Origine et excellence de la prière du Rosaire
Une tradition constante et rappelée solennellement à diverses reprises par les papes nous dit que saint Dominique († 1221) est l’instituteur du Rosaire.
Ainsi, dans la bulle Consueverunt du 17 septembre 1569, inaugurant le grand mouvement en faveur du Rosaire qui devait aboutir, deux ans plus tard, à la célèbre victoire de Lépante, le pape saint Pie V écrivait :
« Le bienheureux Dominique (…) vécut lui-même dans des temps semblables aux nôtres, alors que l’hérésie des Albigeois exerçait ses ravages en France et en Italie, jetant dans l’aveuglement de l’impiété un si grand nombre de laïcs et sévissant avec fureur contre le clergé et les prêtres du Seigneur. Guidé par les exemples de ceux qui l’avaient précédé dans le service de Dieu et rempli de l’Esprit-Saint, Dominique leva lui aussi les yeux vers le ciel et fixa son regard sur la montagne sainte, c’est-à-dire sur la glorieuse Vierge Marie, l’auguste mère de Dieu. C’est elle qui, par l’enfantement du Christ, a brisé la tête du serpent infernal. Elle seule a détruit toutes les hérésies. Par le fruit de ses entrailles, c’est elle qui a sauvé le monde de la damnation que nous avait méritée la chute de nos premiers parents. De cette montagne sainte, sans le secours des humains, s’est détachée la pierre qui est le Christ ; et le fils de Marie, immolé sur l’arbre de la croix, a laissé s’épancher de ses blessures les eaux abondantes de la grâce.
« Plein de ces pensées, saint Dominique découvrit alors une méthode facile, accessible à tous, d’une incomparable piété, excellente pour prier Dieu et lui adresser nos supplications. Cette méthode s’appelle le Rosaire ou Psautier de la bienheureuse Vierge Marie. Elle consiste à honorer la mère de Dieu en lui offrant la récitation de la Salutation angélique répétée cent cinquante fois, par analogie aux cent cinquante psaumes de David. Les dizaines sont précédées chacune de l’Oraison dominicale et accompagnées de méditations, pendant lesquelles nous repassons en esprit toute la vie de Notre-seigneur Jésus-Christ.
« Tel est le rite qu’a créé saint Dominique et qu’il a propagé dans toutes les parties de l’Église romaine par l’intermédiaire de ses enfants, les religieux de l’Ordre des Frères Prêcheurs.
« Cette dévotion fut reçue avec faveur par les fidèles. Bientôt, au moyen de ces méditations et de ces prières, les cœurs devinrent tout brûlants des ardeurs de la charité ; on vit une multitude de personnes transformées par cette dévotion ; les ténèbres de l’hérésie disparurent, et la lumière de la foi brilla de nouveau dans le monde. Pour établir d’une manière durable ce culte de Marie, on fonda dans diverses localités, des Confréries érigées par les religieux de l’Ordre des Frères Prêcheurs députés à cet effet par leurs supérieurs, et dans lesquelles on reçut un grand nombre de confrères. »
Ce passage de la bulle Consueverunt est particulièrement remarquable. A lui seul, il constitue tout un traité du Rosaire, parce qu’il en détermine les éléments essentiels avec une clarté parfaite. Il nous indique :
- 1º Le nom de cette dévotion : Rosaire ou Psautier de Marie.
- 2º Sa matière, c’est-à-dire les cent cinquante salutations angéliques et les quinze oraisons dominicales récitées dans un certain ordre et par dizaines.
- 3º Sa forme (au sens scolastique du mot, c’est-à-dire ce qui indique la nature spécifique) : la méditation des mystères de la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
- 4º Ses qualités. Cette dévotion est une méthode facile, accessible à tous, d’une admirable piété, excellente pour prier Dieu et pour honorer marie.
- 5º Son auteur, saint Dominique, qui a conçu ce trésor par une inspiration divine.
- 6º Ses ministres ou promoteurs, les Frères Prêcheurs, qui ont répandu cette dévotion dans toutes les parties de l’Église romaine.
- 7º Son mode de propagation, c’est-à-dire son extension stable par les Confréries instituées avec le concours des Frères Prêcheurs.
- 8º Et enfin les effets ou le but de cette dévotion, qui consiste à enflammer les cœurs par la méditation des mystères de la vie du Christ, à illuminer les esprits par les clartés de la foi, à ranimer ainsi dans les âmes les croyances et les vertus chrétiennes, à dissiper les ténèbres de l’erreur, et à faire briller d’un nouvel éclat dans le monde les splendeurs de la vérité révélée.
On voit, par ce dernier point, que l’efficacité du Rosaire est double :
— le Rosaire possède une merveilleuse efficacité d’intercession, tout spécialement contre l’hérésie et l’erreur qui s’attaquent aux âmes ;
— le Rosaire possède aussi une puissante efficacité de sanctification : il est une école de prière, de vertu et de sainteté chrétiennes.
Ce que le Rosaire a été et a fait par le passé, il doit continuer de l’être et de le faire de nos jours. Et cela dépend de tous et de chacun d’entre nous.
En ces temps d’apostasie que nous vivons, il nous faut, nous aussi, fixer nos regards sur la mère de Dieu – la montagne sainte – et nous remplir des pensées qui animaient saint Dominique et saint Pie V. C’est Notre-Dame, par Jésus le fruit de ses entrailles, qui, éternellement, a reçu le pouvoir de briser la tête du serpent Prince de ce monde. Dès lors, ce qu’elle a accompli au XIIIe siècle par l’intermédiaire de saint Dominique pour exterminer l’hérésie albigeoise, ce qu’elle a fait au XVIe siècle par l’entremise de saint Pie V pour endiguer le protestantisme et détruire le péril turc, elle peut, bien plus, elle veut continuer de le faire pour anéantir l’hérésie moderniste et le paganisme actuels – et elle le fera certainement – par le même et unique moyen du saint Rosaire.
Il faut être profondément convaincu de cette vérité fondamentale car elle détermine toute notre foi au Rosaire.
La Confrérie du Rosaire
La Confrérie du Rosaire est une association destinée à répandre largement la dévotion du Rosaire. Elle est très ancienne – la première Confrérie fut établie à Valence en 1221, l’année de la mort de saint Dominique –, très riche en faveurs spirituelles et en privilèges divers que les papes n’ont cessé de lui accorder.
Léon XIII, dans la Constitution Ubi Primum publiée le 2 octobre 1898 et qui constitue la « charte » de la Confrérie du Rosaire, en a fixé le but et la nature :
« La Confrérie du très saint Rosaire est instituée dans le but d’inciter un grand nombre d’hommes, unis par la charité fraternelle, à louer et à prier la Bienheureuse Vierge Marie, et à obtenir, par une oraison unanime, sa protection, en employant la très pieuse formule de prière d’où l’association elle-même a tiré son nom. Et c’est pourquoi, sans rechercher aucun gain, sans demander aucun argent, la Confrérie accepte des hommes de toute condition et n’établit entre eux aucun autre lien que celui de la récitation du Rosaire de Marie. Ce qui fait que chacun n’apportant que peu au trésor commun, en retire beaucoup… Tout confrère qui suit les règles de la Confrérie et qui s’acquitte de la récitation du Rosaire, réunit en intention tous les membres de la société, qui lui rendent, multiplié, le même office charitable. »
La Confrérie du Rosaire est donc une véritable mutualité de prières et de bonnes œuvres.
Conditions d’admission
Pour faire partie de la Confrérie, il faut :
1. — être inscrit par un père dominicain ou un prêtre autorisé dans le registre d’une Confrérie canoniquement érigée ;
On doit inscrire impérativement son nom (prénom) de baptême (et pour des raisons de commodité pratique, son identité civile).
Tous (à condition d’être baptisé) peuvent être admis, les enfants eux-mêmes s’ils ont atteint l’âge de raison et sont capables de réciter le Rosaire. (Cependant, on ne peut pas inscrire quelqu’un contre son gré, ni un défunt.)
2. — méditer chaque semaine en entier le Rosaire de quinze dizaines (les trois séries de mystères).
On peut évidemment morceler ce Rosaire en le récitant partie par partie et, de même, chaque chapelet.
Il est vivement recommandé de suivre la coutume qui fait réciter les mystères joyeux le lundi et le jeudi, les mystères douloureux le mardi et le vendredi, et les mystères glorieux le mercredi, le samedi et le dimanche.
Cette obligation de méditer au moins le rosaire en entier chaque semaine n’empêche pas, bien au contraire, de méditer le chapelet tous les jours (soit deux Rosaires et un chapelet par semaine), ou même, pour ceux qui le peuvent, le Rosaire entier chaque jour. Cette dernière pratique est même l’idéal auquel il est recommandé de tendre petit à petit, dans la mesure du possible.
On se souviendra, à cet égard, des recommandations de Notre-Dame de Fatima : à six reprises, à chacune de ses apparitions, elle a dit aux enfants : « Je veux que vous récitiez le chapelet tous les jours. »
Pour être accomplie, cette obligation n’a pas à être ajoutée à la pratique quotidienne du chapelet ou aux autres obligations que chacun pourrait avoir contractées (Rosaire vivant, Rosaire perpétuel, Croisade du Rosaire, etc.) ;
3. — posséder un chapelet « rosarié », c’est-à-dire bénit par un père dominicain (ou un prêtre qui en a le pouvoir) avec la formule de bénédiction spéciale réservée à l’Ordre des Frères Prêcheurs. La récitation du Rosaire avec un tel chapelet rosarié (qu’il est souhaitable de conserver sur soi en permanence) ajoute des grâces et des privilèges spéciaux accordés par les papes depuis Benoit XIII.
Cependant, si ce dernier point manque, l’appartenance à la Confrérie et le gain des indulgences qui lui sont associées, sauf celles propres au chapelet rosarié, ne sont pas remises en cause.
A ces trois conditions principales, viennent s’ajouter des conditions facultatives : la réception des sacrements de pénitence et d’eucharistie au jour de la fête de la Confrérie (1er dimanche de chaque mois) et pour la fête du très saint Rosaire (7 octobre) ; la participation aux réunions ou aux processions de la Confrérie si elles existent ; la pratique des bonnes œuvres de la Confrérie, etc.
Aucune des règles de la Confrérie n’oblige sous peine de péché. Celui qui, malgré son engagement, manque à leur observation, se prive seulement des avantages et grâces correspondants. (Il peut néanmoins commettre une faute si ce manquement résulte d’une cause qui est elle-même une faute : paresse, négligence, etc.)
Avantages de la Confrérie
L’appartenance à la Confrérie du Rosaire procure trois sortes d’avantages :
1. — Un amour croissant et une protection toute spéciale de Notre-Dame.
Comme le dit saint Bernard : « Il ne périra pas, le dévot de Marie ». De même, saint Louis-Marie Grignion de Montfort a expliqué, dans son Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge ou dans son opuscule intitulé Le Secret de Marie, combien la vraie dévotion à la sainte Vierge est un moyen rapide, facile, direct et sûr de se sauver, de se sanctifier et de ramener beaucoup d’âmes. Or l’appartenance à la Confrérie du Rosaire, par les engagements qu’elle fait prendre, par la présence des autres confrères et les grâces qu’elle procure, encourage cette vraie dévotion et fait grandir dans l’amour de Marie.
2. — Une riche participation aux biens spirituels de tous.
Comme on l’a lu plus haut dans les paroles de Léon XIII, chaque confrère « n’apportant que peu au trésor commun, en retire beaucoup ». Pourquoi ? Parce que ce trésor est immensément riche et commun à tous en vertu du mystère de la communion des saints. Le Rosaire et les mérites de chacun deviennent ainsi le trésor de tous.
De plus, les confrères du Rosaire jouissent d’une participation spéciale, durant leur vie et après leur mort, aux prières, messes, pénitences, bonnes œuvres de tous les membres présents et passés de la grande famille dominicaine. Ils bénéficient ainsi d’une multitude de saints protecteurs.
3. — De nombreuses et précieuses indulgences.
Le Père Faber a appellé le Rosaire : « La reine des dévotions indulgenciées ». Ceci doit s’entendre surtout de la Confrérie du Rosaire que plus de trente papes ont enrichie d’indulgences. Ces indulgences peuvent être gagnées pour soi-même ou pour les âmes du Purgatoire.
L’indulgence plenière, si elle est totalement gagnée (cela dépend des dispositions de notre âme : selon que nous sommes purifiés de tout péché véniel et complètement dégagés de toute attache au péché ou non), remet toutes les peines temporelles encore dues par l’âme en état de grâce vivant sur cette terre ou retenue en purgatoire. L’indulgence partielle (et l’indulgence plénière qui n’est pas totalement gagnée) ne remet qu’une partie de ces peines.
Le catalogue des indulgences du Rosaire et de la Confrérie se trouve dans la Constitution Diuturni temporis du pape Léon XIII publiée le 5 septembre 1898 [1].
Voici quelques exemples d’indulgences plénières du Rosaire et de la Confrérie du Rosaire :
- — Une indulgence plénière, une fois l’an, si l’on récite dévotement le chapelet avec un chapelet rosarié, à condition de s’être confessé et de communier.
- — Une indulgence plénière à chaque fois que l’on récite dévotement le chapelet devant le saint Sacrement exposé (ou présent dans le tabernacle), à condition de s’être confessé et de communier.
- — Une indulgence plénière chaque mois, le dernier dimanche du mois, à ceux qui récitent en commun, au moins trois fois par semaine, le chapelet, à condition de visiter une église ce même dimanche et d’y prier aux intentions du Souverain Pontife et de s’approcher des sacrements de pénitence et d’eucharistie.
- — Deux indulgences plénières, pour l’admission dans la Confrérie. — Elles peuvent être gagnées, soit le jour même de l’admission, soit le dimanche ou le jour de fête qui suit. La première demande la confession et la communion comme conditions. La seconde exige que le nouveau confrère communie dans l’église ou dans la chapelle du Rosaire, qu’il récite cinq dizaines du Rosaire, et qu’il prie aux intentions du Souverain Pontife.
- — Une indulgence plénière, chaque jour, pour les confrères qui disent le Rosaire entier dans l’espace de vingt-quatre heures, à condition de visiter une église ou un oratoire public.
- — Une indulgence plénière, tous les jours, si, dans la journée, on récite le Rosaire entier pour le triomphe de l’Église sur ses ennemis. On peut séparer les dizaines, mais la communion et la visite d’une église ou d’une chapelle publique sont requises (S. Pie X, 12 juin 1907).
- — Trois indulgences plénières, les premiers dimanches du mois, si les confrères prennent part à la procession du Rosaire, et/ou s’ils visitent la chapelle du Rosaire et prient aux intentions du Souverain Pontife, ou s’ils passent quelque temps en adoration devant le saint Sacrement exposé et prient aux intentions du Souverain Pontife.
- — Une indulgence plénière à l’article de la mort si le confrère reçoit les sacrements de pénitence et d’eucharistie, ou s’il invoque, au moins de cœur ne pouvant le faire de bouche, le saint nom de Jésus, ou si, muni des sacrements et professant la foi de l’Église romaine, il récite le « Salve Regina » et se recommande à la très sainte Vierge.
Il existe également de très nombreuses indulgences partielles, par exemple : Pour chaque récitation du chapelet ; chaque jour, pour le fait d’avoir constamment sur soi ou avec soi un chapelet rosarié ; pour la visite d’un confrère malade, etc.
Nota.— Pour obtenir les indulgences, il faut : 1. l’intention, au moins générale de les gagner ; 2. être en état de grâce ; 3. accomplir les actes indiqués, librement, de la manière prescrite.
La confession et la communion, si elles sont demandées, peuvent se faire dès la veille (ou dans les huit jours qui précèdent pour la confession), et pendant tout l’octave qui suit. Bien plus, les fidèles qui communient tous les jours, ou à peu près, et qui se confessent au moins deux fois par mois, ne sont pas tenus de se confesser une fois de plus pour gagner les indulgences.
Les intentions du Souverain Pontife sont fixées par l’Église, elles concernent la liberté accordée à l’Église et son exaltation, l’extermination des hérésies, l’extension du règne du Christ et la paix véritable entre les peuples, etc. Lorsqu’il est demandé de visiter une église et d’y prier aux intentions du Souverain Pontife, les prières prescrites sont : le Credo, dans certains cas, le Pater, l’Ave Maria et le Gloria Patri (qui peuvent être dits en français). En dehors de ces cas, la prière aux intentions du Souverain Pontife consiste à dire six Pater, Ave Maria et Gloria.
Quant aux visites à faire à la chapelle ou à l’autel du Rosaire pour y prier, si ce n’est pas possible, on peut obtenir de son confesseur de changer cette condition en une autre œuvre de piété.
Il convient de préciser qu’il n’est pas nécessaire de connaître le détail de toutes ces grâces et indulgences pour en bénéficier.
En conclusion, on se rappelera ces paroles de sœur Lucie de Fatima au père Fuentes, en 1957 [2] :
« La Très Sainte Vierge ne m’a pas dit que nous sommes dans les derniers temps du monde, mais elle me l’a fait voir pour trois motifs:
« Le premier parce qu’elle m’a dit que le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge, et une bataille décisive est une bataille finale où l’on saura de quel côté est la victoire, de quel côté la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou nous sommes au démon; il n’y a pas de moyen terme. »
« Le second parce qu’elle a dit, aussi bien à mes cousins qu’à moi-même, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, et ceux-ci étant les deux derniers remèdes, cela signifie qu’il n’y en aura pas d’autres. »
« Et, troisièmement, parce que toujours dans les plans de la divine Providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise auparavant tous les autres recours. Or, quand il a vu que le monde n’a fait cas d’aucun, alors comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, sa Très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel, parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit-Saint, qui consiste à repousser ouvertement, en toute connaissance et volonté, le salut qu’on nous offre. (…)
« La Très Sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun de nous, de nos familles, des familles du monde ou des communautés religieuses, ou bien à la vie des peuples et des nations, il n’y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du saint Rosaire. Avec le saint Rosaire nous nous sauverons, nous nous sanctifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et obtiendrons le salut de beaucoup d’âmes. »
Une Confrérie confiée à l’Ordre des Frères Prêcheurs
Voici en quels termes Léon XIII s’adressait au Maître de l’Ordre des Frères Prêcheurs, le 15 septembre 1883 (quinze jours après la publication de l’encyclique Supremi Apostolatus sur le Rosaire et l’institution du mois du Rosaire). Il exhortait les dominicains à « faire connaître et propager de toutes leurs forces la dévotion du Rosaire. Le Rosaire est à vous, il est votre bien propre, un héritage sacré et inaliénable ; par conséquent vous avez une mission spéciale de faire part aux autres de ce bien, de rendre le monde participant de ce trésor confié à votre sollicitude. »
Dans les maux actuels de l’Église (Que pourrait-on dire aujourd’hui !), « je ne juge – continuait le pape – rien de meilleur et de plus opportun que de recommander et de promouvoir cette manière de prier. »
En conséquence, pour réveiller la foi et ranimer l’esprit de prière et de sainteté, « que tous les enfants de saint Dominique se lèvent pour la lutte et que, comme des guerriers puissants, ils se préparent à user dans le combat des armes dont les a pourvus avec tant de prévoyance leur bienheureux Père. Voici ce qu’ils ont à faire : Qu’ils plantent partout le Rosaire de la bienheureuse Vierge Marie ; qu’ils le propagent et le cultivent avec zèle ; que, par leur soins assidus, les peuples soient enrôlés dans ces milices saintes où brillent les insignes du Rosaire ; que les fidèles apprennent à se servir de cette arme, à en faire un usage fréquent ; qu’ils soient instruits des bienfaits, des grâces, des privilèges de cette dévotion. »
Couvent dominicain de La Haye-aux-Bonshommes, F – 49240 Avrillé
[1] — Après Vatican II, les indulgences ont été réduites de manière considérable par l’Église conciliaire. D’après le dernier Enchiridion indulgentiarum (1999), la récitation du chapelet ne donne l’indulgence plénière que dans trois cas : récitation dans une église ou un oratoire, récitation en commun (en famille par exemple), ou récitation en union (par le moyen de la radio ou de la télévision) avec la récitation faite par le pape. Dans les autres cas on ne gagne qu’une indulgence partielle. Il n’est plus question de la Confrérie du Rosaire.
Etant donné le doute légitime qui porte sur les réformes post-conciliaires (n’a-t-on pas été jusqu’à introduire un nouveau « Je vous salue Marie » commençant par ces mots : « Réjouis-toi, Marie… » ?), les membres de la Confrérie du Rosaire peuvent à bon droit espérer recevoir de nombreuses grâces s’il se mettent dans les conditions prévues autrefois pour gagner l’indulgence plénière.
[2] — Frère Michel de la Trinité, Toute la vérité sur le troisième secret de Fatima, t. 3, Saint-Parres-les-Vaudes, CRC, 1985, p. 337-338.
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