Peut-on croire en l’Évangile et refuser la Divinité du Christ

Certains groupes au cours de l’histoire prétendent accepter. l’Évangile sans croire en la divinité du Christ. Entre autres prétention, que la Bible aurait été falsifiée. Naturellement, ces groupes ne présentent aucune preuve, d’avant et après. Car les plus anciens documents composant l’ensemble de la Bible sont connus, donc faciles d’y référer. En fait, tout le Nouveau Testament révèle clairement la divinité du Christ, sans parler de l’Ancien Testament, à travers les prophètes qui en ont annoncé la venue. Alors nier la divinité du Christ est en fait un rejet pur et simple de l’Évangile.

Le Chapelet à la Miséricorde Divine

Chapelet de la miséricorde

On récite cette prière sur un chapelet.

Au début: Le Notre Père, Le Je vous salut Marie, Le Je crois en Dieu

Sur les gros grains du Notre Père (1 fois) : Père Éternel, je T’offre le Corps et le Sang, l’Âme et la Divinité de Ton Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus Christ. En réparation de nos péchés et de ceux du monde entier.

Sur les petits grains du Je vous salue Marie (10 fois): Par Sa douloureuse Passion, sois miséricordieux pour nous et pour le monde entier.

À la fin (3 fois): Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Éternel, prends pitié de nous et du monde entier.

LA PROMESSE DE GRÂCE DE MISÉRICORDE POUR LES AGONISANTS

« Il Me plaît de leur accorder tout ce qu’elles Me demanderont en disant ce chapelet. Lorsque les pécheurs endurcis le réciteront, J’emplirai leur âme de paix et l’heure de leur mort sera heureuse. Écris cela pour les âmes affligées: Lorsque l’âme verra ses péchés et en mesurera le poids, lorsque se dévoilera à ses yeux tout l’abîme de la misère dans laquelle elle s’est plongée, qu’elle ne désespère pas mais qu’elle se jette avec confiance dans les bras de Ma miséricorde, comme l’enfant dans les bras de sa mère bien-aimée.(…) Dis-leur qu’aucune âme faisant appel à Ma miséricorde n’a été déçue ni n’a éprouvé de honte. Je me complais particulièrement dans l’âme qui fait confiance à Ma bonté. Écris: Si l’on récite ce chapelet auprès d’un agonisant, Je me tiendrai entre le Père et l’âme agonisante, non pas en tant que Juge juste, mais comme Sauveur miséricordieux » (PJ 1541).

« A l’heure de la mort Je défends comme ma propre gloire chaque âme qui récite ce chapelet elle-même, ou bien si d’autres le récitent près de l’agonisant – l’indulgence est la même. Quand on récite ce chapelet auprès de l’agonisant, la colère divine s’apaise, une miséricorde insondable s’empare de son âme »

Neuvaine irrésistible au Sacré-coeur de Jésus

 Padre Pio disait chaque jour cette neuvaine, pour tous ceux qui se recommandaient à ses prières.

On fait suivre chaque formulation de la grâce implorée, de la récitation d’un «Notre Père» à cause de la soumission à la Volonté de Dieu, d’un «Ave» car Marie est là pour appuyer cette prière et d’un «Gloire au Père» pour exprimer, par avance et dans la confiance, notre remerciement à Dieu.

I- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité je vous le dis, demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera répondu !», voici que je frappe, je cherche, et je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

II- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon nom. Il vous l’accordera !», voici qu’à Votre Père, en Votre nom, je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

III- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité, je vous le dis, le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas», voici que m’appuyant sur l’infaillibilité de vos saintes paroles, je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

PRIERE :
O Sacré-Cœur de Jésus, à qui il est impossible de ne pas avoir compassion des malheureux, ayez pitié de nous pauvres pécheurs et accordez-nous la grâce que nous vous demandons, par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, Votre et Notre tendre Mère.

Saint Joseph, Père adoptif du Sacré-cœur de Jésus, priez pour nous.
Salve Regina

Amen !

Œuvre de Sainte Catherine de Sienne – Dialogue

Dialogue de Sainte Catherine de Sienne

AU NOM DE JÉSUS CRUCIFIÉ, DE LA DOUCE VIERGE MARIE, DU GLORIEUX PATRIARCHE DOMINIQUE.
Une âme, avide de la gloire de Dieu et du prochain, s’applique humblement à la prière; elle adresse quatre demandes à Dieu, lorsqu’elle lui est unie par la charité.

1.- Une âme qui désire ardemment l’honneur de Dieu et le salut du prochain s’applique d’abord aux exercices ordinaires et se renferme dans l’étude de sa propre fragilité, afin de mieux connaître la bonté de Dieu à son égard. Cette connaissance fait naître l’amour, et l’amour cherche à suivre et à revêtir la vérité.

2.- Rien ne donne plus la douceur et la lumière de la vérité qu’une prière humble et continuelle, qui a pour fondement la connaissance de Dieu et de soi-même. Cette prière unit l’âme à en lui faisant suivre les traces de Jésus crucifié, et en la rendant un autre lui-même par la tendresse du désir et par l’intimité de l’amour. Notre-Seigneur n’a-t-il pas dit : ” Si quelqu’un m’aime, il gardera mes commandements “; et ailleurs : ” Celui qui m’aime (1) est aimé de mon Père : je l’aimerai et je me manifesterai à lui; il sera une même chose avec moi, et moi avec lui ” (S. Jean, XIV, 21).

3.- Nous trouvons dans l’Ecriture plusieurs paroles semblables, qui nous prouvent que l’âme, par l’effet de l’amour de Dieu, devient un autre lui-même; et pour nous en convaincre, voici ce qu’une servante de Dieu, étroitement unie à lui dans la prière, avait appris de son bon Maître au sujet de l’amour infini qu’il porte à ceux qui le servent :

4.- ” Ouvre l’oeil de ton intelligence, lui disait-il, regarde en moi, et tu verras la dignité et la beauté de ma créature raisonnable. Entre toutes les grâces dont j’ai embelli l’âme en la créant à mon image et ressemblance, admire le vêtement nuptial de la charité et l’ornement des vertus que portent ceux qui me sont continuellement unis par l’amour. Si tu me demandes qui sont ceux-là, je te répondrai, ajoutait le très doux et très aimable Verbe de Dieu, ceux-là sont d’autres moi-même qui ont voulu perdre et détruire leur volonté pour se conformer à la mienne, et l’âme s’unit à moi en toute choses “. Il est donc bien vrai que l’âme s’unit à Dieu par l’amour.

5.- Lorsque cette âme voulut connaître plus clairement la vérité, afin de pouvoir la suivre davantage, elle fit à Dieu le Père quatre demandes humbles et ferventes :

la première était pour elle, parce qu’elle comprenait qu’on ne peut être utile au prochain par son enseignement, ses exemples et ses prières, si l’on n’acquiert pas la vertu soi-même; la seconde demande était pour la réforme de la sainte Église; la troisième demande était pour l’univers entier, afin d’obtenir surtout le salut et la paix de ces chrétiens qui insultent et persécutent l’Église avec tant d’acharnement; par la quatrième demande, elle implorait le secours de la divine Providence pour tous les hommes et pour un cas particulier.

Dieu augmente le désir de l’âme en lui montrant la misère du monde.

1.- Ce désir de l’honneur de Dieu et du salut des hommes était grand et continuel; mais il s’accrut bien (2) davantage lorsque la Vérité suprême lui eut montré la misère du monde, les périls et les vices où il est plongé; elle le comprit aussi en recevant une lettre dans laquelle son père spirituel lui expliquait la peine et la douleur immense que doivent causer l’outrage fait à Dieu, la perte des âmes et les persécutions contre la sainte Église.

2.- L’ardeur de son désir augmentait alors; elle pleurait l’offense de Dieu, mais elle se réjouissait aussi dans l’espérance que la miséricorde infinie voudrait bien arrêter de semblables malheurs. Et parce que, dans la sainte communion, l’âme s’unit plus doucement à Dieu et connaît davantage la. vérité, puisque alors elle est en Dieu, et Dieu est en elle, comme les poissons qui sont dans la mer en sont eux-mêmes pénétrés, cette âme avait hâte d’arriver au lendemain matin, afin de pouvoir entendre la messe.

3.- C’était une fête de la Sainte Vierge : dès que le jour eut paru et que la messe fut sonnée, elle y courut avec tous les désirs qui l’agitaient; elle avait une telle connaissance de sa faiblesse et de ses imperfections, qu’elle croyait être la principale cause de tout le mal qui se faisait dans le monde, et cette connaissance lui inspirait une horreur d’elle-même et une soif de la justice qui la purifiaient de toutes les taches qu’elle apercevait en elle. Elle disait : O Père éternel, je m’accuse moi-même devant vous, punissez-moi de mes offenses; et puisque je suis la cause principale des peines que supporte mon prochain, faites-les moi souffrir, je vous en conjure.

Les ouvres de l’homme sont insuffisantes pour expier et mériter dès qu’elles sont séparées de la charité.

1.- L’éternelle Vérité acceptait le désir de cette âme et l’attirait en haut comme l’offrande des sacrifices de l’Ancien Testament, lorsque le feu du ciel descendait et prenait ce qui était agréable à Dieu. La douce Vérité faisait de même en cette âme; elle lui envoyait le feu de l’Esprit Saint qui consumait le sacrifice du désir qu’elle lui avait offert, et elle lui disait : Ne sais-tu pas, ma fille, que toutes les peines que souffre et que peut souffrir une âme dans cette vie, sont incapables d’expier la faute (3) la plus légère? L’offense faite à moi, qui suis le Bien infini, demande une satisfaction infinie.

2.- Je veux que tu saches que toutes les peines ne sont pas données en cette vie pour expier, mais pour corriger. Ce sont les moyens que prend un père pour changer un enfant qui l’offense. La satisfaction est dans l’ardeur d’une âme qui se repent véritablement, et qui hait le péché. La contrition parfaite satisfait à la faute et à la peiné, non par la douleur qu’on éprouve, mais par le désir infini qu’on ressent.

3.- Celui qui est infini veut un amour et une douleur infinis. Il veut la douleur infinie de l’âme, d’abord pour les offenses qu’elle a faites à son Créateur, et ensuite pour celles qu’elle voit commettre par le prochain. Ceux qui ont ce désir infini, et qui me sont par conséquent unis par l’amour, gémissent amèrement : lorsqu’ils m’offensent ou qu’ils me voient offenser, Leurs peines, spirituelles ou corporelles, de quelque côté qu’elles viennent, acquièrent un mérite infini et satisfont à la faute qui méritait une peine infinie, quoique ces œuvres elles-mêmes soient finies et accomplies dans le temps qui est fini. Ils ont agi avec un désir infini et leurs peines ont été supportées avec une contrition, un regret de l’offense infinis, et c’est pour cela que la satisfaction est parfaite.

4.- C’est ce qu’explique saint Paul lorsqu’il dit “J’aurais beau parler la langue des anges et des hommes, prophétiser, donner tout mon bien aux pauvres, et livrer mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me servira de rien ” (I Cor., XIII, 1-3, ). L’Apôtre prouve par là que les œuvres finies sont incapables d’expier et de mériter sans le concours de la charité.

Le désir et la contrition du cœur satisfont à la faute et à la peine pour soi et pour les autres, quelquefois à la faute seulement et non à la peine.

1.- Je t’ai montré, ma fille bien-aimée, que la faute n’est pas punie par la seule peine qu’on souffre dans le temps comme expiation, mais par la peine qui vient de l’amour et de la contrition du coeur. Ainsi l’efficacité (4) n’est pas dans la peine, mais dans le désir de l’âme; et ce désir, comme toutes les autres vertus, n’a de valeur et de force qu’en Jésus-Christ, mon Fils unique; sa mesure est l’amour que l’âme a pour lui et sa fidélité à suivre ses traces. C’est là le seul et véritable moyen.

2.- Les peines ne satisfont à la faute que par ce doux et intime amour qui naît de la connaissance de ma bonté, et par cette amère et profonde contrition du coeur qui vient de la connaissance de soi-même et de ses fautes. Cette connaissance produit la haine et la fuite du péché et de la sensualité. Elle fait comprendre qu’on est digne de toutes sortes de châtiments et qu’on ne mérite aucune consolation.

3.- La très douce Vérité disait encore : Oui, la contrition du coeur et les sentiments d’une patience sincère et d’une humilité véritable, font que l’âme se trouve digne de peines et indigne de récompenses; l’humilité porte à tout souffrir avec patience, et c’est en cela que consiste la satisfaction.

4.- Tu me demandes des peines pour satisfaire aux offenses que commettent contre moi les créatures, et tu désires me connaître et m’aimer, moi qui suis la Vérité suprême et la Source de la vie. Le moyen d’acquérir ma connaissance et de goûter ma vérité éternelle, c’est de ne jamais sortir de la connaissance de toi-même. En t’abaissant dans la vallée de l’humilité, tu me connaîtras en toi, et tu trouveras dans cette connaissance tout ce qui te sera nécessaire.

5.- Aucune vertu ne peut exister sans la charité et sans l’humilité, qui est la gouvernante et la nourrice de la charité. La connaissance de toi-même te donnera l’humilité, parce que tu verras que tu n’as pas l’être par toi-même, mais par moi, qui vous aimais jusque dans les profondeurs du néant; et cet amour ineffable que j’ai eu pour vous a voulu vous renouveler dans la grâce en vous lavant et vous recréant par ce sang que mon Fils unique a répandu avec tant d’ardeur. C’est ce sang qui enseigne la vérité à celui qui a dissipé le nuage de l’amour-propre par la connaissance de soi-même; et ce sang est l’unique maître.

6.- L’âme, en recevant ces leçons, éprouve un amour (5) immense, et cet amour lui cause une peine continuelle, non pas une peine qui l’afflige et la dessèche, mais qui l’engraisse au contraire. Elle a connu ma vertu, et ses fautes, l’ingratitude et l’aveuglement des hommes; elle en ressent une peine inexprimable, mais elle souffre parce qu’elle aime; sans l’amour elle ne souffrirait pas ainsi. Dès que vous aurez connu ma vérité, il faudra supporter jusqu’à la mort les tribulations, les injures et les affronts de toutes sortes, en l’honneur et à la gloire de mon nom.

7.- Souffrez ces épreuves avec une vraie patience, avec une douleur sincère de tout ce qui m’offense, avec un amour ardent de tout ce qui peut glorifier mon nom. Vous satisferez ainsi à vos fautes et à celles de mes autres serviteurs. Vos peines, rendues efficaces par la puissance de la charité, pourront. expier et mériter pour vous et. pour les autres. Pour vous, vous recevrez le fruit de la vie; les fautes qui vous sont échappées seront effacées, et je ne me rappellerai pas que vous les avez commises pour les autres, je prendrai votre charité en considération, et je leur donnerai selon les dispositions avec lesquelles ils les recevront. A ceux qui écouteront avec respect et humilité mes serviteurs, je remettrai la faute et la peine, parce qu’ils parviendront à la connaissance et à la contrition de leurs péchés.

8.- Les prières et les ardents désirs de mes serviteurs seront pour eux des semences de grâces; en les recevant humblement ils en profiteront à des degrés différents, selon les efforts de leur volonté. Oui, ils seront pardonnés à cause de vos saints désirs, à moins que leur obstination soit telle, qu’ils veuillent être séparés de moi par le désespoir et qu’ils méprisent le sang de mon Fils, qui les a rachetés avec tant d’amour.

9.- Quel fruit en retireront-ils? Le fruit qu’ils en retireront, c’est que, contraint par les prières de mes serviteurs, je les éclairerai; j’exciterai les aboiements de leur conscience, et je leur ferai sentir la bonne odeur de la vertu, en leur rendant douce et profitable la société de mes amis.

10.- Quelquefois je permettrai que le monde leur laisse entrevoir ses misères, les passions qui l’agitent (6) et le peu de stabilité qu’il présente, afin que leurs désirs s’élèvent aux choses supérieures et qu’ils se dirigent vers le ciel, leur patrie. J’emploierai mille moyens; l’oeil ne saurait voir, la langue raconter, et le coeur imaginer toutes les ruses qu’invente mon amour pour leur donner ma grâce et les remplir de ma vérité. J’y suis poussé par cette inépuisable charité qui me les a fait créer, et aussi par les prières, les désirs et les angoisses de mes serviteurs. Je ne puis rester insensible à leurs larmes, à leurs sueurs et à leurs humbles demandes; car c’est moi-même qui leur fais aimer ainsi leur prochain et qui leur inspire cette douleur de la perte des âmes.

11.- Je ne puis cependant pas remettre la peine, mais seulement la faute, à ceux qui, de leur côté, ne sont pas disposés à partager mon amour et l’amour de mes serviteurs. Leur contrition est parfaite comme leur amour, et ils n’obtiennent pas comme les autres la satisfaction de la peine, mais seulement le pardon de la faute; car il faut qu’il y ait rapport entre celui qui donne et celui qui reçoit. Ils sont imparfaits, et ils reçoivent imparfaitement la perfection des désirs et des peines qui me sont offerts pour eux.

12.- Je t’ai dit qu’ils recevaient avec le pardon encore d’autres grâces, et c’est la vérité; car, lorsque la lumière de la conscience et les autres moyens que je viens d’indiquer leur ont fait remettre leur faute, ils commencent à connaître leur intérieur et à vomir la corruption de leur péché; ils se purifient et obtiennent de moi des grâces particulières.

13.- Ceux-là sont dans la charité commune, qui acceptent en expiation les peines que je leur envoie; et s’ils ne font point résistance à la clémence du Saint-Esprit, ils quittent le péché et reçoivent la vie de la grâce. Mais par ignorance et par ingratitude, ils méconnaissent ma bonté et les fatigues de mes serviteurs; tout ce qu’ils ont reçu de ma miséricorde leur tourne en ruine et en condamnation. Ce n’est pas la miséricorde qui leur fait défaut, ni le secours de ceux qui l’ont humblement obtenue pour eux, mais c’est leur libre arbitre qui a malheureusement rendu leur coeur dur comme le diamant. Cette dureté, ils peuvent la vaincre (7) tant qu’ils sont maîtres de leur libre arbitre, ils peuvent réclamer le sang de mon Fils et l’appliquer sur leur coeur pour l’attendrir, et ils recevront le bénéfice de ce sang qui a payé pour eux.

14.- Mais s’ils laissent passer le délai du temps, il n’y aura plus de remède, parce qu’ils n’auront point fait fructifier le trésor que je leur avais confié en leur donnant la mémoire pour se rappeler mes bienfaits, l’intelligence pour voir et connaître la vérité, et l’amour pour les attacher à moi, qui suis cette Vérité éternelle que l’intelligence leur avait fait connaître ! C’est là le trésor que je vous ai donné et qui doit me rapporter; ils le vendent et l’aliènent au démon, qui devient leur maître et le propriétaire de tout ce qu’ils ont acquis pendant la vie. Ils ont rempli leur mémoire de plaisirs et de souvenirs déshonnêtes; ils sont souillés par l’orgueil, l’avarice, l’amour-propre et la haine du prochain, qui leur devient insupportable; ils ont même persécuté mes serviteurs, et toutes ces fautes ont égaré leur intelligence dans le désordre de la volonté. Ils tomberont avec le démon dans les peines de l’enfer, parce qu’ils n’auront pas satisfait à leurs fautes par la contrition et la haine du péché.

15.- Ainsi tu vois que l’expiation de la faute est dans la parfaite contrition du coeur, et non dans les souffrances temporelles; non seulement la faute, mais la peine qui en est la suite, est remise à ceux qui ont cette contrition parfaite, et en général, comme je te l’ai dit, ceux qui sont purifiés de la faute, c’est-à-dire qui sont exempts de péchés mortels, reçoivent la grâce; mais s’ils n’ont pas une contrition suffisante et un amour capable de satisfaire â. la peine, ils vont souffrir dans le purgatoire.

16.- Tu vois que la satisfaction est dans le désir de l’âme unie à moi, le Bien Infini, et qu’elle est petite ou grande selon la mesure de l’amour de celui qui fait la prière et du désir de celui qui reçoit. C’est cette mesure de celui qui m’offre et de celui qui reçoit qui est la mesure de ma bonté. Ainsi, travaille à augmenter les flammes de ton désir, et ne te lasse pas un instant de crier humblement vers moi et de m’offrir pour ton prochain (8) d’infatigables prières. Je le dis pur toi et pour le père spirituel que je t’ai donné sur terre, afin que vous agissiez avec courage et que vous mouriez à toutes sortes de sensualités.

Combien plaît à Dieu le désir de souffrir pour lui.

1.- Rien ne m’est plus agréable que le désir de souffrir jusqu’à la mort des peines et des épreuves pour le salut des âmes; plus on souffre, plus on prouve qu’on m’aime; l’amour fait connaître davantage ma vérité; et plus on la connaît, plus on ressent de douleur des fautes qui m’offensait. Ainsi, en me demandant de punir sur toi les péchés des autres, tu me demandes l’amour, la lumière, la connaissance de la vérité; car l’amour se proportionne à la douleur, et augmente avec elle.

2.- Je vous ai dit : Demandez, et vous recevrez; je ne refuserai jamais celui qui me demandera dans la vérité. L’ardeur de la divine charité est si unie dans l’âme avec la patience parfaite, que l’une, ne peut y subsister sans l’autre. Dès que l’âme veut m’aimer, elle doit vouloir aussi supporter, par amour pour moi, toutes les peines que je lui accorderai, quelles que soient leur mesure et leur forme. La patience ne vit que de peines et la patience est la compagne inséparable de la charité. Ainsi donc supportez tout avec courage; sans cela vous ne sauriez être les époux de ma vérité, les amis de mon Fils, et vous ne pourriez montrer le désir que vous avez de mon honneur et du salut des âmes.

Toute vertu et tout défaut se développent par le moyen du prochain.

1.- Je veux que tu saches que toute vertu et tout défaut se développent par le moyen du prochain. Celui qui est dans ma disgrâce fait tort au prochain et à lui-même, qui est son principal prochain. Ce tort est général et particulier; il est général parce que vous êtes obligé d’aimer votre prochain comme vous-même, et qu’en l’aimant, vous devez lui être utile spirituellement par vos (9) prières et vos paroles; vous devez le Conseiller et l’aider dans son âme et dans son corps, selon ses nécessités, au moins de désir, si vous ne pouvez le faire autrement.

2.- Celui qui ne m’aime pas, n’aime pas son prochain, et ne l’aimant pas il ne peut lui être utile. II se fait tort, puisqu’il se prive de la grâce; il fait tort au prochain, puisqu’il le prive des prières et des saints désirs qu’il devait m’offrir pour lui, et dont la source est mon amour et l’honneur de mon nom.

3.- Ainsi tout mal vient à l’occasion du, prochain qu’on n’aime pas, dès qu’on ne m’aime pas; et quand on n’a plus cette double charité, on fait le mal puisqu’on n’accomplit plus le bien. A qui fait-ou le mal, si ce n’est à soi-même ou au prochain? Ce n’est pas à moi, car le mal ne saurait m’atteindre, et je ne regarde fait à moi que celui qui est fait aux autres.

4.- On fait le mal contre soi-même, puisqu’on se prive de ma grâce, et qu’on ne peut par conséquent se nuire davantage. On fait le mal contre le prochain, puisqu’on ne lui donne pas ce qui lui est dû au nom de l’amour, et qu’on ne m’offre pas pour lui les prières et les saints désirs de la charité.

5.- C’est là une dette générale envers toute créature raisonnable; mais elle est plus sacrée à l’égard de tous ceux qui vous entourent parce que vous êtes obligés de vous soutenir les uns les autres par vos paroles et vos bons, exemples, recherchant en toutes choses l’utilité de votre prochain, comme celle de votre âme, sans passion et sans intérêt. Celui qui n’agit pas ainsi manque de charité fraternelle, et fait par conséquent tort à son prochain; non seulement il lui fait tort en ne lui faisant pas le bien qu’il pourrait lui faire, mais encore en le portant au mal.

6.- Le péché est actuel ou mental dans l’homme : il se commet mentalement lorsqu’on se délecte dans la pensée du péché, et lorsqu’on déteste la vertu par un effet de l’amour sensitif, qui détruit la charité qu’on doit avoir pour moi et pour le prochain. Dès qu’on a conçu ainsi le péché, on l’enfante contre le prochain de diverses manières, selon la perversité de la volonté sensitive. C’est quelquefois une cruauté spirituelle et corporelle : (10) elle est spirituelle, lorsqu’on se voit ou qu’on voit les créatures en danger de mort et de damnation par la perte de la grâce, et qu’on est assez cruel pour ne pas recourir à l’amour de la vertu et à la haine du vice.

7.- Quelquefois on pousse cette cruauté jusqu’à vouloir la communiquer aux autres : non seulement on ne lui donne pas l’exemple de la vertu, mais on fait l’office du démon, en retirant les autres de la vertu autant qu’on le peut, et en les conduisant au vice. Quelle cruauté plus grande peut-on exercer envers l’âme que de lui ôter ainsi la vie de la grâce et de lui donner la mort éternelle? La cruauté envers le corps a sa Source dans la cupidité. Non seulement on néglige d’assister son prochain, mais encore on le dépouille jusque dans sa pauvreté, soit par force, soit par fraude, en lui faisant racheter son bien et sa vie.

8.- O cruauté impitoyable, pour laquelle je serai sans miséricorde, si elle n’est pas rachetée par la compassion et la bienveillance envers le prochain! Elle enfante des paroles que suivent souvent la violence et le meurtre, ou bien des impuretés qui souillent et changent. les autres cri animaux immondes; et ce n’est pas une personne ou deux qui sont infectées, ce sont tous ceux qui fréquentent et approchent seulement ce cruel corrupteur.

9.- Que n’enfante pas aussi l’orgueil, si avide de réputation et d’honneur! On méprise le prochain, on s’élève au dessus de lui et on lui fait injure. Si l’on est dans une position supérieure, on commet l’injustice, et on devient le bourreau des autres.

10.- O ma fille bien-aimée, gémis sur toutes ces offenses et pleure sur tous ces morts, afin que tes prières les ressuscitent. Tu vois quand et comment les hommes commettent le péché contre le prochain et par son moyen. Sans le prochain, il n’y aurait pas de péchés secrets ou publics. Le péché secret, c’est de ne pas l’assister comme on doit le faire; le péché public, c’est cette génération de vices dont je viens de parler. Il est donc vrai que toutes les offenses me sont faites par le moyen du prochain. (11)

Les vertus s’accomplissent par le moyen du prochain. – Pourquoi elles sont si différentes dans les créatures.

1.- Je t’ai dit que tous les péchés se font par le moyen du prochain; leur cause est dans le défaut de la charité, qui seule fait naître, vivifie et développe toute vertu. L’amour-propre qui détruit la charité et l’amour du prochain, est le principe et le fondement de tout mal. Le scandale, la haine, les cruautés, toutes les fautes viennent de cette racine mauvaise, qui empoisonne le monde entier, et qui trouble le corps de la sainte Eglise et toute la chrétienté.

2.- Je t’ai dit que les vertus avaient leur fondement dans l’amour du prochain, parce que c’est la charité qui donne la vie à toutes les vertus; il est impossible d’acquérir aucune vertu sans la charité, c’est-à-dire sans mon amour.

3.- Dès que l’âme se connaît, elle trouve l’humilité et la haine de la passion sensitive, parce qu’elle connaît la loi mauvaise, qui captive la chair et combat sans cesse l’esprit. Elle conçoit alors de la haine et de l’horreur contre la sensualité, et elle s’applique avec zèle à la soumettre à la raison.

4.- Tous les bienfaits qu’elle a reçus de moi lui font comprendre la grandeur de ma bonté, et l’intelligence qu’elle en a lui donne l’humilité, parce qu’elle sait que c’est ma grâce seule qui l’a tirée des ténèbres et lui procure la clarté de cette lumière. Dès qu’elle a reconnu ma bonté, elle aime d’une manière désintéressée, et d’une manière intéressée d’une manière désintéressée, quant à son utilité particulière; d’une manière intéressée quant à la vertu qu’elle a embrassée pour moi, parce qu’elle sait qu’elle ne me serait point agréable Si elle n’avait pas la haine du péché et l’amour de la vertu.

5.- Dès qu’elle m’aime, elle aime le prochain, sans cela son amour ne serait pas véritable; car mon amour et l’amour du prochain ne font qu’un. Plus une âme m’aime, plus elle aime le prochain, parce que l’amour qu’on a pour lui procède de mon amour. (12)

6.- C’est là le moyen que je vous ai donné pour que vous exerciez et cultiviez en vous la vertu. Votre vertu ne peut m’être utile, mais elle, doit profiter au prochain. Vous montrez que vous avez ma grâce en m’offrant pour lui de saintes prières et les désirs ardents que vous avez de mon bonheur et du salut des âmes.

7.- L’âme qui est amoureuse de ma vérité ne cesse jamais d’être utile aux autres en général et en particulier, peu ou beaucoup, selon la disposition de celui qui reçoit, et selon l’ardent désir de celui qui demande et me force de donner. Je te l’ai dit, en t’expliquant que, sans l’ardent désir, la peine ne pouvait suffire, à expier la faute.

8.- Lorsque l’âme possède cet amour qu’elle puise en moi et qu’elle étend au prochain et au salut du monde entier, elle cherche à faire partager aux autres les avantages et la vie de la grâce qu elle en retire. Elle s’applique à satisfaire aux besoins particuliers de ceux qui I’entourent. Elle montre la charité générale pour toutes les créatures. Elle veut servir ses proches en leur communiquant, selon leur nombre et leur mesure, les grâces dont je l’ai faite dépositaire et ministre Car j’ai charge les uns de faire le bien dans l’enseignement de la doctrine, sans avoir égard à leurs intérêts, et j’ai chargé les autres de le faire par les saints exemples que vous étés tous obliges de leur donner pour l’édification du prochain.

9.- Ces vertus et bien d’autres, qu’il serait trop long de nommer, sont les fruits de l’amour véritable du prochain, je les donne à chacun d’une manière différente, afin qu’étant partagées entre tous, la vertu et la charité naissent de leur harmonieux ensemble,

10.- J’ai donné une vertu à celui-ci, et une autre vertu à celui-là; mais aucune vertu ne peut être parfaite sans qu’on ait à un certain degré les autres; car toutes les vertus sont liées ensemble, et chaque vertu est le commencement et le principe des autres. A l’un je donne la charité, à l’autre la justice, l’humilité ou une foi vive, la prudence, la tempérance, la patience ou la force. Je diversifie ainsi mes dons dans les âmes, distribuant à toutes des grâces spéciales. Mais dès que l’âme possède une vertu qu’elle pratique et qu’elle développe de préférence (13), cette vertu entraîne naturellement les autres; car, comme je l’ai dit, toutes les vertus sont liées par les liens de la charité.

11.- Mes dons sont temporels ou spirituels. J’appelle temporels toutes les choses nécessaires à la vie de l’homme, et ces choses je les dispense avec une grande inégalité. Je ne les donne pas toutes à un seul, afin que des besoins réciproques deviennent une occasion de vertu et un moyen d’exercer la charité. II m’était très facile de donner à chacun ce qui est utile à son corps et à son âme; mais j’ai voulu que tous les hommes eussent besoin les uns des autres pour devenir ainsi les ministres et les dispensateurs des dons qu’ils ont reçus de moi. Que l’homme le veuille ou non, il est forcé d’exercer la charité envers son prochain : seulement, si cette charité ne s’exerce pas par amour pour moi, elle ne sert de rien dans l’ordre de la grâce.

12.- Ainsi tu vois que c’est pour organiser la charité que j’ai rendu les hommes mes ministres, et que je les ai placés dans des états et des rapports si différents. Il y a bien des manières d’être dans ma maison, et l’amour est la seule chose que je vous demande; car c’est en m’aimant qu’on aime le prochain, et celui qui aime le prochain accomplit la loi; quiconque possède l’amour rend avec bonheur à son prochain tous les services qu’il peut lui rendre.

Les vertus s’éprouvent et se fortifient par leurs contraires.

1.- Je t’ai dit que l’homme, en servant son prochain, prouve l’amour qu’il a pour moi. J’ajoute que c’est par le prochain qu’on pratique les vertus et surtout la patience, quand il en reçoit des injures. II exerce son humilité avec le superbe, sa foi avec l’incrédule, son espérance avec celui qui désespère, sa justice avec l’injuste, sa bonté avec le méchant, sa douceur avec celui qui est en colère.

2.- Le prochain est l’occasion de toutes les vertus, comme il est aussi celle de tous les vices. L’humilité (14) brille par l’orgueil, car l’humilité détruit l’orgueil et en triomphe. Le superbe ne peut nuire à celui qui est humble, et l’infidélité de celui qui ne m’aime pas et n’espère pas en moi ne peut nuire à celui qui m’est fidèle, ni affaiblir la foi et l’espérance que lui donne mon amour. Elle les fortifie au contraire et les montre dans la charité qu’il a pour le prochain; car, lorsque mon serviteur fidèle voit quelqu’un qui n’espère plus en lui et en moi, il ne cesse pas pour cela de l’aimer, et il demande au contraire son salut avec plus d’ardeur. Celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi en moi; son espérance est dans la sensualité qui captive son coeur. Tu vois donc que c’est par l’infidélité et par le défaut d’espérance des autres que la foi s’exerce; c’est là qu’elle trouve les occasions d’agir et de se développer.

3.- La justice aussi n’est pas détruite par l’injustice; la patience de celui qui souffre montre au contraire la justice, comme la douceur et la résignation brillent d’un plus grand éclat dans les orages de la colère : l’envie, le mépris et la haine sont aussi vaincus par la charité par le désir et la faim du salut des âmes

4.- Non seulement ceux qui rendent le bien pour le mal montrent leur vertu, mais ils la communiquent souvent. Ils mettent les charbons ardents de la charité sur la tête de leur prochain; ils chassent la haine qui s’était emparée de son cœur, et la colère se charge tout à coup en bienveillance c’est un miracle que produit l’affectueuse patience de celui qui supporte la colère du méchant et qui lui pardon ne. La force et la persévérance ont leurs aliments dans l’injure et dans la calomnie des hommes qui, par la violence ou la séduction, veulent détourner mes serviteurs du chemin de la vérité. Celui qui est fort et persévérant le montre, dans sa conduite envers le prochain; celui qui succombe alors prouve que sa vertu n’est rien.

Prière à la Sainte Face

Ô Jésus, qui dans votre cruelle Passion êtes devenu «l’opprobre des hommes et l’homme de douleurs», je vénère votre divin visage, sur lequel brillaient la beauté et la douceur de la divinité, maintenant devenu pour moi comme le visage d’un «lépreux» !

Mais sous ses traits défigurés, je reconnais votre amour infini et je me consume du désir de vous aimer et de vous faire aimer de tous les hommes. Les larmes qui coulèrent si abondamment de vos yeux m’apparaissent comme des perles précieuses que j’aime à recueillir, afin d’acheter avec leur valeur infinie les âmes des pauvres pêcheurs.

Ô Jésus, dont le visage est la seule beauté qui ravit mon cœur, j’accepte de ne pas voir ici-bas, la douceur de votre regard, de ne pas sentir l’inexprimable baiser de votre bouche sainte; mais je vous supplie d’imprimer en moi votre divine ressemblance, de m’embraser de votre amour, afin qu’il me consume rapidement et que j’arrive bientôt à voir votre glorieux visage dans le Ciel.

Amen.

Les sept Pater Noster de Sainte Brigitte de Suède

Le divin Sauveur révéla à Sainte Brigitte la promesse suivante :
Saint Brigitte de Suède

 » Sachez que j’accorderai à ceux qui réciteront, pendant douze(12) ans, sept Notre Père et Je vous salue Marie et les prières suivantes en l’honneur de mon Précieux Sang, les cinq(5)  grâces suivantes  » :

  1. Ils n’iront pas au purgatoire;
  2. Je les compterai au nombre des martyrs, comme s’ils avaient versé leur sang pour la foi;
  3. Je conserverai en état de grâce sanctifiante l’âme de trois de leurs parents, au choix;
  4. Les âmes de leur parenté, jusqu’à la quatrième génération, éviteront l’enfer;
  5. Ils connaîtront la date de leur mort un mois avant;

S’ils devaient mourir avant, je considère la chose acquise comme s’ils avaient rempli toutes les conditions.

Le Pape Innocent X a confirmé cette révélation et a a jouté que les âmes qui s’en acquittent libèrent, chaque Vendredi Saint, une âme du purgatoire.

A dire en totalité chaque jour

Jésus, je veux, maintenant, réciter sept fois le Notre Père, en union du même amour par lequel cette prière a sanctifié et adouci ton cœur. Prends-la de mes lèvres, en ton Divin Cœur. Corrige-la et perfectionne-la afin qu’elle apporte autant d’honneur et de joie en la Sainte Trinité que tu nous en a démontré sur la terre; cette prière devrait submerger ta Sainte Humanité pour glorifier tes Saintes Plaies et le Précieux Sang qui s’en est écoulé.

Circoncision
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre les premières plaies, les premières douleurs et la première effusion de sang versé par Jésus pour expier les péchés de l’homme, de la jeunesse, les miens, et pour le renoncement aux premiers péchés mortels, surtout dans ma parenté.

Sueur de sang
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre les douleurs horribles du cœur de Jésus au jardin des Oliviers, et chaque goutte de sa sueur de sang pour expier tous les péchés de cœur, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour l’accroissement de l’amour de Dieu et du prochain.

Flagellation
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre les milliers de plaies, les douleurs cruelles et le précieux sang de Jésus lors de sa flagellation, pour tous les péchés de la chair, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour la conservation de l’innocence, en particulier dans ma parenté.

Couronnement d’épines
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre les plaies, les douleurs et le précieux sang de la tête sainte de Jésus lors de son couronnement d’épines, pour expier tous les péchés d’esprit de l’homme, les miens, pour le renoncement à de tels péchés et pour l’extension du règne du Christ sur la terre.

Portement de la Croix
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre les douleurs de Jésus sur le chemin de Croix, surtout sa sainte plaie de l’épaule, le précieux sang pour alléger le poids de la Croix, mes murmures contre les saintes ordonnances, tous les péchés commis, pour le renoncement à de tels péchés et pour un véritable amour à la Sainte Croix.

Crucifixion de Jésus
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, par les mains immaculées de Marie et le Divin Cœur de Jésus, je t’offre ton Divin Fils, cloué et élevé sur la Croix, ses plaies aux mains et aux pieds et les trois filets de son précieux sang versé pour nous, son Extrême pauvreté, son obéissance parfaite, toutes les affres de son corps et de son Âme, sa précieuse mort et son mémorial non sanglant dans toutes les Saintes Messes de la terre, pour expier toutes les atteintes aux vœux et aux saintes institutions, en réparation de mes péchés et ceux du monde entier, pour les malades et les mourants, pour obtenir de saints prêtres et laïcs, aux intentions du saint Père, pour la restauration de la famille chrétienne, pour fortifier et encourager la foi, pour notre patrie, pour l’unité des peuples dans le Christ et son Église, ainsi que dans tous les pays où les Chrétiens sont en minorité.

Blessure du côté
Notre Père + Ave Maria
Père éternel, accepte, pour le besoin de la sainte Église et en expiation des péchés des hommes, ces précieux dons, Eau et Sang, jaillis de la plaie du divin Cœur de Jésus – Sang du Christ, dernier contenu de Ton Sacré Cœur, lave-moi et purifie-moi de tous mes Péchés Coupables… – Eau du côté du Christ, lave-moi et purifie-moi de mes premiers péchés et sauve-moi, ainsi que toutes les pauvres âmes, des flammes du purgatoire.

Comprendre le Rosaire afin de bien le prier

Notre Dame du Rosaire

Dans sa première lettre encyclique sur le Rosaire, le Pape Léon XIII en donne la définition : «revivre en notre âme la suite des mystères de notre salut et joindre à cette méditation une couronne mystique composée de dizaines d’avés séparés par des paters.»

Le Rosaire est composé d’une âme et d’un corps, le corps ce sont les paters et les avés, l’âme c’est la méditation des mystères.

Sans la méditation le Rosaire serait comme un corps sans âme, ou encore comme une rose sans parfum.

Il est donc important de comprendre comment s’articule cette union de l’âme et du corps du Rosaire, pour faire de cette prière une rose parfumée.

Saint-Thomas d’Aquin

Saint Thomas nous explique que la prière vocale comporte trois niveaux, trois niveaux d’attention:

  1. S’attacher à bien prononcer les paroles,
  2. Pénétrer le sens et,
  3. le plus important, fixer notre attention sur Dieu.

Ce troisième niveau s’appuie sur les deux premiers, les mots et leurs sens, et s’en sert comme d’un tremplin, pour monter jusqu’à la contemplation.

Par exemple l’âme s’appuie sur la répétition des paroles « que votre volonté soit faite » pour contempler le fiat de Marie à l’Annonciation ou bien encore sa résignation par au pied de la croix.

Ainsi il n’y a pas dissociation entre la contemplation du mystère et la parole récitée.

Examinons maintenant la méthode pédagogique du Rosaire : son mode et son but.

Tout d’abord son mode.

Comment agit-il ? Comme une goutte d’eau qui creuse la pierre sur laquelle elle tombe régulièrement et inlassablement, ainsi la méditation répétée des mystères du Rosaire, fait pénétrer les enseignements qui y sont contenus de plus en plus profondément dans notre âme. Elle finit par modeler l’âme à la ressemblance des modèles contemplés que sont Jésus et Marie. Saint-François de Sales prend une comparaison toute simple pour illustrer cela. De même, dit-il, que les enfants, à force d’entendre leur mère et de bégayer avec elle, apprennent à parler leur langage, de même, en demeurant près du Sauveur, par la méditation de ses paroles de ses actions et de ses affections, nous apprenons à parler, à faire et à vouloir comme lui.

Mais quel est le but de cette méthode ?

Former facilement des Saints, rapidement, en leur appliquant la grâce de Notre Seigneur pour les faire croitre spirituellement jusqu’à l’héroïcité. Vous le savez mes frères, que l’âme de Notre Seigneur, renferme une plénitude de grâces, qui s’est épanouie et manifestée à travers tous les actes de sa vie publique.

Or que fait le Rosaire ? Il nous met en contact avec les différentes phases de la vie de Notre Seigneur.

Comment faut-il le réciter ? D’une façon lente et réfléchie, nous dit un théologien du Rosaire, pour en faciliter l’intelligence à l’esprit et le sentiment au cœur.

S’il est assez facile d’éviter, ou de corriger, ce défaut de la précipitation, par contre il est plus difficile d’éviter les distractions, personne n’y échappe car elles proviennent de la faiblesse de notre nature.

Alors pratiquement, que convient-il de faire ? D’abord ne pas se décourager : même les saints ont éprouvé de telles difficultés. Ainsi Sainte Thérèse, c’est bien connu, qui aimait tant la Sainte Vierge, gémissait de ne pas bien réciter son chapelet. J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères, disaient-elle, je n’arrive pas bien à fixer mon esprit. Finalement elle trouva la solution : maintenant je m’en désole moins, je pense que la très Sainte Vierge étant ma mère, elle doit voir ma bonne volonté.

Voila ce qui compte mes frères, la bonne Volonté ! Ne pas avoir de distractions délibérées, mais dès que nous nous apercevons que nous sommes distraits, revenons doucement à notre sujet, sans nous lasser, autant de fois que cela sera nécessaire.

Nous sommes convaincus, me direz-vous, que le Rosaire est un moyen exceptionnel efficace et rapide pour parvenir à la sainteté. Mais il n’en reste pas moins une méthode parmi d’autres et donc reste facultatif. Eh bien détrompez-vous mes frères, le Rosaire n’est pas facultatif. La Sainte Vierge elle-même, fait cette révélation au bienheureux Alain la Roche, apôtre dominicain du Rosaire au XVe siècle.

Écoutez bien. Sache mon fils, et fais le connaitre à tous, qu’un signe probable et prochain de damnation éternelle, est d’avoir de l’aversion, de la tiédeur, et de la négligence à dire la salutation angélique.

Parole terrible, mes frères, qui ne laisse aucune place à la tiédeur ou à la routine.

Extrait de Connaitre, aimer & pratiquer le Rosaire 

Traité de l’Enfer

CHAPITRE I Du lieu de l’enfer, de son prince, de l’entrée des âmes dans ce lieu d’horreur, et des peines qui leur sont communes.

Un jour que la servante de Dieu était très souffrante, elle s’enferma dans sa cellule, pour se livrer en toute liberté à l’exercice de la contemplation, où elle trouvait sa consolation et toutes ses délices. Il était environ quatre heures après midi: elle fut aussitôt ravie en extase, et l’archange Raphaël, qu’elle ne vit pas alors, vint la prendre, et la conduisit à la vision de l’enfer. Arrivée, à la porte de ce royaume effroyable, elle lut ces paroles écrites en caractères de feu: «Ce lieu est l’enfer, où il n’y a ni repos, ni consolation, ni espérance». Cette porte étant ouverte, elle regarda et vit un abîme si profond et si épouvantable, que depuis elle n’en pouvait parler sans que son sang se glaçât d’effroi.

De cet abîme sortaient des cris affreux et des exhalaisons insupportables; alors elle fut saisie d’une horreur extrême; mais elle entendit la voix de son conducteur invisible, qui lui disait d’avoir bon courage, parce qu’il ne lui arriverait aucun mal. Un peu rassurée par cette voix amie, elle observa plus attentivement cette porte, et vit que déjà fort large à son entrée, elle allait en s’élargissant toujours davantage dans son épaisseur; mais dans cet affreux corridor régnaient des ténèbres inimaginables; cependant il se fit pour elle une lumière, et elle vit que l’enfer était composé de trois régions: l’une supérieure, l’autre inférieure, et l’autre intermédiaire. Dans la région supérieure, tout annonçait de graves tourments; dans celle du milieu, l’appareil des tortures était encore plus effrayant; mais, dans la plus basse région, la souffrance était incompréhensible.

Ces trois régions étaient séparées par de longs espaces, où les ténèbres étaient épaisses, et les instruments de tortures en nombre prodigieux et extraordinairement variés. Dans cet abîme effroyable, vivait un immense dragon qui en occupait toute la longueur: il avait sa queue dans l’enfer inférieur, son corps dans l’enfer intermédiaire et sa tête dans l’enfer supérieur. Sa gueule était béante dans l’ouverture de la porte qu’il remplissait tout entière; sa langue sortait d’une longueur démesurée; ses yeux et ses oreilles lançaient des flammes sans clarté, mais d’une chaleur insupportable; sa gorge vomissait une lave brûlante et d’une odeur empestée.

Françoise entendit dans cet abîme un bruit effroyable: c’étaient des cris, des hurlements, des blasphèmes, des lamentations déchirantes, et tout cela mêlé à une chaleur étouffante, et à une odeur insoutenable, lui faisait un tel mal, qu’elle crut que sa vie allait s’anéantir; cependant son guide invisible la rassura par ses inspirations, et lui rendit un peu de courage: elle en avait besoin pour soutenir la vision dont nous allons parler. Elle aperçut Satan sous la forme la plus terrifiante qu’il soit possible d’imaginer. Il était assis sur un siège qui ressemblait à une longue poutre, dans l’enfer du milieu, et cependant sa tête atteignait le haut de l’abîme, et ses pieds descendaient jusqu’au fond; il tenait ses jambes écartées, et ses bras étendus, mais non en forme de croix. Une de ses mains menaçait le ciel, et l’autre semblait indiquer le fond du précipice.

Deux immenses cornes de cerf couronnaient son front; elles étaient fort rameuses, et les innombrables petites cornes qui en sortaient, comme autant de rameaux, semblaient autant de cheminées par où s’échappaient des colonnes de flammes et de fumée. Son visage était d’une laideur repoussante et d’un aspect terrible. Sa bouche, comme celle du dragon, vomissait un fleuve de feu très ardent; mais sans clarté et d’une puanteur affreuse. Il portait au cou un carcan de fer rouge. Une chaîne brûlante le liait par le milieu du corps, et ses pieds et ses mains étaient également enchaînés. Les fers de ses mains étaient fortement cramponnés dans la voûte de l’abîme; ceux de ses pieds tenaient à un anneau fixé au fond du gouffre, et la chaîne qui lui liait les reins, liait aussi le dragon dont nous avons parlé. A cette vision en succéda une autre.

La servante de Dieu aperçut de tous côtes des âmes que les esprits qui les avaient tentées ramenaient dans cette affreuse demeure: elles portaient leurs péchés écrits sur leurs fronts en caractères si intelligibles, que la sainte comprenait pour quels crimes chacune d’elles était damnée. Ces lettres, du reste, n’étaient que pour elle seule; car ces âmes malheureuses ne connaissaient réciproquement leurs péchés que par la pensée. Les démons qui les conduisaient, les accablaient de plaisanteries, de reproches amers et de mauvais traitements, qu’il serait difficile de raconter, tant la rage de ces monstres était inventive. A mesure que ces âmes arrivaient à l’entrée du gouffre, les démons les renversaient et les précipitaient, la tête la première, dans la gueule toujours ouverte du dragon. Ainsi englouties, elles glissaient rapidement dans ses entrailles, et à l’ouverture inférieure, elles étaient reçues par d’autres démons qui les conduisaient aussitôt à leur prince, ce monstre enchaîné, dont nous venons de parler.

Il les jugeait sur-le-champ, et après avoir assigné le lieu qu’elles devaient occuper selon leurs crimes, il les livrait à des démons qui lui servaient de satellites pour les y conduire. La sainte remarqua que cette translation ne se faisait pas de la même manière que celle des âmes qui passent du purgatoire au paradis. Quoique la distance que ces dernières ont à parcourir soit incomparablement plus grande que celle d’un enfer à l’autre, puisqu’il leur faut traverser la terre, le ciel des astres et le cristallin, pour arriver à l’empyrée; cependant ce voyage se fait dans un clin d’œil. La marche des âmes que Françoise voyait emporter par les gardes du tyran infernal, était au contraire fort lente, tant à cause des ténèbres épaisses, qu’il leur fallait traverser avec une sorte de violence, que des tortures qu’ils leur faisaient souffrir dans les espaces intermédiaires dont nous avons parlé. Ce n’était donc qu’après un certain temps que les démons finissaient par les déposer au fond de l’abîme.

Françoise vit aussi arriver d’autres âmes moins coupables que les premières, et cependant réprouvées; elles étaient précipitées dans la gueule du dragon, présentées à Lucifer, jugées et transférées par les démons, comme les autres; mais, au lieu de descendre au fond du gouffre, elles montaient dans l’enfer supérieur, avec la même lenteur néanmoins, et en subissant des tourments proportionnés à leurs péchés. Arrivées dans leur prison, elles y trouvaient une multitude de démons en forme de serpents et de bêtes féroces, dont la vue les terrorisait. Les regards de Satan les épouvantaient encore davantage, et, sans parler de l’incendie général dans lequel elles étaient enveloppées, le feu qui sortait du prince des ténèbres leur faisait cruellement sentir son ardeur dévorante. Autour d’elles régnait une nuit éternelle; en sorte que rien ne pouvait faire diversion aux peines qu’elles enduraient. Là, comme dans les autres parties de l’enfer, chacune des âmes réprouvées était livrée à deux démons principaux, exécuteurs des arrêts de la justice divine.

La fonction du premier était de la frapper, de la déchirer et de la tourmenter sans cesse; celle du second était de se moquer de son malheur, en lui reprochant de se l’être attiré par sa faute; de lui rappeler continuellement le souvenir de ses péchés, mais de la manière la plus accablante, en lui demandant comment elle avait pu céder aux tentations, et consentir à offenser son Créateur; de lui reprocher enfin, tous les moyens qu’elle avait eus de se sauver, et toutes les occasions de faire le bien, qu’elle avait perdues par sa faute. De là des remords déchirants, qui, joints aux tourments que l’autre bourreau lui faisait éprouver, la mettaient dans un état de rage et de désespoir, qu’elle exprimait par des hurlements et des blasphèmes. La charge confiée à ces deux démons n’était pourtant pas exclusive: tous les autres avaient également droit de l’insulter et de la tourmenter, et ils ne manquaient pas d’en user.

La servante de Dieu ayant désiré savoir quelle différence il y avait entre les habitants des trois provinces de ce royaume effroyable, il lui fut dit que, dans la région inférieure, étaient placés les plus grands criminels; dans celle du milieu les criminels médiocres et dans la région supérieure les moins coupables des réprouvés. Les âmes que vous voyez dans ce lieu le plus haut, ajouta la voix qui l’instruisait, sont celles des Juifs qui, à leur opiniâtreté près, vécurent exempts de grands crimes, celles des chrétiens qui négligèrent la confession pendant la vie, et en furent privés à la mort, etc. Tout ce que la bienheureuse voyait et entendait la remplissait d’épouvante; mais son guide avait grand soin de la rassurer et de la fortifier.

CHAPITRE II Tourments particuliers exercés sur neuf sortes de coupables.
  1. Supplices de ceux qui outragèrent la nature par leurs impuretés. Françoise aperçut dans la partie la plus basse et la plus horrible de l’enfer des hommes et des femmes qui enduraient des tortures effroyables. Les démons qui leur servaient de bourreaux les faisaient asseoir sur des barres de fer rougies au feu, qui pénétraient le corps dans toute sa longueur, et sortaient par le sommet de la tête, et pendant que l’un d’entre eux retirait cette barre, et la renfonçait de nouveau, les autres, avec des tenailles ardentes, leur déchiraient les chairs depuis la tête jusqu’aux pieds. Or ces tourments étaient continuels et cela sans exclusion des peines générales je veux dire, du feu, du froid glacial, des épaisses ténèbres, des blasphèmes et des grincements de dents.
  2. Supplices des usuriers. Non loin du cachot des premiers, Françoise en vit un autre où les criminels étaient torturés d’une manière différente, et il lui fut dit que c’étaient les usuriers. Or, ces malheureux étaient couchés et cloués sur une table de feu, les bras étendus, mais non en forme de croix, et le guide de Françoise lui dit à ce sujet, que tout signe de la croix était banni de ces demeures infernales. Chacun d’eux avait un cercle de fer rouge sur la tête. Les démons prenaient dans des chaudières de l’or et de l’argent fondus qu’ils versaient dans leurs bouches; ils en faisaient couler aussi dans une ouverture qu’ils avaient pratiquée à l’endroit du cœur, en disant: souvenez-vous, âmes misérables de l’affection que vous aviez pour ces métaux pendant la vie; c’est elle qui, vous a conduites où vous êtes. Ils les plongeaient ensuite dans une cuve pleine d’or et d’argent liquéfiés; en sorte, qu’elles ne faisaient que passer d’un tourment à un autre, sans obtenir un moment de repos. Elles souffraient en outre, les peines communes à toutes les autres âmes réprouvées; ce qui les réduisait à un affreux désespoir: aussi ne cessaient-elles de blasphémer le nom sacré de celui qui exerçait sur elles ses justes vengeances.
  3. Supplices des blasphémateurs. Françoise vit, dans la même région, les profanateurs obstinés de Dieu, de la sainte Vierge et des saints. Or, ils étaient soumis à des tortures effroyables. Les démons, armés de pinces brûlantes, tiraient leurs langues, et les appliquaient sur des charbons embrasés, ou bien ils prenaient de ces charbons, et les leur mettaient dans la bouche; ensuite ils les plongeaient dans des chaudières d’huile bouillante, ou bien ils leur en faisaient avaler, en disant: «Comment osiez-vous blasphémer ce que les cieux révèrent, âmes maudites et désespérées? Non loin de ceux-ci étaient les lâches qui renoncèrent Jésus-Christ par la crainte des supplices; mais leurs tourments n’étaient pas aussi rigoureux, Dieu ayant égard à la faiblesse humaine qui les fit succomber.
  4. Supplices des traîtres. Françoise vit dans le même quartier, les tortures qu’exerçaient les démons impitoyables sur les hommes infidèles à leurs maîtres, et surtout sur les chrétiens qui ne prirent des engagements sur les fonts sacrés du baptême que pour les profaner. Ces cruels bourreaux leur arrachaient le cœur avec des tenailles ardentes, et le leur rendaient ensuite pour l’arracher de nouveau. Ils les descendaient aussi de temps en temps dans des cuves pleines de poix bouillante, et leur disaient en les y tenant submergés: «Âmes fausses et perfides, sans cœur et sans fidélité, non contents de trahir vos maîtres temporels, vous avez osé trahir votre Dieu Lui-même; car vous prîtes sur les fonts du baptême, l’engagement solennel de renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, et vous avez fait tout l’opposé. N’oubliez pas ces promesses, et recevez le châtiment que leur violation vous a mérité». A ces reproches amers succédaient les hurlements des victimes; elles blasphémaient aussi les sacrements, surtout le saint baptême et maudissaient leur divin auteur.
  5. Supplices des homicides. Un peu plus loin elle vit des hommes à figures féroces, plongés dans une immense chaudière remplie de sang en ébullition. Or, les démons venaient les prendre dans cette chaudière bouillante et les jetaient dans une autre pleine d’eau à moitié glacée; puis les retiraient de celle-ci pour les submerger dans la première. Mais ce n’était pas là leur unique tourment, d’autres démons armés de poignards enflammés leur perçaient le cœur et ne retiraient le fer de la plaie que pour l’y plonger encore. Auprès de ces hommes sanguinaires, étaient placées ces mères qui se dénaturèrent au point d’ôter la vie à leurs propres enfants, et leurs tortures étaient à peu près les mêmes.
  6. Supplices des apostats qui abandonnèrent la foi catholique non par faiblesse mais par corruption. Les démons les sciaient par le milieu du corps, avec des scies de fer rouge, trempées dans du plomb fondu. Or, la reprise des chairs s’opérait subitement après l’opération, et permettait aux bourreaux de recommencer sans cesse.
  7. Supplice des incestueux. Il y eut dans tous les temps des hommes et des femmes qui, emportés par une passion aveugle, commirent des impuretés avec des personnes qui leur étaient unies par les liens du sang ou par des liens spirituels Or, la Servante de Dieu les vit dans un cachot voisin de celui des habitants de Sodome. Or, les démons les plongeaient dans une fosse pleine de matières infectes en ébullition; puis les retirant de là, ils les coupaient par quartiers, et lorsque ces quartiers s’étaient réunis, ce qui se faisait aussitôt, ils les replongeaient dans le cloaque brûlant et fétide.
  8. Supplices des magiciens. Dans l’enfer du milieu, la bienheureuse vit ceux qui, pendant leur vie, étaient en commerce avec le démon, et ceux qui les consultaient et leur donnaient confiance. Ils étaient enveloppés dans des ténèbres effroyables, et les bourreaux les lapidaient avec des pavés de fer rougis au feu. Il y avait là un gril carré, au milieu duquel, brûlait un feu terrible. Or, de temps en temps les démons couchaient leurs victimes sur ce gril, et les y tenaient fortement enchaînés; puis ils les retiraient de là pour les lapider encore.
  9. Supplices des excommuniés. La servante de Dieu remarqua que toutes les âmes précipitées dans la gueule du démon ne sortaient pas de son corps. Ayant eu le désir de savoir quelles étaient les âmes qu’elle ne voyait pas reparaître, il lui fut dit que c’étaient les âmes de ceux qui étaient morts dans l’excommunication. Elles descendent ajouta la voix qui l’instruisait, dans la queue du dragon, qui se prolonge jusqu’au fond de l’abîme, et est un vaste foyer où brûle un feu dévorant. Elles étaient donc renfermées dans cette affreuse prison, et les démons qui rôdaient autour, leur criaient d’une voix insultante : «C’est donc vous» qui, aveuglées par vos passions et hébétées par la sensualité, avez méprisé les foudres de l’Église ? Eh bien ! bouillez maintenant dans la queue du dragon. Hélas ! hélas ! répondaient du dedans des voix plaintives, quelle infortune est la nôtre, et quels maux affreux nous endurons !»
CHAPITRE III Comment les péchés capitaux sont punis dans l’enfer inférieur.
  1. Tourments des orgueilleux. La bienheureuse aperçut une vaste prison dont les habitants étaient fort nombreux, et on lui dit que c’étaient les superbes. Cette prison était divisée en plusieurs pièces, où les victimes étaient classées selon les diverses espèces de ce péché. Les ambitieux étaient ceux que les démons paraissaient mépriser davantage. Autant ces misérables avaient été affamés des honneurs pendant leur vie, autant ils étaient rassasiés d’opprobres et de confusion. En punissant ceux-ci, ils n’oubliaient pourtant pas les autres. Chaque famille d’orgueilleux, si je puis parler ainsi, avait sa peine propre et particulière; mais il y avait un châtiment horrible qui leur était commun à tous. Au milieu de cette prison spéciale était posé un lion énorme d’airain rougi par le feu. Sa gueule était levée en l’air et largement ouverte, et ses mâchoires, en guise de dents, étaient armées d’un grand nombre de rasoirs affilés. Son ventre était un repaire de serpents et d’autres bêtes venimeuses, et l’ouverture postérieure était comme l’entrée du corps de ce monstre, garnie de lames brûlantes et horriblement acérées. Or, les démons chargés de tourmenter ces tristes victimes, les lançaient en l’air de manière à les faire retomber dans la gueule du lion. Toutes tranchées et presque divisées par les rasoirs, elles passaient par la gorge de ce monstre et tombaient dans ses larges entrailles, au milieu des reptiles qui fourmillaient dans ce lieu infect, et exerçaient sur elles leur rage infernale. Elles gravitaient ensuite vers la partie postérieure où des démons les saisissaient avec des pinces ardentes, et les tiraient violemment à eux, à travers les rasoirs dont l’ouverture était bordée, et ce jeu cruel les bourreaux le recommençaient sans cesse. Ces âmes, irritées et enragées par d’aussi horribles tourments, hurlaient d’une manière affreuse et proféraient des blasphèmes effroyables. «Hurlez, leur disaient les esprits infernaux; hurlez, superbes maudits, qui fîtes si longtemps la guerre au Créateur sur la terre. Vous avez bien raison de vous désespérer, car vos malheurs ne finiront jamais».
  2. Tourments des réprouvés qui furent sujets à la colère. Françoise remarqua qu’ils étaient punis selon leurs divers degrés de culpabilité; mais voici une peine qui leur était commune. Il y avait dans leur prison un serpent d’airain, que le feu de l’enfer maintenait continuellement embrasé. Sa poitrine était large, son cou élevé comme une colonne et sa gueule béante. Dans cette horrible gueule étaient plantés en forme de croissant de longues et fortes aiguilles, dont les pointes étaient dirigées vers la gorge de l’animal. Or, les démons, prenant ces âmes dont nous parlons les lançaient par cette ouverture dans le corps du monstre; puis ils les en retiraient avec des tenailles ardentes toutes déchirées par les pointes qu’elles rencontraient à leur sortie. Or, elles souffraient continuellement ce supplice, qui les réduisait à un affreux désespoir, et leur arrachait les plus effroyables blasphèmes.
  3. Tourments des avares. La bienheureuse vit ensuite les avares dans une fosse remplie de gros serpents qui avaient des bras. Chacun de ces hideux reptiles s’attachait à un de ces coupables, que la justice divine leur avait abandonnés. Il lui frappait la bouche de sa queue, lui déchirait le cœur avec les dents, et l’étreignait dans ses bras, de manière à l’étouffer, si cela eût été possible; mais d’autres démons venaient les arracher à leurs affreux embrassements, avec des tenailles de fer, qui les déchiraient d’une manière horrible, et allaient les plonger dans une seconde fosse remplie d’or et d’argent liquéfiés, les accablant de leurs dérisions et de leurs sarcasmes.
  4. Tourments des envieux. Chacun de ces malheureux était couvert d’un manteau de flammes, avait un ver venimeux qui lui rongeait le cœur, pénétrait dans sa poitrine, et, remontant par la gorge se présentait à la bouche, qu’il forçait à ouvrir convulsivement; mais un démon l’empêchait de sortir, en serrant avec la main le cou de la victime, ce qui lui causait d’insupportables étouffements; et tandis qu’il l’étouffait ainsi d’une main, il tenait de l’autre une épée dont il lui perçait le cœur. Un second démon venait ensuite, qui lui arrachait le cœur de la poitrine, le trempait dans des immondices, et le lui remettait, pour l’arracher de nouveau, et ainsi sans fin; et ces traitements barbares étaient accompagnés de dérisions et de reproches, qui réduisaient ces infortunés à la rage et au désespoir
  5. Tourments des paresseux. Françoise les vit assis au milieu d’un grand feu, les bras croisés, et la tête inclinée sur les genoux. Leurs sièges étaient de pierres; ces pierres étaient cannelées profondément, et leurs cavités remplies de charbons embrasés: les bancs eux-mêmes étaient tout rouges et la flamme qui sortait du brasier s’attachait à ces tristes victimes, et les couvrait comme un vêtement. Or, les démons, les prenant avec des pinces ardentes, les renversaient violemment sur ces lits affreux, et les y traînaient en les tournant et les retournant en toutes manières; c’était pour les punir d’avoir perdu le temps. A côté de chacune d’elles était un démon qui, avec un coutelas, lui fendait la poitrine, et y versait de l’huile bouillante, et cela pour les punir d’avoir trop présumé de la miséricorde de Dieu. Il mettait encore des vers dans leurs plaies, en punition des mauvaises pensées auxquelles leur oisiveté laissait le champ libre.
  6. Tourments des gourmands. Françoise pu contempler aussi les châtiments de la gourmandise. Chaque malheureux, réprouvé pour ce vice avait un démon qui le prenait par la tête et le traînait sur des charbons ardents, tandis qu’un autre démon, debout sur lui, le foulait aux pieds avec violence. Ils lui liaient ensuite les pieds et les mains, et le précipitaient dans une chaudière pleine de poix fondue; puis, le retirant de là, ils le jetaient dans une autre remplie d’une eau presque réduite en glace. Ils lui versaient aussi du vin brûlant dans la bouche, pour le punir des coupables excès qu’il en avait fait pendant la vie. Pendant ce temps-là, ses bourreaux lui disaient d’un ton ironique : «La peine des gourmands, dans cette demeure, est le superflu chaud et froid. Voici donc où vous ont conduit vos intempérances, lui disaient d’autres esprits infernaux. Désormais vous aurez pour nourriture des serpents, et du feu pour breuvage. »
  7. Tourments des luxurieux. Françoise cherchait des yeux les esclaves de cette passion honteuse; on les lui montra. Ils étaient liés à des poteaux de fer embrasé, et les bourreaux, avec leurs langues ardentes, léchaient toutes les parties de leurs corps, ce qui les faisait souffrir horriblement. D’autres démons, avec des tenailles, déchiraient leurs chairs par lambeaux, en punition de la bonne chère qu’ils faisaient dans le monde, ce qui servait à alimenter toujours davantage leur funeste passion. Sous leurs poteaux étaient des grils ardents et armés de pointes de fer, auprès desquels étaient couchés d’horribles serpents. Les démons, attirant brusquement leurs victimes, les faisaient tomber à la renverse sur ces lits affreux, et les serpents se jetant sur eux, les mordaient avec une rage inconcevable. Ce supplice était particulier aux adultères.
CHAPITRE IV Supplices particuliers à sept espèces de pécheurs.
  1. Tourments des voleurs. La servante de Dieu vit des hommes qui étaient liés avec des cordes noires, par le moyen desquelles les démons les attiraient en haut; après quoi ils les laissaient retomber dans le feu. Ensuite ils les descendaient dans un puits d’eau glacée; de là ils les faisaient passer dans un lac de plomb fondu, où ils les forçaient de boire une horrible fusion de fiel, de poix et de soufre; ils les jetaient enfin dans un repaire de bêtes féroces. Or, il fut dit à la sainte que ces tristes victimes étaient les voleurs.
  2. Tourments des enfants dénaturés. Il y eut toujours sur la terre des enfants détestables, qui, au lieu d’honorer leurs parents, n’eurent pour eux que de l’éloignement et du mépris, les rendant excessivement malheureux par leur insubordination, leur mauvais caractère et leurs violences. Or, Françoise les vit dans un immense tonneau, garni de rasoirs, et où se trouvaient des serpents féroces. Les démons roulaient cette effroyable machine, et les pauvres victimes qu’elle renfermait étaient mordues par les serpents, et déchirées par les rasoirs. On fit remarquer à la bienheureuse que ces coupables et les autres ne demeuraient pas toujours dans l’enfer qui leur était assigné. De l’enfer inférieur ils passaient quelquefois dans l’enfer supérieur ou dans l’intermédiaire, ou de ceux-ci dans le plus bas. Ayant désiré en savoir la raison, il lui fut dit que c’était pour subir le supplément de peines dû aux circonstances plus ou moins aggravantes de leurs péchés.
  3. Tourments de ceux qui furent infidèles à leur vœu de chasteté. La position de ces malheureux était effroyable. Les démons les plongeaient tantôt dans un feu ardent, où coulaient en fusion la poix et le soufre, et tantôt dans un bain d’eau glacée; d’autres fois ils les serraient entre deux planches de fer, armées de clous aigus, et leur perçaient les flancs avec des fourches. Enfin, pour ajouter l’insulte à leurs supplices, ils ne cessaient de leur reprocher les crimes qu’ils avaient commis. «Souvenez-vous, leur disaient-ils, de vos impuretés sacrilèges : ces plaisirs, sitôt passés, vous coûtent cher maintenant. Souvenez-vous de tant de sacrements que vous avez profanés, et qui n’ont servi qu’à rendre votre condamnation plus terrible».
  4. Tourments des parjures. Ils avaient des bonnets de feu sur la tête; leurs langues étaient arrachées, et leurs mains coupées.
  5. Tourments des détracteurs. Chacun d’eux était livré à une vipère à sept tètes. Je parle de la forme qu’avait prise le démon spécialement chargé de le tourmenter. Or, voici à quoi lui servaient ses sept gueules. Avec la première il arrachait la langue du patient; avec la seconde il la mangeait; avec la troisième il la crachait dans le feu; avec la quatrième il la reprenait et la rendait au coupable; avec la cinquième il lui crevait les yeux; avec la sixième il lui arrachait la cervelle par une oreille, et avec la septième enfin, il dévorait ses narines. En outre, avec les ongles de ses mains il lui déchirait le corps.
  6. Tourments des vierges folles. Françoise vit ces âmes qui, fort jalouses de conserver leur virginité corporelle, prenaient peu de soin de la pureté de leur cœur. Les démons les flagellaient cruellement avec des chaînes de fer rouge.
  7. Tourments des veuves vicieuses. Elles étaient liées aux branches d’un énorme pommier, la tête renversée en arrière, et les démons leur faisaient manger des pommes pleines de vers. En outre, des dragons terribles, s’enlaçant à elles, leur déchiraient le cœur et les entrailles, tandis que la foule des démons ne cessait de leur reprocher leur mauvaise vie.
  8. Tourments des femmes idolâtres de leur beauté. Elles avaient pour chevelure des serpents qui leur mordaient cruellement le visage, tandis que d’autres démons enfonçaient des épingles rougies au feu dans toutes les parties de leur corps; et, pour aiguiser les remords de la conscience, ils ne cessaient de leur dire: Vous fîtes notre métier sur la terre, il est juste que vous nous soyez associées pendant l’éternité. Faites maintenant votre toilette dans ces flammes. Ces âmes répondaient par des blasphèmes horribles à ces insultes de leurs ennemis.
CHAPITRE V Blasphèmes des réprouvés

Tout cet affreux séjour retentissait d’horribles blasphèmes. Ses infortunes habitants maudissaient Dieu, comme s’il ne leur eût fait que du mal, et jamais aucun bien; ils maudissaient l’humanité sacrée de Notre-Seigneur Jésus-Christ; ils maudissaient tous ses mystères, dont le souvenir ne leur rappelait que de criminelles ingratitudes; ils maudissaient toutes les grâces qu’ils avaient obtenues par Ses mérites, et dont l’abus leur avait attiré de si horribles châtiments. Toute la sainte vie de ce Dieu sauveur provoquait leurs blasphèmes; mais chacun s’attachait à profaner d’une manière spéciale la circonstance qui lui déplaisait le plus.

Celui-ci maudissait Son Incarnation, celui-là Sa Naissance; celui-ci Sa Circoncision et celui-là Son Baptême; celui-ci Sa Pénitence, celui-là Sa Passion; un autre Sa Résurrection, un autre Son Ascension glorieuse. Rien de ce qu’a fait notre aimable Sauveur, pour le salut de nos âmes, n’était respecté, parce que tous ces bienfaits ne furent pour eux que des objets d’ingratitude. Ils maudissaient et blasphémaient le doux nom de Marie, ses prérogatives, ses vertus, mais surtout sa maternité divine; parce que si elle n’eût pas mis le fils de Dieu au monde, ils eussent été moins coupables, et n’auraient pas à supporter d’aussi horribles tourments.

Ainsi donc leur éternité est tout employée à blasphémer et à maudire, mais avec une telle rage et un si profond désespoir, que, n’eussent-ils point d’autres supplices, cela suffirait pour les rendre infiniment malheureux. Cependant ils souffrent les autres peines communes à tous les réprouvés, et en outre, les peines qui leur sont particulières, ainsi que je viens de le dire.

CHAPITRE VI Nombre des démons, leurs noms et leurs emplois

Dans la vision XVII, où la création des anges et leur classification furent manifestées à la servante de Dieu, Dieu lui fit discerner ceux qui devaient pécher de ceux qui demeureraient fidèles. Elle fut ensuite témoin de leur révolte et de la chute horrible qu’elle leur mérita. Or, elle ne fut pourtant pas aussi profonde pour les uns que pour les autres: un tiers de ces infortunés demeura dans les airs, un autre tiers s’arrêta sur la terre et le dernier tiers tomba jusque dans l’enfer. Cette différence dans les châtiments correspondit à celles que Dieu remarqua dans les circonstances de leur faute commune. Parmi ces esprits rebelles, il y en eut qui embrassèrent de gaieté de cœur, si je puis parler de la sorte, la cause de Lucifer; et d’autres qui virent avec indifférence ce soulèvement contre le Créateur, et demeurèrent neutres. Les premiers furent précipités sur le champ dans l’enfer, d’où ils ne sortent jamais, à moins que Dieu ne les déchaîne quand Il veut frapper la terre de quelque grande calamité, pour punir les péchés des hommes. Les seconds furent jetés partie dans les airs, et partie sur la terre; et ce sont ces derniers qui nous tentent, comme je le dirai plus tard.

Lucifer, qui voulut être l’égal de Dieu dans le ciel, est le monarque des enfers, mais monarque enchaîné et plus malheureux que tous les autres. Il a sous lui trois princes auxquels tous les démons, divisés en trois corps, sont assujettis par la volonté de Dieu ; de même que dans le ciel, les bons anges sont divisés en trois hiérarchies présidées par trois esprits d’une gloire supérieure. Ces trois princes de la milice céleste furent pris dans les trois premiers chœurs, où ils étaient les plus nobles et les plus excellents ; ainsi, les trois princes de la milice infernale furent choisis comme les plus méchants des esprits des mêmes chœurs, qui arborèrent l’étendard de la révolte.

Lucifer était dans le ciel le plus noble des anges qui se révoltèrent, et son orgueil en fit le plus méchant de tous les démons. C’est pour cela que la justice de Dieu l’a donné pour roi à tous ses compagnons et aux réprouvés, avec puissance de les gouverner et de les punir, selon ses caprices; ce qui fait qu’on l’appelle le tyran des enfers. Outre cette présidence générale, il est encore établi sur le vice de l’orgueil. Le premier des trois princes qui commandent sous ses ordres, se nomme Asmodée: c’était dans le ciel un chérubin, et il est aujourd’hui l’esprit impur qui préside à tous les péchés déshonnêtes. Le deuxième prince s’appelle Mammon: c’était autrefois un trône, et maintenant il préside aux divers péchés que fait commettre l’amour de l’argent. Le troisième prince porte le nom de Belzébuth; il appartenait à l’origine au chœur des dominations, et maintenant il est établi sur tous les crimes qu’enfante l’idolâtrie, et préside aux ténèbres infernales. C’est aussi de lui que viennent celles qui aveuglent les esprits des humains. Ces trois chefs ainsi que leur monarque, ne sortent jamais de leurs prisons infernales; lorsque la justice de Dieu veut exercer sur la terre quelque vengeance éclatante, ces princes maudits députent à cet effet un nombre suffisant de leurs démons subordonnés; car il arrive quelquefois que les fléaux dont Dieu veut frapper les peuples, demandent plus de forces ou plus de malices que n’en ont les mauvais esprits répandus sur la terre et dans l’air. Alors les infernaux plus méchants et plus enragés, deviennent des auxiliaires indispensables. Mais hors de ces cas rares, ces grands coupables ne peuvent sortir des prisons où ils sont renfermés.

Tous ces esprits infortunés sont classés dans l’abîme selon leur ordre hiérarchique. La première hiérarchie, composée de séraphins, de chérubins et de trônes, habite l’enfer le plus bas ; ils endurent des tourments plus cruels que les autres, et exercent les vengeances célestes sur les plus grands pécheurs. Lucifer qui fut un séraphin, exerce sur eux une spéciale autorité, en vertu de l’orgueil dont il a la haute présidence. Les démons de cette hiérarchie ne sont envoyés sur terre, que, lorsque la colère de Dieu permet que l’orgueil prévale pour punir les nations.

La deuxième hiérarchie formée de dominations, de principautés et de puissances, demeure dans l’enfer du milieu. Elle a pour prince Asmodée qui, comme je l’ai déjà dit, préside aux péchés de la luxure. On peut deviner que, les démons de cette hiérarchie sont sur terre, lorsque les peuples s’abandonnent au vice infâme de l’impureté.

La troisième hiérarchie qui se compose de vertus, d’archanges et d’anges, a pour chef Mammon, et habite l’enfer supérieur. Lorsque ces démons sont lâchés sur la terre, la soif des richesses y prévaut de toutes parts, et il n’est plus question que d’or ou d’argent. Quant à Belzébuth, il est le prince des ténèbres, et les répand, quand Dieu le permet, dans les intelligences, pour étouffer la lumière de la conscience et celle de la véritable foi. Tel est l’ordre qui règne parmi les démons dans les enfers ; quant à leur nombre, il est innombrable. On retrouve ces mêmes hiérarchies parmi les démons qui demeurent dans l’air et sur la terre, mais ils n’ont point de chefs, et par conséquent vivent dans l’indépendance et une sorte d’égalité. Ce sont les démons aériens qui, la plupart du temps, déchaînent les vents, excitent les tempêtes, produisent les orages, les grêles et les inondations. Leur intention en cela est de faire du mal aux hommes, surtout en diminuant leur confiance en la divine Providence, et les faisant murmurer contre la volonté de Dieu.

Les démons de la première hiérarchie, qui vivent sur la terre, ne manquent pas de profiter aussi de ces occasions favorables à leur malice; trouvant les hommes irrités par ces calamités et fort affaiblis dans leur soumission et leur confiance, ils les font tomber beaucoup plus facilement dans le vice de l’orgueil. Ceux de la deuxième hiérarchie ne manquent pas à leur tour de les précipiter de leur hauteur superbe dans le cloaque impur, ce qui donne ensuite toute facilité aux démons de la troisième hiérarchie, de les faire tomber dans les péchés qu’enfante l’amour de l’argent.

Alors les anges qui président aux ténèbres les aveuglent, leur font quitter la voie de la vérité, et rendent leur retour extrêmement difficile. C’est ainsi que tous les démons, malgré la différence de leurs emplois, se concertent et s’aident mutuellement à perdre les âmes. Les uns affaiblissent leur foi, les autres les poussent à l’orgueil, ceux-ci à l’impureté, ceux-là à l’amour des richesses, d’autres enfin leur jettent un voile sur les yeux et les écartent si fort de la voie du salut, que la plupart ne la retrouvent plus. Le seul moyen d’échapper à ce complot infernal, serait de se relever promptement de la première chute, et c’est précisément ce que ces pauvres âmes ne font pas. De là, cette chaîne de tentations, qui de chute en chute les conduit au fond du précipice.

Lorsque j’ai dit que les démons qui sont dans l’air et sur la terre n’ont pas de chefs, j’ai voulu dire seulement qu’ils n’ont pas d’officiers subalternes ; car tous sont soumis à Lucifer, et obéissent à ses commandements, parce que telle est la volonté de la justice divine. Malgré la haine qu’ils portent aux hommes, aucun d’eux n’oserait les tenter sans l’ordre de Lucifer, et Lucifer lui-même ne peut prescrire, en ce genre que ce que lui permet le Seigneur plein de bonté et de compassion pour nous.

Lucifer voit tous ses démons, non seulement ceux qui sont autour de lui dans l’enfer, mais encore ceux qui sont dans l’air et sur la terre. Tous aussi le voient sans aucun obstacle, et comprennent parfaitement toutes ses volontés. Ils se voient également et se comprennent fort bien les uns les autres.

Les malins esprits, répandus dans l’air et sur la terre, ne ressentent pas les atteintes du feu de l’enfer ; ils n’en sont pas moins excessivement malheureux, tant parce qu’ils se maltraitent et se frappent sans cesse les uns les autres, que parce que les opérations des bons anges dans ce monde leur causent un dépit qui les tourmente cruellement. Les peines de ceux qui appartiennent à la première hiérarchie sont plus acerbes que celles des esprits de la seconde, et ceux-ci sont plus malheureux que les esprits de la troisième. La même justice distributive préside aux tourments des esprits infernaux; mais ceux-ci sont tous en proie à l’ardeur des flammes infernales.

Les démons qui demeurent au milieu de nous, et ont reçu le pouvoir de nous tenter, sont tous des esprits tombés du dernier chœur. Les anges commis à notre garde sont aussi de simples anges. Ces esprits tentateurs sont sans cesse occupés à préparer notre perte. Les moyens qu’ils emploient pour cela sont si subtils et si variés, qu’une âme qui leur échappe est fort heureuse, et ne saurait trop témoigner sa reconnaissance au Seigneur. Il n’est pas un instant du jour et de la nuit, où ces cruels ennemis n’essayent d’une tentation ou d’une autre, afin de lasser ceux qu’ils ne peuvent vaincre par la ruse ou la violence. La patience est donc l’arme défensive par excellence. Malheur à qui la laisse tomber de ses mains ! Lorsque ces tentateurs ordinaires rencontrent des âmes fortes et patientes, qu’ils ne peuvent entamer, ils appellent à leur secours des compagnons plus astucieux et plus malins, non pour combattre avec eux ou à leur place, car Dieu ne le permet pas ; mais pour leur suggérer des stratagèmes plus efficaces. Françoise savait tout cela par expérience : il était rare qu’elle fût tentée par son démon seul. D’ordinaire il s’en associait d’autres ; et trop faibles encore, ils recouraient à la malice des esprits supérieurs qui demeuraient dans l’air. Elle était devenue si habile dans cette guerre, qu’en soutenant une attaque, elle savait à quel chœur avait appartenu celui dont le conseil la dirigeait, et qui il était.

Lorsque les démons veulent livrer un assaut à une âme habile et forte, les uns l’attaquent de front, et les autres se placent derrière elle. C’est de cette sorte qu’ils combattaient ordinairement contre notre bienheureuse, et elle les voyait se faire des signes pour concerter leurs moyens.

Lorsqu’une âme, vaincue par les tentations, meurt dans son péché, son tentateur habituel l’emporte avec promptitude, suivi de beaucoup d’autres qui lui prodiguent des outrages, et ne cessent de la tourmenter jusqu’à ce qu’elle soit précipitée dans l’enfer. Ces détestables esprits se livrent ensuite à une joie féroce. Son ange gardien, après l’avoir suivie jusqu’à l’entrée de l’abîme, se retire aussitôt qu’elle a disparu, et remonte au ciel.

Lorsqu’une âme, au contraire, est condamnée au purgatoire, son tentateur est cruellement battu par l’ordre de Lucifer pour avoir laissé échapper sa proie. Il reste pourtant là, en dehors du purgatoire, mais assez près pour que l’âme le voie et entende, les reproches qu’il lui fait sur les causes de ses tourments. Lorsqu’elle quitte le purgatoire pour monter au ciel, ce démon revient sur la terre se mêler à ceux qui nous tentent ; mais il est pour eux un objet de moqueries, pour avoir mal rempli la mission dont il était chargé.

Tous ceux qui laissent ainsi échapper les âmes ne peuvent plus remplir l’office de tentateurs. Ils vont, errant çà et là, réduits à rendre aux hommes d’autres mauvais offices, quand ils peuvent. Quelquefois Lucifer, pour les punir, les loge honteusement dans des corps d’animaux, ou bien il s’en sert, avec la permission de Dieu, pour exercer des possessions qui leur attirent souvent de nouveaux châtiments et de nouvelles hontes. Les démons, au contraire, qui ont réussi à perdre les âmes auxquelles Lucifer les avait attachés, après les avoir portées dans les enfers, reparaissent sur la terre, couverts de gloire parmi leurs semblables, et jouent un plus grand rôle que jamais dans la guerre qu’ils font aux enfants de Dieu. Ce sont eux que les autres appellent à leur secours, comme plus expérimentés et plus habiles, quand ils ont affaire à des âmes fortes et généreuses qui se rient de leurs vains efforts.

Tout démon chargé de la mission de perdre une âme ne s’occupe point des autres ; il n’en veut qu’à celle-là, et emploie tous ses soins à la faire pécher ou à troubler sa paix. Cependant, quand il l’a vaincue, il la pousse, autant qu’il peut, à tenter, à molester ou à scandaliser d’autres âmes.

Il y a d’autres démons du même chœur que ceux qui nous tentent, qui vivent au milieu de nous sans nous attaquer. Leur mission est de surveiller ceux qui nous tentent, et de les châtier chaque fois qu’ils ne réussissent pas à nous faire pécher.

Chaque fois qu’ils entendent prononcer dévotement le saint Nom de Jésus, ils se prosternent spirituellement, non de bon cœur, mais par force. Françoise en vit une fois plusieurs en forme humaine, qui à ce Nom sacré qu’elle prononçait en conversant avec son confesseur, inclinèrent leur front avec un profond respect, jusque dans la poussière. Ce Nom sacré est pour eux un nouveau supplice, qui les fait souffrir d’autant plus cruellement, que la personne qui le prononce est plus avancée dans l’amour, et plus parfaite. Lorsque les impies profanent ce nom adorable, ces esprits réprouvés ne s’en attristent pas ; mais ils sont forcés de s’incliner, comme pour réparer l’injure qui Lui est faite. Ils en agissent de même lorsqu’on le prend en vain. Sans cette adoration forcée, ils seraient bien contents d’entendre blasphémer ce saint Nom. Les bons anges, au contraire, en pareilles occasions, l’adorent profondément, le louent et le bénissent avec un amour incomparable. Lorsqu’il est prononcé avec un vrai sentiment de dévotion, ils lui rendent les mêmes hommages, mais avec un vif sentiment de joie. Chaque fois que notre bienheureuse proférait ce très saint Nom, elle voyait son archange prendre un air extraordinairement joyeux, et s’incliner d’une manière si gracieuse, qu’elle en était tout embrasée d’amour.

Lorsque les âmes vivent dans l’habitude du péché mortel, les démons entrent en elles, et les dominent en plusieurs façons, qui varient selon la qualité et la quantité de leurs crimes ; mais quand elles reçoivent l’absolution avec un cœur contrit, ils perdent leur domination, délogent au plus vite, et se remettent auprès d’elles pour les tenter de nouveau ; mais leurs attaques sont moins vives, parce que la confession a diminué leurs forces.

La cité mystique de Dieu – Chapitre XIV

Comme le Très-Haut manifesta aux saints anges le temps déterminé et convenable de la conception de la très-sainte Vierge, et de ceux qu’il destina pour sa garde.

189. Toutes les choses qui doivent être sont décrétées et déterminées avec leurs propriétés et leurs circonstances du tribunal de la volonté divine, comme dans un principe inévitable et dans la cause universelle de tout ce qui est créé, sans qu’aucune y soit oubliée, ni qu’après avoir été déterminée, elle puisse être empêchée par aucune puissance créée. Tout l’univers et tout ce qu’il contient dépend de ce gouvernement ineffable, qui survient et qui concourt à tout avec les causes naturelles, sans avoir jamais manqué ni même pouvoir manquer d’un seul point au nécessaire. Dieu a fait tout ce qui est créé, et il le soutient par sa seule volonté; il dépend de lui de conserver l’être qu’il a donné à toutes choses, ou de le leur ôter, les réduisant au néant, d’où il les a tirées. Mais comme il les créa toutes pour sa gloire et pour celle du Verbe incarné, il s’est employé dès le commencement de la création à ouvrir et à disposer les voies par où le même Verbe devait descendre pour prendre chair humaine et pour converser avec les hommes, afin de les conduire à Dieu et de leur apprendre à le chercher, à le connaître, à le craindre et à le servir, à l’aimer, à mériter d’en jouir et de le louer éternellement.

190. Son saint nom a été admirable par toute la terre , et glorifié en la plénitude et en la société des saints, qu’il avait choisis pour en faire un peuple su Verbe incarné, qui en devait être le chef . Lorsque tout était en la dernière et convenable disposition en laquelle sa divine providence l’avait voulu mettre, et que le temps qu’elle avait déterminé pour créer cette merveilleuse femme, qui apparut su ciel revêtue du soleil , s’approchait; voulant réjouir et enrichir la terre par sa venue, la très-sainte Trinité pour exécuter son dessein décréta ce que je déclarerai par mes faibles expressions et par mes simples conceptions touchant ce que j’en ai découvert.

191. Nous avons déjà dit comment, à l’égard de Dieu, rien n’est ni passé ni futur, parce que tout est présent à son entendement divin et infini, connaissant toutes choses par un acte très-simple. Mais les réduisant à nos manières d’exprimer et à notre faible façon de concevoir, nous considérons que sa Majesté divine regarda les décrets quelle avait faits de créer une digne et proportionnée Mère dont le Verbe dût prendre chair humaine, car l’accomplissement de ses décrets est infaillible. Le temps convenable et déterminé étant donc déjà arrivé, les trois divines personnes dirent en elles-mêmes: «Il est temps que nous commencions l’ouvrage de notre bon plaisir, et que nous créions cette pure créature et cette âme a bienheureuse qui nous doit être chère sur toutes les autres. Ornons-la de riches dons, et déposons en elle seule les plus grands trésors de notre grâce. Puisque toutes les autres à qui nous avons donné l’être ont été ingrates et rebelles à notre volonté, s’opposant à l’intention que nous avions, qu’elles se conservassent dans le premier et heureux état auquel nous créâmes les premiers hommes, qu’ils s’y sont opposés par leur péché, et puisqu’il n’est pas convenable que notre volonté soit entièrement frustrée, créons en toute sainteté et perfection cette créature, en laquelle le désordre du premier péché n’ait aucune part. Créons une âme selon nos désirs, un fruit de nos attributs, a nu prodige de notre pouvoir infini, sans que la tache du péché d’Adam la souille ni l’approche Faisons un ouvrage qui soit l’objet de notre toute-puissance et un modèle de perfection que nous présenterons à nos enfants comme la fin du projet que nous eûmes en la création. Et puisqu’ils ont tous prévariqué en la volonté libre du premier homme et par le péché qu’il a commis , que cette seule créature soit le dépôt par lequel ceux qu’il a perdus par sa désobéissance soient restaurés; qu’elle soit l’unique image et ressemblance de notre divinité, et qu’elle soit pendant toutes les éternités le chef-d’œuvre de nos complaisances et de nos délices. Nous déposerons en elle toutes les prérogatives et toutes les grâces que nous destinions en notre première et conditionnelle volonté pour les anges et pour les hommes s’ils se fussent maintenus dans leur premier état. Mais puisqu’ils les ont perdues, renouvelons-les en cette créature, et nous ajouterons à ces dons plusieurs autres. Ainsi le décret que nous fîmes ne sera pas entièrement frustré de ses fins, mais il sera plutôt accompli dans toute sa perfection en la personne de notre élue et unique . Car ayant déterminé pour les créatures ce qui était le plus saint, et ayant prévenu ce qui leur était le plus avantageux, le plus parfait et le plus louable, faveurs dont elles se sont rendues indignes, il faut tourner le torrent de notre bonté vers notre bien-aimée, et l’exempter de la loi ordinaire de la génération de tous les mortels, afin que la semence venimeuse du serpent n’ait aucune part en elle. Je veux descendre du ciel dans son sein, et me revêtir de la nature humaine, que je prendrai de sa propre substance.

192. Il est juste que la Divinité, qui est inépuisable en bonté, choisisse une matière très-pure et très-nette pour se renfermer et pour se couvrir, et qui n’ait jamais été souillée par le péché. Notre équité et notre providence demandent ce qui est le plus décent, le plus parfait et le plus saint, et cela s’exécutera, puisqu’il n’est aucune chose qui puisse résister à notre volonté . Le Verbe qui se doit faire homme, étant le rédempteur et le maître des hommes, doit fonder et établir la très-parfaite loi de grâce, et y enseigner à obéir et à honorer le père et la mère , comme des causes secondes de l’être naturel. Et le Verbe divin doit être le premier à l’exécuter, honorant celle qu’il a choisie pour sa Mère par la protection de son bras tout-puissant, qui l’anoblira et l’honorera, en la prévenant par ce qu’il y a de plus admirable, de plus saint et de plus excellent dans toutes les grâces et dans tous les a trésors de ses dons, entre lesquels le plus singulier sera l’honneur et la grâce de ne la pas assujettir à nos ennemis ni à leur malice: ainsi elle doit être exempte de la mort du péché.»

193. «Le Verbe aura enterre une Mère sans père, comme il a su ciel un Père sans mère. Et afin qu’il a y ait sine due correspondance et une juste proportion et convenance en appelant Dieu Père, et cette femme Mère, nous voulons que toute l’égalité et correspondance possible s’observe entre Dieu et la créature, afin qu’en aucun temps le dragon infernal ne puisse se glorifier d’avoir été supérieur à la femme à qui Dieu a obéi comme à sa véritable Mère. Cette dignité d’être délivrée du péché est due et proportionnée à celle qui doit être Mère du Verbe, et lui sera d’un plus grand ornement et d’un plus grand profit, car c’est un plus grand bien d’être sainte que d’en être seulement Mère; ainsi toute la sainteté et toute la perfection doivent accompagner la dignité de Mère de Dieu. Et la chair humaine dont il se doit revêtir doit être éloignée et séparée du péché; et devant en elle racheter les pécheurs, il ne doit pas racheter sa propre chair, comme il rachètera les autres, puisque étant unie à la Divinité, elle doit être rédemptrice; et pour ce sujet nous la préservons par avance, puisque nous avons déjà prévu et accepté a en cette même chair et en cette nature les mérites infinis du Verbe; et nous voulons que pendant a toute l’éternité le Verbe incarné soit glorifié en son tabernacle et en la glorieuse habitation de l’humanité qu’il en a reçue.»

194. «Elle sera fille du premier homme, mais quant à la grâce singulière, elle sera libre et exempte de son péché; et quant à la nature, elle sera très-parfaite et formée par une providence spéciale. Mais parce que le Verbe incarné doit être le maître qui enseignera l’humilité et la sainteté, et qui ne les établira que par les travaux et les peines qu’il doit souffrir, pour confondre la vanité et les apparences trompeuses des mortels, faisant a élection de cet apanage comme d’un trésor que nous estimons le plus; nous voulons aussi que celle qui doit être sa Mère en ait sa bonne part, qu’elle soit unique et singulière en la patience, admirable dans a les souffrances, et qu’elle nous offre avec son Fils unique un sacrifice de douleur, qui sera agréablement reçu de notre volonté et d’une plus grande a gloire pour elle.»

195. Ce fut le décret que les trois personnes divines manifestèrent aux anges bienheureux, qui exaltèrent et adorèrent leurs très-hauts et impénétrables jugements. Et comme la Divinité est un miroir volontaire qui manifeste dans la même vision de gloire, quand il lui plait, de nouveaux mystères aux bienheureux, elle leur fit cette nouvelle démonstration de sa grandeur, pour leur découvrir l’ordre admirable et l’accord merveilleux de ses œuvres. Et tout ceci suivit ce que nous avons dit aux chapitres précédents, sur ce que Dieu fit en la création des anges, quand il leur proposa qu’ils devaient honorer et reconnaître le Verbe incarné et sa très-sainte Mère pour leurs supérieurs. Car le temps qu’il avait destiné pour la conception de cette grande Reine étant arrivé, il n’était pas convenable que le Seigneur, qui dispose toutes choses avec poids et mesure , le célât. Il ne m’est pas possible de ne pas ternir et de ne pas obscurcir par des termes humains et des expressions si bornées, la connaissance que le Très-Haut m’a donnée de mystères si profonds et si relevés; mais je ne laisserai pas de dire, autant que ma faiblesse me le permettra, ce que je pourrai touchant les grands secrets que le Seigneur découvrait aux anges dans cette occasion.

196. «Le temps est déjà arrivé, ajouta sa Majesté divine, auquel notre providence avait déterminé de donner le jour à notre plus agréable et chère créature, la restauratrice du premier péché du genre humain, celle qui doit écraser la tête du dragon , celle que cette mystérieuse femme représenta, et qui apparut en notre présence comme un très-grand signe , et celle qui donnera la chair humaine au Verbe éternel. Cette heure si fortunée pour les mortels s’est approchée, en laquelle nous leur devons distribuer les trésors de notre divinité, et par ce moyen leur ouvrir les portes du ciel. Que la rigueur de notre justice s’arrête dans les châtiments qu’elle a exercés jusqu’à présent sur les a hommes, et que l’attribut de notre miséricorde se fasse connaître, en enrichissant les créatures par les richesses de la grâce et de la gloire éternelle que le Verbe incarné leur méritera.»

197. «Que le genre humain reçoive un réparateur, un maître, un médiateur, un frère et un ami, qu’il soit la vie des morts, le salut des infirmes, la consolation des affligés, le soulagement, le repos et le compagnon des persécutés. Que les prophéties de nos serviteurs et les promesses que nous leur avons faites de leur envoyer un Sauveur pour les racheter, s’accomplissent. Et afin que le tout s’exécute selon notre bon plaisir, et pour commencer l’ouvrage de ce mystère caché dès le commencement du monde, faisons élection, pour former notre bien-aimée Marie, du sein d’Anne, notre humble servante, afin qu’elle y soit conçue, et que sa très-heureuse âme y soit créée. Et quoique sa génération et sa formation doivent être selon l’ordre commun de la naturelle propagation, ce sera néanmoins par un ordre différent de grâce, selon la disposition de notre immense pouvoir.»

198. «Vous savez déjà comme l’ancien serpent, depuis le signe qu’il vit de cette merveilleuse femme, rôde autour de toutes pour les dévorer; que depuis la première que nous créâmes, il poursuit par ses tromperies et par ses embûches celles qu’il connaît être les plus parfaites en leur vie et en leurs œuvres, dans l’espérance qu’il a de rencontrer entre toutes celle dont on le menaça qu’elle a le foulerait aux pieds et lui écraserait la tète. Il a n’est pas douteux que quand il reconnaîtra, par e les grandes diligences qu’il y apportera, la sainteté u singulière de cette très-pure et très-innocente créature, tous les soins et tous les efforts qu’il emploiera pour la persécuter ne soient aussi grands que l’estime qui il en concevra. L’orgueil pourtant de ce dragon sera bien plus grand que sa force ; ainsi il est de notre volonté que vous veilliez sur notre sainte cité, et protégiez d’une manière toute particulière ce tabernacle du Verbe incarné, pour la garder, la secourir et la défendre contre nos ennemis, et pour l’éclairer, la fortifier et la consoler avec un soin et un respect digne de son mérite, pendant qu’elle sera parmi les mortels.»

199. Tous les anges bienheureux se montrèrent avec une profonde humilité, et comme prosternés devant le trône de la très-sainte Trinité, soumis à cette proposition que le Très-Haut leur fit, et tout prêts à exécuter son divin commandement. Chacun d’eux désirait avec une sainte émulation d’être envoyé, et s’offrait à un si heureux emploi: faisant tous su Très-Haut des hymnes et des cantiques nouveaux de louanges, de ce que l’heure arrivait en laquelle ils voyaient l’accomplissement d’une chose qu’ils avaient demandée avec tant d’ardeur durant plusieurs siècles. Je connus dans cette occasion que, depuis cette grande bataille que saint Michel eut su ciel avec le dragon et ses alliés, qui furent ensuite précipités dans les ténèbres éternelles , les légions de saint Michel restant victorieuses et confirmées en grâce et en gloire, ces esprits bienheureux commencèrent alors à demander l’exécution des mystères de l’incarnation du Verbe, qui leur furent révélés, et persévérèrent à réitérer leurs demandes jusqu’à ce que Dieu leur manifestât l’heure de l’accomplissement de leurs désirs.

200. Les esprits célestes reçurent par cette nouvelle révélation une nouvelle joie et une gloire accidentelle, et dirent au Seigneur: «Très-Haut et incompréhensible Seigneur de toutes choses, vous êtes digne de tout honneur, de toute louange et d’une gloire éternelle, et nous sommes créés pour exécuter votre divine volonté. Employez-nous, Seigneur tout-puissant, à tout ce qui regardera vos merveilleux ouvrages et vos grands mystères, afin qu’en tous et en tout votre très-juste bon plaisir s’accomplisse.» Dans ces affections et dans ces souhaits, les princes célestes ne se croyaient pas dignes de cet honneur, et ils auraient souhaité, s’il eût été possible, d’être plus purs et plus parfaits, pour être plus dignes de garder et de servir cette Reine admirable.

201. Le Très-Haut détermina et assigna ceux qui devaient s’occuper à un ministère si relevé; et il fit choix de cent dans chaque chœur, pour faire le nombre de neuf cents, outre lesquels il en destina douze pour servir leur Reine en forme corporelle et visible avec plus d’assiduité, et leur imprima des signes on des devises de la rédemption: ce sont les douze dont il est fait mention dans l’Apocalypse, qui gardaient les portes de la cité, et j’en parlerai dans la déclaration que je ferai ci-après ce chapitre. Le Seigneur en assigna dix-huit autres des plus relevés, afin qu’ils montassent et descendissent par la mystique échelle de Jacob dont nous avons déjà parlé, pour faire les ambassades de la Reine au grand Roi, et du Seigneur à cette même Reine; car elle les envoyait plusieurs fois au Père éternel pour être dirigée dans toutes ses actions selon les mouvements du Saint-Esprit, n’en faisant aucune que par son ordre et conformément à sa divine volonté, en sorte qu’elle n’aurait pas fait la moindre chose sans l’avoir consulté auparavant. Et quand elle n’était pas instruite par une spéciale illustration, elle envoyait ces anges bienheureux au Seigneur pour lui représenter son doute et le désir qu’elle avait de faire ce qui était le plus agréable à sa très-sainte volonté, et pour recevoir ses commandements, comme nous dirons dans la suite de cette histoire.

202. Par-dessus le nombre de tous ces anges dont nous venons de faire mention’, le Très-Haut choisit encore soixante-dix des plus relevés séraphins et des plus proches du trône de la Divinité, afin qu’ils conférassent et communiquassent avec la Reine du ciel, de la même manière qu’ils communiquent et parlent entre eux, et que les supérieurs éclairent les inférieurs. Cet avantage fut accordé à la Mère de Dieu (quoiqu’elle fût supérieure en dignité et en grâce à tous les séraphins), parce qu’elle était voyageuse et inférieure par sa nature. Et quand le Seigneur s’absentait d’elle quelquefois en suspendant sa présence sensible, comme nous verrons: ci-après, ces soixante-dix séraphins l’illustraient et la consolaient, et elle leur communiquait les affections de son ardent amour et les tendres soucis que l’absence de son trésor lui causait. Le nombre de soixante-dix, dont elle fut favorisée, répond aux soixante-dix années de sa très-sainte vie, qui ne fut pas de soixante, comme je le dirai en son lieu. Ce nombre a rapport à ces soixante courageux qui gardaient le lit du roi Salomon, comme il est écrit dans le troisième chapitre des Cantiques, qu’on choisissait entre les plus vaillants d’Israël et les plus expérimentés en la guerre, ayant leurs épées à la ceinture pour le préserver pendant la nuit des surprises des ennemis.

203. Ces princes et ces forts capitaines jurent destinés pour la garde de leur Reine, et choisis parmi les premiers des ordres hiérarchiques: parce qu’en cette ancienne bataille qui se donna dans le ciel entre les esprits humbles et le superbe dragon, ils furent armés par le Roi souverain de l’univers, afin qu’ils combattissent et vainquissent Lucifer et tous les apostats qui le suivirent, avec l’épée de sa vertu et de sa parole divine . Et parce que dans ce fameux combat ces suprêmes séraphins se distinguèrent par un grand zèle pour l’honneur du Très-Haut, comme de braves et adroits cal haines en l’amour divin, ces armes de la grâce leur étant données parla vertu du Verbe incarné, dont ils défendirent l’honneur, combattant pour leur chef et leur Seigneur aussi bien que pour sa très-sainte Mère, dont les intérêts se trouvent inséparables des siens; c’est pourquoi il est dit qu’ils gardaient le lit de Salomon et ne l’abandonnaient jamais, et qu’ils avaient leurs épées à la ceinture , endroit qui désigne la génération humaine, et en elle l’humanité de notre Seigneur Jésus-Christ, conçue dans le lit virginal de Marie, de sa propre substance et de son sang le plus pur.

204. Les autres dix séraphins, qui restent pour achever le nombre de soixante-dix, furent aussi des plus relevés de ce premier ordre, qui témoignèrent plus de zèle pour l’honneur de la divinité et de l’humanité du Verbe et de sa très-sainte Mère: et, quoique ce combat des auges fidèles fût fort court, il y eut assez d’instants pour toutes ces opérations. Les principaux chefs de cette sainte milice qui se signalèrent te plus dans cette première épreuve furent comme récompensés par cet honneur particulier qu’ils reçurent, d’être encore chefs parmi ceux qui devaient garder leur Reine et leur Maîtresse. Ils font tous ensemble le nombre de mille anges, en comptant les séraphins avec les autres des ordres inférieurs; de manière que cette Cité de Dieu était suffisamment garnie pour se défendre contre les légions infernales.

205. Pour mieux ordonner cet invincible escadron on y mit à la tète le prince de la milice céleste, saint Michel; lequel, bien qu’il ne fût pas toujours présent à la Reine, lui manifestait néanmoins sa présence et l’accompagnait souvent. Le Très-Haut le lui destina, afin que, comme principal et extraordinaire ambassadeur de notre Seigneur Jésus-Christ, il s’employât dans quelques affaires mystérieuses de la très-sainte Vierge. Le prince saint Gabriel y fut aussi employé, afin qu’il descendit, par l’ordre du Père éternel, pour les légations et les mystères qui regardaient cette princesse du ciel. Et ce fut ce que la très-sainte Trinité ordonna pour sa défense et pour sa garde ordinaire.

206. Tout ce dénombrement se fit par une grâce spéciale du Seigneur; car j’eus connaissance qu’il y garda quelque ordre de justice distributive, parce que son équité et sa providence eurent égard aux opérations et à, la volonté avec lesquelles les anges bienheureux reçurent les mystères de l’incarnation du Verbe et de sa très-sainte Mère, qui leur furent révélés au commencement: les mouvements de leurs affections et de leurs inclinations n’étant pas égaux à obéir à la divine volonté et à recevoir les mystères qui leur furent proposés, la grâce tic produisant pas entiers tous les mémos effets: ce qui fut cause que les uns s’y soumirent par une dévotion spéciale, connaissant l’union des deux nature, la divine et l’humaine, en la personne du Verbe, cachée sous l’humble voile d’un corps humain, et élevée à titre chef de toutes les créatures. L’affection des autres se mouvait d’admiration de ce que le Fils unique du hère céleste voulait bien se faire passible et avoir ont si grand amour pour les hommes que de s’offrir à mourir pour eux. Les autres se distinguèrent par les louanges qu’ils rendirent au Très-Haut de ce qu’il devait créer une femme d’une excellence si admirable, qu’elle serait élevée en-dessus de tons les esprits célestes, et dont le Créateur prendrait chair humaine. Selon donc tous ces mouvements et leurs proportions, que le Tout Puissant voulut récompenser d’une gloire accidentelle, il destina ces anges fidèles pour les mystères de Jésus-Christ et de sa très-pure Mère, de la manière que seront récompensés ceux qui se signaleront en cette présente vie en quelque vertu, comme les docteurs, les vierges, et les autres parleurs auréoles.

207. Lorsque ces esprits: bienheureux se manifestaient corporellement, selon cet ordre, à la Mère de Dieu, comme je le dirai dans la suite, ils lui découvraient et lui représentaient par des devises et par des caractères lumineux les divers mystères, soit de l’incarnation, soit de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ, et plusieurs autres qui représentaient cette même Reine, ses grandeurs et sa dignité: quoiqu’elle ne les pénétrât pas quand ils commencèrent de les lui manifester, parce que le Très-Haut commanda à tous ces anges qu’ils ne lui déclarassent pas qu’elle dit être Mère de son Fils unique jusqu’à ce que le temps déterminé par sa divine sagesse fût arrivé; mais pourtant qu’ils l’entretinssent toujours des mystères de l’incarnation et de la rédemption des hommes, pour la conserver dans ses ferventes demandes. Les langues humaines sont incapables, et mes paroles sont trop faibles pour manifester une lumière aussi relevée et; une connaissance aussi sublimes que celles que j’en ai reçues.

La cité mystique de Dieu – Chapitre XIII

Comme la conception de la très-sainte Marie fut annoncée par le saint archange Gabriel, et comme pour cela Dieu prévint sainte Anne d’une faveur singulière.

177. Les demandes de saint Joachim et de sainte Anne arrivèrent à la présence et au trône de la très-heureuse Trinité, où, étant exaucées et acceptées, la volonté divine fut manifestée aux anges bienheureux, comme si, à notre façon de concevoir, les trois personnes divines eussent parlé à eux, et leur eussent dit: «Nous avons déterminé par notre bénignité que la personne du Verbe prenne chair humaine, pour réa parer en elle tout le genre humain: nous l’avons a manifesté et promis aux prophètes, nos serviteurs, a afin qu’ils le prédissent au monde. La malice et les a péchés des vivants sont arrivés à un tel excès, qu’ils nous obligeraient d’exécuter la rigueur de a notre justice: mais notre bonté et notre miséricorde surpassent toutes leurs méchancetés, qui ne peuvent éteindre notre charité . Ayons égard qu’ils sont les ouvrages de nos mains, et que nous les avons créés à notre image et ressemblance , afin qu’ils fussent héritiers et participants de notre gloire éternelle. Considérons les agréables services que nos serviteurs et amis nous ont rendus, et le grand nombre de ceux qui se distingueront en nos louanges, et en la pratique de tout ce qui sera de notre bon plaisir. Jetons singulièrement notre vue sur Celle qui doit être élue entre toutes, qui sera la plus agréable, et l’objet de nos délices et de nos complaisances, et qui doit recevoir en son sein la personne du Verbe, et le revêtir de la mortalité de la chair humaine. Et puisque l’œuvre en laquelle nous devons manifester les trésors de notre Divinité au monde doit commencer, c’est maintenant le temps propre d’exécuter ce mystère. Joachim et Anne ont trouvé grâce devant nous; c’est pourquoi nous les a regardons avec miséricorde, et les prévenons par la vertu de nos dons et de nos grâces. Ils ont été fidèles en toutes sortes d’épreuves, ils ont rendu a témoignage de la vérité, et leurs âmes se sont rendues agréables en notre présence par leur sincère candeur. Que Gabriel, notre ambassadeur, leur aille donner des nouvelles de consolation et de joie, pour eux et pour tout le genre humain, et leur annonce que notre bénignité les a regardés et les a choisis pour l’accomplissement de nos desseins.»

178 Les esprits célestes ayant connu cette volonté et ce décret du Très-Haut, le saint archange Gabriel adorant et honorant sa divine Majesté en la manière que ces très-pures et spirituelles substances le font, étant humilié devant le trône de la très-sainte Trinité, il en sortit une voix intelligible qui lui dit; «Gabriel, illuminez, vivifiez et consolez Joachim et Anne, nos serviteurs, et dites-leur que leurs prières sont arrivées à notre présence, et que notre clémence les exaucées Promettez-leur qu’ils recevront un fruit de bénédiction par la faveur de notre droite, et qu’Anne concevra et enfantera une fille à laquelle nous donnons le nom de MARIE.»

179. Plusieurs mystères et secrets qui concernaient cette ambassade furent révélés à (archange saint Gabriel, recevant ce commandement du Très-Haut, qui le fit descendre incontinent du ciel empyrée pour s’acquitter de sa mission. Il apparut à saint Joachim, qui était en oraison, et lui dit; «Homme juste et équitable, le Très-Haut a vu de son trône royal vos désirs, et a exaucé vos prières et vos larmes: il vous rend heureux en la terre. Anne, voire épouse, concevra et enfantera une fille qui sera bénie entre toutes les femmes, et que toutes les nations reconnaîtront comme bienheureuse . Celai qui est le Dieu éternel, incréé et créateur de tontes choses, très-équitable en ses jugements, très-puissant et très-fort, m’envoie vers vous, d’autant que vos œuvres et vos aumônes lui ont été agréables. La charité attendrit le cœur du Tout-Puissant, et hâte ses miséricordes; c’est pourquoi il veut enrichir avec libéralité votre maison et votre famille par la fille qu’Anne concevra, à laquelle le même Seigneur donne le nom de MARIE. Elle doit être dès a son enfance consacrée à Dieu dans son temple, comme vous le lui avez promis. Elle sera grande, a élue, puissante et remplie du Saint-Esprit; et sa conception sera miraculeuse à cause de la stérilité d’Anne; et cette fille sera en sa vie et en ses œuvres a un prodige de grâces et de bénédictions. Louez, Joachim, le Seigneur pour un tel bienfait, et exaltez son saint nom, car il n’a rien opéré de si grand en aucune nation. Vous monterez au temple de Jérusalem pour y rendre vos actions de grâces; et, en témoignage de cette vérité et de cette bonne nouvelle que je vous annonce, vous rencontrerez votre sœur Anne à la porte d’Or, qui ira au temple pour le même sujet. Je vous avertis que cette ambassade est merveilleuse, car la conception de cette fille réjouira le ciel et la terre.»

180. Saint Joachim reçut cette apparition en un sommeil mystérieux qu ïl eut dans la longue prière qu’il fit, afin que cette ambassade fût conforme à celle que saint Joseph, époux de la très-sainte Vierge, reçut ensuite, quand il lui fut manifesté qu’elle était enceinte par l’opération du Saint-Esprit . Le très-heureux saint Joachim revint de ce sommeil tout rempli de joie et de consolation; et, par une prudente précaution, il cacha dans son cœur le secret du grand Roi; il s’en alla au temple par un commandement exprès, où il se prosterna avec une vive foi et une forte espérance en la présence du Très-Haut, et, tout pénétré qu’il était de tendresse et de reconnaissance, lui rendit des actions de grâces, et y adora ses jugements impénétrables .

181. Au même temps que ceci arrivait à saint Joachim, sainte Anne était dans une contemplation très-sublime, et tout absorbée cri Dieu et dans le mystère qu’elle attendait de l’incarnation dit Verbe éternel, dont le même Seigneur lui avait donné de très-hautes connaissances, et communiqué une lumière infuse toute particulière. Elle demandait à sa Majesté, avec une humilité profonde et une vive foi, que la venue du Réparateur du genre humain fût avancée, faisant cette prière; «Roi de très-haute majesté, et Seigneur de tout ce qui est créé, je désirerais, quoique vile a et abjecte créature (mais pourtant ouvrage de vos mains), obliger votre infinie bonté au prix de cette vie que j’ai reçue de vous, Seigneur, d’avancer le temps de notre salut. O quel bonheur, si votre clémence inépuisable s’inclinait à notre grand besoin, et si nos yeux avaient la consolation de voir le Réparateur et le Rédempteur des hommes! Souvenez-vous, Seigneur, des anciennes miséricordes que vous avez pratiquées envers votre peuple, lui promettant votre Fils unique, et que cette délibération de votre amour infini vous y oblige; que ce jour si désiré arrive avant que nous achevions les nôtres. Est-il bien possible que le Très Haut veuille descendre de son trône céleste! Est-il possible qu’il ait une mère sur la terre! Quelle femme sera si heureuse et si fortunée! Oh! qui la pourrait voir! Qui serait digne de servir ses servante! Bienheureuses les nations qui la verront et qui pourront se prosterner à ses pieds et l’adorer. Combien douce sera sa vue! Combien sera charmante sa conversation! Heureux les yeux qui la verront; heureuses les oreilles qui entendront ses discours, et la famille qui aura le glorieux avantage de lui donner une Mère. Que ce décret, Seigneur, s’exécute maintenant, et que votre divine volonté s’accomplisse.»

182. Sainte Aune s’occupait en de semblables oraisons et colloques après les connaissances qu’elle reçut de cet ineffable mystère, et elle en communiquait toutes les raisons à son ange gardien, qui lui apparaissait souvent, et principalement dans cette occasion, en laquelle il se fit voir plus éclatant qu’à l’ordinaire. Le Très-Haut ordonna que l’ambassade de la conception de sa très-sainte Mère frit en quelque chose semblable à celle qui se devait faire ensuite touchant son ineffable incarnation; parce que sainte Anne s’occupait à méditer avec une humble ferveur sur le bonheur de celle qui devait être mère de la Mère du Verbe incarné; et la très-sainte Vierge formait les mêmes souhaits et les mêmes actes touchant celle qui devait être mère de Dieu, comme je le dirai eu son lieu: le même ange faisant sous une forme humaine les deux ambassades, bien que l’apparition qui se fit à la Vierge Marie fût avec plus d’éclat et avec plus de mystère.

183. Le saint archange Gabriel se présenta à sainte Anne sous une forme humaine, plus beau et plus reluisant que le soleil, et lui dit; «Anne, servante du Très-Haut, je suis l’ange du conseil de sa divine Majesté, envoyé des cieux par son infinie bonté, qui regarde toujours favorablement les humbles qui habitent la terre . La prière persévérante est bonne, et l’humble confiance lui est agréable. Le Seigneur a exaucé vos demandes, parce qu’il est près de ceux qui l’invoquent avec une foi vive et une ferme espérance , et qui attendent avec patience et avec résignation les effets de sa miséricorde. Que s’il tarde quelquefois d’accomplir les souhaits et les prières des justes, et s’il semble ne vouloir pas leur accorder ce qu’ils lui demandent, ce n’est que pour les disposer à l’obtenir de sa bonté beaucoup plus avantageusement. La prière et l’aumône sont des clefs qui ouvrent les trésors du Roi tout-puissant, et attirent les richesses de ses miséricordes sur ceux qui l’invoquent . Vous et Joachim avez demandé un fruit de bénédiction, et le Très-Haut a déterminé de vous le donner autant admirable que saint, et de vous accorder beaucoup plus que vous ne lui avez demandé, en vous enrichissant de ses dons célestes; parce que vous étant humiliés dans vos demandes, le Seigneur, satisfaisant vos désirs, se veut exalter avec magnificence: car la créature ne lui saurait être plus agréable que lorsqu’elle lui demande avec humilité et confiance, sans douter de son pouvoir infini. Persévérez dans vos prières, et demandez sans casse le remède du genre humain, afin d’obliger le Seigneur de vous exaucer. Moise , par la persévérance de sa prière, rendit son peuple victorieux. Esther, par la prière et par la confiance, le délivra de la mort. Judith, par la même prière, fut fortifiée et encouragée pour réussir dans une aussi difficile exécution que celle qu’elle devait entreprendre pour la défense d’Israël; et elle en vint à bout, n’étant qu’une femme faible. David vainquit Goliath, parce qu’il pria en invoquant le nom du Seigneur . Élie obtint le feu du ciel pour son sacrifice, et il ouvrait et fermait les cieux par sa prière . L’humilité, la foi et les aumônes de Joachim aussi bien que les vôtres sont montées jusqu’au qu’au trône du Très-Haut, qui m’a envoyé, comme l’un de ses ministres angéliques, pour vous combler de joie et de consolation par les bonnes nouvelles que je vous annonce; parce que sa divine Majesté vous veut rendre bienheureuse, en vous choisissant pour mère de celle qui doit concevoir et enfanter le a Fils unique du Père éternel. Vous enfanterez une fille qui s’appellera MARIE par une ordonnance divine. Elle sera bénie entre toutes les femmes, et remplie du Saint-Esprit. Elle sera la nuée qui vous doit donner la rosée du ciel pour le soulagement des mortels, et les prophéties de vos anciens pères s’accompliront en elle. Elle sera la porte de la vie a et du salut pour les enfants d’Adam. Et vous saurez que j’ai annoncé à Joachim qu’il aurait une fille qui sera bienheureuse et bénie; mais le Seigneur lui a caché le mystère, ne lui manifestant pas quelle dût être mère du Messie. C’est pourquoi vous devez garder ce secret: et vous irez au plus tôt au a temple, pour y rendre grâces au Très-Haut de tant de faveurs que sa puissante et libérale droite vous a faites. Vous rencontrerez Joachim à la porte d’Or, où vous confèrerez avec lui des assurances que vous avez reçues de votre enfantement. Mais pour vous, qui êtes bénie du Seigneur, son infinie Majesté veut vous visiter et enrichir par ses plus singulières a grâces; il parlera à votre cour dans la solitude , et donnera le principe à la loi de grâce, en donnant l’être dans votre sein à Celle qui doit donner la chair mortelle au Seigneur immortel par la forme humaine qu’il en recevra. Et la véritable loi de miséricorde sera écrite dans cette humanité unie au Verbe par son sang .»

184. Afin que la faiblesse de l’humble cœur de sainte Anne pût supporter la grande admiration et la joie extraordinaire que lui causait la nouvelle que cet ambassadeur céleste lui donnait, elle fut fortifiée par le Saint-Esprit: ainsi elle la reçut avec une consolation inconcevable de son âme. Ensuite elle s’en alla au temple de Jérusalem, où elle rencontra saint Joachim, comme l’ange le leur avait prédit. Ils y rendirent tous deux des actions de grâces à l’auteur de cette merveille, et ils y offrirent des dons et des sacrifices particuliers. Ils y reçurent de nouvelles illustrations de la grâce de l’Esprit divin, et ils s’en retournèrent en leur maison remplis de consolations célestes, s’entretenant des faveurs qu’ils venaient de recevoir du Très-Haut par le ministère de son saint ange Gabriel, qui leur avait annoncé et promis à chacun en particulier, de la part du Seigneur, qu’il leur donnerait une fille qui serait la plus éminente en bonheur et en gloire. Et ils se communiquèrent dans cette occasion l’ordre qu’ils avaient reçu du même ange, de se marier ensemble pour le plus grand service de Dieu. Ils différèrent vingt ans de se communiquer ce secret, et ils ne le firent qu’après que l’ange leur eut promis la succession d’un telle fille. Ils renouvelèrent ensuite leurs vœux de l’offrir au temple, qu’ils y monteraient tous les ans dans un semblable jour, avec des offrandes extraordinaires, et qu’ils l’emploieraient en de divines louanges, en des actions de grâces et en aumônes. Ce qu’ils exécutèrent après; et ils ne cessèrent de rendre honneur et gloire au Très-Haut.

185. La prudence de sainte Anne lui fit garder le secret caché, sans jamais découvrir à saint Joachim, ni à aucune autre créature, que sa fille dût être la mère du Messie. Et le saint père n’en connut autre chose durant tout le cours de sa vie, sinon qu’elle serait une grande et mystérieuse femme; mais le Très-Haut le lui manifesta seulement quelques moments avant sa mort, comme je le dirai en son lieu. Et quoique j’aie reçu de grandes pénétrations et de sublimes conna4ssances des vertus et de la sainteté de ces deux saints parents de la Reine du ciel, je ne m’arrête point à déclarer ce que tous les fidèles doivent supposer, pour passer à mon principal dessein.

186. La première conception du corps qui devait servir à la Mère de la grâce, ayant été faite, et avant que de créer son âme très-sainte, Dieu fit une faveur singulière à sainte Anne. Elle eut une vision ou apparition intellectuelle de sa divine Majesté qui lui arriva d’une façon très-relevée; et, lui communiquant dans cette vision de grandes connaissances et des dons particuliers de grâces, il la disposa et la prévint par de très-douces bénédictions . Par la parfaite pureté qu’il lui communiqua, il spiritualisa tout son corps, et éleva son âme à un tel degré de perfection, que dès ce jour elle ne s’occupa à aucune chose humaine qui pût l’empocher d’unir toutes ses affections et toutes ses puissances à Dieu, sans le perdre jamais de vue. Le Seigneur lui dit, pendant qu’il lui départait, ces faveurs: «Anne, ma chère servante, je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob: ma bénédiction et ma lumière éternelle est avec toi. J’ai formé l’homme pour l’élever de la poussière, pour le faire héritier de ma gloire et participant de ma Divinité. Quoique je l’aie enrichi de plusieurs dons et que je l’aie mis en un état très-parfait, il a tout perdu en écoutant le serpent. Mais, oubliant par un effet de ma bonté son ingratitude, je veux réparer son dommage, et accomplir ce que j’ai promis à mes serviteurs et à mes prophètes, de leur envoyer mon Fils unique et leur rédempteur. Les cieux sont fermés, les anciens pères sont détenus sans pouvoir jouir de ma face, et sont privés du prix de ma gloire éternelle, que je leur ai promis: l’inclination de ma bonté infinie est comme violentée en ne se communiquant pas au genre humain. Je voudrais déjà user de ma miséricorde libérale à son égard, et lui donner la personne du Verbe éternel, afin qu’il se fasse homme, naissant d’une femme qui soit mère et vierge immaculée, pure, bénie et sainte sur toutes les créatures; et, pour en venir à l’exécution, je te fais mère de cette mienne et unique élue .»

187. Je ne puis pas facilement expliquer les effets que causèrent ces paroles du Très-Haut dans le cœur candide de sainte Anne, ayant été la première des mortels à qui le ministère de sa très-sainte fille fut révélé: qu’elle serait Mère de Dieu, et que celle qui était choisie pour le plus grand ouvrage de la puissance divine serait conçue dans son sein. Il était convenable aussi qu’elle en fût informée, parce qu’elle devait enfanter et élever avec tous ses soins cette mystérieuse fille, et afin qu’elle sût estimer le trésor qu’elle possédait. Elle écouta avec une humilité profonde la voix du Seigneur, et répondit avec une sainte crainte: «Seigneur Dieu éternel, c’est le propre de votre bonté immense, et l’ouvrage de votre puissant bras, de tirer le pauvre et le méprisé de la confusion . Je me reconnais, Seigneur, indigne de telles a miséricordes et de tels bienfaits. Que peut faire ce petit vermisseau en votre présence? Je ne puis vous offrir en actions de grâces que votre être même et votre propre grandeur, et en sacrifice, que mon âme et toutes mes puissances. Faites, Seigneur, de moi selon votre sainte volonté, puisque je m’y abandonne entièrement. Je voudrais être aussi dignement vôtre, que les grandes faveurs que vous me faites le méritent; mais que ferai-je, moi qui suis indigne d’être la servante de celle qui doit être mère de votre Fils unique et ma fille? Je confesserai, Seigneur, toujours cette vérité, dont je suis pénétrée, aussi bien que mon extrême pauvreté, qui ne m’empêchera pas de me prosterner aux pieds de vos immenses grandeurs pour y attendre les effets de votre miséricorde, puisque vous êtes un père pitoyable et le Dieu tout-puissant. Rendez-moi telle, Seigneur, que la dignité dont vous m’honorez le demande.»

188. Sainte Anne eut une merveilleuse extase dans cette vision, où elle reçut des connaissances très-profondes de la loi de nature, de la loi écrite et de la loi évangélique. Elle y découvrit comment la nature divine, dans le Verbe éternel, se devait unir à la nôtre; comment la très-sainte humanité serait élevée à l’être de Dieu, et plusieurs autres mystères de ceux qui se devaient opérer en l’incarnation du Verbe divin: le Très-Haut la disposant, par ces illustrations et par d’autres dons de grâces, pour la conception et la création de l’âme de sa très-sainte fille, qui devait être Mère de Dieu.