Comprendre le Rosaire afin de bien le prier

Notre Dame du Rosaire

Dans sa première lettre encyclique sur le Rosaire, le Pape Léon XIII en donne la définition : «revivre en notre âme la suite des mystères de notre salut et joindre à cette méditation une couronne mystique composée de dizaines d’avés séparés par des paters.»

Le Rosaire est composé d’une âme et d’un corps, le corps ce sont les paters et les avés, l’âme c’est la méditation des mystères.

Sans la méditation le Rosaire serait comme un corps sans âme, ou encore comme une rose sans parfum.

Il est donc important de comprendre comment s’articule cette union de l’âme et du corps du Rosaire, pour faire de cette prière une rose parfumée.

Saint-Thomas d’Aquin

Saint Thomas nous explique que la prière vocale comporte trois niveaux, trois niveaux d’attention:

  1. S’attacher à bien prononcer les paroles,
  2. Pénétrer le sens et,
  3. le plus important, fixer notre attention sur Dieu.

Ce troisième niveau s’appuie sur les deux premiers, les mots et leurs sens, et s’en sert comme d’un tremplin, pour monter jusqu’à la contemplation.

Par exemple l’âme s’appuie sur la répétition des paroles « que votre volonté soit faite » pour contempler le fiat de Marie à l’Annonciation ou bien encore sa résignation par au pied de la croix.

Ainsi il n’y a pas dissociation entre la contemplation du mystère et la parole récitée.

Examinons maintenant la méthode pédagogique du Rosaire : son mode et son but.

Tout d’abord son mode.

Comment agit-il ? Comme une goutte d’eau qui creuse la pierre sur laquelle elle tombe régulièrement et inlassablement, ainsi la méditation répétée des mystères du Rosaire, fait pénétrer les enseignements qui y sont contenus de plus en plus profondément dans notre âme. Elle finit par modeler l’âme à la ressemblance des modèles contemplés que sont Jésus et Marie. Saint-François de Sales prend une comparaison toute simple pour illustrer cela. De même, dit-il, que les enfants, à force d’entendre leur mère et de bégayer avec elle, apprennent à parler leur langage, de même, en demeurant près du Sauveur, par la méditation de ses paroles de ses actions et de ses affections, nous apprenons à parler, à faire et à vouloir comme lui.

Mais quel est le but de cette méthode ?

Former facilement des Saints, rapidement, en leur appliquant la grâce de Notre Seigneur pour les faire croitre spirituellement jusqu’à l’héroïcité. Vous le savez mes frères, que l’âme de Notre Seigneur, renferme une plénitude de grâces, qui s’est épanouie et manifestée à travers tous les actes de sa vie publique.

Or que fait le Rosaire ? Il nous met en contact avec les différentes phases de la vie de Notre Seigneur.

Comment faut-il le réciter ? D’une façon lente et réfléchie, nous dit un théologien du Rosaire, pour en faciliter l’intelligence à l’esprit et le sentiment au cœur.

S’il est assez facile d’éviter, ou de corriger, ce défaut de la précipitation, par contre il est plus difficile d’éviter les distractions, personne n’y échappe car elles proviennent de la faiblesse de notre nature.

Alors pratiquement, que convient-il de faire ? D’abord ne pas se décourager : même les saints ont éprouvé de telles difficultés. Ainsi Sainte Thérèse, c’est bien connu, qui aimait tant la Sainte Vierge, gémissait de ne pas bien réciter son chapelet. J’ai beau m’efforcer de méditer les mystères, disaient-elle, je n’arrive pas bien à fixer mon esprit. Finalement elle trouva la solution : maintenant je m’en désole moins, je pense que la très Sainte Vierge étant ma mère, elle doit voir ma bonne volonté.

Voila ce qui compte mes frères, la bonne Volonté ! Ne pas avoir de distractions délibérées, mais dès que nous nous apercevons que nous sommes distraits, revenons doucement à notre sujet, sans nous lasser, autant de fois que cela sera nécessaire.

Nous sommes convaincus, me direz-vous, que le Rosaire est un moyen exceptionnel efficace et rapide pour parvenir à la sainteté. Mais il n’en reste pas moins une méthode parmi d’autres et donc reste facultatif. Eh bien détrompez-vous mes frères, le Rosaire n’est pas facultatif. La Sainte Vierge elle-même, fait cette révélation au bienheureux Alain la Roche, apôtre dominicain du Rosaire au XVe siècle.

Écoutez bien. Sache mon fils, et fais le connaitre à tous, qu’un signe probable et prochain de damnation éternelle, est d’avoir de l’aversion, de la tiédeur, et de la négligence à dire la salutation angélique.

Parole terrible, mes frères, qui ne laisse aucune place à la tiédeur ou à la routine.

Extrait de Connaitre, aimer & pratiquer le Rosaire