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Jésus, les anges, Lucifer et la chute

Jésus est la synthèse de l’amour des Trois personnes de la Trinité

Saint Azarias me parle:
«Jésus est la synthèse de l’amour des Trois. Jésus est la synthèse de ce qu’est la Trinité et l’Unité de Dieu. Il est la perfection des Trois résumée en une seule Personne. C’est la perfection infinie et multiforme récapitulée en Jésus: un abîme de perfection devant laquelle se prosternent les armées célestes comme les bienheureuses multitudes du paradis, en adoration. Un abîme de perfection qui a pu être – et peut encore être – compris et accepté par ceux qui possèdent l’amour et par eux seuls.

Lucifer a refusé de se prosterner devant la perfection de Jésus

À partir de là, il est possible d’expliquer comment l’archange qui était un esprit bienveillant et saint a pu devenir l’Esprit du Mal. Il n’était cependant pas saint au point d’être tout amour. Or c’est la mesure de l’amour que chacun porte en soi qui donne la mesure de sa perfection et de son aversion pour toute corruption. Quand l’amour est total, plus rien ne peut venir corrompre. La molécule qui n’aime pas est une brèche facile pour que s’y infiltrent des éléments qui ne sont pas amour. Ils forcent [le passage], l’élargissent, envahissent et submergent les bons éléments, jusqu’à les exterminer. Lucifer avait une mesure d’amour incomplète. L’orgueil de soi prenait de la place en lui, une place dans laquelle l’amour ne pouvait exister. Voilà la brèche par laquelle sa dépravation pénétra, destructrice. À cause d’elle, il ne put comprendre ni accepter le Christ-Amour; synthèse de l’Amour infini, unique et trine. Et le fait que, de nos jours, se répande l’hérésie qui nie l’humanité divine de la seconde Personne pour faire de lui un simple homme bon et sage, s’explique facilement grâce à cette clé: le manque d’amour dans le cœur humain, l’incapacité à aimer, la pauvreté de la possession d’amour.

Il y a deux points que l’homme actuel ne veut pas croire

Observe, mon âme, que, aussi bien à l’époque du Christ qu’à la vôtre, il y a toujours eu deux points sur lesquels bute l’intelligence arrogante de l’homme qui ne peut pas croire à moins d’être humble et plein d’amour: d’une part, que le Christ soit Dieu et Homme et qu’il accomplisse des actes uniquement spirituels pour lesquels il fut haï même par ceux qui lui étaient le plus intimes, et donc trahi; d’autre part, qu’il ait créé le sacrement de l’Amour. Il s’ensuit que, aujourd’hui comme de tout temps, les “sans amour” prétendent et prétendront encore – de façon hérétique – que Dieu ne peut être en Jésus et que Jésus ne peut se trouver dans sa sainte et adorable Eucharistie.

Comment sous-titrer la représentation de Jésus

C’est pourquoi, mon âme, si tu devais faire inscrire une légende sous l’effigie de l’Homme-Dieu, il faudrait écrire: «Je suis la synthèse de l’Amour
[…]

Les anges sont supérieurs aux hommes, mais ils adorent Dieu en nous
Saint Azarias me dit alors:

Les anges sont supérieurs aux hommes. J’emploie le mot “hommes” pour parler des êtres que l’on dénomme ainsi, et qui sont composés de matière et d’esprit. Nous leur sommes donc supérieurs, nous qui sommes tout esprit. Mais rappelle-toi que lorsque la grâce vit dans l’homme et que circule en lui le Sang du Corps mystique dont le Christ est le chef, tandis que les sept sacrements le confirment à chaque état et à chaque période de sa vie, alors nous reconnaissons le Seigneur en vous – qui êtes “les temples vivants du Seigneur” – et nous l’adorons en vous. Vous nous devenez alors supérieurs, vous êtes “d’autres Christ” et vous possédez ce que l’on qualifie de “Pain des anges″, qui n’est en réalité que le Pain des hommes. Quelle faim mystique et insatiable d’Eucharistie est la nôtre! Elle nous pousse à nous presser autour de vous quand vous vous en nourrissez, pour sentir le divin parfum de cette Nourriture parfaite!

La liberté parfaite se trouve dans l’ordre

Mais, pour en revenir à notre point de départ, je t’assure que chez les anges, qui diffèrent de vous par la nature et la perfection, la libre volonté existe comme en vous. Dieu n’a rien créé qui soit esclave. À l’origine, tout n’était qu’ordre, dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre. Dans l’ordre, il n’est pas de contrainte due à la peur d’une invasion, d’une intrusion, d’une anarchie due à d’autres volontés qui peuvent donner lieu à des ententes secrètes et des destructions en pénétrant dans l’orbite et dans la trajectoire d’autres êtres ou choses créées. Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté – pour mettre du désordre dans l’ordre parfait. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom: le désordre de l’intelligence.

Dieu aurait-il pu empêcher tout cela? Oui

Dieu aurait-il pu empêcher tout cela? Oui. Mais pourquoi faire violence à la libre volonté de cet archange si beau et si intelligent? Dans ce cas n’aurait-il pas mis lui-même — lui le Très-Juste — du désordre dans l’ordre de sa Pensée en ne voulant plus ce qu’il avait d’abord voulu, c’est-à-dire la liberté de l’archange? Dieu n’opprime pas l’esprit troublé pour le mettre de force dans l’impossibilité de pécher. Dans ce cas, il n’aurait eu aucun mérite à ne pas pécher. Pour nous aussi, il fut nécessaire de «savoir vouloir le Bien» pour continuer à mériter de jouir de la vue de Dieu, Béatitude infinie!

L’archange Lucifer a été averti des conséquences de sa rébellion

Puisque Dieu avait voulu que ce sublime archange se tienne à ses côtés dès les premiers actes de la création et qu’il connaisse l’avenir de la création d’amour, il voulut de même qu’il sache quelle serait la nécessité adorable mais douloureuse que son péché allait imposer à Dieu: l’Incarnation et la Mort d’un Dieu pour contrebalancer la ruine du péché qui serait créé si Lucifer ne vainquait pas l’orgueil en lui-même. L’Amour ne pouvait tenir un autre langage. Le premier anéantissement de Dieu se trouve dans cet acte de vouloir convaincre l’orgueilleux avec douceur – presque en le suppliant, par la vision ce que son orgueil allait imposer à Dieu – de ne pas pécher pour ne pas amener d’autres êtres à pécher.

C’était un acte d’amour. Mais Lucifer, déjà satanisé, y vit de la peur, de la faiblesse et un affront, une déclaration de guerre; il engagea donc les hostilités contre le Très-Parfait en disant: «Tu es? Moi aussi, je suis. Ce que tu as fait, c’est pour moi. Il n’y a pas de Dieu. Et s’il y a en a un, c’est moi. Je m’adore. Je t’abhorre. Je me refuse à reconnaître pour Seigneur celui qui ne sait pas me vaincre. Il ne fallait pas me créer si parfait, si tu ne voulais pas que je me pose en rival. Maintenant je suis, et je m’oppose à toi. Triomphe de moi, si tu le peux. Mais je ne te crains pas. Moi aussi, je vais créer et ta création tremblera à cause de moi parce que je la secouerai comme un fin nuage pris par les vents, car je te hais et je veux détruire ce qui est tien pour créer sur ses ruines ce qui sera mien. Je ne connais et ne reconnais aucune autre puissance que moi. Et je n’adore plus, je n’adore, je n’adore plus personne d’autre que moi-même».

Lucifer devient Satan La convulsion de la Création.

Vraiment, la création, la Création tout entière jusqu’en ses profondeurs, fut alors prise d’une convulsion horrifiée devant l’infamie de ces paroles sacrilèges, une convulsion comme il n’y en aura pas de semblable à la fin de la Création. Il en naquit l’enfer; le règne de la Haine.

Mon âme, comprends-tu comment le Mal est apparu? De la volonté libre – et respectée comme telle par Dieu – d’une personne qui n’était pas pleinement amour. Tu peux être sûre que le même jugement est porté sur toute faute commise depuis lors: «Tout n’est pas amour ici».

L’amour plénier interdit le péché, sans effort. Celui qui aime n’a pas d’effort à faire pour atteindre la justice! L’amour l’emporte et l’élève bien au-delà de toutes fanges et dangers, il le purifie d’instant en instant des imperfections à peine visibles qui subsistent au plus haut degré de la sainteté consumée, à cet état où l’esprit a tellement progressé qu’il est vraiment roi, déjà uni par des noces spirituelles à son Seigneur, et jouit à un niveau à peine moindre de ce qui fait la vie des bienheureux au ciel, tant Dieu se donne et se dévoile à son fils béni.

Gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint.»

Source

Immaculée Conception de Marie

Azarias, l'ange gardien de Maria Valtorta

Azarias dit :

Méditons en chantant les gloires de la très sainte Vierge Marie. La messe de cette festivité n’est qu’un hymne à la puissance de Dieu et à la gloire de Marie. Pour bien comprendre cette liturgie de lumière et de feu, mettons-nous dans les sentiments de la Reine et Maîtresse de toutes les créatures qui aiment le Seigneur.

Reine et Maîtresse ! Des hommes, mais aussi des anges. Il y a des mystères que vous ignorez, et qu’il ne nous est pas accordé de dévoiler complètement. Mais il est permis d’en soulever un voile afin que certaines âmes très aimées puissent en jouir. Je soulève donc pour toi un pan de voile. Une fois cet obstacle retiré, il te sera accordé de porter ton regard spirituel sur cette infinie lumière qu’est le ciel; alors, tu comprendras mieux. Regarde, écoute et sois heureuse.

Quand le péché de Lucifer bouleversa l’ordre du paradis et précipita dans le désordre les esprits les moins fidèles, une grande horreur nous frappa tous, comme si quelque chose s’était déchiré, détruit, sans jamais plus d’espoir de le revoir rétabli. Et c’était bien la réalité. La pleine charité qui, auparavant, était seule à exister là-haut, venait de tomber dans un gouffre dont s’exhalaient des puanteurs d’enfer.

L’absolue charité des anges était détruite, et la Haine était apparue. Effrayés comme on peut l’être au ciel, nous, les fidèles du Seigneur, nous pleurions pour la douleur de Dieu et pour son courroux. Nous pleurions sur la paix outragée du paradis, sur l’ordre violé et sur la fragilité des esprits. Nous ne nous sentions plus certains d’être impeccables parce que faits de pur esprit.

Lucifer et ses semblables nous avaient prouvé que même un ange peut pécher et devenir démon. Nous sentions que l’orgueil était latent et pouvait se développer en nous. Nous avons craint que personne, hormis Dieu, ne puisse y résister puisque Lucifer y avait cédé. Nous tremblions à cause de ces forces obscures car nous ne pensions pas qu’elles pouvaient nous atteindre, je puis même dire que nous ignorions qu’elles existaient; et voilà que brutalement elles se révélaient à nous. Abattus, nous nous demandions avec des élans de lumière : « Mais alors, il ne sert donc à rien d’être aussi purs? Qui donc donnera à Dieu l’amour qu’il exige et mérite, si nous aussi sommes capables de pécher? »

Alors, élevant notre contemplation, de l’abîme et de la désolation, à la Divinité, fixant sa splendeur avec une crainte jusqu’alors ignorée, nous avons contemplé la seconde révélation de l’éternelle Pensée. Et si la connaissance de la première a amené le désordre créé par les orgueilleux qui refusèrent d’adorer la Parole divine, la seconde a rétabli en nous la paix qui s’était troublée.

Nous avons vu Marie dans la pensée éternelle ! La voir et posséder cette sagesse qui est réconfort, sécurité et paix, ce fut une seule et même chose. Nous avons salué notre future Reine par le chant de notre lumière, et nous l’avons contemplée avec ses perfections gratuites et volontaires. Oh ! Beauté de ce moment où, pour réconforter de ses anges, l’Éternel nous a présenté la perle de son amour et de sa puissance ! Nous avons vu Marie humble au point de réparer à elle seule tout l’orgueil des créatures.

Elle fut alors notre maîtresse sur la manière de ne pas faire des dons autant d’instruments de perte. Ce n’est pas son image corporelle, mais sa spiritualité qui nous parla sans paroles, et nous avons été préservés de toute pensée d’orgueil pour avoir, contemplé un instant la très humble Vierge Marie dans la pensée de Dieu. Nous avons œuvré durant des siècles dans la douceur de cette révélation éclatante. Durant des siècles, pour l’éternité, nous avons joui, nous jouissons et nous jouirons de posséder celle que nous avions spirituellement contemplée. La joie de Dieu est notre joie, nous nous tenons dans sa lumière pour en être pénétrés et pour donner toute joie et toute gloire à celui qui nous a créés.

Maintenant que nous sommes remplis de ses mêmes élans, méditons la liturgie qui parle d’elle.

« Avec joie » La caractéristique de la véritable humilité, c’est la vraie joie que rien ne trouble.

Celui qui est humble de façon relative trouve toujours une raison de se troubler, même dans les plus purs triomphes. En revanche, celui qui est vraiment et complètement humble ne se trouble pour rien. Il est joyeux, sans crainte, quel que soit le don ou le triomphe qui le revêt de vêtements spéciaux, car il sait et reconnaît que, ce qui le rend différent de la foule des hommes, il ne l’a pas obtenu par des moyens humains, mais cela vient d’autres sphères et personne ne peut le lui ravir. Il le contemple et le considère comme un vêtement de grande valeur qui lui a été donné pour qu’il le porte un certain temps, et qui doit donc être utilisé avec le soin particulier avec lequel nous traitons ce qui ne nous appartient pas, et qui doit être rendu intact à celui qui l’a donné.

Il sait aussi que ce vêtement royal, qui n’a pas été demandé par soif d’apparaître, lui a été donné par une sagesse infinie qui a jugé bon qu’il en soit ainsi. Il n’y a donc pas de souci à avoir pour l’obtenir ni pour le conserver. Celui qui est réellement humble ne désire pas des choses extraordinaires, et il ne se trouble pas si celui qui a donné reprend. Il dit: « Tout est bien parce que c’est ce que veut la sagesse ». C’est pourquoi l’humble est toujours dans la joie. Il ne désire pas, il n’est pas avare de ce qui lui est donné, il ne se sent pas lésé si cela lui est enlevé.

Marie a connu cette joie. De sa naissance à son assomption, elle l’a connue même parmi les larmes de son long calvaire de mère du Christ, même sous cet océan de tortures que fut le calvaire de son Fils. Elle connut, malgré sa douleur qui ne fut semblable à aucune autre, la joie débordante de faire, jusqu’au sacrifice total, ce que Dieu voulait, ce que Dieu lui avait fait comprendre qu’il attendait d’elle depuis le moment où il l’avait revêtue des vêtements du salut et couverte du manteau de justice comme une épouse ornée de joyaux.

Mesure quelle chute aurait été celle de Marie si, bien qu’ayant bénéficié de sa conception immaculée, de la justice et tout autre joyau divin, elle avait méprisé tout cela pour suivre la voix de l’éternel Corrupteur ? En mesures-tu la profondeur ? Il n’y aurait plus eu pour les hommes ni rédemption, ni ciel ni possession de Dieu.

Marie vous a obtenu tout cela parce qu’elle a su porter ses vêtements de bien-aimée de l’Éternel avec la vraie joie des humbles, parce qu’elle a su chanter les louanges de Dieu et de lui seul, même au milieu des sanglots et des désolations de la passion.

Elle a exulté ! Quel mot profond ! Son esprit a toujours exulté en magnifiant le Seigneur, même quand son humanité subissait la raillerie de tout un peuple, même submergée et oppressée par sa douleur et par celle de sa créature. Elle a exulté en pensant que sa douleur, et la douleur de son Jésus rendaient gloire à Dieu en sauvant les hommes.

Au-delà des gémissements de la Mère, au-delà de ses lamentations de femme, son esprit de corédemptrice chantait. Il chantait avec soumission en cette heure redoutable, plein d’espérance dans les paroles de la Sagesse. Son esprit chantait l’amour qui bénissait Dieu de l’avoir transpercée !

La longue passion de Marie l’a rendue parfaite en unissant aux merveilles que Dieu avait faites en elle, les merveilles qu’elle savait faire pour le Seigneur. Vraiment, tandis que ses entrailles de mère criaient sa torture, son esprit fidèle chantait: « Je t’exalte, Seigneur, car tu m’as protégée et tu n’as pas permis que mes ennemis puissent se réjouir à mon sujet ».

Vois-tu cette humilité ? N’importe qui d’autre aurait dit: « Je suis content d’avoir su rester fidèle même dans l’épreuve. Je suis content d’avoir fait la volonté de Dieu ». Ces mots ne sont pas péchés, néanmoins un filet d’orgueil se cache encore en elles. « Je suis content de ce que j’ai fait » cache le « moi » de la créature qui se sent l’unique auteur du bien accompli. Marie la très sainte dit : « Je t’exalte parce que tu m’as protégée ». C’est à Dieu qu’elle attribue le mérite de l’avoir gardée sainte en ces heures de lutte. Dieu avait préparé une digne demeure pour son Verbe. Mais Marie a su garder cette demeure digne de Dieu, qui devait s’incarner en elle.

Imitez-la, vous les créatures, dans une mesure un peu moindre, certes, puisque vous n’avez pas à concevoir le Christ; cependant, comme il vous est nécessaire de le porter en vous, Dieu vous donne les moyens et les dons capables de faire de vous des temples et des autels. Imitez Marie, en sachant garder la demeure de votre cœur digne du Saint qui demande à y entrer pour jouir de vous et vivre parmi les fils des hommes qu’il aime sans mesure.

Si toutefois vous n’avez pas su l’imiter, si votre cœur est une demeure profanée ou démolie par les excès qui l’ont habité, reconstruisez-le en Marie, cette aimable et infatigable Mère qui engendre les enfants du Seigneur ! On parvient à la vie éternelle par Marie. Par conséquent, celui qui est mourant ou déjà mort et n’ose plus lever les yeux vers le Seigneur, peut encore redevenir vivant et agréable à l’Éternel s’il entre dans le sein, dans le cœur qui a donné le Sauveur au monde.

Le Seigneur t’a expliqué la lumière du chapitre des Proverbes. Je ne me permets pas de m’exprimer là où il a déjà parlé. Pour confirmer mon propos, cependant, je te fais remarquer les paroles que la Sagesse applique à Marie: « … trouvant mes délices parmi les enfants des hommes », parmi ces enfants qui lui ont coûté tant de larmes. Mais c’est le propre des vraies mères de pleurer et d’aimer, d’aimer autant qu’elles pleurent, d’aimer au point de porter à l’amour, de pleurer au point de convertir les pervers. Cette femme bénie a le ciel pour demeure éternelle, elle eut pour demeure le merveilleux sein de Dieu et fut elle-même la demeure de Dieu, son peuple est celui des anges et des bienheureux: pourquoi trouverait-elle son délice à rester parmi les hommes, si ce n’est pour reconstruire les pauvres cœurs que le monde et Satan, la chair et les passions ont dévastés ? Pourquoi y trouverait-elle son délice, si ce n’est pour que, parmi vous, elle vous enfante de nouveau à Dieu ?

Entendez-la chanter dans sa lumière de perle : « Heureux ceux qui gardent mes voies ». Les voies de Marie aboutissent dans le cœur de Dieu. « Écoutez l’instruction et devenez sages, ne la méprisez pas ». Une mère sainte comme l’est Marie ne peut que prononcer des paroles de vie. Voyez quel trésor aura laissé la Parole portée durant neuf mois dans celle qui est pleine de grâce et de sagesse ! De son enfance à sa mort, le Verbe reposa sur ce sein, dans ce cœur très pur durant trente-trois ans ! Dieu le Fils n’est jamais resté inactif envers son aimable Mère, jamais, lui qui n’est pas même resté inactif envers les hommes coupables. C’est pourquoi toute la sagesse s’est uni à toute la pureté, et Marie ne peut que redire la parole de Dieu, cette parole que le Christ a appelée vie pour celui qui l’écoute.

Elle chante, Marie, elle qui sait ce qui est en elle : « Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille jour après jour à mes portes et pour en garder les montants! » Réceptacle de Dieu, elle sait que celui qui entre en elle le trouve. C’est pourquoi elle chante : Qui me trouve, trouve la vie, il obtient la faveur du Seigneur.

Qui vit en elle obtient le salut, la vie, la sagesse, la gloire, la joie et l’honneur. Elle est vraiment tout cela, car ses racines se trouvent en Dieu lui-même; établie comme elle l’est sur la montagne de Dieu pour en être le Temple, elle est plus aimée par le Seigneur que toute autre créature puisqu’elle est destinée à être pour l’éternité la Mère de l’Homme.

Oh ! Parole peu méditée, et encore moins comprise, dans laquelle est résumée toute la figure de Marie. Qui est Marie ? C’est la Réparatrice. Elle annule Eve. Elle ramène les choses bouleversées au point où elles étaient quand le serpent rusé et Eve l’imprudente les mirent sens dessus dessous. L’ange la salue : « Ave ». On dit que Ave est le renversement de Eva (Eve). Mais Ave est encore un écho qui rappelle Yahvé, le très saint nom de Dieu, tout comme le rappelle encore plus vivement, je te l’ai déjà expliqué, le nom du Verbe: Jeoscué.

Dans le tétragramme sacré que les enfants du peuple de Dieu avaient formé pour prononcer, dans le temple secret de l’esprit, le nom à ne pas dire, on trouve déjà Ave, le commencement de la parole par laquelle Dieu fit de la Toute-Belle la sainte Mère et Corédemptrice. Ave : il en est presque comme si – ce qui advint réellement – le Seigneur, s’annonçant par son nom, entra en son sein pour se faire chair, en l’unique sein qui pouvait contenir l’Unique.

Ave, Marie, mère de l’Homme comme Eve, et plus qu’Eve, tu as ramené l’homme, par l’intermédiaire de l’Homme, à sa patrie, à son héritage, à sa condition de fils et à sa joie.

Ave, Marie, sein de sainteté dans lequel est déposée la semence de l’espèce, pour que l’éternel Abraham ait les fils dont la jalousie de Satan l’avait rendu stérile.

Ave, Marie, mère «déipare» de l’éternel Premier-Né, mère compatissante de l’humanité lavée dans tes larmes et dans le Sang qui est aussi ton sang.

Ave, Marie, perle du ciel, lumière d’étoile, beauté suave, paix de Dieu.

Ave, Marie pleine de grâce en qui se trouve le Seigneur, jamais séparée de celui qui trouve en toi ses délices et son repos.

Ave, Marie, femme bénie entre toutes les femmes, amour vivant, devenue par l’Amour épouse et mère de l’Amour.

En toi se trouvent la pureté, la paix, la sagesse, l’obéissance, l’humilité, les trois et les quatre vertus sont parfaites en toi…

Le ciel délire d’amour à contempler Marie. Son chant atteint des notes incomparables. Aucun mortel, aussi saint qu’il soit, ne peut comprendre ce qu’est Marie pour tout le ciel.

Tout a été fait pour le Verbe. Mais aussi, toutes les œuvres les plus grandes ont été faites par l’Amour éternel en Marie et pour Marie. La puissance de Dieu est dans ses mains de lys très pur pour être répandue sur ceux qui recourent à elle.

Ave ! Ave ! Ave ! Marie ! »

Deuxième dimanche de l’Avent.

« Ave Marie, par toi le Seigneur vient sauver les nations et faire entendre sa gloire dans la joie du Sauveur accordé au monde.

La liturgie de la messe du deuxième dimanche de l’Avent s’harmonise très bien avec la messe propre de l’Immaculée Conception, parce que c’est encore par Marie que le Sauveur vient sauver les peuples, et être l’Agneau qui est le bon pasteur et le guide des justes dans les pâturages du Seigneur. Les justes sont représentés par Joseph, doux et juste comme une brebis obéissante à tout commandement de l’Éternel, Pasteur suprême des peuples.

C’est encore par Marie que les pauvres et faibles hommes parviennent à obtenir les moyens du salut et les richesses éternelles. Jean avait anticipé le Christ en préparant ses voies. Marie anticipe le Christ en préparant son chemin dans vos cœurs. Ouvrez votre cœur à Marie, remettez votre âme entre ses mains maternelles pour qu’elle les prépare à la venue de Dieu. Imitez Marie en ce temps de l’Avent, et vous serez prêts à accueillir Noël et ses fruits surnaturels d’une façon digne de l’éloge angélique.

Paul dit que tout ce qui a été écrit pour vous instruire dans le Seigneur, l’a été pour que vous possédiez l’espérance. Quelle espérance ? Celle des promesses divines. Certes, les promesses sont sûres, et il s’ensuit qu’il faut faire mieux qu’espérer, il faut croire, et croire de façon absolue, qu’elles s’accompliront; toutefois, elles s’accompliront si vous savez persévérer et vous conduire dans les diverses contingences de la vie avec patience et avec cette force qui vient des consolations, dont déborde l’Écriture.

Cette vie est en effet un combat continuel, toujours nouveau, plein d’inconnu et de surprises, un combat qui exténuerait même un héros s’il n’était soutenu par quelque chose de surnaturel. Ce quelque chose, c’est Dieu, sa Loi et ses promesses, c’est la certitude de la vie future, la foi certaine que l’Homme qui s’est immolé pour vous ne pouvait être que Dieu, car personne d’autre que le Christ n’a jamais su vivre et mourir comme il a vécu et comme il est mort. Voilà ce qui alimente vos forces de combattants à présent, de vainqueurs demain. Ce sont les certitudes et les réconforts que le Dieu de la patience et des consolations vous infuse pour que vous sachiez lutter avec le Christ et pour le’ Christ, et parvenir à la gloire que, par lui, vous pouvez obtenir.

Avec la foi et l’espérance, Paul rappelle la charité sans laquelle tout le reste est vain. Vivre les vertus plus austères serait vain si ce n’était uni à la charité. Celui qui pratiquerait les plus austères pénitences, qui serait tempérant, honnête, continent, qui croirait et espérerait en Dieu, qui observerait les commandements et les préceptes, mais n’aimerait pas son prochain, celui-là mortifierait ses vertus au point qu’il devrait bien longuement expier son péché d’égoïsme.

L’amour de Dieu est saint, l’obéissance aux préceptes est sainte, la tempérance est sainte et l’honnêteté bonne. Mais sans amour du prochain, tout cela n’est-il pas semblable à un arbre trop taillé dont il ne reste que le tronc dur, sans branches ni feuilles, sans fleurs ni fruits? Il est alors inutile au voyageur qui souffre de la chaleur et recherche de l’ombre, inutile pour se protéger de l’averse, inutile à l’homme découragé qui, rien qu’à la vue des fleurs, y aurait trouvé comme une parole d’espérance pour l’avenir, inutile à l’affamé qui ne peut refaire ses forces languissantes grâce au fruit cueilli sur ses branches et sentir qu’il y a un Dieu qui veille sur les besoins de ses enfants, inutile même à l’oiseau qui cherche en vain un refuge sur ce tronc dépouillé.

Vraiment, la vertu rigide et privée d’amour est une triste vision de tronc vigoureux, mais sec et destiné à mourir. C’est encore de l’égoïsme. C’est encore du pharisaïsme. C’est un paganisme qui se substitue au vrai culte. Car la vraie religion s’appuie sur les deux colonnes des deux amours de Dieu et du prochain, et tout l’édifice est précaire, sans harmonie, s’il est soutenu par une seule colonne.

La Loi demande d’aimer Dieu et de s’aimer entre frères, en s’accueillant les uns les autres, en se soutenant, en s’instruisant, en compatissant comme fit le Christ.

Toi, petite «voix», tu vois comme le Christ a aimé aussi bien les circoncis – c’était leur droit en tant que membres du Peuple de la promesse -, que les incirconcis, comme c’était son droit de les aimer, en tant que peuple nouveau du Roi des rois. Il les a tant aimés que les premiers en firent un chef d’accusation injuste contre lui, tout comme les « circoncis » actuels, ceux qui pour être, ou pour se croire les élus parmi les nations, font, des pages qui révèlent l’incomparable amour du divin Maître pour les païens, un sujet de scandale et un objet de négation. Les rabbis d’alors ne comprenaient pas plus que ceux de maintenant la suprême charité qui voit dans les hommes autant de frères à aimer : comme tels s’ils sont saints, et pour qu’ils le deviennent s’ils ne le sont pas.

Je te dis avec Paul que ce nouveau peuple dépasse dans l’amour qu’il rend à l’Amour ceux qui se croient parfaits. Il en est toujours ainsi, maintenant comme il y a vingt siècles. Les sages ignorants, c’est-à-dire ceux qui connaissent la lettre mais non pas son esprit, ne savent pas comprendre, croire et accepter que Jésus Christ, le Sauveur, est venu, et qu’il vient, plus pour les païens que pour les siens, plus pour les brebis sauvages, blessées, galeuses et sans berger, que pour les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont déjà à l’abri dans sa bergerie.

Jésus Christ a été, est et sera, le salut de tous ceux qui savent le chercher ou le désirer.

Sachez donc aimer, souffrir, agir, sans faire de différence entre ceux qui sont du troupeau et ceux qui n’en sont pas, en pensant que, il y a vingt siècles, le ciel s’est ouvert pour accorder le Sauveur et Maître, non pas à Bethléem, à Nazareth ou à Jérusalem, ni même à la Palestine tout entière ou à l’Israël encore plus vaste puisque disséminé de par le monde, mais pour le donner à tous les hommes.

Voici quel doit être l’esprit de préparation à la venue du Christ, suprême amour de Dieu: un esprit d’amour universel qui désire le Royaume de Dieu, la Maison du Père, pour tous les hommes.

Mais toi, c’est un devoir d’amour encore plus grand qui te revient. Tu sais pourquoi et pour qui. Que la grandeur d’amour qui t’est demandée ne te décourage pas. Celui que tu as reçu est tellement grand ! Sois donc généreuse, de toutes les façons, et jusqu’à la consommation totale. Sois héroïque. Sois victime. Sois héroïque. Le temps passe et la paix vient. Sois héroïque. Après, tout te semblera avoir été si peu de choses par rapport à ce que tu auras.

Elève ton esprit! Regarde la joie qui vient de ton Dieu, regarde ton Dieu qui est ta joie, et qui vient à toi pour te réconforter.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. »

Source

Le Ciel à l’origine

À l’origine, tout n’était qu’ordre dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté : Dieu n’a rien créé qui soit esclave. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre car il exclut les contraintes nées de la peur de l’intrusion, de la crainte de l’agression, de la lutte contre des volontés contraires destructrices.

Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté.

Son nom primitif, Lucifer, veut dire “le porteur de Lumière”. En d’autres termes, le porte-drapeau de la Lumière, c’est-à-dire Dieu, puisque Dieu est Lumière. C’était un ange, le plus beau des anges. Son esprit parfait n’était inférieur qu’à Dieu. De tout ce qui existe, il était le second en beauté, le miroir pur qui reflétait l’insoutenable Beauté de Dieu. Il aurait eu comme mission auprès des hommes d’être l’exécuteur de la volonté de Dieu, le messager des décrets de bonté que le Créateur aurait transmis à ses enfants bienheureux sans péché, pour les amener toujours plus haut à sa ressemblance. Le porteur de la lumière aurait parlé aux hommes par le biais des rayons de cette lumière divine qu’il apportait, et comme ceux-ci étaient sans faute, les hommes auraient compris ces éclairs de paroles harmonieuses, pleines d’amour et de joie.

Achevée sans effort, parce que réalisée de façon ordonnée, la création aurait continué sans efforts de la part des créatures si le désordre n’était pas venu briser l’harmonie du Ciel avec la rébellion de Lucifer, et celle de l’Eden avec la rébellion de l’Homme-Adam.

Le péché de Lucifer qui devient Satan
La chute de Lucifer – Satan

Lucifer, le “porteur de lumière”, s’est cru Lumière lui-même. Mais “porter la lumière” est bien autre chose que “d’être la Lumière”. La Lumière devant qui se prosterne toute la Création, est le Fils de Dieu, le Verbe du Père, celui “par qui tout a été fait”. La seconde personne de la Trinité « est la perfection des Trois résumée en une seule Personne. Une perfection infinie devant laquelle se prosternent les armées célestes ». Il n’a rien d’égal ni de commun avec la créature angélique qu’était Lucifer à l’origine.

L’archange Lucifer aimait incomplètement. L’orgueil de soi prenait de la place en lui, une place dans laquelle l’amour ne pouvait exister. Il se voyait en Dieu, il se voyait en lui-même, il se voyait dans ses compagnons — puisque Dieu l’enveloppait de sa lumière et faisait sa joie de la splendeur de son archange —, comme, en outre, les anges le vénéraient comme le plus parfait miroir de Dieu, il s’admira. Présent aux côtés de Dieu dès les premiers actes de la Création, il ambitionna que la Création dise de lui ce qui est dit du Verbe Incarné dans le prologue de Jean : « Tout a été fait par lui ». Dès cet instant l’archange devient sacrilège, assassin et prédateur.

Il ne devait admirer que Dieu, mais il s’admira lui-même. En chaque créature, toutes les forces bonnes et mauvaises sont présentes et elles s’agitent jusqu’à ce qu’un côté l’emporte pour produire du bien ou du mal. Lucifer attira à lui l’orgueil.

C’est par cette brèche de l’orgueil que sa dépravation destructrice pénétra. À cause d’elle, il ne put comprendre ni accepter le Christ-Amour; synthèse de l’Amour infini, unique et trine. Le fait que, de nos jours, se répande l’hérésie qui nie l’humanité divine de la seconde Personne pour faire de lui un simple homme bon et sage, s’explique facilement grâce à cette clé : le manque d’amour dans le cœur humain et son incapacité à aimer.

Puisqu’il connaissait les merveilles futures de Dieu, Lucifer voulut prendre la place de Dieu. Son esprit troublé lui faisait déjà se voir le chef des futurs hommes, adoré comme la puissance suprême. Il pensait: “Je sais le secret de Dieu. Je connais les paroles. Son dessein m’est connu. Je peux tout ce qu’il veut, lui. Comme j’ai présidé aux premières opérations de la création, je peux réussir. Je suis.” Cette parole que Dieu seul peut dire fut le cri qui signa la ruine de l’orgueilleux. Et il devint Satan.

Lui qui fut créé pour porter la lumière et les messages de Dieu a choisi librement et volontairement d’être infidèle au Seigneur son Créateur et à sa Grâce. Ce fut ce délire d’orgueil, cette présomption de se croire Dieu à la place du Fils de Dieu et donc non tenu à l’obéissance et à l’adoration, qui foudroya le révolté. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom: le désordre de l’intelligence.

De même que Dieu avait voulu que l’archange se tienne à ses côtés dès les premiers actes de la création et qu’il en connaisse le destin d’amour, de même, il voulut qu’il sache la nécessité que son péché imposerait à Dieu : l’Incarnation et la Mort d’un Dieu pour contrebalancer le péché que Lucifer créerait s’il ne surmontait pas son orgueil. Il lui en montra la vision. Le premier anéantissement de Dieu se trouve dans cet acte de conviction douce et suppliante, envers l’orgueilleux.

C’était un acte d’amour. Mais Lucifer était déjà satanisé. Au lieu de l’amour, il ne vit que de la peur, de la faiblesse, un affront et une menace. Il engagea donc les hostilités contre Dieu en disant : « Tu es ? Moi aussi, je suis. Ce que tu as fait, c’est pour moi. Il n’y a pas de Dieu. Et s’il y a en a un, c’est moi. Je m’adore. Je t’abhorre. Je me refuse à reconnaître pour Seigneur celui qui ne sait pas me vaincre. Il ne fallait pas me créer si parfait, si tu ne voulais pas que je me pose en rival. Maintenant je suis, et je m’oppose à toi. Triomphe de moi, si tu le peux. Mais je ne te crains pas. Moi aussi, je vais créer et ta création tremblera à cause de moi. Je te hais et je veux détruire ce qui est tien pour créer sur ses ruines ce qui sera mien. Je ne connais et ne reconnais aucune autre puissance que moi. Désormais, je n’adore plus que moi-même ».

La naissance du Mal, de la Haine et de l’Enfer

La Création tout entière, fut alors prise d’une convulsion horrifiée devant l’infamie de ces paroles sacrilèges, une convulsion comme il n’y en aura pas de semblable à la fin de la Création. Il en naquit l’enfer : le règne de la Haine.

Lucifer fit de son orgueil une arme de séduction : Il séduisit ses compagnons les moins attentifs. Il les détourna de la contemplation de Dieu comme Beauté suprême.

Cette révolte tua, en lui et en ses partisans, la charité, l’ordre et l’harmonie.

C’est de l’incubation de l’orgueil qu’est né le Mal. Le Mal est une force qui est née toute seule comme certaines maladies monstrueuses dans le corps le plus sain.

L’Enfer, le lieu d’éternels et inconcevables tourments dans lequel se précipitent ceux qui vivent dans la haine du Seigneur et de sa Loi, cet Enfer a été créé à cause de lui, l’Archange rebelle.

Avec ses partisans, Lucifer a été foudroyé par Dieu, et terrassé par les anges fidèles. Foudroyé, car dépouillé désormais de la puissance de son état de grâce, et « précipité au fond de l’abîme » où son terrible feu de haine, sa lumière et sa flamme désormais horribles, si différentes de la flamme de grâce et d’amour reçues lors de sa création, ont allumé un feu éternel qui est d’une atrocité inimaginable.

Quand le péché de Lucifer bouleversa de façon irrémédiable l’ordre du paradis une grande horreur frappa tous les anges. La pleine charité qui, auparavant, était seule à exister, venait de tomber dans un gouffre dont s’exhalaient des puanteurs d’enfer.

L’absolue charité des anges était détruite, et la Haine était apparue. Effrayés, les anges fidèles pleurèrent pour la douleur de Dieu et son courroux. Ils pleurèrent sur la paix outragée du paradis, sur l’ordre violé et sur la fragilité des esprits. Ils ne se sentaient plus certains d’être irréprochables de fait de leur pur esprit : l’orgueil était latent et pouvait se développer.

Satan contamine la Terre

Le Mal existait donc avant que l’homme ne fût créé. Dieu avait précipité hors du paradis l’Incubateur maudit. Mais ne pouvant plus contaminer le paradis, il a contaminé la terre.

C’est par lui en effet que tout le mal est venu….

Au fond du gouffre où il était tombé, laid pour l’éternité, Lucifer, devenu Satan, était assoiffé de vengeance. Son premier acte de vengeance toucha Adam et Eve. Sa dent empoisonnée mit le signe de sa bestialité dans la perfection de la création, lui communiquant son propre appétit de luxure, de vengeance, d’orgueil.

En repoussant les séductions de Satan, nos premiers ancêtres auraient imité les bons anges vainement tentés par Lucifer lors de sa rébellion, et ils auraient obtenu un accroissement de grâce.

Les impulsions et les instincts de la nature humaine étaient des éléments ordonnés et bons à leur origine. Ils étaient agencés selon une harmonie réciproque, bien adaptée au but final pour lequel l’homme avait été créé. Leur désordre fut la création de Lucifer, le rebelle.

Le péché contre l’amour, c’est-à-dire l’orgueil de l’intellect et du cœur, à partir duquel l’homme-Adam innocent est devenu coupable, le péché terrible du moi qui veut « devenir semblable à Dieu » (Genèse 3, 5) ce péché a été créé par Lucifer qui, plus tard, séduisit l’homme au même péché, en le rendant semblable à lui dans sa rébellion contre le Seigneur.

Depuis des siècles et des siècles, l’homme lutte contre le venin infernal et Satan perpétue une interminable série de crimes de vengeance. Personne n’échappe au désordre provoqué par Lucifer et nos premiers parents. Le Christ, lui aussi, a dû les affronter.

Le péché de Lucifer, d’Adam et, plus tard, de Judas de Kériot est d’avoir voulu tout parce qu’ils avaient reçu beaucoup. Ils se sont crus des “dieux” du fait que Dieu les avait élus, sûrs de pouvoir se sauver sans aucun mérite que l’amour accordé par Dieu. Ils se sont rendus coupables ainsi d’un péché extrêmement grave. Car si la Bonté de Dieu est parfaite et infinie, elle n’est ni sottise ni injustice.

Dieu évite à Adam de se damner pour l’éternité

Mais Dieu a voulu éviter à Adam le risque de répéter le péché de Lucifer, devenu Satan pour avoir refusé d’adorer l’Amour fait chair. Si Dieu eût proposé le futur Christ à Adam, Adam aurait peut être refusé lui aussi d’adorer le futur Christ, vraie Synthèse de l’Amour trinitaire.

Trop souvent, l’homme maudit stérilement le premier péché, il blasphème contre Dieu en l’accusant d’être un imprudent Seigneur qui a soumis l’homme à une tentation plus forte que lui. Mais que serait-il advenu si l’homme, au lieu de céder à la tentation qui l’induisait à croire qu’en mangeant le fruit défendu il serait devenu semblable à Dieu, en était arrivé, sans aucun tentateur, à se croire lui-même dieu parce que sans péché, parce que sans douleur, parce que sans mort ?

Il n’y aurait alors pas eu de rédemption parce que l’homme aurait été un nouveau Lucifer. Cela aurait même été une légion sans nombre de démons car, avec le cours des siècles, l’humanité se serait augmentée par toutes les procréations ; ce ne serait alors pas seulement un homme et une femme, mais tous, qui auraient péché par cette hérésie sacrilège et la race humaine aurait péri tout entière dans un châtiment infernal.

Lucifer a prétendu orgueilleusement racheter lui-même l’homme, jugeant que sa ressemblance avec Dieu était non pas une participation de nature, mais substantielle, le rendant donc l’égal de Dieu en savoir, puissance et beauté. Il a ainsi offensé gravement l’Esprit Saint, dispensateur des lumières, des vérités et de la sagesse qui se trouvent en Dieu. Or les péchés contre l’Esprit Saint, qui ont été commis par Lucifer et par ses compagnons rebelles, comme ils sont encore commis par beaucoup d’hommes, ces péchés ne sont pas pardonnés.

La lutte de Satan contre le Christ jusqu’à la fin des temps

Depuis sa déchéance, Satan veut avoir son propre peuple pour l’opposer au Peuple de Dieu. Il poursuit ce but sans répit, par haine envers Dieu, et par haine des créatures que Dieu aime comme un Père. Or l’intelligence que Lucifer avait avant d’être foudroyé — une intelligence très aiguë, telle qui convenait au prince des populations angéliques —ainsi que ses pouvoirs, il les a conservés même après le foudroiement divin. Il s’en sert maintenant pour atteindre ses objectifs. Il espionne chaque action de l’homme, il écoute chacune de ses paroles. De chaque parole prononcée et de chaque action accomplie il tire son profit. Il se sert de la constitution physique de l’individu, de ses maladies, de ses mésaventures, de ses études, de ses affections, de ses occupations, et de tout ce qu’il trouve apte à être ensemencé, pour y semer sa zizanie. Il suscite des phénomènes aptes à nous séduire et à nous faire tromper.

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