Qui poursuit l’explication du chapitre douzième de l’Apocalypse.
106. Il se donna une grande bataille dans le ciel Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, et ses anges. Le Seigneur ayant manifesté ce qu’il fut dit aux bons et aux mauvais anges, le prince saint Michel et ses compagnons combattirent par la permission divine avec le dragon et ses sectateurs. Et cette bataille fut admirable, parce qu’ils combattaient avec leurs entendements et leurs volontés. Saint Michel, avec le zèle de l’honneur de Dieu, dont son cœur était enflammé, et orné de son pouvoir divin et de sa propre humilité, résista à l’orgueil insolent du dragon, et lui dit: «Le Très-Haut est digne d’honneur, de louange et de respect, d’être aimé, craint et obéi de toutes les créatures; il peut opérer tout ce qui lui plaira, il ne peut rien vouloir qui ne soit très juste; c’est lui qui est incréé et indépendant de tout autre être; qui nous a donné gratuitement celui que nous avons, en nous créant et nous tirant du néant, et qui peut créer d’autres créatures selon son bon plaisir. Il est raisonnable que, prosternés et humiliés devant cet Être digne d’un infini respect, nous adorions sa majesté et ses grandeurs royales. Venez donc, anges! suivez-moi, adorons-le, louons ses secrets et ses admirables jugements, ses œuvres très-parfaites et saintes. Il est Dieu, très-élevé et au-dessus de toutes les créatures; et il ne le serait pas si nous pouvions pénétrer et comprendre ses merveilleux ouvrages. Il est infini en sagesse et en bonté, riche en ses trésors et en ses bienfaits; il peut, comme Seigneur de toutes choses, qui n’a besoin de personne, les communiquer à qui lui plaira, ne pouvant errer en son choix. Il peut aimer, et se donner à ceux qu’il aime, aimer qui lui plaira, élever, créer et enrichir ce qui lui sera le plus agréable; et il sera en toutes ses ouvres sage, saint et puissant. Adorons-le donc avec actions de grâces, pour le grand ouvrage de l’incarnation qu’il a déterminé, pour les faveurs qu’il prétend faire à son peuple, et pour sa réparation en cas qu’il vienne à tomber. Adorons ce suppôt des deux natures, la divine et l’humaine; recevons-le pour notre chef; avouons qu’il est digne de toute a gloire, louange et magnificence; et reconnaissons en lui la vertu et la divinité, comme auteur de grâce et de la gloire.»
107. Saint Michel et ses anges se servaient de ces armes comme de foudres invincibles, et combattaient le dragon et les siens, qui se défendaient par des blasphèmes. Car ne pouvant résister à la vue de ce prince céleste, il enrageait dans sa fureur, et par le tourment qu’il ressentait, il aurait bien voulu fuir. Mais la volonté divine ordonna que non-seulement il serait puni, mais qu’il serait aussi vaincu, et qu’il connaîtrait malgré lui la vérité et le pouvoir de Dieu, quoiqu’il dit en blasphémant: «Dieu est injuste d’élever la nature humaine au-dessus de l’angélique. Je suis le plus beau et le plus excellent de a tous les anges, et c’est pour cela que le triomphe m’est cil. Je mettrai mon trône au-dessus des a étoiles, je serai semblable au Très-Haut , et je ne me soumettrai à aucun qui soit d’une nature inférieure à la mienne, ni je ne consentirai jamais que personne me précède ni soit plus grand que moi.» Les anges apostats, complices de Lucifer, répétaient la même chose. Mais saint Michel lui repartit: «Qui est celui qui pourra s’égaler et se comparer au Seigneur, qui habite les cieux? Tais-toi, ennemi de tout bien, et arrête tes horribles blasphèmes; et puisque l’iniquité t’a possédé, sépare-toi de nous, malheureux, et marche avec ton ignorance aveugle et ta méchanceté dans la nuit ténébreuse, et au chaos des peines infernales. Et nous, O esprits du Seigneur, adorons et honorons cette heureuse femme qui doit donner chair humaine su Verbe éternel, et reconnaissons-la pour notre Reine et notre Maîtresse.»
108. Ce grand signe de la Reine servait de bouclier et d’armes offensives aux bous anges qui combattaient contre les mauvais, car à sa vue les raisons et les résistances de Lucifer perdaient leurs forces; et il était troublé et comme consterné, ne pouvant supporter les secrets mystérieux qui étaient représentés en ce signe. Et comme ce signe mystérieux avait paru par la vertu divine, sa Majesté voulut que l’autre figure ou signe du dragon roux parût aussi, et qu’il fût en ce signe honteusement précipité du ciel avec effroi, avec terreur de ses sectateurs et avec admiration des anges confirmés; car tout cela fut causé par cette nouvelle démonstration du pouvoir et de la justice divine.
109. Il est difficile d’exprimer par nos faibles paroles ce qui se passa dans cette mémorable bataille, à cause du peu de proportion qu’il y a de nos raisonnements matériels avec la nature et les opérations relevées de ces nobles esprits angéliques. Mais les mauvais ne furent pas les plus forts , parce que l’injustice, le mensonge, l’ignorance et la malice ne sauraient prévaloir à l’équité, à la vérité, à la lumière et à la bonté; ni ces vertus né peuvent être vaincues par les vices. Et pour cette raison saint Jean dit que dès lors leur place ne se trouva plus dans le ciel. Ces anges ingrats se rendirent indignes par les péchés qu’ils commirent, de la vue éternelle et de la compagnie du Seigneur; et leur mémoire fut rayée de son entendement, où ils étaient, avant que de tomber, comme écrits parles dons de grâce qu’il leur avait donnés; et comme ils furent privés du droit qu’ils avaient aux lieux qui leur étaient destinés s’ils eussent obéi, ce droit fut transporté aux hommes, et leurs places leur furent destinées, les vestiges des anges apostats restant si fort effacés qu’ils ne se trouvèrent plus au ciel. O méchanceté malheureuse, et jamais trop exagéré malheur, digne d’une punition si épouvantable et si formidable! Il ajoute et dit:
110. Et ce grand dragon, ce serpent ancien appelé diable et Satan, qui séduit tout le monde, fut précipité; et il fut jeté en terre, et ses anges le furent avec lui . Le prince saint Michel précipita du ciel Lucifer changé en dragon, avec cette parole invincible: Qui est égal à Dieu? qui fut si efficace, qu’elle eut le pouvoir d’abattre ce superbe géant et toutes ses troupes, et de les foudroyer avec une horrible infamie pour eux, aux plus bas lieux de la terre; celui-là commençant de recevoir avec son malheur et sa punition, les nouveaux noms de dragon, de serpent, de diable et de Satan, que le saint archange lui donna dans cette bataille, et, qui découvrent son iniquité et sa malice., qui l’ayant privé de la félicité et de l’honneur dont il s’était rendu indigne, le privèrent aussi des noms et des titres honorables, et lui procurèrent ceux qui déclarent son infamie. La méchante proposition et l’injuste commandement qu’il fit à ses confédérés de tromper et, de pervertir tous les mortels, publient assez son iniquité. Mais le mal qu’il se proposait de faire à tout le genre humain, l’accompagna dans les enfers, et, comme dit lame en son chapitre quatorzième, su profond du lac, où son cadavre fut livré au ver dévorant de sa mauvaise conscience, tout ce que le prophète dit en cet endroit se trouvant accompli en Lucifer.
111. Le ciel demeura purgé des mauvais anges, et le voile qui couvrait la Divinité fut ôté pour la gloire et le bonheur des bons et obéissants; ceux-ci restèrent triomphants et glorieux, et les rebelles châtiés en même temps. L’évangéliste poursuit qu’il ouit une grande voix dans le ciel disant: Maintenant le salut, la force, le règne de notre Dieu et la puissance de son Christ sont assurés; car l’accusateur de nos frères qui les accusait devant la face de notre Dieu jour et nuit, est rejeté . Cette voix que l’évangéliste ouït fut celle de la personne du Verbe, que tous les anges fidèles entendirent; et ses échos arrivèrent jusque dans l’enfer, où ils firent trembler et transir les malheureux exilés, quoiqu’ils n’y pénétrassent pas tous ses mystères, mais seulement ce que le Très-Haut leur voulut manifester pour leur peine et leur punition. Ce fut la vois du Fils au nom de l’humanité qu’il devait prendre, demandant au Père éternel que le salut, la force, le règne de sa Majesté et la puissance du Christ se fissent; parce que l’accusateur des frères du même Christ, notre Seigneur, qui étaient les hommes, venait d’être rejeté. Et ce fut comme une, requête faite devant le trône de la très-sainte Trinité en faveur du salut et de la force; afin que les mystères, de l’incarnation et de la rédemption fussent confirmés contre l’envie et la fureur de Lucifer, qui était descendu du ciel tout irrité contre la nature humaine dont le Verte se devait revêtir. C’est pourquoi il les appela par un amour souverain et une compassion tendre, frères; il dit que Lucifer les accusait jour et nuit, parce qu’il les accusa en présence du Père éternel et de toute la très-sainte Trinité, au jour qu’il jouissait de la grâce, commençant dès lors de nous mépriser par son orgueil; et ensuite il nous accuse avec bien plus de rage dans la nuit de ses ténèbres et de notre chute, sans que cette accusation et cette persécution cessent jamais, tant que le monde durera. Et il appela force, puissance et règne, les œuvres et les mystères de l’incarnation et de la mort de Jésus-Christ, car tout cela s’y trouva; et la force et la puissance s’y manifestèrent contre Lucifer.
112. Ce fut la première fois que le Verbe intercéda au nom de l’humanité pour les hommes devant le trône de la Divinité; et à notre façon de concevoir, le Père éternel conféra sur cette demande avec les personnes de la très-sainte Trinité; et manifestant en partie aux anges bienheureux le décret que le divin consistoire avait formé sur ces mystères, il leur dit: «Lucifer a élevé les étendards de l’orgueil et du péché, il poursuivra avec toute sorte d’iniquité et de fureur le genre humain, il en pervertira plusieurs par sa malice, se servant des mènes hommes pour détruire les hommes, et par l’aveuglement que les péchés et les vices leur causeront, ils prévariqueront en divers temps avec une ignorance dangereuse; mais l’orgueil, le mensonge et toutes sortes de péchés et de vices sont infiniment éloignés de notre être et de notre volonté. Élevons donc le triomphe de la vertu et de la sainteté; que la seconde personne s’incarne et qu’elle soit passible peur cet effet; qu’elle enseigne et rende recommandable l’humilité, l’obéissance et toutes les vertus; qu’elle opère le salut des mortels, et que cette personne étant Dieu véritable, s’humilie et devienne le moindre de tous; qu’il soit homme juste, le modèle et le maure de toute sainteté, et qu’il meure pour le salut de ses frères. Que la seule vertu soit reçue à notre tribunal, comme celle qui triomphe toujours des vices. Élevons les humbles, et humilions les superbes; faisons que les travaux et ceux qui les souffriront soient glorieux à notre bon plaisir. Déterminons d’assister les affligés et les persécutés , et que nos amis soient corrigés et affligés; qu’ils acquièrent par ces moyens notre grâce et notre amitié, et qu’ils opèrent aussi leur salut selon leur pouvoir, en pratiquant la vertu. Que ceux qui pleurent soient bienheureux; que les pauvres et ceux qui souffrent pour la justice et pour Jésus-Christ leur chef, soient heureux; que les humbles a soient exaltés, et les doux de cœur élevés. Aimons les pacifiques comme nos enfants. Que ceux qui pardonneront, souffriront les injures et aimeront leurs ennemis, nous soient très-chers . Préparons-leur à tous une abondance de fruits, de bénédictions de notre grâce, et le prix d’une gloire éternelle dans le ciel. Mon Fils inique établira cette doctrine, et ceux qui la suivront seront nos élus et nos bien-aimés , consolés et récompensés; et leurs bonnes œuvres seront conçues dans notre entendement comme cause première de toute vertu Permettons aux méchants d’opprimer les bons et de coopérer à leur couronne, pendant qu’ils méritent pour eux-mêmes des punitions. Qu’il arrive des scandales à l’égard des bons; que celui qui les cause soit malheureux , et bienheureux celui qui les reçoit. Que les enflés d’orgueil, les grands et les puissants affligent, blasphèment et oppriment les humbles, les faibles et les pauvres; et que ceux-ci, au lieu de malédictions, leur donnent des bénédictions ; qu’ils soient réprouvée des hommes durant leur vie mortelle, placés ensuite avec les bienheureux esprits angéliques nos enfants, et jouissent des places et des récompenses que les infortunés et les malheureux ont perdues. Que les obstinés et a les superbes soient condamnés à la mort éternelle, où ils connaîtront leur procédé imprudent et leur folle arrogance.»
113. «Afin que tous aient un véritable modèle et une grâce surabondante, s’ils en veulent faire leur a profit, que mon Fils descende passible pour réparer a et pour racheter les hommes (que Lucifer fera déchoir de leur état heureux), et relevons-les par ses a mérites infinis. Déterminons à présent que le salut soit fait, et qu’il y ait un Rédempteur et un Maître, qui mérite et enseigne, naissant et vivant pauvre , mourant méprisé et condamné par les hommes à une mort très-ignominieuse ; qu’il a soit réputé pour pécheur et coupable, et qu’il satisfasse à notre justice pour l’offense du péché ; et usons par ses mérites prévus de notre miséricorde et de notre clémence. Que tous sachent que l’humble, le pacifique, et celui qui pratiquera la vertu, qui souffrira et qui pardonnera, celui-là suivra notre Christ et sera notre fils. Que personne a ne pourra entrer par sa volonté libre dans notre royaume, si avant toutes choses il ne renonce à soi-même, et ne suit son chef et son maître en portant sa croix . Et celui-ci sera notre royaume, composé des parfaits qui auront légitimement travaille et combattu, persévérant jusqu’à la fin . Ceux-là participeront à la puissance de notre a Christ, qui vient d’Atre faite et déterminée, parce que l’accusateur de ses frères a été vaincu et rejeté: et son triomphe est fait; afin que les relevant et purifiant par son sang, il soit exalté et glorifié; car lui seul sera la voie, la lumière, la vérité et la vie , par lequel les hommes viendront à moi. Lui seul ouvrira les portes du ciel et le livre de la loi a de grâce, ; il sera médiateur et avocat des mortels , et ils auront en lui un père, un frère et un protecteur, puisqu’ils ont un persécuteur et un a accusateur. Et que les anges, qui comme nos fidèles x enfants ont aussi opéré le salut et la vertu, et défendu la puissance de mon Christ, soient couronnés et honorés en notre présence pendant toute l’éternité.»
114. Cette vois (qui contient les mystères cachés dès la constitution du monde , et manifestés par la doctrine et par la vie de Jésus-Christ) sortait du trône, et disait plus que je ne puis expliquer. C’est par elle que les commissions que les anges bienheureux devaient exercer leur furent intimées. Elle déclara à saint Michel et à saint Gabriel qu’ils seraient ambassadeurs du Verbe incarné et de Marie sa très-sainte Mère, et qu’ils seraient ministres de l’incarnation et de la rédemption; et plusieurs autres anges furent destinés avec ces deux princes pour le même ministère, comme je le dirai dans la suite de cet ouvrage. Le Tout-Puissant destina et commanda à d’autres anges d’accompagner et d’assister les âmes; de leur inspirer et enseigner la sainteté et les vertus contraires aux vices auxquels Lucifer avait proposé de les exciter; il leur enjoignit aussi de les défendre, de les garder et de les porter en leurs mains, afin que les justes ne bronchassent contre les pierres , qui sont les tromperies et les embûches que leurs ennemis leur devaient tendre.
115. Plusieurs autres choses furent décrétées en cette occasion, ou dans ce temps, auquel l’évangéliste dit que la puissance, le salut, la force et le règne de Jésus-Christ furent faits; mais ce qui s’y opéra mystérieusement fut que les prédestinés y furent déterminés, mis en un certain nombre, et écrits dans l’entendement divin, par les mérites prévus de notre Seigneur Jésus-Christ. O mystère, ô secret ineffable de ce qui se passa dans le sein de Dieu! O heureux sort pour les élus! Quel point si important, quel mystère si digne de la Toute-Puissance divine, et quel triomphe de la puissance de Jésus-Christ! Heureux mille et mille fois les membres qui furent déterminés et unis à un tel chef! O Église grande, peuple choisi et congrégation sainte, digne d’un tel prélat et d’un tel maître! En la considération d’un si haut mystère, tous les entendements créés s’abîment, mes raisonnements se suspendent, et ma langue devient muette.
116. Dans le consistoire des trois personnes divines ce livre mystérieux de l’Apocalypse fut donné, et comme consigné au Fils unique du Père éternel, ayant été pour lors composé, signé, et scellé avec les sept sceaux dont l’évangéliste fait mention , jusqu’à ce qu’il prit chair humaine, et qu’il l’ouvrît en décachetant par son ordre les sceaux avec tous les mystères qu’il opéra dès sa naissance, pendant sa vie et en sa mort. Ce que le livre contenait était tout ce que la très-sainte Trinité décréta depuis la chute des anges, et qui appartient à l’incarnation du Verbe, à la loi de grâce, aux dix commandements, et aux sept sacrements, à tous les articles de la foi, à ce qu’ils contiennent, à l’ordre et à la disposition de toute l’Église militante, donnant puissance au Verbe, afin que s’étant incarné, il communiquât comme souverain prêtre et saint pontife le pouvoir et les dons nécessaires aux apôtres, aux autres prêtres et ministres de cette Église.
117. La loi évangélique tira de là son principe mystérieux. Dans ce trône et consistoire très-secret fut établi et écrit dans l’entendement divin, que ceux qui garderaient cette loi seraient écrits au livre de vie. De là sortirent les pontifes et les prélats, de même que leurs titres de successeurs ou vicaires du Père éternel. Les débonnaires, les pauvres, les humbles: et toua les justes n’ont point d’autre principe que sa Majesté, qui fut et qui est leur très-noble origine; ce qui nous fait dire que qui obéit aux supérieurs obéit à Dieu, et qui les méprise le méprise aussi . Tout ceci fut décrété dans les idées et dans l’entendement divins. On y donna à notre Seigneur Jésus-Christ la puissance d’ouvrir en son temps ce livre, qui fut fermé et scellé jusqu’alors. Et en attendant, le Très-Haut donna son Testament et les témoignages de ses paroles divines en la loi naturelle et écrite, par des œuvres mystérieuses manifestant aux patriarches et aux prophètes une partie de ses secrets.
118. Il dit que par ces témoignages et par le sang de l’Agneau: Les justes le vainquirent ; car quoique le sang de notre Rédempteur Jésus-Christ fût suffisant et surabondant pour rendre tous les mortels vainqueurs du dragon leur accusateur; que les témoignages et les paroles infaillibles de ses prophètes soient d’un très-grand secours et d’une grande force pour arriver au salut éternel; néanmoins les justes coopèrent avec leur libre arbitre à l’efficace de la passion de Jésus-Christ, de la rédemption du monde et des saintes Écritures, et en obtiennent le fruit par les victoires qu’ils remportent sur eux-mêmes et sur le démon, en coopérant à la grâce. Et ils ne le vaincront pas seulement en ce que Dieu commande et demande d’ordinaire; mais par sa vertu et par sa grâce ils y ajouteront encore de donner leurs âmes, et de les sacrifier jusqu’à la mort pour le même Seigneur et pour ses témoignages , pour obtenir et pour mériter la couronne et le triomphe de Jésus-Christ, comme les martyrs ont fait pour la défense de la foi.
119. Le texte ajoute à cause de tous ces mystères, et dit: Réjouissez-vous, cieux, et vous qui habitez en eux . Réjouissez-vous, parce que vous devez être la demeure éternelle des justes et du Juste des justes, Jésus-Christ, et de sa très-sainte Mère. Réjouissez-vous, cieux, parce que le sort favorable que vous recevez n’est arrivé en aucune créature matérielle et inanimée; puisque vous devez être le palais du Dieu tout-puissant, lui servir d’une éternelle demeure, et recevoir pour votre reine la plus pure et la plus sainte de toutes les créatures. Réjouissez-vous, cieux, pour tous ces avantages, et vous qui habitez ces heureuses demeures, anges et justes, qui devez être associés et ministres de ce Fils du Père éternel et de sa Mère, et membres de ce corps mystique dont le même Jésus-Christ est le chef. Réjouissez-vous, anges fidèles, parce qu’en les secourant et les gouvernant par votre protection et par votre garde, vous augmenterez le pria de votre joie accidentelle. Que saint Michel, prince de la milice céleste, se réjouisse singulièrement, parce qu’il a défendu dans la bataille la gloire du Très-Haut et de ses mystères adorables, et qu’il sera ministre de l’incarnation du Verbe, et témoin particulier de ses effets jusqu’à la fin. Que tous ses alliés et défenseurs du nom de Jésus-Christ et de sa Mère se réjouissent avec lui de ce qu’ils ne perdront point dans tous ces ministères la jouissance de la gloire essentielle qu’ils possèdent déjà, et que les cieux fassent fête pour des mystères si relevés et si divins.