Saint Ignace d’Antioche est né vers l’an 35 en Syrie. Il reçu l’enseignement des saints Apôtres Pierre et de Jean, dont il était le disciple, ce qui fait de lui un des Pères de l’Église nommés Pères apostoliques car ayant connu des Apôtres. Il fut le troisième évêque d’Antioche (vers 68-vers 107). Il était surnommé Théophore, ace qui signifie porteur de Dieu. Il fut déporter à Rome où il mourut dans l’arène, dévoré par les bête entre 107 et 117 sous l’empereur Trajan.
Saint Ignace d’Antioche a écrit plusieurs lettres pendant qu’il était escorté par les Romains lorsqu’il a été condamné à être dévoré par les lions à Rome. Il a insisté à plusieurs reprises sur deux aspects importants de l’Eucharistie : ce qu’elle est vraiment et aussi qu’elle soit fait en communion avec l’évêque. Voici des extraits de trois de ces lettres :
Ayez donc soin de ne participer qu’à une seule eucharistie; car il n’y a qu’une seule chair de notre Seigneur Jésus-Christ, et un seul calice pour nous unir en son sang, un seul autel, comme un seul évêque avec le presbyterium et les diacres, mes compagnons de service: ainsi, tout ce que vous ferez, vous le ferez selon Dieu. (aux Philadelphiens, IV)
C’est bien vivant que je vous écris, désirant de mourir. Mon désir terrestre a été crucifié, et il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une eau vive qui murmure et qui dit au-dedans de moi : Viens vers le Père. Je ne me plais plus à une nourriture de corruption ni aux plaisirs de cette vie ; c’est le pain de Dieu que je veux, qui est la chair de Jésus-Christ, de la race de David ; et pour boisson je veux son sang, qui est l’amour incorruptible. (aux Romains, VII)
Ils s’abstiennent de l’eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne confessent pas que l’eucharistie est la chair de notre Sauveur Jésus-Christ, chair qui a souffert pour nos péchés, et que dans sa bonté le Père a ressuscitée. Ainsi ceux qui refusent le don de Dieu meurent dans leurs disputes. Il leur serait utile de pratiquer la charité pour ressusciter eux aussi. Il convient de vous tenir à l’écart de ces gens-là, et de ne parler d’eux ni en privé ni en public, mais de vous attacher aux prophètes, et spécialement à l’Évangile, dans lequel la passion nous est montrée et la résurrection accomplie. Et les divisions, fuyez-les comme le principe de tous les maux.
Suivez tous l’évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l’évêque, rien de ce qui regarde l’Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en aura chargé. Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime. (aux Smyrniotes, VII-VIII)
Comme vous avez pu le constater, chacun de ces passages insiste sur ce qu’est l’Eucharistie : le Corps et le Sang du Seigneur Jésus-Christ. Le passage de la lettre aux Smyrniotes mentionne même un groupe de personnes (adeptes de l’hérésie du docétisme qui niait la réalité corporelle du Christ), qui ne voulaient pas participer à l’Eucharistie, car ils niaient que Jésus ait eu un corps. On peut donc être certain que l’Eucharistie dont parle saint Ignace est un véritable aliment et non pas seulement une communion symbolique.
Un deuxième point sur lequel insiste beaucoup saint Ignace est que cette Eucharistie doit être se faire en accord avec l’évêque, car, comme il le dit, « là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime». On voit aussi qu’au début du premier siècle, l’agapè (repas qui précédait l’Eucharistie au premier siècle) est maintenant un événement séparé de l’Eucharistie.
Dans le prochain article, nous aurons la chance d’avoir une description beaucoup plus détaillée de ce à quoi ressemble l’Eucharistie vers l’an 150 grâce à Justin le martyr.