19. Les parents et les supérieurs seront secourus dans leurs préoccupations non seulement spirituelles, mais aussi matérielles.
  20. Les âmes échapperont facilement aux tentations de la chair, à celles du monde et de Satan.
  21. Les orgueilleux deviendront rapidement humbles et les haineux se laisseront vaincre par l’amour.
  22. Les âmes zélées jouiront des douceurs de la prière et des sacrifices ; elles ne seront tourmentées ni par l’agitation ou la peur, ni par le doute.
  23. Les mourants n’auront à lutter ni contre la mort, ni contre les derniers assauts. Une mort subite et imprévue ne les surprendra pas.
  24. Les mourants seront saisis d’un vif désir de la vie éternelle et s’en remettront à Ma Volonté en mourant dans les bras de Ma Mère.
  25. Au jugement, ils bénéficieront de la protection spéciale de Ma Mère.
  26. Les âmes recevront la grâce de ressentir compassion et amour en contemplant Ma Passion et les douleurs de Ma Mère.
  27. Les âmes qui aspirent à la perfection auront l’honneur de recevoir les principales vertus de Ma Mère : humilité, chasteté et amour.
  28. Que ce soit dans la maladie ou en pleine jouissance de la santé, une certaine joie intérieure et extérieure, ainsi que l’apaisement, les accompagneront.
  29. Les âmes éprises de spiritualité recevront la grâce de jouir, sans trop de difficultés, de la constante présence de Ma Mère et même de Ma présence.
  30. Les âmes qui ont progressées dans l’union mystique recevront la grâce de ressentir que c’est moi qui vis en elles et non plus elles-mêmes…C’est-à-dire que c’est Moi qui aime en leur Cœur, qui prie en leur âme, qui parle par leur bouche, qui sers en me servant de leur être. Elles vivront la merveilleuse expérience de sentir que ce qui vibre en elles de bon, de beau, de saint, d’humble, de doux, d’obéissant, d’heureux et de prodigieux, c’est, en tout et toujours, moi-même, le Dieu tout-puissant, infini, le seul Seigneur, le seul Amour, le Dieu unique.
  31. Les âmes qui accomplissent la neuvaine resplendiront durant toute l’éternité comme des lys purs autour du Cœur immaculé de Ma Mère.
  32. Moi, le divin Agneau, en Mon Père, avec le Saint-Esprit, je me réjouirais éternellement de ces âmes qui resplendissent sur le Cœur immaculé de Ma Mère comme des lys, et qui, par mon Sacré-Cœur, parviennent à la gloire.
  33. Les âmes éprises de spiritualité progresseront rapidement dans la pratique de la foi et de la vie vertueuse.

Source-Livre : Marie, Reine victorieuse du monde

Le martyre de Félicité et Perpétue

Autour de 17 h, Jésus me dit:

« Ce n’était pas mon intention de te donner cette vision ce soir. Je me proposais de te faire vivre un autre épisode des « évangiles de la foi ». Mais un désir m’a été exprimé par quelqu’un qui mérite d’être satisfait. Je le fais donc. Malgré tes douleurs, vois, observe et décris. À moi, offre tes souffrances et, à tes frères, la description.« 

J’écris donc en dépit de mes souffrances extrêmement intenses: j’ai l’impression d’avoir la tête enserrée dans un étau qui part de la nuque et conflue sur le front, pour descendre vers l’épine dorsale; cela me fait terriblement mal, au point d’avoir pensé que j’étais en train de commencer une méningite; puis je me suis évanouie. C’est encore très douloureux en ce moment. Mais Jésus permet que je parvienne à écrire par obéissance. Ensuite.. ensuite advienne que pourra!

La scène se situe en Afrique du nord, à Carthage

Je vous assure cependant que je vais de surprise en surprise, car je me trouve tout d’abord devant des Africains, ou tout au moins des Arabes, alors que j’avais toujours cru que ces saints étaient européens. Je n’avais en effet pas la moindre idée de leur condition sociale et physique, ainsi que de leur martyre. Je connaissais la vie et la mort d’Agnès. Mais d’eux! C’est comme si je lisais un récit inconnu.

 

Vision préliminaire de l’amphithéâtre.
Le martyre de Félicité et Perpétue

Comme première image, avant de m’évanouir, j’ai vu un amphithéâtre qui ressemblait plus ou moins au Colisée (pas en ruines toutefois). À ce moment-là, il n’y avait encore personne. Seule une très belle jeune Maure se tient au centre, en l’air. Elle rayonne d’une lumière béatifique qui se dégage de son corps brun et des vêtements sombres qui la couvrent. Elle semble être l’ange de cet endroit. Elle me regarde et sourit. Ensuite, je m’évanouis et je ne vois plus rien.

Dans la prison de Tebourba

Maintenant, la vision se complète. Je me trouve dans un bâtiment dont l’absence de tout confort et l’apparence sévère m‘indiquent qu’il s’agit d’une forteresse utilisée comme prison. Ce n’est pas le souterrain du Tullianum que j’ai vu hier. Il y a ici de petites pièces et des couloirs surélevés. Mais l’espace y est si restreint, la lumière si rare et elles sont munies de telles barres et portes en fer cloutées que cette maigre amélioration due à leur situation est annulée par leur sévérité qui anéantit la moindre idée de liberté.

Vision de Perpétue et de son bébé

Dans l’une de ces tanières, la jeune Maure que j’ai vue dans l’amphithéâtre est assise sur une planche, qui sert en même temps de lit, de siège et de table. Cette fois, il n’en émane pas de lumière, seulement une grande paix. Elle porte sur son sein un bébé de quelques mois qu’elle allaite. Elle le berce et le cajole avec amour. L’enfant joue avec sa jeune mère et frotte son visage très olivâtre contre le sein brun de sa mère; il le prend et s’en détache avec avidité, en faisant de soudaines risettes pleines de lait.

La jeune fille est très belle: un visage régulier plutôt rond, de superbes grands yeux d’un noir velouté, une petite bouche charnue, des dents très blanches et régulières, des cheveux noirs et plutôt crépus mais maintenus par des tresses serrées qui encadrent son visage. Son teint est d’un brun olivâtre, mais pas excessivement. On trouve aussi cette couleur chez nous, notamment dans le sud de l’Italie, à peine plus claire que celle-ci. Lorsqu’elle se lève pour endormir son bébé en parcourant la cellule de long en large, je me rends compte qu’elle est grande. Elle a des formes gracieuses, certes pas exagérément, mais enfin elle a un corps bien modelé. Son port rempli de dignité lui donne l’air d’une reine. Elle porte un vêtement simple, presque aussi sombre que sa peau, qui lui tombe en légers plis sur le corps.

Son père vient la supplier d’abjurer

Un vieillard entre, Maure lui aussi. Pour ce faire, le geôlier lui ouvre la lourde porte, puis se retire. La jeune fille se retourne et sourit. Le vieillard la regarde et pleure. Pendant quelques minutes, ils restent ainsi. Puis la peine du vieillard déborde. En hoquetant, il supplie sa fille d’avoir pitié de sa souffrance: « Ce n’est pas pour cela, lui dit-il, que je t’ai engendrée. Je t’ai aimée plus que tous mes enfants, toi la joie et la lumière de ma maison. Et maintenant tu veux mourir et faire mourir ton pauvre père, qui sent son cœur se briser sous la douleur que tu lui causes. Ma fille, voici des mois que je te supplie. Tu as voulu résister et tu as connu la prison, toi qui es née dans l’aisance. J’avais plié l’échine devant les puissants pour t’obtenir de rester chez toi, bien que prisonnière. J’avais promis au juge de te faire céder à mon autorité paternelle. Actuellement, il se moque de moi, parce qu’il voit que tu n’en as eu cure. Ce n’est pas cela que devrait t’apprendre la doctrine que tu prétends parfaite. Quel est donc ce Dieu que tu suis, qui t’inculque de ne pas respecter ton père, de ne pas l’aimer? Car si tu m aimais, tu ne me ferais pas tellement souffrir. Ton obstination, qui n’est même pas vaincue par la pitié pour cet homme innocent, t’a valu d’être arrachée à la maison et enfermée dans cette prison. Or il n’est plus question de prison désormais, mais de mort, d’une mort atroce. Pourquoi? Pour qui? Pour qui veux-tu mourir? Ton Dieu a-t-il donc besoin de ton sacrifice — et même de notre sacrifice, le mien et celui de ce petit être qui n’aura plus de ère —? Ton sang et mes larmes sont-ils donc nécessaires à la réalisation de son triomphe? Comment cela se peut-il? La bête sauvage aime ses petits et, plus elle les a portés sur son sein, plus elle les aime. Cela, je l’ai aussi espéré; c’est pourquoi je t’avais obtenu de pouvoir nourrir ton enfant. Mais tu refuses de changer d’idée. Après l’avoir nourri, réchauffé, servi d’oreiller à son sommeil, voici maintenant que tu le repousses, que tu l’abandonnes sans aucun regret. Je ne te prie pas pour moi, mais en son nom. Tu n’as pas le droit d’en faire un orphelin. Ton Dieu n’a pas le droit de faire cela. Comment puis-je le croire meilleur que les nôtres s’il exige ces sacrifices cruels? Tu me pousses à le détester, à le maudire toujours plus. Mais non, mais non! Que dis-je? Oh, Perpétue, pardonne-moi! Pardonne à ton vieux père que la douleur rend fou. Veux-tu donc que j’aime ton Dieu? Je l’aimerai plus que moi-même, mais reste avec nous. Dis au juge que tu cèdes. Ensuite, tu aimeras n’importe quel Dieu de la terre, comme tu voudras. Tu feras de ton père ce que tu veux. Je ne t’appellerai plus ma fille, je ne serai plus ton père: je serai ton serviteur, ton esclave, et toi ma maîtresse. Domine, ordonne, et je t’obéirai. Mais pitié, pitié! Sauve-toi pendant que tu le peux encore. Il n’est plus temps d’attendre.

Félicité, la servante, vient de donner le jour à son enfant

Ta compagne a donné le jour à son enfant, tu le sais, et plus rien n’arrêtera la sentence. Ton fils te sera arraché, tu ne le verras plus. Demain, peut-être, ou aujourd’hui même. Pitié, ma fille! Pitié pour moi et pour lui; il ne sait pas encore parler, mais vois comme il te regarde et sourit, comme il invoque ton amour! Oh! Ma Dame, ma Dame, toi la lumière et la reine de mon cœur, la lumière et la joie de ton fils, pitié, pitié! »

Le vieillard est à genoux, il baise l’ourlet du vêtement de sa fille, il lui enlace les genoux, il essaie lui prendre la main, qu’elle pose sur son cœur pour en réprimer le déchirement humain. Mais rien ne la fait fléchir.

« C’est en raison de l’amour que j’éprouve pour toi et pour lui que je reste fidèle à mon Seigneur, répond-elle. Aucune gloire terrestre n’accordera à tes cheveux blancs et à cet innocent autant d’honneur que ma mort. Vous parviendrez à la foi. Que diriez-vous alors si j’avais renoncé à ma foi à cause d’un moment de lâcheté? Mon Dieu n’a pas besoin de mon sang ni de tes larmes pour triompher. Mais toi, tu en as besoin pour parvenir à la Vie, et cet innocent pour y rester. En échange de la vie que tu m’as donnée et de la joie qu’il m’a apportée, je vous obtiens la Vie véritable, éternelle et bienheureuse. Non, mon Dieu n’enseigne pas à manquer à l’amour envers parents et enfants. Mais il s’agit de l’amour véritable. Maintenant, la douleur te fait délirer, père. Mais, plus tard, la lumière se fera en toi et tu me béniras. Du ciel, je te l’apporterai. Quant à cet innocent, ce n’est pas que je l’aime moins, maintenant que je me suis fait vider de mon sang pour le nourrir. Si la cruauté païenne n’était pas tournée contre nous, les chrétiens, j’aurais été pour lui la plus aimante des mères et il aurait été le but de ma vie. Mais Dieu est plus grand que la chair née de moi, et l’amour qui doit lui être donné est infiniment plus grand. Même au nom de la maternité, je ne peux faire passer l’amour pour lui après celui pour une créature. Non. Tu n’es pas l’esclave de ta fille. Je suis toujours ta fille et je t’obéis en toutes choses excepté en ceci: renoncer au vrai Dieu pour toi. Laisse s’accomplir la volonté des hommes. Et, si tu m’aimes, suis-moi dans la foi. C’est là que tu retrouveras ta fille, pour toujours, car la vraie foi ouvre l’accès au paradis; or le saint Pasteur m’a déjà souhaité la bienvenue dans son Royaume. »

L’heure du supplice a sonné

À ce moment, la vision change: je vois entrer d’autres personnages dans la cellule, trois hommes et une très jeune femme. Ils s’embrassent et s’étreignent les uns les autres. Les geôliers entrent eux aussi pour enlever son fils à Perpétue. Elle vacille comme si un coup l’avait atteinte. Mais elle se reprend.

Sa compagne la réconforte: « Moi aussi, j’ai déjà perdu mon enfant. Mais il n’est pas perdu. Dieu a été bon envers moi. Il m’a accordé de le mettre au monde pour lui, et son baptême s’orne de mon sang. C’était une petite fille… belle comme une fleur. Le tien aussi est beau, Perpétue. Mais, pour vivre en Christ, ces fleurs ont besoin de notre sang. Nous leur donnerons ainsi deux fois la vie. »

Perpétue prend le petit, qu’elle avait posé sur la couche et qui dort, rassasié et content. Après lui avoir donné un léger baiser pour ne pas l’éveiller, elle le tend à son père. Elle le bénit également et lui trace une croix sur le front, et une autre sur les mains, les pieds et la poitrine; ses doigts sont baignés des larmes qui lui coulent des yeux. Elle fait tout cela si doucement que l’enfant sourit dans son sommeil comme sous une caresse.

Les condamnés sortent ensuite et, entourés de soldats, ils sont conduits dans une cave obscure de l’amphithéâtre dans t’attente du martyre. Les heures se passent à prier, à chanter des hymnes sacrés et à s’exhorter mutuellement à l’héroïsme.

La harangue d’un des six martyrs

Il me semble maintenant me trouver moi aussi dans l’amphithéâtre que j’ai déjà vu. Il est rempli d’une foule à la peau bronzée pour la plupart. Toutefois, il y a aussi bon nombre de Romains. Sur les gradins, la foule gronde et s’agite. La lumière est intense malgré le voile tendu du côté du soleil.

Les six martyrs sont fait entrer dans l’arène, en file. J’ai l’impression que des jeux cruels y ont déjà eu lieu, car elle est tachée de sang. La foule siffle et insulte. Perpétue en tête, ils entrent en chantant. Ils s’arrêtent au centre de l’arène et l’un des six se tourne vers la foule.
« Vous feriez mieux de faire preuve de courage en nous suivant dans la foi et non en insultant des êtres sans défense qui répondent à votre haine en priant pour vous et en vous aimant. Les verges avec lesquelles vous nous avez fouettés, la prison, les tortures, le fait d’avoir arraché leur enfant à deux mères, tout cela ne fait pas changer notre cœur. Vous mentez, vous qui prétendez être civilisés mais attendez qu’une femme accouche pour la tuer ensuite dans son corps et dans son cœur en la séparant de son enfant. Vous êtes cruels, vous qui mentez pour tuer, puisque vous savez parfaitement qu’aucun de nous ne vous cause de tort, et encore moins les mères dont toutes les pensées sont tournées vers leur enfant. Non, rien ne fait changer notre cœur, ni pour ce qui est de l’amour de Dieu, ni pour ce qui est de l’amour du prochain.

C’est trois fois, sept fois, cent fois que nous donnerions notre vie pour notre Dieu et pour vous, afin que vous en veniez à l’aimer. C’est donc pour vous que nous prions, tandis que le Ciel s’ouvre au-dessus de nous: Notre Père, qui es aux cieux… »

À genoux, les six martyrs prient.

Les bêtes font irruption

Une porte basse s’ouvre et les bêtes font irruption; bien qu’elles paraissent être des bolides tant leur course est rapide, il me semble qu’il s’agit de taureaux ou de buffles sauvages. Comme une catapulte ornée de cornes pointues, ils attaquent le groupe sans défense. Ils les soulèvent sur leurs cornes, les lancent en l’air comme des chiffons, les jettent au sol, les piétinent. Ils s’enfuient de nouveau, comme fous de lumière et de bruit, puis repartent à l’assaut.

Perpétue, prise comme une brindille entre les cornes d’un taureau, est projetée plusieurs mètres plus loin. Bien que blessée, elle se relève et son premier souci est de remettre de l’ordre dans ses vêtements arrachés sur son sein. Tout en les maintenant de sa main droite, elle se traîne vers Félicité tombée sur le dos et à demi éventrée; elle la couvre et la soutient, faisant d’elle-même un appui pour la blessée. Les bêtes reviennent à l’attaque jusqu’à ce que les six martyrs, à demi-morts, soient étendus sur le sol.

Les gladiateurs achèvent les mourants

Les bestiaires les font alors rentrer et les gladiateurs achèvent l’ouvrage.

Mais, que ce soit par pitié ou par manque d’expérience, celui de Perpétue ne sait pas tuer. Il la blesse sans atteindre le bon endroit. « Mon frère, ici, laisse-moi t’aider », dit-elle d’un filet de voix accompagné d’un très doux sourire. Après avoir appuyé la pointe de l’épée contre la carotide droite, elle dit alors: « Jésus, je me confie à toi! Pousse, mon frère. Je te bénis », et elle tourne la tête vers l’épée pour aider le gladiateur inexpérimenté et troublé.

Catéchèse de Jésus

Jésus dit:
« Voilà le martyre de Perpétue, de sa compagne Félicité et de ses compagnons. Elle était coupable d’être chrétienne. Bien qu’elle soit encore catéchumène, comme son amour pour moi était intrépide! Au martyre de la chair elle a uni celui du cœur, tout comme Félicité. Si elles ont été capables d’aimer leurs bourreaux, combien n’ont-elles pas aimé leur enfant!

Elles étaient jeunes et heureuses, remplies d’amour pour leur époux, leurs parents et leur enfant. Mais Dieu doit être aimé plus que tout, et elles l’ont aimé de cette manière. On leur a arraché les entrailles en les séparant de leur enfant, mais la foi ne meurt pas.

Elles croient en l’autre vie, fermement. Elles savent qu’elle appartient à ceux qui auront été fidèles et auront vécu selon la Loi de Dieu.

L’amour est la loi dans la loi

L’amour est la loi dans la loi. L’amour pour le Seigneur Dieu et pour le prochain. Quel plus grand amour existe-t-il que de donner sa vie pour ceux qu’on aime, tout comme le Sauveur l’a fait pour l’humanité qu’il aimait? Elles ont sacrifié leur vie pour m’aimer et pour en amener d’autres a m aimer et, par conséquent, à avoir la Vie éternelle. Elles veulent que leurs enfants, leurs parents, leur époux, leurs frères et sœurs ainsi que tous ceux qu’elles aiment d’un amour de parenté ou spirituellement — parmi lesquels leurs bourreaux, puisque j’ai dit: « Aimez ceux qui vous persécutent » —, que tous aient la Vie dans mon Royaume. Et, pour les y conduire, elles tracent de leur sang un signe qui va de la terre au ciel, qui resplendit, qui appelle.

Souffrir? Mourir? Qu’est-ce donc? C’est un instant fugitif, alors que la vie éternelle demeure. Ce moment de souffrance n’est rien en regard de l’avenir de joie qui les attend. Les bêtes? Les épées? Qu’est-ce? Bénies soient-elles puisqu’elles donnent la Vie!

Leur unique préoccupation est de garder leur pudeur, car ceux qui sont saints le sont en toutes choses. À cet instant, elles n’ont cure de leurs blessures mais se soucient de leurs vêtements en désordre. Car, si elles ne sont pas vierges, elles sont toujours pudiques. Le vrai christianisme procure toujours la virginité d’esprit. Il garde cette belle pureté, même là où le mariage et les enfants ont enlevé ce sceau qui, de vierges, fait des anges.

Le corps humain lavé par le baptême est le temple de l’Esprit de Dieu. Il ne doit donc pas être violé par des modes inconvenantes ou des vêtements impudiques. De la femme, notamment de celle qui ne se respecte pas elle-même, rien ne peut provenir d’autre qu’une descendance dévergondée et une société corrompue dont Dieu se retire et dans laquelle Satan laboure et sème ses tourments qui vous portent au désespoir.« 

Source

Jésus, les anges, Lucifer et la chute

Jésus est la synthèse de l’amour des Trois personnes de la Trinité

Saint Azarias me parle:
«Jésus est la synthèse de l’amour des Trois. Jésus est la synthèse de ce qu’est la Trinité et l’Unité de Dieu. Il est la perfection des Trois résumée en une seule Personne. C’est la perfection infinie et multiforme récapitulée en Jésus: un abîme de perfection devant laquelle se prosternent les armées célestes comme les bienheureuses multitudes du paradis, en adoration. Un abîme de perfection qui a pu être – et peut encore être – compris et accepté par ceux qui possèdent l’amour et par eux seuls.

Lucifer a refusé de se prosterner devant la perfection de Jésus

À partir de là, il est possible d’expliquer comment l’archange qui était un esprit bienveillant et saint a pu devenir l’Esprit du Mal. Il n’était cependant pas saint au point d’être tout amour. Or c’est la mesure de l’amour que chacun porte en soi qui donne la mesure de sa perfection et de son aversion pour toute corruption. Quand l’amour est total, plus rien ne peut venir corrompre. La molécule qui n’aime pas est une brèche facile pour que s’y infiltrent des éléments qui ne sont pas amour. Ils forcent [le passage], l’élargissent, envahissent et submergent les bons éléments, jusqu’à les exterminer. Lucifer avait une mesure d’amour incomplète. L’orgueil de soi prenait de la place en lui, une place dans laquelle l’amour ne pouvait exister. Voilà la brèche par laquelle sa dépravation pénétra, destructrice. À cause d’elle, il ne put comprendre ni accepter le Christ-Amour; synthèse de l’Amour infini, unique et trine. Et le fait que, de nos jours, se répande l’hérésie qui nie l’humanité divine de la seconde Personne pour faire de lui un simple homme bon et sage, s’explique facilement grâce à cette clé: le manque d’amour dans le cœur humain, l’incapacité à aimer, la pauvreté de la possession d’amour.

Il y a deux points que l’homme actuel ne veut pas croire

Observe, mon âme, que, aussi bien à l’époque du Christ qu’à la vôtre, il y a toujours eu deux points sur lesquels bute l’intelligence arrogante de l’homme qui ne peut pas croire à moins d’être humble et plein d’amour: d’une part, que le Christ soit Dieu et Homme et qu’il accomplisse des actes uniquement spirituels pour lesquels il fut haï même par ceux qui lui étaient le plus intimes, et donc trahi; d’autre part, qu’il ait créé le sacrement de l’Amour. Il s’ensuit que, aujourd’hui comme de tout temps, les « sans amour » prétendent et prétendront encore – de façon hérétique – que Dieu ne peut être en Jésus et que Jésus ne peut se trouver dans sa sainte et adorable Eucharistie.

Comment sous-titrer la représentation de Jésus

C’est pourquoi, mon âme, si tu devais faire inscrire une légende sous l’effigie de l’Homme-Dieu, il faudrait écrire: «Je suis la synthèse de l’Amour
[…]

Les anges sont supérieurs aux hommes, mais ils adorent Dieu en nous
Saint Azarias me dit alors:

Les anges sont supérieurs aux hommes. J’emploie le mot « hommes » pour parler des êtres que l’on dénomme ainsi, et qui sont composés de matière et d’esprit. Nous leur sommes donc supérieurs, nous qui sommes tout esprit. Mais rappelle-toi que lorsque la grâce vit dans l’homme et que circule en lui le Sang du Corps mystique dont le Christ est le chef, tandis que les sept sacrements le confirment à chaque état et à chaque période de sa vie, alors nous reconnaissons le Seigneur en vous – qui êtes « les temples vivants du Seigneur » – et nous l’adorons en vous. Vous nous devenez alors supérieurs, vous êtes « d’autres Christ » et vous possédez ce que l’on qualifie de « Pain des anges″, qui n’est en réalité que le Pain des hommes. Quelle faim mystique et insatiable d’Eucharistie est la nôtre! Elle nous pousse à nous presser autour de vous quand vous vous en nourrissez, pour sentir le divin parfum de cette Nourriture parfaite!

La liberté parfaite se trouve dans l’ordre

Mais, pour en revenir à notre point de départ, je t’assure que chez les anges, qui diffèrent de vous par la nature et la perfection, la libre volonté existe comme en vous. Dieu n’a rien créé qui soit esclave. À l’origine, tout n’était qu’ordre, dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre. Dans l’ordre, il n’est pas de contrainte due à la peur d’une invasion, d’une intrusion, d’une anarchie due à d’autres volontés qui peuvent donner lieu à des ententes secrètes et des destructions en pénétrant dans l’orbite et dans la trajectoire d’autres êtres ou choses créées. Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté – pour mettre du désordre dans l’ordre parfait. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom: le désordre de l’intelligence.

Dieu aurait-il pu empêcher tout cela? Oui

Dieu aurait-il pu empêcher tout cela? Oui. Mais pourquoi faire violence à la libre volonté de cet archange si beau et si intelligent? Dans ce cas n’aurait-il pas mis lui-même — lui le Très-Juste — du désordre dans l’ordre de sa Pensée en ne voulant plus ce qu’il avait d’abord voulu, c’est-à-dire la liberté de l’archange? Dieu n’opprime pas l’esprit troublé pour le mettre de force dans l’impossibilité de pécher. Dans ce cas, il n’aurait eu aucun mérite à ne pas pécher. Pour nous aussi, il fut nécessaire de «savoir vouloir le Bien» pour continuer à mériter de jouir de la vue de Dieu, Béatitude infinie!

L’archange Lucifer a été averti des conséquences de sa rébellion

Puisque Dieu avait voulu que ce sublime archange se tienne à ses côtés dès les premiers actes de la création et qu’il connaisse l’avenir de la création d’amour, il voulut de même qu’il sache quelle serait la nécessité adorable mais douloureuse que son péché allait imposer à Dieu: l’Incarnation et la Mort d’un Dieu pour contrebalancer la ruine du péché qui serait créé si Lucifer ne vainquait pas l’orgueil en lui-même. L’Amour ne pouvait tenir un autre langage. Le premier anéantissement de Dieu se trouve dans cet acte de vouloir convaincre l’orgueilleux avec douceur – presque en le suppliant, par la vision ce que son orgueil allait imposer à Dieu – de ne pas pécher pour ne pas amener d’autres êtres à pécher.

C’était un acte d’amour. Mais Lucifer, déjà satanisé, y vit de la peur, de la faiblesse et un affront, une déclaration de guerre; il engagea donc les hostilités contre le Très-Parfait en disant: «Tu es? Moi aussi, je suis. Ce que tu as fait, c’est pour moi. Il n’y a pas de Dieu. Et s’il y a en a un, c’est moi. Je m’adore. Je t’abhorre. Je me refuse à reconnaître pour Seigneur celui qui ne sait pas me vaincre. Il ne fallait pas me créer si parfait, si tu ne voulais pas que je me pose en rival. Maintenant je suis, et je m’oppose à toi. Triomphe de moi, si tu le peux. Mais je ne te crains pas. Moi aussi, je vais créer et ta création tremblera à cause de moi parce que je la secouerai comme un fin nuage pris par les vents, car je te hais et je veux détruire ce qui est tien pour créer sur ses ruines ce qui sera mien. Je ne connais et ne reconnais aucune autre puissance que moi. Et je n’adore plus, je n’adore, je n’adore plus personne d’autre que moi-même».

Lucifer devient Satan La convulsion de la Création.

Vraiment, la création, la Création tout entière jusqu’en ses profondeurs, fut alors prise d’une convulsion horrifiée devant l’infamie de ces paroles sacrilèges, une convulsion comme il n’y en aura pas de semblable à la fin de la Création. Il en naquit l’enfer; le règne de la Haine.

Mon âme, comprends-tu comment le Mal est apparu? De la volonté libre – et respectée comme telle par Dieu – d’une personne qui n’était pas pleinement amour. Tu peux être sûre que le même jugement est porté sur toute faute commise depuis lors: «Tout n’est pas amour ici».

L’amour plénier interdit le péché, sans effort. Celui qui aime n’a pas d’effort à faire pour atteindre la justice! L’amour l’emporte et l’élève bien au-delà de toutes fanges et dangers, il le purifie d’instant en instant des imperfections à peine visibles qui subsistent au plus haut degré de la sainteté consumée, à cet état où l’esprit a tellement progressé qu’il est vraiment roi, déjà uni par des noces spirituelles à son Seigneur, et jouit à un niveau à peine moindre de ce qui fait la vie des bienheureux au ciel, tant Dieu se donne et se dévoile à son fils béni.

Gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint.»

Source

Présentation de Jésus au Temple – La vertu de Syméon et la prophétie d’Anne.

Jésus dit:

« Deux enseignements, qui conviennent à tous, se dégagent de la description que tu as donnée.

En voici le premier: ce n’est pas au prêtre, plongé dans les rites, et avec l’esprit absent, mais à un simple fidèle que se dévoile la vérité.

Le prêtre toujours en relation avec la Divinité, appliqué au soin de tout ce qui se rapporte à Dieu, consacré à tout ce qu’il y a de plus élevé pour un être de chair, aurait dû voir tout de suite quel était le petit Enfant qu’on venait offrir au Temple ce matin-là. Mais pour qu’il pût le voir il lui aurait fallu un esprit vivant. Pas uniquement l’habit qui recouvrait un esprit sinon mort, du moins endormi.

S’il le veut, L’Esprit de Dieu peut tonner et secouer comme la foudre et le tremblement de terre même l’esprit le plus fermé. Il le peut. Mais généralement comme Il est Esprit d’ordre comme est Ordre Dieu en toutes ses Personnes et en sa manière d’agir, Il se répand et parle, je ne dis pas là où il rencontre un mérite suffisant pour recevoir son effusion – car alors il y en aurait bien peu qui auraient cette grâce et toi non plus ne jouirais pas de ses lumières – mais là où Il voit une suffisante « bonne volonté » pour attirer cette effusion.

Comment déploie-t-on cette bonne volonté? Par une vie qui, dans la mesure du possible, vient toute de Dieu. Dans la foi, l’obéissance, la pureté, la charité, la générosité, la prière. Pas dans les pratiques extérieures: dans la prière. Il y a moins de différence entre la nuit et le jour qu’entre les pratiques et la prière. La prière c’est une communion d’esprit avec Dieu d’où on sort revigoré et décidé à être toujours plus de Dieu. La pratique extérieure est une habitude quelconque avec des buts divers mais toujours égoïstes. Elle vous laisse comme vous êtes ou même avec en plus un péché de mensonge et de paresse.

Syméon avait cette bonne volonté. La vie ne lui avait pas épargné les angoisses et les épreuves. Mais il n’avait pas perdu sa bonne volonté. Les vicissitudes des années n’avaient pas entamé ni ébranlé la foi qu’il avait dans le Seigneur, dans ses promesses et n’avaient pas interrompu sa bonne volonté d’être toujours plus digne de Dieu. Et Dieu, avant que les yeux de son serviteur fidèle ne se ferment à la lumière du soleil, en attendant de s’ouvrir au Soleil de Dieu, rayonnant des Cieux ouverts à mon ascension après le Martyre, Dieu lui envoya un rayon de son Esprit qui le dirigea vers le Temple pour voir la Lumière même, venue au monde.

« Poussé par l’Esprit-Saint » dit l’Évangile (Luc 2, 27.). Oh! si les hommes savaient quel Ami parfait est l’Esprit-Saint! Quel Guide! Quel Maître! S’ils l’aimaient et l’invoquaient cet Amour de la Très Sainte Trinité, cette Lumière de la Lumière, ce Feu du Feu, cette Intelligence, cette Sagesse! Combien ils seraient plus instruits de ce qu’il est nécessaire de savoir!

Vois, Maria, voyez, mes enfants. Syméon a attendu toute une longue vie avant de « voir la Lumière », avant de savoir accomplie la promesse de Dieu. Mais il n’a jamais douté. Il ne s’est jamais dit: « C’est inutile que je persévère dans l’espérance et la prière ». Il a persévéré. Il a obtenu de « voir » ce que ne voient pas le prêtre et les membres du Sanhédrin orgueilleux et aveuglés: le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur, en ce corps d’enfant qui lui donnait tiédeur et sourires. Il a eu le sourire de Dieu, première récompense de sa vie honnête et pieuse, à travers mes lèvres de Bébé.

– Deuxième enseignement: les paroles d’Anne. Elle aussi prophétesse voit en Moi, Nouveau-Né, le Messie. Et cela, étant donné son don prophétique, lui est naturel. Mais, écoute, écoutez ce que, poussée par la foi et la charité, elle dit à ma Mère. Faites-en une lumière pour votre esprit qui tremble en ce temps de ténèbres, en cette Fête de la Lumière.

« À qui a donné un Sauveur ne fera pas défaut le pouvoir de donner son ange pour essuyer tes larmes, vos larmes ». Pensez que Dieu s’est donné Lui-même pour anéantir l’œuvre de Satan dans les esprits. Ne pourra-t-Il pas vaincre maintenant les satans qui vous torturent? Ne pourra-t-Il pas essuyer vos pleurs en mettant en fuite ces satans et en rendant la paix de son Christ? Pourquoi ne le Lui demandez-vous pas avec foi? Une foi vraie, irrésistible devant laquelle la rigueur de Dieu, indigné par vos fautes si nombreuses, tombe avec un sourire, tandis que le pardon arrive apportant l’aide qui en est sa conséquence et sa bénédiction qui est l’arc-en-ciel au-dessus de cette terre submergée par un déluge de sang voulu par vous-mêmes?

Réfléchissez: le Père, après avoir puni les hommes par le Déluge, se dit à Lui-Même et à son Patriarche: « Je ne maudirai plus la terre à cause des hommes parce que les sentiments et les pensées du cœur humain sont inclinés vers le mal dès l’adolescence. Je ne punirai plus tout être vivant comme je l’ai fait » (Genèse 9,9-15Promesse de Dieu à Noé sorti du déluge.). Et il est resté fidèle à sa parole, Il n’a plus envoyé de déluge. Mais vous, combien de fois vous êtes-vous dit et avez-vous dit à Dieu: « Si nous nous sauvons, cette fois, si Tu nous sauves, nous ne ferons plus jamais de guerres, jamais plus » et puis n’en avez-vous pas toujours fait de plus terribles? Combien de fois, menteurs, et sans respect pour le Seigneur et pour votre parole? Et pourtant Dieu vous aiderait, encore une fois, si la grande masse des fidèles l’appelait avec une foi et un amour irrésistibles.

Vous tous, qui trop peu nombreux pour contrebalancer la foule de ceux qui maintiennent toute vive la rigueur de Dieu, restez cependant dévoués à Dieu en dépit des menaces terribles de l’heure présente suspendues sur les têtes et qui croissent d’un instant à l’autre. Mettez votre angoisse aux pieds de Dieu. Lui saura vous envoyer son ange, comme il a envoyé le Sauveur au monde. Ne craignez pas. Restez unis à la Croix. Elle a toujours triomphé des embûches du démon qui par la férocité des hommes et les tristesses de la vie cherche à incliner au désespoir – c’est-à-dire à la séparation d’avec Dieu – les cœurs qu’il ne peut gagner d’une autre manière ».

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Le Secret Admirable du Très Saint Rosaire – Cinquième Dizaine

CINQUIÈME DIZAINE

LA MANIÈRE SAINTE DE RÉCITER LE ROSAIRE

41ème Rose

116. Ce n’est pas proprement la longueur, mais la ferveur de la prière, qui plaît à Dieu et qui lui gagne le cœur. Un seul Ave Maria bien dit est d’un plus grand mérite que cent cinquante mal dits. Presque tous les chrétiens catholiques récitent le Rosaire, le chapelet ou du moins quelques dizaines d’Ave. Pourquoi donc y en a-t-il si peu qui se corrigent de leurs péchés et s’avancent dans la vertu, sinon parce qu’ils ne font pas ces prières comme il faut.

117. Voyons donc la manière qu’il faut les réciter pour plaire à Dieu et devenir plus saints.

Premièrement il faut que la personne qui récite le saint Rosaire soit en état de grâce ou du moins dans la résolution de sortir de son péché, parce que toute la théologie nous enseigne que les bonnes œuvres et les prières faites en péché mortel, sont des œuvres mortes, qui ne peuvent être agréables à Dieu ni mériter la vie éternelle; c’est en ce sens qu’il est écrit: Non est speciosa laus in ore peccatoris (Si 15,9).

La louange et le salut de l’ange et l’Oraison même de Jésus-Christ n’est pas agréable à Dieu lorsqu’elle sort de la bouche d’un pécheur impénitent: Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me (Mc 7,6).

Ces personnes qui se mettent de mes confréries, (dit Jésus-Christ), qui récitent tous les jours le chapelet ou le Rosaire, sans aucune contrition de leurs péchés, m’honorent de leurs lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi.

J’ai dit: «ou du moins dans la résolution de sortir du péché», 1º parce que s’il fallait absolument être en grâce de Dieu pour faire des prières qui lui fussent agréables, il s’ensuivrait que ceux qui sont en péché mortel ne devraient point du tout prier, quoiqu’ils en aient plus de besoin que les justes, ce qui est une erreur condamnée par l’Église, et, ainsi, il ne faudrait jamais conseiller à un pécheur de dire son chapelet ou son Rosaire parce qu’il lui serait inutile; 2º parce que, si avec la volonté de demeurer dans le péché, et sans aucune intention d’en sortir, on s’enrôlait dans une confrérie de la Sainte Vierge, ou on récitait le chaplet, le Rosaire ou quelque autre prière, on se rendrait du nombre des faux dévots de la Sainte Vierge, et dévots présomptueux et impénitents, qui, sous le manteau de la Sainte Vierge, avec le scapulaire sur leur corps ou le rosaire à la main, crient: sainte Vierge, bonne Vierge, je vous salue, Marie, et cependant crucifient et déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés et tombent malheureusement, du milieu des plus saintes confréries de la Sainte Vierge, dans le milieu des flammes de l’enfer.

118. Nous conseillons le saint Rosaire à tout le monde: aux justes pour persévérer et croître dans la grâce de Dieu, et aux pécheurs pour sortir de leurs péchés. Mais à Dieu ne plaise que nous exhortions un pécheur à faire du manteau de la protection de la Sainte Vierge, un manteau de damnation pour voiler ses crimes, et à changer le Rosaire, qui est un remède à tous maux, en un poison mortel et funeste. Corruptio optimi pessima.

«Il faut être un ange en pureté, dit le savant Hugues, cardinal, pour approcher de la Sainte Vierge et réciter la Salutation angélique. Elle fit un jour voir à un impudique, qui récitait le saint Rosaire régulièrement tous les jours, de beaux fruits dans un vaisseau souillé d’ordures; il en eut horreur, et elle lui dit: « Voilà comme tu me sers, tu me présentes de belles roses dans un vaisseau sale et corrompu. Juge si je puis les avoir agréables »» (Rosier mystique, 8ème dizaine, ch. 1).

42ème Rose

119. Il ne suffit pas, pour bien prier, d’exprimer nos demandes par la plus excellente de toutes les manières d’oraison qui est le Rosaire, mais il faut encore y apporter une grande attention, car Dieu écoute plutôt la voix du cœur que celle de la bouche. Prier Dieu avec des distractions volontaires serait une grande irrévérence, qui rendrait nos Rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu’il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, et si, pendant que nous prions cette redoutable majesté qui fait tout trembler, nous nous arrêtions volontairement à courir après un papillon? C’est éloigner de soi la bénédiction de ce grand Seigneur et la changer dans la malédiction portée contre ceux qui font l’œuvre de Dieu négligemment: Maledictus qui facit opus Dei neglegenter (Jr 48,10).

120. Vous ne pouvez pas, à la vérité, réciter votre Rosaire sans avoir quelques distractions involontaires; il est même bien difficile de dire un Ave Maria sans que votre imagination toujours remuante ne vous ôte quelque chose de votre attention; mais vous pouvez le réciter sans distractions volontaires, et vous devez prendre toutes sortes de moyens pour diminuer les involontaires et fixer votre imagination.

A cet effet, mettez-vous en la présence de Dieu, croyez que Dieu et sa sainte Mère vous regardent, que votre bon Ange à votre main droite prend vos Ave Maria comme autant de roses, s’ils sont bien dits, pour en faire une couronne à Jésus et à Marie, et qu’au contraire, le démon est à votre gauche et rôde autour de vous, pour dévorer vos Ave Maria et les marquer sur son livre de mort, s’ils ne sont pas dits avec attention, dévotion et modestie; surtout ne manquez pas de faire les offrandes des dizaines en l’honneur des mystères, et de vous représenter, dans l’imagination, Notre-Seigneur et sa sainte Mère dans le mystère que vous honorez.

121. «On lit dans la vie du bienheureux Herman, de l’ordre des Prémontrés, que, lorsqu’il disait le Rosaire avec attention et dévotion, en méditant les mystères, la Sainte Vierge lui apparaissait toute brillante de lumière, avec une beauté et majesté ravissantes. Mais ensuite, sa dévotion s’étant refroidie et ne récitant plus son Rosaire qu’à la hâte, et sans attention, elle lui apparut le visage tout ridé, triste et désagréable. Herman, étonné d’un tel changement, la Sainte Vierge lui dit: « Je parais telle devant tes yeux, que je suis à présent dans ton âme, car tu ne me traites plus que comme une personne vile et méprisable. Où est le temps que tu me saluais avec respect et attention, en méditant mes mystères et admirant mes grandeurs? »» (Rosier mystique, 8ème dizaine, ch. 2).

43ème Rose

122. Comme il n’y a point de prière plus méritoire à l’âme et plus glorieuse à Jésus et à Marie que le Rosaire bien dit, il n’y en a point aussi qui soit plus difficile à bien dire et dans laquelle il soit plus difficile de persévérer, à cause particulièrement des distractions qui viennent comme naturellement dans la répétition si fréquente de la même prière.

Lorsqu’on dit l’office de la Sainte Vierge, ou les sept psaumes, ou quelques autres prières que le chapelet ou le Rosaire, le changement ou la diversité des termes dont ces prières sont conçues arrêtent l’imagination et récréent l’esprit, et par conséquent donnent facilité à l’âme pour les bien réciter. Mais dans le Rosaire, comme on y a toujours le même Pater et Ave à dire, et la même forme à garder, il est bien difficile qu’on ne s’y ennuie, qu’on ne s’y endorme et qu’on ne l’abandonne, pour prendre d’autres prières plus récréatives et moins ennuyeuses. C’est ce qui fait qu’il faut infiniment plus de dévotion pour persévérer dans la récitation du saint Rosaire que d’aucune autre prière, quand ce serait le psautier de David.

123. Ce qui augmente cette difficulté, c’est notre imagination, qui est si volage qu’elle n’est pas quasi un moment en repos, et la malice du démon si infatigable à nous distraire et à nous empêcher de prier. Que ne fait point ce malin esprit contre nous, tandis que nous sommes à dire notre Rosaire contre lui? Il augmente notre langueur et notre négligence naturelles. Avant de commencer notre prière, il augmente notre ennui, nos distractions et nos accablements; pendant que nous le prions, il nous accable de tous côtés, et il nous sifflera après que nous l’aurons dit avec beaucoup de peines et de distractions: «Tu n’a rien dit qui vaille; ton chapelet, ton Rosaire, ne vaut rien, tu ferais bien mieux de travailler et de faire tes affaires; tu perds ton temps à réciter tant de prières vocales sans attention; une demi-heure de méditation ou une bonne lecture vaudrait bien mieux. Demain, que tu seras moins endormi, tu prieras avec plus d’attention, remets le reste de ton Rosaire à demain.» Ainsi le diable, par ses artifices, fait souvent quitter le Rosaire tout à fait ou en partie, ou fait prendre le change ou le fait différer.

124. Ne le croyez pas, cher confrère du Rosaire, et prenez courage, quoique pendant tout votre Rosaire votre imagination n’ait été remplie que d’imaginations et pensées extravagantes, que vous avez tâché de chasser le mieux que vous avez pu, quand vous vous en êtes aperçu. Votre Rosaire est d’autant meilleur qu’il est plus méritoire; il est d’autant plus méritoire qu’il est difficile; il est d’autant plus difficile qu’il est naturellement moins agréable à l’âme et qu’il est plus rempli de misérables petites mouches et fourmis, qui, ne faisant que courir çà et là dans l’imagination malgré la volonté, ne donnent pas à l’âme le temps de goûter ce qu’elle dit et de se reposer dans la paix.

125. S’il faut que vous combattiez pendant tout votre Rosaire, contre les distractions qui vous viennent, combattez vaillamment les armes au poing, c’est-à-dire en continuant votre Rosaire, quoique sans aucun goût ni consolation sensible: c’est un terrible combat, mais salutaire à l’âme fidèle. Si vous mettez les armes bas, c’est-à-dire si vous quittez votre Rosaire, vous êtes vaincu, et pour lors, le diable, comme vainqueur de votre fermeté, vous laissera en paix et vous reprochera au jour du jugement votre pusillanimité et infidélité. Qui fidelis est in minimo et in majori fidelis est (Lc 16,10): «Celui qui est fidèle dans les petites choses le sera aussi dans les plus grandes.»

Celui qui est fidèle à rejeter les plus petites distractions à la moindre partie de ses prières, sera aussi fidèle dans les plus grandes choses. Rien n’est si sûr, puisque le Saint-Esprit l’a dit. Courage donc, bon serviteur et servante fidèle à Jésus-Christ et à la Sainte Vierge, qui avez pris la résolution de dire votre Rosaire tous les jours. Que la multitude des mouches (j’appelle ainsi les distractions qui vous font la guerre pendant que vous priez), ne soient pas capables de vous faire lâchement quitter la compagnie de Jésus et de Marie, dans laquelle vous êtes en disant votre Rosaire. Je mettrai ci-après des moyens de diminuer les distractions.

44ème Rose

126. Après avoir invoqué le Saint-Esprit, pour bien réciter votre Rosaire, mettez-vous un moment en la présence de Dieu et faites les offrandes des dizaines, comme vous verrez ci-après.

Avant de commencer la dizaine, arrêtez-vous un moment, plus ou moins, selon votre loisir, pour considérer le mystère que vous célébrez par la dizaine et demandez toujours, par ce mystère et l’intercession de la Sainte Vierge, une des vertus qui éclatent le plus dans ce mystère ou dont vous aurez le plus de besoin.

Prenez surtout garde aux deux fautes ordinaires que font presque tous ceux qui disent le chapelet ou le Rosaire:

La première, c’est de ne prendre aucune intention en disant leur chapelet, en sorte que, si vous leur demandez pourquoi ils disent leur chapelet, ils ne sauraient vous répondre. C’est pourquoi ayez toujours en vue, en récitant votre Rosaire, quelque grâce à demander, quelque vertu à imiter, ou quelque péché à détruire.

La seconde faute qu’on commet ordinairement en récitant le saint Rosaire, c’est de n’avoir point d’autre intention, en le commençant, que de l’avoir bientôt fini. Cela vient de ce qu’on regarde le Rosaire comme une chose onéreuse, qui pèse bien fort sur les épaules lorsqu’on ne l’a pas dit; surtout quand on s’en est fait un principe de conscience, ou quand on l’a reçu par pénitence et comme malgré soi.

127. C’est une pitié de voir comment la plupart disent leur chapelet ou leur Rosaire. Ils le disent avec une précipitation étonnante et ils mangent même une partie des paroles. On ne voudrait pas faire un compliment de cette manière ridicule au dernier des hommes, et on croit que Jésus et Marie en seront honorés!

Après cela, faut-il s’étonner si les plus saintes prières de la religion chrétienne restent quasi sans aucun fruit, et si, après mille et dix mille Rosaires récités, on n’en est pas plus saint?

Arrêtez, cher confrère du Rosaire, votre précipitation naturelle, en récitant votre Rosaire, et faites quelques pauses au milieu du Pater et de l’Ave, et une plus petite après les paroles du Pater et de l’Ave que j’ai marquées par une croix ci-après.

Notre Père qui êtes aux cieux + votre nom soit sanctifié + votre règne arrive + votre volonté soit faite + en la terre comme au ciel +.

Donnez-nous aujourd’hui + notre pain quotidien + et nous pardonnez nos offenses + comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés + et ne nous laissez point tomber dans la tentation + mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il +.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce + le Seigneur est avec vous + vous êtes bénie entre toutes les femmes + et béni est le fruit de votre ventre, Jésus +.

Sainte Marie, Mère de Dieu + priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant + et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il +.

Vous aurez d’abord de la peine à faire ces médiantes, par la mauvaise habitude que vous avez de prier à la hâte; mais aussi une dizaine dite ainsi posément vous sera plus méritoire que des milliers de Rosaires récités à la hâte, sans réfléchir ni s’arrêter.

128. «Le bienheureux Alain de la Roche et d’autres auteurs, entre autres Bellarmin, racontent qu’un bon prêtre conseilla à trois pénitentes qu’il avait, et qui étaient toutes trois sœurs, de réciter tous les jours dévotement le Rosaire, pendant un an, sans y manquer, pour former un bel habillement de gloire à la Sainte Vierge, et que c’était un secret qu’il avait reçu du ciel. Toutes les trois le dirent pendant un an. Le jour de la Purification, sur le soir, lorsqu’elles étaient couchées, la Sainte Vierge, accompagnée de sainte Catherine et de sainte Agnès, entra dans leur chambre, revêtue d’un habit tout brillant de lumière, sur lequel il y avait de tous côtés écrit en lettres d’or: Ave Maria gratia plena. La Reine des cieux approcha du lit de l’aînée des sœurs et lui dit: « Je vous salue, ma fille, qui m’avez si souvent et si bien saluée. Je viens vous remercier des beaux habits que vous m’avez faits. »

Les deux saintes vierges qui l’accompagnaient la remercièrent aussi et toutes trois disparurent.

Une heure après, la Sainte Vierge, avec ses deux compagnes, vint encore dans la chambre, habillée d’un habit vert, mais sans or et sans lumière, approcha du lit de la seconde sœur, la remercia de cet habit qu’elle lui avait fait, en disant son Rosaire. Mais comme cette seconde sœur avait vu la Sainte Vierge apparaître à sa sœur aînée avec beaucoup plus de brillant, elle lui en demanda la raison. « C’est, lui répondit Marie, qu’elle m’a fait de plus beaux habits, en disant mieux son Rosaire que toi. »

Environ une heure après, la Sainte Vierge apparut une troisième fois à la plus jeune des sœurs, habillée d’un haillon sale et déchiré et lui dit: « O fille, vous m’avez ainsi habillée, je vous en remercie. »

La jeune fille, couverte de confusion, s’écria: « Et quoi! ma maîtresse, je vous ai si mal habillée, je vous en demande pardon. Je vous demande du temps pour faire un plus bel habit, en récitant mieux mon Rosaire. » La vision ayant disparu et la plus jeune sœur fort affligée ayant dit à leur confesseur tout ce qui s’était passé, il les anima à dire pendant un an leur Rosaire avec plus de perfection que jamais, ce qu’elles firent. Au bout de l’année, le jour même de la Purification, la Sainte Vierge, accompagnée encore de sainte Catherine et de sainte Agnès qui portaient des couronnes, et habillée d’un habit merveilleux, leur apparut sur le soir et leur dit: « Soyez assurées, mes filles, du royaume des cieux, vous y entrerez demain avec grande allégresse. » A quoi toutes trois répondirent: « Notre cœur est préparé, notre chère Maîtresse, notre cœur est préparé. » La vision disparut. Cette même nuit il leur prit mal, elles envoyèrent chercher leur confesseur, reçurent les derniers sacrements et après avoir remercié leur confesseur de la sainte pratique qu’il leur avait enseignée. Après complies, la Sainte Vierge leur apparut encore, accompagnée d’un grand nombre de vierges, fit revêtir les trois sœurs de robes blanches, après quoi, elles marchèrent toutes trois pendant que les anges chantaient: « Venez, épouses de Jésus-Christ, recevez les couronnes qui vous sont préparées dans l’éternité »» (J. A. Coppestein, Beati F. Alani redivivi tractatus mirabilis, c. 70).

Apprenez plusieurs vérités de cette histoire: 1º combien il est important d’avoir de bons directeurs qui inspirent de saintes pratiques de piété et particulièrement le saint Rosaire; 2º combien il est important de réciter le Rosaire avec attention et dévotion; 3º combien la Sainte Vierge est bénigne et miséricordieuse envers ceux qui se repentent du passé et proposent de mieux faire; 4º combien elle est libérale à récompenser pendant la vie, à la mort et dans l’éternité, les petits services qu’on lui rend avec fidélité.

45ème Rose

129. J’ajoute qu’il faut réciter le saint Rosaire avec modestie, c’est-à-dire, autant qu’on peut, à genoux, les mains jointes, le rosaire en mains. Si cependant on est malade, on peut le dire en son lit; si on est en voyage, on peut le dire en marchant; si pour quelques infirmités on ne peut être à genoux, on peut le dire debout ou assis. On peut même le réciter en travaillant, lorsqu’on ne peut pas quitter son travail, pour satisfaire aux devoirs de sa profession, car le travail manuel n’est pas toujours contraire à la prière vocale.

J’avoue que notre âme étant limitée dans son opération, quand elle est attentive au travail des mains, elle en est moins attentive aux opérations de l’esprit, telle qu’est la prière; mais cependant, dans la nécessité, cette prière a son prix devant la Sainte Vierge, qui récompense plus la bonne volonté que l’action extérieure.

130. Je vous conseille de partager votre Rosaire en trois chapelets ou trois différents temps de la journée; il vaut mieux le partager ainsi que de le dire tout à la fois.

Si vous ne pouvez pas trouver assez de temps pour en dire le tiers de suite, dites-en une dizaine ici et une dizaine là; vous pourrez faire en sorte, malgré toutes vos occupations et affaires, que vous ayez dit votre Rosaire tout entier avant de vous mettre au lit.

Imitez en cela la fidélité de saint François de Sales. Étant un soir fort fatigué des visites qu’il avait faites pendant la journée, et étant près de minuit, il se ressouvint qu’il lui restait quelques dizaines de son Rosaire à dire, il se mit à genoux et les récita avant de se coucher, malgré tout ce que son aumônier, qui le voyait fatigué, lui pût dire pour l’engager à remettre à dire au lendemain ce qui lui restait de prières.

Imitez encore la fidélité, modestie et dévotion de ce saint religieux, dont parlent les chroniques de saint François, qui avait coutume, avant le dîner, de réciter un chapelet avec beaucoup d’attention et de modestie. J’en ai parlé ci-devant (7ème Rose).

46ème Rose

131. De toutes les manières de réciter le saint Rosaire, la plus glorieuse à Dieu, la plus salutaire à l’âme et la plus terrible au diable, c’est de le psalmodier ou réciter publiquement à deux chœurs.

Dieu aime les assemblées. Tous les anges et les bienheureux assemblés dans le ciel y chantent incessamment ses louanges. Les justes assemblés en plusieurs communautés sur la terre y prient en commun jour et nuit. Notre-Seigneur a expressément conseillé cette pratique à ses apôtres et disciples, et leur promit que toutes les fois qu’ils seraient au moins deux ou trois assemblés en son nom, il se trouverait au milieu de ceux qui sont assemblés pour prier en son nom et réciter sa même prière (Mt 18,20). Quel bonheur d’avoir Jésus-Christ en sa compagnie! Pour le posséder il ne faut que s’assembler pour dire le chapelet. C’est la raison pourquoi les premiers chrétiens s’assemblaient si souvent pour prier ensemble, malgré les persécutions des empereurs, qui leur défendaient les assemblées. Ils aimaient mieux s’exposer à la mort que de manquer à s’assembler pour avoir la compagnie de Jésus-Christ.

132. Cette manière de prier est plus salutaire à l’âme:

1º parce que l’esprit est ordinairement plus attentif dans une prière publique que dans une particulière;

2º quand on prie en commun, les prières de chaque particulier deviennent communes à toute l’assemblée et ne font toutes ensemble qu’une même prière, en sorte que, si quelque particulier ne prie pas si bien, un autre dans l’assemblée qui prie mieux supplée à son défaut. Le fort supporte le faible, le fervent embrase le tiède, le riche enrichit le pauvre, le mauvais passe parmi le bon. Comment vendre une mesure d’ivraie? Il ne faut pour cet effet que la mêler avec quatre ou cinq boisseaux de bon blé; le tout est vendu.

3º Une personne qui récite son chapelet toute seule n’a que le mérite d’un chapelet; mais si elle le dit avec trente personnes, elle a le mérite de trente chapelets. Ce sont les lois de la prière publique. Quel gain! quel avantage!

4º Urbain VIII, étant fort satisfait de la dévotion du saint Rosaire qu’on récitait à deux chœurs, en plusieurs lieux de Rome, particulièrement au couvent de la Minerve, donna cent jours d’indulgences toutes les fois qu’on le réciterait à deux chœurs: Toties quoties. Ce sont les termes de son bref qui commence: Ad perpetuam rei memoriam, an 1626. Ainsi, toutes les fois qu’on dit le chapelet en commun, on gagne cent jours d’indulgences.

5º C’est que cette prière publique est plus puissante, pour apaiser la colère de Dieu et attirer sa miséricorde, que la prière particulière, et l’Église, conduite par le Saint-Esprit, s’en est servie dans tous les temps de calamités et de misères publiques.

Le pape Grégoire XIII déclare, par sa bulle, qu’il faut pieusement croire que les prières publiques et processions des confrères du saint Rosaire avaient beaucoup contribué à obtenir de Dieu la grande victoire que les chrétiens gagnèrent au golfe de Lépante sur l’armée navale des Turcs, le 1er dimanche d’octobre en 1571.

133. «Louis le Juste, d’heureuse mémoire, assiégeant La Rochelle, où les hérétiques révoltés tenaient leurs forts, écrivit à la reine sa mère de faire faire des prières publiques pour la prospérité de ses armes. La reine résolut de faire réciter le Rosaire publiquement dans l’église des Frères prêcheurs du faubourg Saint-Honoré de Paris, ce qui fut exécuté par les soins de Monseigneur l’archevêque. On commença cette dévotion le 20 mai 1628. La reine mère et la reine régnante s’y rendirent, avec Monseigneur le duc d’Orléans, les cardinaux de la Rochefoucault et de Bérulle, plusieurs prélats, toute la cour et une foule innombrable de peuple. Monseigneur l’archevêque lisait à haute voix les méditations sur les mystères du Rosaire, il commençait ensuite le Pater et l’Ave de chaque dizaine et les religieux avec les assistants répondaient; après le chapelet, on portait l’image de la Sainte Vierge en procession, en chantant ses litanies.

On continua cette dévotion tous les samedis avec une ferveur admirable et une bénédiction du ciel évidente, car le roi triompha des Anglais à l’île de Ré et entra victorieux dans La Rochelle, le jour de la Toussaint de la même année» (Rosier mystique, 7ème dizaine, ch. 8). On voit par là quelle est la force de la prière publique.

134. Enfin le Rosaire récité en commun est bien plus terrible au démon, puisqu’on fait, par ce moyen, un corps d’armée pour l’attaquer. Il triomphe quelquefois fort facilement de la prière d’un particulier, mais si elle est unie à celle des autres, il n’en peut venir à bout que difficilement. Il est aisé de rompre une houssine toute seule; mais si vous l’unissez avec plusieurs autres et en faites un faisceau, on ne peut plus la rompre. Vis unita fit fortior. Les soldats s’assemblent en corps d’armée pour battre leurs ennemis; les méchants s’assemblent souvent pour faire leurs débauches et leurs danses; les démons même s’assemblent pour nous perdre; pourquoi donc les chrétiens ne s’assembleront-ils pas pour avoir la compagnie de Jésus-Christ, pour apaiser la colère de Dieu, pour attirer sa grâce et sa miséricorde, et pour vaincre et terrasser plus puissamment les démons?

Cher confrère du Rosaire, si vous demeurez à la ville ou à la campagne, auprès de l’église de la paroisse ou d’une chapelle, allez-y au moins tous les soirs, avec permission de monsieur le recteur de ladite paroisse, et là en compagnie de tous ceux qui voudront y venir récitez le chapelet à deux chœurs; faites la même chose dans votre maison ou celle d’un particulier du village, si vous n’avez pas la commodité de l’église ou de la chapelle.

135. C’est une sainte pratique que Dieu, par sa miséricorde, a établie dans les lieux ou j’ai fait des missions, pour en conserver et augmenter le fruit, pour empêcher le péché. On ne voyait dans ces bourgs et villages, auparavant que le chapelet y fût établi, que danses, débauches, dissolutions, immodesties, jurements, querelles, divisions; on n’y entendait que des chansons déshonnêtes, paroles à double entente. A présent on n’y entend que le chant des cantiques et la psalmodie du Pater et de l’Ave; on n’y voit que de saintes compagnies de 20, 30, 100 personnes et plus, qui chantent comme des religieux les louanges de Dieu à une heure réglée.

Il y a même des lieux où on récite le Rosaire en commun tous les jours, en trois temps de la journée. Quelle bénédiction du ciel! Comme il y a des réprouvés partout, ne doutez pas qu’il n’y ait, dans les lieux où vous demeurez, quelques méchants qui négligeront de venir au chapelet, qui s’en railleront peut-être même et feront tout ce qu’ils pourront, par leurs mauvaises paroles et leurs mauvais exemples, pour vous empêcher de continuer ce saint exercice; mais tenez bon. Comme ces malheureux doivent être à jamais séparés de Dieu et de son paradis, dans l’enfer, il faut qu’ici-bas, par avance, ils se séparent de la compagnie de Jésus-Christ et de ses serviteurs et servantes.

47ème Rose

136. Séparez-vous des méchants, peuple de Dieu, âmes prédestinées, et pour vous échapper et vous sauver du milieu de ceux qui se damnent par leur impiété, indévotion ou oisiveté, sans perdre le temps, récitez souvent le saint Rosaire avec foi, avec humilité, avec confiance et avec persévérance.

Premièrement, quiconque pensera sérieusement au commandement que Jésus-Christ nous a fait de prier toujours, à l’exemple qu’il nous a donné, aux besoins infinis que nous avons de la prière, à cause de nos ténèbres, ignorances et faiblesses et de la multitude de nos ennemis, certes, celui-là ne se contentera pas de réciter le Rosaire une fois tous les ans, comme la confrérie du Rosaire perpétuel demande, ni toutes les semaines, comme le Rosaire ordinaire prescrit, mais le récitera tous les jours, sans y manquer, comme le Rosaire quotidien marque, quoiqu’il n’en ait point d’autre obligation que celle de son salut.

Oportet: il faut, il est nécessaire semper orare, toujours prier, et non deficere (Lc 18,1), ne point cesser de prier.

137. Ce sont des paroles éternelles de Jésus-Christ, qu’il faut croire et pratiquer sous peine de damnation. Expliquez-les comme il vous plaira, pourvu que vous ne les expliquiez pas à la mode, afin de ne les pratiquer qu’à la mode. Jésus-Christ nous en a donné la vraie explication dans les exemples qu’il nous a laissés: Exemplum dedi vobis, ut quemadmodum ego feci, ita et vos faciatis (Jn 13,15). Erat pernoctans in oratione Dei (Lc 6,12). Comme si le jour ne lui eût pas suffi, il employait encore la nuit à la prière.

Il répétait souvent à ses apôtres ces deux paroles: Vigilate et orate (Mt 26,41). Veillez et priez. La chair est infirme, la tentation est proche et continuelle. Si vous ne priez toujours, vous y tomberez. Apparemment qu’ils crurent que ce que Notre-Seigneur leur disait n’était que de conseil, ils interprétèrent ces paroles à la mode, c’est pourquoi ils tombèrent dans la tentation et dans le péché, étant même dans la compagnie de Jésus-Christ.

138. Si vous voulez, cher confrère, vivre à la mode, et vous damner à la mode, c’est-à-dire de temps en temps tomber dans le péché mortel, et puis aller à confesse, éviter les péchés grossiers et criants, et conserver les honnêtes, il n’est pas nécessaire que vous fassiez tant de prières, que vous disiez tant de Rosaires; une petite prière le matin et le soir, quelques chapelets donnés en pénitences, quelques dizaines d’Ave Maria sur un chapelet à la cavalière, quand la fantaisie vous en prend, il n’en faut pas davantage pour vivre en honnête homme. Si vous en faisiez moins, vous approcheriez du libertinage; si vous en faites plus, vous approcheriez de la singularité et de la bigoterie.

139. Mais si, comme un vrai chrétien qui veut se sauver en vérité et marcher sur les traces des saints, vous voulez ne point tomber du tout en péché mortel, rompre tous les pièges et éteindre tous les traits enflammés du diable, il faut que vous priiez toujours comme a enseigné et ordonné Jésus-Christ.

Ainsi, il faut pour le moins que vous disiez votre Rosaire tous les jours ou quelques prières équivalentes.

Je dis encore pour le moins, car ce sera tout ce que vous pourrez faire avec votre Rosaire, tous les jours, que d’éviter tous les péchés mortels et de vaincre toutes les tentations, au milieu des torrents d’iniquité du monde, qui emportent souvent les plus assurés; au milieu des ténèbres épaisses qui aveuglent souvent les plus éclairés, au milieu des esprits malins qui, étant plus expérimentés que jamais, et ayant moins de temps à tenter, tentent avec plus de finesse et de succès.

Oh! quelle merveille de la grâce du saint Rosaire, si vous échappez au monde, au diable et à la chair et au péché et vous sauvez dans le ciel!

140. Si vous ne voulez pas croire ce que j’avance, croyez-en votre propre expérience. Je vous demande si, lorsque vous ne faisiez qu’un peu de prières qu’on fait dans le monde, et de la manière dont on les fait ordinairement, vous pouviez vous empêcher de faire de lourdes fautes et des péchés griefs qui ne vous paraissaient légers que par votre aveuglement. Ouvrez donc les yeux, et pour vivre et mourir en saint sans péché, du moins mortel, priez toujours; récitez tous les jours votre Rosaire, comme tous les confrères faisaient autrefois dans l’établissement de la confrérie (voir à la fin de ce livre la preuve de ce que j’avance). La Sainte Vierge le donnant à saint Dominique lui ordonna de le dire et faire dire tous les jours; aussi le saint ne recevait-il personne dans la confrérie qui ne fût dans la résolution de le dire tous les jours. Si, à présent, on ne demande dans la confrérie du Rosaire ordinaire que la récitation d’un Rosaire par semaine, c’est parce que la ferveur s’est ralentie, la charité s’est refroidie. On tire ce qu’on peut d’un mauvais prieur. Non fuit ab initio sic (Mt 19,8).

Il faut ici remarquer trois choses.

141. La première que si vous voulez vous enrôler dans la confrérie du Rosaire quotidien et participer aux prières et mérites de ceux qui y sont, il ne suffit pas d’être enrôlé dans la confrérie du Rosaire ordinaire, ou de prendre seulement la résolution de réciter son Rosaire tous les jours. Il faut de plus donner son nom à ceux qui ont le pouvoir d’enrôler. Il est bon de se confesser et communier à cette intention; la raison de ceci est que le Rosaire ordinaire ne renferme pas le quotidien, mais le Rosaire quotidien renferme le Rosaire ordinaire.

La seconde chose à remarquer est qu’il n’y a, absolument parlant, aucun péché, même véniel, à manquer de réciter le Rosaire de tous les jours, ni de toutes les semaines, ni de tous les ans.

La troisième, c’est que lorsque la maladie ou une obéissance légitime, ou la nécessité, ou l’oubli involontaire, sont cause que vous ne pouvez pas réciter votre Rosaire, vous ne laissez pas d’en avoir le mérite et vous ne perdez pas la participation aux Rosaires des autres confrères; ainsi il n’est pas absolument nécessaire que le jour suivant vous récitiez deux Rosaires, pour suppléer à un que vous avez manqué sans votre faute, comme je suppose. Si cependant la maladie ne vous permet de réciter qu’une partie de votre Rosaire, vous la devez réciter. Beati qui stant coram te semper. Beati qui habitant in domo tua, Domine, in saecula saeculorum laudabunt te (1 R 10,8; Ps 84,5). Bienheureux, Seigneur Jésus, les confrères du Rosaire quotidien qui, tous les jours, sont autour et dans votre petite maison de Nazareth, autour de votre croix sur le Calvaire, et autour de votre trône dans les cieux, pour méditer et contempler vos mystères joyeux, douloureux et glorieux. Oh! qu’ils sont heureux sur la terre par les grâces spéciales que vous leur communiquez, et qu’ils seront bienheureux dans le ciel où ils vous loueront d’une manière spéciale dans les siècles des siècles.

142. Secondement, il faut réciter le Rosaire avec foi, selon les paroles de Jésus-Christ: Credite quia accipietis et fiet vobis (Mc 11,24). Croyez que vous recevrez de Dieu ce que vous lui demandez, et il vous exaucera. Il vous dira: Sicut credidisti, fiat tibi (Mt 8,13): Qu’il vous soit fait comme vous avez cru. Si quis indiget sapientia, postulet a Deo; postulet autem in fide nihil haesitans (Jc 1,5-6): Si quelqu’un a besoin de la sagesse, qu’il la demande à Dieu, avec foi, sans hésiter, en récitant son Rosaire, et elle lui sera donnée.

143. Troisièmement, il faut prier avec humilité, comme le publicain; il était à deux genoux à terre, et non un genou en l’air ou sur un banc comme les orgueilleux mondains; il était au bas de l’église et non dans le sanctuaire comme le pharisien; il avait les yeux baissés vers la terre, n’osant regarder le ciel, et non la tête levée regardant çà et là comme le pharisien; il frappait sa poitrine, se confessant pécheur et demandant pardon: Propitius esto mihi peccatori (Lc 18,13) et non pas comme le pharisien qui se vantait de ses bonnes œuvres, qui méprisait les autres dans ses prières. Gardez-vous de l’orgueilleuse prière du pharisien qui le rendit plus endurci et plus maudit; mais imitez l’humilité du publicain dans sa prière qui lui obtient la rémission de ses péchés.

Prenez bien garde de donner dans l’extraordinaire et de demander et de désirer même des connaissances extraordinaires, des visions, des révélations et autres grâces miraculeuses que Dieu quelquefois a communiquées à quelques saints dans la récitation de leur chapelet et Rosaire. Sola fides sufficit (Pange lingua): la foi seule suffit présentement que l’Évangile et toutes les dévotions et pratiques de piété sont suffisamment établis.

N’omettez jamais la moindre partie de votre Rosaire dans vos sécheresses, dégoûts et délaissements intérieurs; ce serait une marque d’orgueil et d’infidélité; mais comme un brave champion de Jésus et Marie, sans rien voir, sentir, ni goûter, dites tout sèchement votre Pater et Ave, en regardant le mieux que vous pourrez les mystères.

Ne désirez point le bonbon et les confitures des enfants pour manger votre pain quotidien; mais pour imiter Jésus-Christ plus parfaitement dans son agonie, prolongez quelquefois votre Rosaire, lorsque vous sentirez plus de peine à le réciter: Factus in agonia prolixius orabat (Lc 22,43), afin qu’on puisse dire de vous ce qui est dit de Jésus-Christ, lorsqu’il était dans l’agonie de la prière: Il priait encore plus longtemps.

144. Quatrièmement, priez avec beaucoup de confiance, laquelle est fondée sur la bonté et libéralité infinies de Dieu et sur les promesses de Jésus-Christ. Dieu est une source d’eau vive qui coule incessamment dans le cœur de ceux qui prient. Jésus-Christ est la mamelle du Père éternel toute pleine du lait de la grâce et de la vérité. Le plus grand désir qu’ait le Père éternel à notre égard, c’est de nous communiquer les eaux salutaires de sa grâce et de sa miséricorde, et il crie: Omnes sitientes venite ad aquas (Is 55,1): Venez boire de mes eaux par la prière, et quand on ne le prie pas il se plaint de ce qu’on l’abandonne: Me dereliquerunt fontem aquae vivae (Jr 2,13). C’est faire plaisir à Jésus-Christ de lui demander ses grâces et plus grand plaisir qu’on ne ferait à une mère nourrice, dont les mamelles sont toutes pleines, en lui suçant son lait. La prière est le canal de la grâce de Dieu et le tétin des mamelles de Jésus-Christ. Si on ne les suce pas par la prière comme doivent faire tous les enfants de Dieu, il s’en plaint amoureusement: Usque modo non petistis quidquam, petite et accipietis, quaerite et invenietis, pulsate et aperietur vobis (Jn 16,24; Mt 7,7). Jusqu’à ici vous ne m’avez rien demandé. Ah! demandez-moi et je vous donnerai, cherchez chez moi et vous trouverez; frappez à ma porte et je vous l’ouvrirai. De plus, pour nous donner encore plus de confiance à le prier, il a engagé sa parole: que le Père éternel nous accorderait tout ce que nous lui demanderions en son nom.

48ème Rose

145. Mais à notre confiance joignons, en cinquième lieu, la persévérance dans la prière. Il n’y aura que celui qui persévérera à demander, à chercher et à frapper, qui recevra, qui trouvera et qui entrera. Il ne suffit pas de demander quelques grâces à Dieu pendant un mois, un an, dix ans, vingt ans; il ne faut point s’ennuyer, et non deficere, il faut la demander jusqu’à la mort et être résolu ou à obtenir ce qu’on lui demande pour son salut ou à mourir, et même il faut joindre la mort avec la persévérance dans la prière et la confiance en Dieu et dire: Etiam si occiderit me, sperabo in eum (Jb 13,15): Quand il devrait me tuer, j’espérerais en lui et de lui ce que je lui demande.

146. La libéralité des grands et riches du monde paraît à prévenir par leurs bienfaits ceux qui en ont besoin, avant même qu’ils les leur demandent; mais Dieu, tout au contraire, montre sa magnificence à faire longtemps chercher et demander les grâces qu’il veut accorder, et plus la grâce qu’il veut faire est précieuse et plus longtemps il diffère de l’accorder:

1º Afin, par là, de l’augmenter encore davantage;

2º Afin que la personne qui la recevra en ait une grande estime;

3º Afin qu’elle se donne de garde de la perdre après l’avoir reçue; car on n’estime pas beaucoup ce qu’on obtient en un moment et à peu de frais.

Persévérez donc, cher confrère du Rosaire, à demander à Dieu par le saint Rosaire tous vos besoins spirituels et corporels et particulièrement la divine Sagesse qui est un trésor infini: Thesaurus est infinitus (Sg 7,14), et vous l’obtiendrez tôt ou tard infailliblement, pourvu que vous ne le quittiez point et que vous ne perdiez point courage au milieu de votre course. Grandis enim tibi restat via (1 R 19,7).

Car vous avez encore beaucoup de chemin à faire, beaucoup de mauvais temps à essuyer, beaucoup de difficultés à surmonter, beaucoup d’ennemis à terrasser, avant que vous ayez assez amassé de trésors de l’éternité, des Pater et Ave pour acheter le paradis et gagner la belle couronne qui attend un fidèle confrère du Rosaire.

Nemo accipiat coronam tuam (Ap 3,11): Prenez garde qu’un autre, plus fidèle que vous à dire son Rosaire tous les jours, ne vous l’enlève. Coronam tuam: elle était vôtre, Dieu vous l’avait préparée, elle était vôtre, vous l’aviez déjà demi gagnée par vos Rosaires bien dits, et parce que vous vous êtes arrêté en si beau chemin où vous courriez si bien, currebatis bene (Ga 5,7). Un autre, qui vous a devancé, y est arrivé le premier; un autre plus diligent et plus fidèle a acquis et payé, par ses Rosaires et bonnes œuvres, ce qui était nécessaire pour avoir cette couronne.

Quid vos impedivit? (Ga 5,7): Qui est-ce qui vous a empêché d’avoir la couronne du saint Rosaire? Hélas! les ennemis du saint Rosaire, qui sont en si grand nombre.

147. Croyez-moi, il n’y a que les violents qui la ravissent de force: Violenti rapiunt (Mt 11,12). Ces couronnes ne sont pas pour ces timides qui craignent les railleries et les menaces du monde. Ces couronnes ne sont pas pour ces paresseux et fainéants, qui ne disent leur Rosaire qu’avec négligence, ou à la hâte, ou par manière d’acquit, ou par intervalle, selon leur fantaisie. Ces couronnes ne sont pas pour ces poltrons qui perdent cœur et mettent les armes bas, quand ils voient tout l’enfer déchaîné contre leur Rosaire.

Si vous voulez, cher confrère du Rosaire, entreprendre de rendre service à Jésus et Marie en récitant le Rosaire tous les jours, préparez votre âme à la tentation: Accedens ad servitutem Dei, praepara animam tuam ad tentationem (Si 2,1). Les hérétiques, les libertins, les honnêtes gens du monde, les demi-dévots et faux prophètes, de concert avec votre nature corrompue et tout l’enfer, vous livreront de terribles combats, pour vous faire quitter cette pratique.

148. Pour vous prémunir contre les attaques, non pas tant des hérétiques et des libertins déclarés que des honnêtes gens selon le monde, et des personnes même dévotes à qui cette pratique ne revient pas, je veux vous rapporter ici simplement une petite partie de ce qu’ils pensent et disent tous les jours.

Quid vult seminiverbius ille? Venite, opprimamus eum, contrarius est enim (Ac 17,18; Sg 2,12), etc.: Que veut dire ce grand diseur de chapelets et de Rosaires, qu’est-ce qu’il marmotte toujours? quelle fainéantise! il ne fait rien autre chose que chapeleter, il ferait bien mieux de travailler, sans s’amuser à tant de bigoteries. Vraiment oui!… Il ne faut que dire son Rosaire, et les alouettes toutes rôties tomberont du ciel; le Rosaire nous apportera bien de quoi dîner. Le bon Dieu dit: Aide-toi, je t’aiderai. Pourquoi aller s’embarrasser de tant de prières? Brevis oratio penetrat coelos; un Pater et un Ave bien dits suffisent. Le bon Dieu ne nous a point commandé le chapelet ni le Rosaire; cela est bon, c’est une bonne chose quand on a le temps, mais on n’en sera pas moins sauvé pour cela. Combien de saints qui ne l’ont jamais dit?

Il y a des gens qui jugent tout le monde à leur aune, il y a des indiscrets qui portent tout à l’extrémité, il y a des scrupuleux qui mettent du péché où il n’y en a point, ils disent que tous ceux qui ne diront pas leur Rosaire seront damnés.

Dire son chapelet, cela est bon pour les femmelettes ignorantes, qui ne savent pas lire. Dire son Rosaire? Vaut-il pas mieux dire l’Office de la Sainte Vierge ou réciter les sept psaumes? Y a-t-il rien de si beau que ces psaumes que le Saint-Esprit a dictés?

Vous entreprenez de dire votre Rosaire tous les jours; feu de paille que tout cela, cela ne durera pas longtemps; ne vaut-il pas mieux en prendre moins et y être plus fidèle? Allez, mon cher ami, croyez-moi, faites bien votre prière soir et matin et travaillez pour Dieu pendant la journée, Dieu ne vous demande pas davantage. Si vous n’aviez pas, comme vous avez, votre vie à gagner, encore passe, vous pourriez vous engager à dire votre Rosaire; vous pouvez le dire les dimanches et fêtes à votre loisir, mais non pas les jours ouvriers, il vous faut travailler.

Quoi! avoir un si grand chapelet de bonne femme! J’en ai vu d’une dizaine, il vaut autant qu’un de quinze dizaines. Quoi! porter le chapelet à la ceinture, quelle bigoterie; je vous conseille de le mettre à votre cou, comme font les Espagnols; ce sont de grands diseurs de chapelets, ils portent un grand chapelet d’une main, tandis qu’ils ont dans l’autre une dague pour donner un coup de traître. Laissez là, laissez là ces dévotions extérieures, la vraie dévotion est dans le cœur, etc.

149. Plusieurs habiles gens et grands docteurs, mais esprits forts et orgueilleux, ne vous conseilleront guère le saint Rosaire; ils vous porteront plutôt à réciter les sept psaumes pénitentiaux ou quelques autres prières que celle-là. Si quelque bon confesseur vous a donné en pénitence un Rosaire à dire pendant quinze jours ou un mois, vous n’avez qu’à aller à confesse à quelqu’un de ces messieurs, pour que votre pénitence vous soit changée en quelques autres prières, jeûnes, messes ou aumônes.

Si vous consultez même quelques personnes d’oraison, qu’il y a dans le monde, comme elles ne connaissent point par leur expérience l’excellence du Rosaire, non seulement elles ne le conseilleront pas à personne, mais elles en détourneront les autres pour les appliquer à la contemplation, comme si le Rosaire et la contemplation étaient incompatibles, comme si tant de saints qui ont été dévots au Rosaire n’avaient pas été dans la plus sublime contemplation.

Vos ennemis domestiques vous attaqueront d’autant plus cruellement que vous êtes plus uni avec eux. Je veux dire les puissances de votre âme et les sens de votre corps, les distractions de l’esprit, les ennuis de la volonté, les sécheresses du cœur, les accablements et les maladies du corps, tout cela, de concert avec les malins esprits qui s’y mêleront, vous crieront: Quitte ton Rosaire, c’est lui qui te fait mal à la tête; quitte ton Rosaire, il n’y a point d’obligation sous peine de péché; n’en dis du moins qu’une partie, tes peines sont une marque que Dieu ne veut pas que tu le dises, tu le diras demain quand tu seras mieux disposé, etc.

150. Enfin, mon cher frère, le Rosaire quotidien a tant d’ennemis que je regarde comme une des plus signalées faveurs de Dieu que la grâce d’y persévérer jusqu’à la mort.

Persévérez-y et vous aurez la couronne admirable qui est préparée dans les cieux à votre fidélité: Esto fidelis usque ad mortem et dabo tibi coronam (Ap 2,10).

49ème Rose

151. Afin qu’en récitant votre Rosaire vous gagniez les indulgences accordées aux confrères du saint Rosaire, il est à propos de faire quelques remarques sur les indulgences.

L’indulgence en général est une rémission ou relaxation des peines temporelles, dues pour les péchés actuels, par l’application des satisfactions surabondantes de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge et de tous les saints, qui sont renfermées dans les trésors de l’Église.

L’indulgence plénière est une rémission de toutes les peines dues au péché; la non plénière, comme de 100, 1.000 ans, plus ou moins, est la rémission d’autant de peines, qu’on aurait pu expier pendant cent ou mille années, si l’on avait reçu aussi longtemps à proportion des pénitences taxées par les anciens canons de l’Église. Or ces canons ordonnaient pour un seul péché mortel sept et quelquefois dix et quinze ans de pénitence, en sorte qu’une personne qui aurait fait vingt péchés mortels devait pour le moins faire sept, vingt années de pénitence, et ainsi du reste.

152. Pour que les confrères du Rosaire en gagnent les indulgences, il faut: premièrement qu’ils soient vraiment pénitents et confessés et communiés, comme disent les bulles des indulgences; deuxièmement qu’ils n’aient affection à aucun péché véniel, parce que l’affection au péché restant, la coulpe reste, et la coulpe restant, la peine n’est point remise; troisièmement il faut qu’ils fassent les prières et autres bonnes œuvres marquées par la bulle; et si, selon l’intention des papes, on peut gagner une indulgence non plénière, par exemple de 100 ans, sans gagner la plénière, il n’est pas toujours nécessaire pour les gagner d’être confessé et communié, comme sont les indulgences attachées à la récitation du chapelet et Rosaire, aux processions, aux rosaires bénits, etc. Ne négligez pas ces indulgences.

153. «Flammin et un grand nombre d’auteurs rapportent qu’une demoiselle de bon lieu nommée Alexandre, ayant été miraculeusement convertie et enrôlée dans la confrérie du Rosaire par saint Dominique, lui apparut après sa mort et lui dit qu’elle était condamnée à être sept cents ans en purgatoire pour plusieurs péchés qu’elle avait commis et fait commettre à plusieurs par ses vanités mondaines, le priant de la soulager et faire soulager par les prières des confrères du Rosaire, ce qu’il fit. Quinze jours après, elle apparut à saint Dominique, plus brillante qu’un soleil, ayant été délivrée si promptement par les prières que les confrères du Rosaire avaient faites pour elle. Elle avertit aussi le saint qu’elle venait de la part des âmes du Purgatoire, pour l’exhorter à continuer à prêcher le Rosaire et faire en sorte que leurs parents leur fassent part de leurs Rosaires, dont elles les récompenseraient abondamment quand elles seraient avancées dans la gloire» (Cavanac, Merveilles du S. Rosaire, ch. 8).

50ème Rose

154. Afin de vous faciliter l’exercice du saint Rosaire, voici plusieurs méthodes pour le réciter saintement, avec la méditation des mystères joyeux, douloureux et glorieux de Jésus et de Marie. Vous vous arrêterez à celle qui sera le plus à votre goût: vous pourrez vous en former vous-même une autre méthode particulière, comme plusieurs saints personnages ont fait.

La Trinité dans la bible, Jésus est-il Dieu?

La Trinité dans l’ancien testament – Deux personnes révélées dans le premier verset

Genèse 1, 1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

Dieu étant Esprit, l’Esprit de Dieu est l’Esprit de l’Esprit (Dieu)

Genèse 1, 26  Puis Dieu dit:  » Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. « 

Dieu parle à au moins une autre personne quand Il dit : Faisons l’homme…

L’Esprit-Saint

Actes des Apôtres 2, 1 Comme le jour de la Pentecôte était arrivé, ils étaient tous ensemble au même (lieu). Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu; et il s’en posa (une) sur chacun d’eux. Et tous furent remplis d’Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait de proférer.

L’apôtre Jean reconnait Jésus comme Dieu et rapporte le témoignage de Jean-Le-Baptiste (le précurseur)

Jean 1: 1  Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui: non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde. Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés. Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité.

Jésus parlant de la trinité

Mathieu 28, 16  Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. En le voyant, ils se prosternèrent; mais il y en eut qui doutèrent. Et Jésus s’approchant leur parla ainsi:  » Toutes puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. « 

Jean-Baptiste parlant de Jésus qui baptisera par l’Esprit-Saint

Matthieu 3:11  » Moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales; lui, il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Dans sa main est le van: il nettoiera son aire, il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point. « 

Nom de Dieu dans l’ancien testament

Exode 3,14 Moïse dit à Dieu: « Voici, j’irai vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. S’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? » Et Dieu dit à Moïse: « Je suis celui qui suis » Et il ajouta: « C’est ainsi, que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui est m’envoie vers vous. »

Exode 6,3  Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu tout-puissant mais sous mon nom de Yahweh, je ne me suis pas fait connaître à eux.

Jésus se déclarant Dieu

Jean 8:57  Les Juifs lui dirent: « Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham? » Jésus leur répondit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fut, je suis. » Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

Jean 10: 22 On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace; c’était l’hiver; Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs l’entourèrent donc et lui dirent: « Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens? Si vous êtes le Christ dites-le nous franchement. » Jésus leur répondit: « Je vous l’ai dit, et vous ne me croyez pas: les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi; Mais vous ne me croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis entendent ma voix. Je les connais et elles me suivent. Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Mon père et moi nous sommes un. » Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour le lapider. Jésus leur dit: « J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres bonnes qui venaient de mon Père: pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous? » Les Juifs lui répondirent: « Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu; Jésus leur répondit: « N’est-il pas écrit dans votre Loi: J’ai dit: vous êtes des dieux? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde: Vous blasphémez, parce que j’ai dit: Je suis le Fils de Dieu? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, alors même que vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres: afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi, et que je suis dans le Père. »

L’authenticité du saint suaire prouvée par les sciences

Saint Suaire de Turin

Saint-Suaire-Turin

C‘est à partir de 1898, date de sa photographie, que le Saint Suaire piqua la curiosité des savants. La technique et les lois scientifiques propres à cet art permirent de comprendre, pour la première fois, que le linge ne pouvait être une peinture. […]

Le Saint Suaire ne pouvait avoir été fait de main d’homme puisqu’il se comportait comme un négatif qui, une fois photographié, révélait en positif le portrait authentique d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié. Cette démonstration de l’authenticité de la relique fut confirmée par la médecine comme l’attestèrent brillamment les travaux du docteur Barbet dans les années 1930.

Mais c’est en 1978 que le Saint Suaire va être passé au crible des sciences exactes et de la plus haute technologie. Une équipe de 32 chercheurs américains se constitue alors pour la réalisation d’un projet bien précis : « déterminer au moyen d’expériences non destructrices, la composition chimique et le caractère de la ou des images empreintes sur le Suaire ». Rogers, l’un des chercheurs du STURP (Shroud of Turin Research Project), exprime bien le sentiment général de ses collègues lors de leur arrivée à Turin avec plusieurs tonnes d’un matériel scientifique des plus sophistiqué : « J’étais réellement sûr à près de 150 % que nous allions entrer, passer 30 minutes à le regarder et décider que c’était un canular… sans qu’il vaille la peine de faire nos expériences… » Voici le bilan de 25 ans de recherches.

LE CONSENSUS DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE

Anatomie, physiologie

Les taches de sang reproduisent exactement, chacune pour sa part, un écoulement naturellement formé à la surface d’une blessure, en parfaite conformité avec l’anatomie, la physiologie de la circulation et de la coagulation sanguine, avec la neurophysiologie et les phénomènes de conduction nerveuse. Ce qui exclue évidemment les capacités d’un faussaire du Moyen-Âge puisque les propriétés et caractéristiques de la circulation sanguine ne furent connues qu’au XVIe siècle. […]

Saint-Suaire – Taches de sang au front

Expertise médico-légale

Tissu du Saint Suaire Macrophotographie du tissu du Saint Suaire. Il est de lin, tissé en chevron.

Cette pièce de pur lin a donc enveloppé un vrai mort dont l’identité ne fait aucun doute : ce que l’on voit sur le Suaire, c’est l’image de Jésus-Christ flagellé, blessé à la tête comme par un bonnet d’épines serré sur les tempes et la nuque, transpercé aux poignets, aux cous de pieds et au flanc droit, enfin couché dans l’attitude de la sépulture.

Ce linceul nous est pourtant parvenu sans la moindre trace de décomposition, ni d’arrachement : les taches de sang n’ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. […]

Physique
La définition de l’image est parfaite, et tient en échec toute tentative d’imitation artistique ou de reconstitution en laboratoire.

L’observation au microscope montre que les fibres du Linceul sont colorées individuellement et uniformément. L’intensité de l’image est fonction de la densité relative des fibres colorées, et inversement proportionnelle à la distance du corps au linge

Chimie
Les examens pratiqués directement sur le Suaire en 1978, ont permis de démontrer que l’image « n’est pas l’œuvre d’un artiste ».

L’image du corps, monochrome, n’est faite d’aucun pigment, ni d’un colorant ou d’une teinture quelconque, mais seulement d’une légère dégradation de la cellulose, due à une oxydation-déshydratation des fibrilles de surface. Il en résulte un jaunissement superficiel des fibres du tissu, apparenté à certaines roussissures d’incendie dont ce Linge porte la trace : les unes et les autres présentent les mêmes caractéristiques de réflexion spectrale et de fluorescence.

Les taches de sang sont composées d’hémoglobine et donnent un résultat positif au test de l’albumine, ainsi qu’à celui de la bilirubine. […]

Le problème fondamental de la formation de l’image, d’un point de vue scientifique, est que certaines explications, qui pourraient être retenues d’un point de vue chimique, sont exclues par la physique. Réciproquement, certaines explications physiques qui peuvent être séduisantes sont complètement exclues par la chimie. Comme le disait le professeur Gonella à frère Bruno au soir de la clôture du Congrès de Bologne en 1989 : « Cette image est techniquement inconcevable. Scientifiquement, elle ne doit pas, elle ne peut pas exister… Et pourtant le Saint Suaire existe ! » […]

Aussi ce fut pour toutes ces raisons que le STURP fut contraint de conclure à l’occasion du symposium de New London en 1981 : « Aucune méthode chimique ou physique connue ne peut rendre compte de la totalité de l’image, aucune combinaison de circonstances physiques, chimiques, biologiques ou médicales ne peut non plus expliquer adéquatement l’image […]. Ainsi la réponse à la question de savoir comment fut produite l’image et pourquoi, demeure, à l’heure actuelle [et encore aujourd’hui en 2004] comme dans le passé, un mystère. »

Sainte Face

La photographie
Le négatif photographique de l’empreinte corporelle tachée de sang fait surgir un portrait positif parfait, totalement inconnu des générations passées, et qui résiste, depuis quatre-vingt-dix ans, à toute tentative d’explication. C’est vraiment un « mystère », plutôt qu’une énigme ou qu’un simple « problème », bien que les données appartiennent au champ d’observation de la physique et de la chimie, et qu’elles soient mesurables en termes mathématiques. […]

Mathématiques
Non seulement l’image est négative, mais elle a enregistré le relief du corps. « Cette tridimensionnalité » de l’image, perçue par don Noël Noguier de Malijay dès 1898, étudiée par Gabriel Quidor au début du 20e siècle, fait depuis 1976 l’objet de rigoureux calculs mathématiques. […]

Comme Barbet l’avait pressenti, l’idée féconde à retenir des recherches de Vignon sur la genèse des empreintes était que l’intensité de la brunissure en chaque point de l’image, variait en raison inverse de la distance qui séparait de la toile chaque point du corps. C’est cette hypothèse que Jackson entreprit le premier de vérifier en utilisant la technologie que la NASA emploie dans l’étude du relief de la planète Mars.

Il fit appel à Bill Mottern, spécialiste des analyses d’images photographiques aux laboratoires Sandia. Mottern utilisa un Analyseur d’Image VP 8,appareil qui permet de rapporter les ombres d’une image brillante de sorte qu’elles occupent différents niveaux d’un relief vertical. […]

Gros plan de la Face, et silhouettes faciale et dorsale en bas, telles qu’elles apparaissent sur le terminal vidéo de l’analyseur d’images VP 8.

« Jackson lui tendit une image ordinaire en transparence du Suaire, de douze centimètres et demi sur sept centimètres et demi… Mottern l’introduisit dans sa machine et, négligemment, mit le contact.

« La seconde d’après, les deux hommes, bouche bée, contemplaient le résultat. Sur l’écran de télévision auquel était relié l’analyseur d’images, on voyait pour la première fois, de côté, l’image du Suaire, en trois dimensions, dans un relief parfait. Utilisant un mécanisme incorporé à l’appareil, Mottern fit tourner l’image pour présenter l’autre côté. L’effet était le même. Certains détails apparaissaient maintenant clairement, comme par exemple le fait que les cheveux épais et étroitement serrés étaient rassemblés sur la nuque, selon la coutume des Juifs de l’Antiquité. Une autre photographie du visage présente les mêmes effets de relief. »

Sur la silhouette faciale le genou est légèrement surélevé, dans une position qui lui est propre, à un niveau distinct de celui du visage ou de la poitrine. Les caractéristiques correspondantes se retrouvent sur la silhouette dorsale, où l’on aperçoit très distinctement la rondeur du mollet droit. « Lorsque j’ai vu cette image pour la première fois, déclare Jackson,j’ai compris ce qu’avait dû ressentir Secundo Pia en 1898 à la vue de sa première photographie. »

Le choc de la découverte était analogue en effet, à quatre-vingts ans de distance, pour ce physicien de l’ère spatiale. « La science spatiale déchiffre sur le Suaire », selon le titre de sa communication au Congrès de Turin, une caractéristique unique au monde, qui lui est tout à fait propre : la tridimensionnalité. Cette propriété est la loi même de l’image inscrite sur ce tissu puisqu’il ne se produit aucune déformation quand elle est transformée par les calculs de l’ordinateur. Au contraire cette transformation permet de manifester le modelé d’un corps humain dans ses proportions naturelles harmonieuses, de découvrir de nombreux détails nouveaux sur ce corps meurtri, et même de perfectionner l’image, de parachever son esthétique en isolant des accidents du textile et en révélant ainsi davantage « l’extraordinaire beauté du Crucifié ». […]

Par contre, si l’on introduit dans le VP 8 une photographie ordinaire « directionnelle », souligna à son tour Jumper clichés à l’appui, pour la transformer en image douée de relief vertical, on y constate des déformations évidentes : ce qui n’était qu’une ombre portée devient appendice proéminent… Une fois de plus « l’hypothèse selon laquelle l’image du suaire serait la création d’un artiste est exclue » par le caractère « non directionnel » de l’image. […]

Jumper et Jackson remarquèrent aussi un détail d’un intérêt prodigieux : un agrandissement en relief de la Face fait apparaître sur les paupières deux disques ressemblant à des monnaies. Ces monnaies devaient avoir pour rôle de maintenir les paupières fermées, selon une coutume hébraïque. Ils espérèrent parvenir un jour à identifier ces monnaies. […]

Le Père Francis, Filas, s.j., mathématicien, physicien et théologien, rappelé à Dieu en 1985.

Datation
C’est au Père Filas, le savant Jésuite de l’université Loyola de Chicago et membre du STURP, que reviendra le mérite de confirmer l’observation de Jumper par une stupéfiante et décisive découverte en août 1979.

Un agrandissement de l’empreinte, sur la paupière droite (fig. ci-bas), a permis au Père Filas de reconnaître l’empreinte d’une pièce de monnaie frappée sous Ponce Pilate : même dimension, même découpe, même effigie (la houlette d’astrologue), même exergue reconnaissable à quatre lettres bien lisibles, qu’une certaine piécette dûment cataloguée pour les années 16, 17 et 18, de Tibère César, soit 29, 30 et 31 de notre ère.

Découverte du Père Filas sur le Saint Suaire
Analyse tridimensionnelle du Saint Suaire
Les lettres Y CAI sont bien visibles, en haut à gauche, ainsi que la houlette et même le contour de la pièce.

Confirmée par l’analyse tridimensionnelle, la découverte s’est trouvée définitivement corroborée par sa fécondité même, en conduisant la science numismatique à un progrès inattendu. Quatre lettres grecques, Y CAI, suffisent en effet à reconstituer l’exergue TIBEPIO [Y KAI] CAPOC, « de Tibère César », à une anomalie près : un C latin remplace, sur le Saint Suaire, le K grec initial de KAICAPOC figurant sur toutes les monnaies de collection connues jusqu’en 1980.
Pièce de Ponce Pilate avec la houlette surmontée des lettres « CAICAPOC ».

Pièce de Ponce Pilate avec la houlette surmontée des lettres « CAICAPOC », avec ‘C’ latin au lieu de ‘K’ grec.

Or, les recherches du Père Filas l’ont conduit à découvrir coup sur coup, en 1981, deux pièces de collection frappées, sous Ponce Pilate, de la lettre C au lieu de la lettre K en initiale de KAICAPOC (figure à droite). Dès lors, à ceux qui l’accusaient d’être le jouet de son imagination et de prendre ses désirs pour la réalité, le Père Filas répondait que n’étant pas du tout numismate, il désirait si peu voir une pièce de Pilate qu’« avant de tomber accidentellement sur celle-ci, m’écrivait-il, je n’aurais pas distingué une pièce de Pilate d’un trou dans le mur ». Il dut donc consulter les spécialistes de la numismatique et c’est alors que sa découverte s’avéra si peu être l’œuvre de son imagination qu’elle procura un progrès positif à la numismatique elle-même en révélant que l’anomalie 1° constatée sur le Saint Suaire, 2° déjà reconnue comme d’usage courant en épigraphie, mais inconnue jusqu’alors en numismatique, 3° existait identiquement sur d’autres pièces de collection frappées sous Ponce Pilate où nul n’y avait jusqu’alors prêté attention.

À deux ans près, voilà le document daté, comme par une volonté expresse de Celui qui fut l’Artisan de cette Image imprimée sur tissu. La piécette le proclame : c’est « sous Ponce Pilate » que cet Homme a souffert. Cette ” estampille ” scelle d’une manière éclatante, du sceau même de Ponce Pilate, l’authenticité du Suaire et l’identité de l’Homme dont il a enveloppé le Corps précieux.

Conclusion scientifique

Parmi les membres du STURP, seuls Kenneth Stevenson, Habermas et le médecin légiste Robert Bucklin ont osé braver le tabou et conclure à cette identité après avoir fait la synthèse des travaux entrepris sur le Suaire : « L’image est l’empreinte d’un homme connu –Jésus de Nazareth –à un moment donné de l’histoire. L’image est peut-être une brûlure légère. Comment s’est-elle produite, nous ne le saurons peut-être jamais en termes scientifiques, parce que cela implique une action divine qui dépasse les lois de la nature. » […]

Quoique « cela semble le plus logique », le STURP refuse encore, à ce jour, d’envisager sérieusement « la possibilité » de cette « possible conclusion », sousprétexte que « la science n’est pas outillée pour traiter de telles questions » et que le « mécanisme aboutissant à une brûlure n’est pas techniquement croyable ». « Voilà qui n’est pas de bonne science », s’exclame Stevenson. En effet, « l’étude archéologique indique que l’homme était un Juif, crucifié par les Romains et enseveli selon les coutumes funéraires juives », avec cependant des particularités qui coïncident exactement avec les procédés exceptionnels qui ont marqué la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus tels qu’ils nous ont été racontés par les quatre Évangiles : « Le cas de Jésus fut irrégulier. Il a été flagellé, couronné d’épines, cloué à sa Croix, percé au flanc (au lieu d’avoir les jambes brisées), enseveli avec honneur mais incomplètement, et son corps a quitté le linceul avant de se décomposer. »

« Le Nouveau Testament affirme que le corps de Jésus n’a pas été soumis à la corruption mais qu’il est ressuscité d’entre les morts. »

« Il n’y a aucune trace de décomposition sur le Suaire. De plus, les taches de sang sont anatomiquement parfaites et n’ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. Ce parallèle est particulièrement intéressant parce que nous possédons de nombreux suaires funéraires anciens qui montrent des taches de corruption. »

De plus, Stevenson souligne que Jésus et l’Homme du Suaire ont tous deux été exécutés comme des criminels, et cependant enterrés avec honneur « dans du pur lin et individuellement ». […]

Stevenson calcule alors la probabilité « que deux hommes aient été crucifiés et ensevelis de cette manière ». En adoptant « volontairement une approche sceptique »,il parvient au chiffre de « 1 chance sur 82 944 000 que l’homme enseveli dans le Suaire ne soit pas Jésus ». Retenons la conclusion du statisticien professionnel : « Il n’existe aucune probabilité pratique que quelqu’un d’autre que Jésus-Christ fut enseveli dans le Suaire de Turin. » […]

Confrontée à l’ensemble de ces données convergentes, la datation médiévale du tissu par le radiocarbone est une aberration qu’il faut imputer non aux machines mais aux mauvaises gens qui s’en servirent. Elle tient donc davantage de l’enquête policière que de la rigueur scientifique comme vous pourrez le constater dans la rubrique suivante.

Source

La découverte de la photo de Jésus

Négatif photographique de la Sainte Face empreinte sur le Saint Suaire. On a dit que c’était une œuvre de Léonard de Vinci, ou d’un de ses disciples.

Admettons. Mais alors, il faudrait que le génie humain ait conçu ce chef-d’œuvre en “ positif ”, tel que nous le voyons là, chose à la rigueur concevable, puis l’ait exécuté en “ négatif ”. Voilà l’impossible !

Lorsque le Saint Suaire fut montré en public en 1898, à l’occasion d’une exposition d’Art sacré, il n’avait rien pour attirer l’attention  : «  sans beauté ni éclat  », comme le Serviteur souffrant annoncé jadis par le prophète (Is 53), son aspect si déroutant avait de quoi rebuter les connaisseurs d’art. Mais non pas les dévots.

On l’oublie trop  : cette dévotion est première, et si la science intervient, c’est par surcroît, comme une récompense et une aide dans le combat que la foi catholique doit soutenir contre l’impiété des incrédules.

C’est pourquoi il fut donné à un salésien précisément, don Noël Noguier de Malijay, de concevoir l’intuition géniale qui mit en branle la plus féconde recherche scientifique du vingtième siècle, appliquée avec toutes les ressources des méthodes éprouvées à un si singulier et si fascinant Objet. Il nous entraîne dans cette découverte  : «  Observant que les reliefs du Corps étaient marqués en teinte sombre, alors que les parties creuses ou fuyantes étaient en teinte claire, je ne tardai pas à assimiler l’image du Suaire à une espèce de cliché photographique négatif  », écrit le Père salésien, alors professeur de physique et de chimie au lycée international de Valsalice.

«  Prévoyant pouvoir obtenir directement sur la plaque photographique une image positive du Christ  », il s’employa aussitôt à demander l’autorisation de photographier la Relique. Secundo Pia, photographe officiel de l’Exposition, ne fut que l’exécutant, désigné par le Roi, de l’idée de don Noguier. Dans la nuit du 28 au 29 mai 1898, le négatif photographique révélait pour la première fois la parfaite image positive d’un homme réel, magnifique, grand et bien proportionné, d’une beauté athlétique et d’une admirable prestance que souligne un majestueux port de tête, parfaitement dégagé des épaules malheureusement rendues invisibles par suite de l’incendie de Chambéry. Découverte absolument inouïe et totalement imprévisible. Et encore incomprise, cent ans après.

Extrait de la CRC n° 367, mai 2000, p. 26-27

Source

Quelles-sont les preuves historiques de l’existence de Jésus ?

Introduction

Au XIXe siècle, un certain nombre de savants, issus de l’école «hypercritique», ont remis en cause l’historicité de l’existence de Jésus. C’est ce qu’on a appelé la « thèse mythiste ». Si aujourd’hui plus aucun universitaire sérieux n’adhère à cette théorie, elle continue néanmoins à être diffusée sur certains sites internet.

Cet article présentera les preuves de l’existence de Jésus, en évoquant différente preuves historiques primaires et secondaires.

Les sources chrétiennes

En dépit de leur caractère confessionnel, les sources chrétiennes demeurent des sources historiques de premier plan pour connaître la vie de Jésus. Leur principal atout est leur grande variété. En effet, même si aujourd’hui la plupart de ces écrits sont regroupés dans le Nouveau Testament, il ne faut pas oublier qu’ils constituent, à l’origine, des sources indépendantes et distinctes (1).

Nous disposons donc de quatre récits de la vie de Jésus (les « évangiles »), deux écrits par des témoins primaires (Matthieu et Jean), deux par des témoins secondaires (Marc et Luc), d’un récit complémentaire qui nous raconte les premières années de la communauté chrétienne (les Actes des apôtres), ainsi que de plusieurs lettres de disciples ou de personnes proches de Jésus. Or, en dépit de cette grande diversité, tous ces témoignages s’accordent sur l’existence de la personne de Jésus de Nazareth et sur sa crucifixion.

De plus ces informations sont aussi recoupées par plusieurs sources externes, qui sera divisé en deux parties : les sources romaines et les sources juives.

Les sources romaines

Du côté romain, l’existence des chrétiens est attestée dès l’époque de Néron, soit seulement quelques décennies après la mort de Jésus. Suite à l’incendie de Rome, la population soupçonne l’empereur d’avoir lui-même mis le feu à la ville. Ce dernier, pour se disculper, doit donc trouver des bouc-émissaires sur qui rejeter la faute et choisit pour cela les chrétiens. Deux textes nous rapportent cet évènement. Le premier texte, de Suétone est assez concis :

On livre au supplice les chrétiens, sorte de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse. (2)

Il révèle cependant que les Romains distinguaient déjà les chrétiens des autres Judéens et qu’ils étaient conscients de la nouveauté du christianisme. Mais c’est surtout un autre historien, Tacite, qui, à l’occasion du même événement, nous livre une description beaucoup plus détaillée :

Mais aucun moyen humain, ni les largesses du prince, ni les cérémonies pour apaiser les dieux ne faisaient céder l’opinion infamante d’après laquelle l’incendie avait été ordonné [par Néron]. En conséquence, pour étouffer la rumeur, Néron produisit comme inculpés et livra aux tourments les plus raffinés des gens, détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait « chrétiens ». Ce nom leur vient de Christ, que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice ; réprimée sur le moment cette exécrable superstition faisait de nouveau irruption, non seulement en Judée, berceau du mal, mais encore à Rome, où tout ce qu’il y a d’affreux ou de honteux dans le monde converge et se répand. On commença donc par poursuivre ceux qui avouaient, puis, sur leur dénonciation, une multitude immense, et ils furent reconnus coupables, moins du crime d’incendie qu’en raison de leur haine pour le genre humain. A leur exécution on ajouta des dérisions, en les couvrant de peaux de bêtes pour qu’ils périssent sous la morsure des chiens, ou en les attachant à des croix, pour que, après la chute du jour, utilisés comme des torches nocturnes, ils fussent consumés. Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle, et il donnait des jeux de cirque, se mêlant à la plèbe en tenue d’aurige, ou debout sur un char. Aussi, bien que ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, soulevaient-ils la compassion, à la pensée que ce n’était pas dans l’intérêt, mais à la cruauté d’un seul qu’ils étaient sacrifiés. (3)

Nous voyons donc que la mort de Jésus sous Ponce Pilate était clairement connue. Par ailleurs, déjà à l’époque de Néron les chrétiens étaient assez nombreux à Rome, même si, par effet rhétorique, l’historien exagère probablement leur importance.

Les Sources juives

Du côté des Judéens, nous disposons de deux sources différentes : Flavius Josèphe (4) et les textes rabbiniques. Le premier texte de Flavius Josèphe concerne l’exécution de Jacques :

Anan convoqua une assemblée de juges et fit amener le nommé Jacques, frère de Jésus dit le Christ, et quelques autres, les accusa d’avoir transgressé la Loi et les livra à la lapidation. (5)

Ce passage confirme bien l’existence de Jacques et de Jésus, et nous voyons que les revendications messianiques de Jésus étaient connues de Flavius Josèphe, mais bien sûr pas « reconnues », puisque l’expression «dit le Christ » exprime une certaine prise de distance, et les revendications messianiques étaient assez nombreuses à cette époque.

Enfin, pour terminer ce panorama, il faut aussi évoquer les sources rabbiniques, et notamment le Talmud, qui mentionnent Jésus. Pour résumer simplement les choses, nous pouvons dire que, dans le Talmud, les rabbins reconnaissent l’existence de Jésus, sa naissance particulière, qu’ils attribuent cependant à la prostitution de Marie, sa descente en Egypte, ses miracles et sa crucifixion à la veille de Pâque.

Le principal problème du Talmud réside dans la difficulté pour l’historien de dater les documents qui le composent. Sa rédaction finale date des IVe-Ve siècles, mais les matériaux les plus anciens sont bien antérieurs. Concernant Jésus lui-même, les traditions les plus anciennes datent probablement du IIe siècle.

Témoignage externe

La « filière asiate »

Le témoignage explicite le plus ancien est celui de Papias de Hiérapolis. Papias était le responsable de l’Eglise de Hiérapolis (près de l’actuelle ville de Denizli, en Turquie) au début du deuxième siècle, dans les années 110-130. Il a donc lui-même été enseigné par des gens qui ont directement connu les apôtres. Il nous apprend que Matthieu avait écrit son évangile en « langue hébraïque », ce qui peut être de l’hébreu ou de l’araméen, et que Marc était le traducteur de Pierre. L’évangile de Marc est donc la mise par écrit en grec du témoignage de Pierre, qui lui parlait araméen.

Ces informations sont complétées quelques années plus tard par un autre asiate, Irénée de Lyon dans son ouvrage Contre les hérésies (III, 1, 1) qui nous parle cette fois des quatre évangiles :

« Ainsi Matthieu publia-t-il chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Evangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Eglise. Après la mort de ces derniers, Marc le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul consigna en un livre l’Evangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Evangile, tandis qu’il séjournait à Ephèse en Asie. »

Irénée était le responsable de l’Eglise de Lyon à la fin du deuxième siècle, mais il était aussi originaire d’Asie Mineure et plus précisément de Smyrne, une ville, dont le responsable de l’Eglise, Polycarpe était un disciple de Jean. Cette communauté est d’ailleurs une des sept Eglises mentionnées dans l’Apocalypse (1 : 11). Cette grande proximité chronologique et cette transmission directe garantissent la fiabilité des informations.

Les autres filières

Pour la fin du deuxième siècle, nous disposons aussi du témoignage d’autres auteurs (Clément d’Alexandrie ou Tertullien par exemple), venant de diverses régions (Syrie, Rome, Egypte, Afrique du Nord).

Nous ne connaissons pas avec autant de précision la chaîne de transmission de ces auteurs, néanmoins nous pouvons constater que tous, malgré des origines géographiques très diverses, sont en accord sur les quatre évangiles retenus et leur origine. Ces informations sont d’ailleurs indépendantes les unes des autres, puis que si elles se rejoignent sur les points essentiels, elles diffèrent sur les détails. Ainsi, certains auteurs situent la mise par écrit de l’Evangile par Marc peu avant la mort de Pierre (ce qui aurait permis à ce dernier de la « contrôler »), tandis que d’autres estiment qu’il l’a au contraire fait peu après (pour justement « compenser » la mort de l’apôtre).

De plus, nous disposons de plusieurs témoignages (la lettre dite de Clément de Rome, Justin Martyr) qui montrent que dès le premier siècle, les chrétiens avaient pris l’habitude de lire les évangiles, qu’ils appelaient les « mémoires des apôtres», et les lettres de Paul lors de leurs réunions.

Le témoignage des apôtres

Concentrons nous sur le cœur de la prédication de l’Eglise primitive (Actes 2) :

« Hommes Israélites, écoutez ces paroles! (Ndr : C’est Pierre qui parle) Jésus de Nazareth, cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes; cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il fût retenu par elle. (…) Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. »

Pierre, et avec lui les autres disciples, affirment deux choses : Jésus, qui a été crucifié, est le Messie. Or cette double affirmation est tout simplement invraisemblable pour les Judéens de l’époque.

Il est intéressant de constater qu’aujourd’hui encore, en dehors du christianisme, lorsqu’une de ces deux affirmations est acceptée, l’autre est refusée. Ainsi, les juifs reconnaissent que Jésus a été crucifié, mais ils refusent de le considérer comme « Messie », tandis que les musulmans reconnaissent bien Jésus comme Messie, mais ils refusent sa crucifixion.

Ce constat peut sembler étrange aux chrétiens et, plus largement, aux personnes de culture chrétienne. En effet, même inconsciemment, deux millénaires de christianisme nous ont habitués à ce paradoxe et nous oublions souvent le scandale de cette affirmation. Mais un examen attentif des textes du Nouveau Testament nous révèle bien cette tension :

« Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes ».
1 Corinthiens 1 : 21-25.

Ce passage ne doit pas nous tromper et le style rhétorique de l’apôtre ne peut masquer son embarras. Paul est bien conscient que prêcher un messie crucifié est une folie et il le reconnaît. C’est pour cela qu’il ose parler de « folie de la prédication » et même de « folie de Dieu ». S’il avait pu inventer son propre évangile, il n’aurait certainement pas choisi une histoire aussi difficile à accepter pour ses auditeurs.

La résurrection : une solution de secours ?

On pourrait à ce stade objecter : mais la résurrection ne compense-t-elle pas le scandale de la crucifixion ?

A cela nous pouvons répondre non, car le problème n’est pas seulement que le Messie soit mort, mais qu’il soit mort de cette façon, c’est-à-dire par crucifixion. En effet, pour les Judéens, la crucifixion est une malédiction (Deutéronome 21 : 23).

En réalité, une seule solution aurait permis de résoudre ce problème, celle d’affirmer que Jésus n’a pas été crucifié. Cette idée a d’ailleurs été développée par certains groupes gnostiques, les docètes notamment, et sera ensuite reprise par les musulmans. Différentes thèses ont été envisagées et c’est finalement celle de la substitution qui l’a emportée : Dieu aurait remplacé Jésus sur la croix par une autre personne. Ainsi, on évitait le scandale du messie crucifié.

Si tous les chrétiens croient à la crucifixion de Jésus, tous ne la comprennent pas de la même manière et ne lui donnent pas le même sens théologique. Ainsi, au cours de l’histoire, de nombreuses doctrines ont été élaborées pour expliquer ce sacrifice (christus victor, théorie de la rançon, substitution pénale, etc.). Cette diversité de compréhension met bien évidence la difficulté posée par cet événement.

Toutefois, d’un point de vue historique, cette difficulté théologique est un atout, car elle peut être considérée comme une preuve solide de l’existence de Jésus.

En effet, en envisageant tous les problèmes posés par l’idée d’un Messie crucifié, il ne fait aucun doute que si les premiers chrétiens avaient voulu inventer un « Jésus », ils n’auraient jamais eu l’idée d’un messie crucifié et auraient plutôt imaginé un Jésus capable de séduire leurs auditeurs.

Conclusion

En conclusion, et pour paraphraser Simon Mimouni (2006, p. 80), nous pouvons dire que Jésus est certainement un des personnages les mieux attestés de l’Antiquité, et la diversité des sources le concernant rend la thèse mythiste insoutenable.

De plus le corps principal du Nouveau Testament (les Evangiles et les épîtres de Paul) a été très tôt fermement établi. Seuls quelques textes comme l’épître de Jude, la deuxième épître de Pierre ou les deux dernières épîtres de Jean, feront par la suite l’objet de discussions.

(1) Pour plus de détails sur l’indépendance des différents évangiles, voir l’article : Divergences et crédibilité des récits évangéliques. (http://didascale.com/divergences-et-credibilite-des-recits-evangeliques/)

(2) Suétone, Vie de Néron, 16

(3) Tacite, Annales XV, 44

(4) Brève bibliographie de Flavius Josèphe (http://didascale.com/flavius-josephe/)

(5) Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 200

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