Cette bande de tissu est sans conteste l’objet historique qui a suscité et suscite encore le plus d’attention de la part du monde scientifique. De nouvelles recherches réalisées par des chercheurs italiens confirment une datation antique, remontant à 2000 ans.
Cette nouvelle étude a été rendue publique le 11 avril 2022. Menée par des chercheurs italiens et baptisée « X-ray dating of a linen sample from the Shroud of Turin » (datation par rayons X d’un échantillon de lin provenant du Linceul de Turin), elle atteste que le drap aurait bel et bien environ 2 000 ans.
Plus fiable que le carbone 14
Cette nouvelle découverte contredit donc les résultats de la datation au carbone 14 effectuée en 1988 qui faisait du linceul une « construction médiévale ».
Concrètement, cette méthode d’analyse appelée « Wide Angle X-Ray Scattering » (WAXS), consiste à mesurer le vieillissement naturel de la cellulose de lin grâce aux rayons X, puis de le convertir en temps écoulé depuis la fabrication. Les résultats ont été comparés à ceux d’autres échantillons de tissus de lin authentifiés, d’un âge variant entre 3000 av. J.-C. et 2000 ap. J-C. Les mesures du linceul ont donc révélé qu’il datait bien de l’époque du Christ.
Pourquoi cette technique est-elle plus fiable que la datation au carbone 14 ? Parce qu’elle n’est pas influencée par la présence de nouvelles particules qui se seraient ajoutées au cours du temps entre les fibres du tissu, et qui peuvent dès lors fausser les résultats..
Toutefois, la technique employée ne permet pas d’obtenir la date exacte d’apparition du linceul. Il est d’ailleurs très probable qu’on ne pourra jamais y parvenir. La WAXS est également soumise à un aléa : la température et l’humidité dans lesquelles le linceul a été conservé. En effet, le Suaire de Turin a connu de nombreuses péripéties, il a notamment survécu à deux incendies, il a aussi probablement été inondé. C’est donc déjà un miracle qu’il nous soit parvenu en si bon état.
Avec le Suaire de Turin, « Tout se tient sur le plan scientifique »
La science viendrait donc confirmer l’origine antique du tissu vénéré par de très nombreux catholiques. En 2018, c’est le professeur et médecin légiste Philippe Boxho, Université de Liège, qui nous partageait ses conclusions: « Les résidus de terre prélevés contiennent des concentrations identiques à celles présentes dans les tombes antiques de Jérusalem. […] L’image imprimée sur le tissu n’est pas une peinture, un dessin, un décalque mais a bien été produite par une oxydation acide qui aurait pu être provoquée par la sueur d’une personne victime d’acidose respiratoire. […] Tout ceci me fait dire que celui qui a été enveloppé dans ce linceul est soit Jésus soit est mort comme lui. »
Le professeur affirmait également que le linceul comportait des traces des substances utilisées à l’époque pour oindre les défunts. Enfin, on sait que le corps n’est pas resté longtemps enveloppé dans le linge vu l’absence de signe de putréfaction. « Tout se tient sur le plan scientifique par rapport au récit de la mise en croix » affirmait encore le professeur Boxho, mais la porte reste ouverte, l’étude n’est pas encore finie.