La cité mystique de Dieu – Chapitre II

Où il est déclaré de quelle façon le Seigneur manifeste ces mystères et la vie de la Reine du ciel à mon âme, dans l’état où sa divine bonté m’a mise.

12. Afin que l’on soit averti et éclairci dans le reste de cet ouvrage de la façon dont le Seigneur manifeste ces merveilles, il m’a semblé à propos de mettre ce chapitre au commencement, dans lequel je l’expliquerai le mieux qu’il me sera possible, et selon qu’il me sera accordé.

13. J’ai reçu, depuis que j’ai l’usage de la raison, un bienfait du Seigneur que j’estime un des plus grands que sa main libérale m’ait faits: c’est de m’avoir donné une très-grande crainte de le perdre; ce qui m’a toujours poussée et excitée à désirer et à faire ce qui était le plus parfait et le plus assuré, et à demander la continuation de cette grâce au Très-Haut, qui m’a crucifiée en quelque façon, perçant ma chair d’une vive crainte de ses jugements ; je tremble toujours de perdre l’amitié du Tout-Puissant, et même je doute si je la possède. Les larmes que cette perplexité me causait étaient ma continuelle nourriture ; cette crainte m’a fait faire de grandes instances à Dieu, et m’oblige de demander l’intercession de la très-pure Vierge dans ces misérables temps où nous sommes (auxquels les serviteurs de Dieu doivent être cachés, et ne paraître presque point), le suppliant de tout mon cœur qu’il me conduise par une voie assurée et cachée aux yeux des hommes.

14. Le Seigneur me répondit à ces demandes réitérées: «Ne crains point et ne t’afflige pas, ô âme, je te mettrai dans un état et dans un chemin de lumière et de sûreté si caché et si relevé, que nul autre que moi ne le pourra connaisse. Dès aujourd’hui je t’ôterai tout ce qui éclate à l’extérieur, et qui peut être exposé au péril; ainsi ton trésor sera caché: garde-le, et conserve-le bien, par la vie la plus parfaite. Je te mettrai dans un sentier secret, clair, véritable et pur; marche par cette route.» Dès lors j’aperçus un changement et un état fort spiritualisé dans mon intérieur. Mon entendement fut doué d’une nouvelle lumière, et on lui communiqua une science avec laquelle il connut toutes choses en Dieu, ce qu’elles sont en elles-mêmes, et leurs opérations; il lui fut manifesté que c’est la volonté du Très-Haut que je les connaisse et que je les pénètre. Cette intelligence et cette lumière qui m’éclaire est sainte et douce, pure et subtile, aiguë et active, assurée et sereine . Elle fait aimer le bien et haïr le mal. C’est une vapeur de la vertu de Dieu , et une simple émanation de ses infinies clartés, que l’on présente à mon entendement comme un miroir, dans lequel j’aperçois par ma vue intérieure, et par le plus suprême de mon âme, plusieurs choses; l’objet paraissant infini par la lumière qui en rejaillit, quoique les vues soit limitées et l’entendement faible. L’on voit le Seigneur comme s’il était assis sur un trône de grande majesté, d’où l’on découvrirait distinctement ses attributs, autant que les forces de l’esprit humain le peuvent permettre; y ayant entre deux comme un voile d’un cristal très-pur qui le couvre, à travers lequel l’on connaît et l’on discerne avec une vive clarté et une grande distinction lés merveilles et les attributs ou perfections de Dieu. Quoique ce voile dont je viens de parler empêche de le voir totalement, immédiatement et intuitivement, néanmoins la connaissance de ce qu’il cache ne cause aucune peine, mais elle est plutôt un sujet d’admiration à l’entendement, parce que l’on comprend que l’objet est infini et que celui qui le contemple est borné; car elle lui donne des espérances que ce voile sera tiré, et qu’on lui en ôtera l’obstacle, quand l’âme sera dépouillée de cette chair mortelle , si elle tâche de s’en rendre digne.

15. Dans cette connaissance, il y a divers degrés et plusieurs manières de voir; et cela dépend de la divine volonté, Dieu étant un miroir volontaire. Quelquefois il se manifeste plus clairement, d’autres fois moins. Quelquefois on y montre quelques mystères, et on en cache d’autres, et toujours ils sont grands. Cette différence suit bien souvent la disposition de l’âme; parce que si elle n’est pas tranquille et en paix, ou qu’elle ait commis quelque faute, ou quelque imperfection, pour petite qu’elle soit, elle ne peut voir cette lumière de la façon que je dis, par laquelle l’on connaît le Seigneur avec tant de clarté et de certitude, qu’elle ne laisse aucun doute de ce qu’on y découvre: au contraire elle persuade et assure que c’est Dieu qui est présent, et elle fait mieux entendre tout ce que sa Majesté dit. Et cette connaissance produit une force solide, efficace et pleine de douceur, pour aimer et servir le Très-Haut, et pour lui obéir. L’on connaît de grands mystères dans cette clarté; l’on y voit combien la vertu est estimable, et combien il est avantageux de la pratiquer et de la posséder; l’on y découvre sa perfection et sa sûreté; et l’on y ressent une force et une vertu qui contraint de pratiquer le bien, de s’opposer su mal, de le combattre et de vaincre bien souvent les passions. L’âme ne saurait être vaincue pendant qu’elle jouit de cette vue et qu’elle conserve cette lumière , qui lui communique le courage et la ferveur, l’assurance et la joie, et qui, par ses soins et par ses impulsions, appelle, relève et donne cette agilité et cette vivacité qui font que la partie supérieure de l’âme attire après soi l’inférieure. Et le corps même s’en ressent, étant presque tout spiritualisé pendant ce temps- là, auquel toutes ses pesantes inclinations sont suspendues.

16. Lorsque l’âme tonnait et ressent ces doux effets, elle dit avec une amoureuse affection au Très-Haut: Tirez-moi après vous: Trahe me post te , et nous courrons ensemble; parce qu’étant unie avec son bien-aimé, elle ne sent point les opérations terrestres; et se laissant attirer par la douceur des parfums de Celui qui la charme, elle se trouve plus on elle aime que là où elle vit. Elle laisse la partie animale déserte, et ne la rejoint que pour la réformer et la perfectionner, et pour y sacrifier les appétits criminels des passions. Que s’ils se veulent quelquefois révolter, elle les rejette avec impétuosité, parce que je ne vis plus, dit-elle, mais c’est Jésus-Christ qui vit en moi .

17. L’on aperçoit dans cet état, d’une certaine manière, le secours de Jésus-Christ, qui est Dieu et la vie de l’âme, et qui agit dans toutes les saintes opérations et les saints mouvements; et l’on y découvre par la ferveur, par le désir, par la lumière et par l’efficace qui nous secondent en tout ce que nous faisons, une force intérieure que Dieu seul peut causer. L’on y ressent aussi l’amour que la continuation et la vertu de cette lumière produisent, et on y entend intérieurement une parole animée et continuelle , qui nous occupe à tout ce qui est divin, et nous sépare de tout ce qui est humain; et par là l’on découvre que la vertu et la lumière du Soleil de justice, qui éclaire toujours dans les ténèbres, vivent en nous . Ce qui s’appelle proprement être au vestibule de la maison du Seigneur , puisque l’âme est en vue de ce divin Soleil et participe aux rayons qui en sortent .

18. Je ne dis pas que ce soit toute la lumière, mais seulement une partie; et cette partie est une connaissance qui surpasse les forces et le pouvoir de la créature. Le Très-Haut fortifie l’entendement pour le disposer à cette vue, lui donnant une qualité et une lumière surnaturelles, afin qu’il soit proportionné à cette connaissance, qui nous affermit dans cet état par la certitude avec laquelle nous croyons et nous connaissons les autres choses divines: Mais ici la foi nous accompagne aussi, et le Tout-Puissant fait voir à l’âme dans cet état, par sa lumière éternelle, combien elle doit estimer cette science et cette clarté qu’il lui communique; et avec elle tous les biens me sont venus ensemble, et par ses libérales mains j’ai reçu un honneur d’un très-grand prix. Cette lumière me précède en tout ce que je fais; je l’ai apprise sans fiction, et je désire de la communiquer sans envie, et de ne pas céler l’honneur que j’en reçois . Elle est une participation de Dieu et elle produit une grande douceur et une joie singulière . Elle enseigne beaucoup dans un, instant, et elle s’assujettit le cœur , nous retire et nous éloigne avec de puissants efforts de tous les objets qui pourraient nous séduire et qui dans cette lumière nous paraissent d’une amertume horrible: de sorte que l’âme, renonçant aux choses passagères, se va réfugier dans le sanctuaire de l’éternelle Vérité, et entre dans le cellier du Très- Haut , où par ses ordres je suis ornée de la charité, qui m’incite à être patiente et douce, sans envie et sans orgueil ni ambition ; de n’être point colère, de ne juger mal de personne et de souffrir tout ; ne cessant de m’instruire et de m’exhorter par de fortes impulsions dans le plus secret de mon âme, afin que je pratique toujours ce qui est le plus saint et le plus pur, m’enseignant même les moyens de le faire: et si je manque encore à la moindre petite chose, elle me reprend sans en laisser échapper aucune.

19. C’est une lumière qui dans un même temps éclaire et anime, enseigne et reprend, mortifie et vivifie, appelle et retient, instruit et violente; nous fait distinguer le bien et le mal, l’élevé et le profond, la longueur et la largeur , le monde, son état, sa disposition et ses tromperies, ses vaines promesses et l’infidélité de ses habitants et de ses amateurs; et surtout elle m’enseigne à le fouler, à le mépriser et A ne m’attacher qu’au Seigneur, le regardant comme le souverain maître et le gouverneur de toutes choses. Je vois et je connais en sa Majesté la disposition et les vertus des éléments; le commencement, le milieu et la fin des temps, ses vicissitudes et ses variétés, le cours des années, l’harmonie des créatures et leurs qualités ; tout ce qui est le plus caché dans les hommes, leurs opérations et leurs pensées, et combien elles sont éloignées de celles du Seigneur; les périls dans lesquels ils vivent et les sinistres voies qu’ils suivent; les états, les gouvernements, leur inconstance et leur peu de fermeté; en quoi consiste leur commencement, leur fin, et ce qu’ils ont de véritable ou de trompeur. L’on connaît et l’on découvre fort distinctement toutes ces choses en Dieu par le moyen de cette lumière, y connaissant même les personnes et leur naturel. Il y a pourtant un état inférieur à celui dont je viens de parler, qui est ordinaire à l’âme, dans lequel elle, a véritablement l’usage de l’essentiel et de l’habitude de cette lumière, mais non pas de toute sa clarté. Ce qui lui limite cette si haute connaissance des personnes et des états, des secrets et des pensées que l’on reçoit dans le premier; parce que je n’ai pas plus de connaissance dans celui-là qu’il ne m’en faut pour me délivrer des dangers, pour éviter le péché et pour avoir une tendre et véritable compassion de mon prochain; sans que je me puisse donner la liberté de me déclarer à personne, ni de découvrir ce que je connais; car si l’auteur de ces merveilles ne me donne la permission et ne me commande parfois de donner des avis à quelqu’un, il semble que je devienne muette: et quand je lui rends ce bon office, ce doit être sans trop me déclarer, mais en lui touchant le cœur par des raisons évidentes et claires, communes et charitables, et en priant pour ses nécessités, n’ayant cette pénétration que pour cela.

20. Bien que j’aie pénétré toutes ces choses avec une grande clarté, néanmoins le Seigneur ne m’a jamais découvert qu’une âme se dût perdre: et ç’a été un effet de sa Providence, parce que la damnation d’une personne ne se manifeste pas sans un grand sujet; outre que je mourrais sans doute de douleur, si je le connaissais, et ce serait un effet que cette lumière produirait, car c’est une chose fort déplorable de voir qu’une âme doive être privée de Dieu pour toujours. Je l’ai prié de ne pas me découvrir cette malheureuse perte de personne; et si je pouvais délivrer quelqu’un du péché pari ma propre vie, je le ferais avec plaisir et je ne refuserais pas que le Seigneur me le découvrit; mais pour celui auquel il n’y a point de remède, je le prie de me le cacher.

21. On ne me donne pas cette lumière pour m’obliger à déclarer mon secret en particulier, mais afin que j’en use avec prudence et avec sagesse. Elle me pénètre comme une substance qui vivifie (quoiqu’elle ne soit qu’un accident), et qui émane de Dieu comme une habitude, par laquelle je dois régler mes sens et la partie inférieure de mon âme. Car dans la supérieure je jouis toujours d’une vision et d’un état de pais qui me font connaître intellectuellement tous les mystères et les secrets de la Reine du ciel que l’on m’y découvre, aussi bien que plusieurs autres de notre sainte foi, qui me sont presque continuellement présents: et je ne perds jamais cette lumière de vue. Que si quelquefois je m’abaisse comme une misérable créature avec quelque attache aux choses humaines, à l’instant le Seigneur m’appelle avec une douce rigueur, m’oblige de retourner à lui et d’être attentive à ses paroles, à la connaissance de ses mystères et de ses grâces, aux vertus et aux opérations tant extérieures qu’intérieures de la très-sainte Vierge, comme je vais le déclarer.

22. Dans ces états spirituels et dans la clarté de nette même lumière je connaissais et je voyais la même Reine, Mère et Vierge, quand elle me parlait; et les anges, leur nature et leur excellence. Quelquefois aussi je les connais et je les vois en Dieu, et d’autres fois en eux-mêmes; mais avec cette différence, que pour les connaître en eux-mêmes il me faut, descendre quelques degrés plus bas. Et lorsque cela arrive je m’en aperçois par le changement des objets et par les divers mouvements de mon entendement. Je vois et j’entends ces princes célestes; je leur parle dans ces degrés inférieurs; ils y conversent avec moi, et m’éclaircissent de plusieurs de ces mystères que le Seigneur m’a montrés. La Reine du ciel m’y déclare et m’y manifeste ceux de sa très-sainte vie, et toutes les merveilles qui s’y sont passées; et je les distingue tous avec ordre par les divins effets que je ressens dans mon âme.

23. Je les vois en Dieu comme dans un miroir volontaire, sa Majesté m’y montrant les saints qu’elle veut et de la manière qu’il lui plaît, avec une grande clarté et avec des effets plus relevés; on y connaît avec une admirable lumière le même Seigneur, les saints, leurs vertus héroïques, leurs prodiges, et comme ils les ont opérés avec la grâce, rien ne leur ayant été impossible par son secours et par sa, vertu : la créature se trouvant dans cette connaissance plus abondante, plus remplie de vertu et de consolation, et comme dans le repos de son centre; parce que la lumière qu’on y ressent est d’autant plus forte, ses effets plus relevés, sa substance et sa certitude plus grandes, que ce repos est plus intellectuel, moins corporel et moins imaginaire. On y remarque encore ici une différence car l’on y connaît que cette vue ou cette connaissance du même Seigneur, de ses attributs et de ses perfections, est plus élevée; et que ce qui en résulte est d’une douceur inconcevable; et même que la connaissance des créatures en Dieu est inférieure à celle-là. Il me semble que cette subordination naît en partie de l’âme même: car comme sa vue est si bornée, elle ne,peut pas s’appliquer si fort à Dieu, ni le connaître si parfaitement avec les créatures que lorsqu’elle connaît sa seule Majesté sans elles: il semble même que dans cette seule vue on reçoit une plus grande plénitude de consolation, que quand on voit les créatures en Dieu. Cette connaissance de la divinité est si délicate, qu’elle diminue à mesure que nous y mêlons quelque autre chose, su moins pendant que nous sommes dans cette vie mortelle.

24. Je vois dans l’autre état plus inférieur à celui que j’ai dit, la très-sainte Vierge en elle-même et les anges; j’y aperçois et j’y connais de quelle manière l’on m’y enseigne, l’on m’y parle et l’on m’y éclaire; laquelle est à peu près celle dont les anges se communiquent et se parlent entre eus, et dont ces esprits supérieurs éclairent et informent leurs inférieurs. Le Seigneur comme cause première distribue cette lumière; mais celle dont la très-sainte Vierge participe et dont elle jouit avec une si grande plénitude, elle la communique à la partie supérieure de l’âme, et je connais par cette communication cette Reine, ses prérogatives et ses mystères, de la manière dont l’ange inférieur tonnait ce que le supérieur lui communique. Je la connais aussi par la doctrine que cette même Reine enseigne, par l’efficacité de cette doctrine et par plusieurs autres effets, que la vérité, la pureté et l’élévation de cette vision font ressentir et font éprouver; dans laquelle on ne reconnaît rien d’impur, rien d’obscur, rien de faux et rien de douteux; au contraire tout y est saint, pur et véritable. Il m’en arrive de même dans mon état présent, avec les princes célestes; et le Seigneur m’a fait connaître plusieurs fois que je reçois ces communications et ces lumières, comme ils les pratiquent parmi eus. Il m’arrive souvent que cette illumination passe dans moi par tous ces sacrés canaux; que le Seigneur me donne l’intelligence et la lumière ou son objet; que la très-sainte Vierge m’en donne l’éclaircissement, et que les anges me fournissent les termes pour m’exprimer. D’autres fois (et pour l’ordinaire) le Seigneur fait tout, et il m’enseigne ce que je dois écrire. La Reine du ciel m’instruit quelquefois de tout par elle-même; d’autres fois les anges me rendent cet office; et l’on a coutume aussi de ne m’en donner que l’intelligence; prenant les termes dont je me sers pour me faire entendre, de ce qui m’a été déjà inspiré. Il est vrai que je pourrais errer en ceci, si Dieu le permettait, parce que je suis une pauvre ignorante et que je me sers de ce que j’ai ouï: et quand il me vient quelque difficulté en déclarant ces connaissances, j’ai recours à mon directeur et à mon père spirituel dans les matières les plus délicates et les plus difficiles.

25. Dans ces sortes de temps et ces divers états, j’ai rarement des visions corporelles, mais j’y reçois quelques visions imaginaires: et celles-ci sont fort inférieures aux autres dont je viens de parler, qui sont bien plus élevées, plus spirituelles et plus intellectuelles. Et ce que je puis assurer est que dans toutes les connaissances et les intelligences qui me viennent de la part du Seigneur, de la très-sainte Vierge ou des anges, soit qu’elles soient grandes ou petites, inférieures ou supérieures, je reçois une lumière très-abondante et une doctrine fort profitable, dans laquelle je reconnais et je vois la vérité et tout ce qui est le plus parfait et le plus saint; j’y ressens même une force et une lumière divines qui m’obligent de travailler à la plus grande pureté de mon Âme, de désirer la grâce du Seigneur, de mourir pour elle et de pratiquer toujours ce qui lui est le plus agréable: connaissant par ces divers degrés et par ces sortes d’intelligences, avec un grand profit, une douce consolation et une parfaite joie de mon âme, tous les mystères de la,vie de la Reine du ciel. De quoi je glorifie de tout mon cœur le Tout-Puissant, je l’exalte, je l’adore et je le reconnais pour saint, pour le Dieu fort et admirable, et digne de louange, de gloire et de révérence pendant tous les siècles des siècles. Amen.

La cité mystique de Dieu – Chapitre I

PREMIÈRE PARTIE. DE LA VIE ET DES MYSTÈRES DE LA SAINTS VIERGE, REINE DU CIEL. — CE QUE LE TRÈS-SAUT OPÉRA EN CETTE PURE CRÉATURE DEPUIS SON IMMACULÉE CONCEPTION JUSQU'À CE QUE LE VERBE PRIT CHAIR HUMAINE DANS SON SEIN VIRGINAL. — LES FAVEURS QU'IL LUI FIT PENDANT LES QUINZE PREMIÈRES ANNÉES DE SA VIE, ET LES GRANDES VERTUS QUELLE ACQUIT AVEC LE SECOURS DE LA GRACE.

LIVRE PREMIER. OU IL EST TRAITÉ DE CE QUI PRÉCÉDA LA VENUE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE MARIE EN CE MONDE. — DE SON IMMACULÉE CONCEPTION ET DE SA SACRÉE NAISSANCE. — DES EXERCICES AUXQUELS ELLE S'OCCUPA JUSQU'À L’AGE DE TROIS ANS.

De deux visions particulières que le Seigneur découvrit à mon âme, et d’autres connaissances et mystères qui me forçaient de m’éloigner des pensées de la terre, élevant mon esprit et l’arrêtant aux choses du ciel.

1. Je vous glorifie: et je vous loue, ô Roi de gloire , qui, par un effet de votre adorable providence et de votre infinie Majesté, avez caché aux sages et aux savants ces sublimes mystères, et les avez révélés à votre plus humble servante, quoique inutile à votre Église, afin qu’on vous reconnaisse avec admiration pour le Tout-Puissant et pour l’auteur de cet ouvrage, à mesure que vous vous servez d’un plus pauvre et plus faible instrument.

2. Après de longues résistances que j’ai racontées, après plusieurs craintes mal fondées, et après de grandes suspensions causées par ma lâcheté, et par la connaissance que j’avais de cet immense océan de merveilles, sur lequel je me hasarde, craignant d’y faire naufrage; ce très-haut Seigneur me fit sentir une vertu céleste, forte, douce, efficace; une lumière qui éclaire l’entendement , captive la volonté rebelle, apaise, redresse, gouverne et attire à soi tous les sens intérieurs et extérieurs, et soumet toute la créature à son bon plaisir et à sa volonté, afin qu’elle recherche en tout son honneur et sa seule gloire. Étant dans cette disposition, j’ouïs la voix du Tout-Puissant qui m’appelait et m’attirait à soi, élevant avec une grande force mon esprit aux choses supérieures, me fortifiant contre les lions rugissants, qui faisaient leurs efforts pour éloigner mon âme du bien qu’on lui offrait dans la connaissance des grands mystères qui sont renfermés dans ce tabernacle et cette sainte cité de Dieu; et me délivrant des portes des tribulations par lesquelles ils me conviaient d’entrer, afin que, entourée des douleurs de la mort et de la perdition , environnée des flammes de cette Sodome et de cette Babylone dans lesquelles:nous vivons, je m’y précipitasse, et que dans mon aveuglement je suivisse leurs maximes, dans le temps qu’ils offraient à mes sens des objets d’un plaisir apparent, et les séduisaient par leurs artifices et leurs tromperies. Mais le Très-Haut nie délivra de toutes ces embûches qu’ils me préparaient , éclairant mon esprit et m’enseignant le chemin de la perfection par des remontrances efficaces, me conviant de mener une vie toute spirituelle et angélique dans cette chair mortelle, me sollicitant à vivre avec tant de circonspection, que je ne fusse point atteinte du feu, même au milieu de la fournaise, et que je fermasse l’oreille aux discours des langues trompeuses lorsqu elles m’entretiendraient des bassesses de la terre. Sa Majesté m’appela, afin que je me retirasse du misérable état que cause la loi du péché, que je résistasse aux malheureux effets que nous héritons de la nature corrompue, et que je l’arrêtasse dans ses inclinations désordonnées, les détruisant en vue de la lumière, et m’élevant au-dessus de moi-même. Il m’appelait plusieurs fois par les forces d’un Dieu puissant, par des corrections d’un père, par des caresses d’un époux, et me disait: «Lève-toi, hâte-toi, ouvrage de mes mains; viens à moi, qui suis la sa lumière et la voie: car celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres . Viens à moi, qui suis la vérité infaillible et la sainteté par excellence; je suis le Puissant, le Sage, et Celui qui corrige les sages.»

3. Les effets de ces paroles m’étaient des flèches d’amour, d’admiration, de respect, de crainte, de connaissance de mes péchés et de ma bassesse, de façon que je me retirais toute confuse et anéantie. Et pour lors le Seigneur me disait; «Viens, âme, viens à moi, qui suis ton Dieu tout-puissant; et, bien que tu aies été prodigue et pécheresse, élève-toi de cette terre et viens à moi, qui suis ton père; reçois l’étole de mon amitié et l’anneau de mon alliance.»

4. Étant dans l’état que je dis, je vis un jour les six anges que le Tout-Puissant me destina pour m’assister et me diriger dans cet ouvrage (et dans d’autres occasions de combat), et ils me purifièrent et disposèrent. Ensuite ils me présentèrent au Seigneur, et sa Majesté enrichit mon dîne d’une nouvelle lumière et d’une qualité (comme de gloire) qui me disposèrent et fortifièrent pour apercevoir et connaître ce qui est au-dessus de, mes forces naturelles. Après, deux autres anges, d’une hiérarchie supérieure, m’apparurent, ils m’appelèrent d’une puissante force de la part du Seigneur; et il me fat révélé qu’ils étaient très-mystérieux, et qu’ils me voulaient découvrir de profonds secrets. Je leur répondis avec un grand souci (passionnée de jouir de ce bien qu’ils m’annonçaient) que je désirais ardemment de voir ce qu’ils me voulaient découvrir, et ce qu’ils me cachaient avec mystère. Ils me dirent fort sévèrement: «O âme! arrête-toi.» Et m’adressant à eux, je leur dis; «Princes du Tout-Puissant, messagers du grand Roi, pourquoi m’ayant appelée m’armez-vous à cette heure, violentant ainsi ma volonté, retardant ma consolation et ma joie? Quelle est votre force, et quel pouvoir est le vôtre, qui dans un même temps m’appelle, m’anime, me trouble et me retient, puisque c’est presque une même chose que de m’attirer après les douces odeurs de mon aimable Maître, et de me lier avec de fortes chaînes ? Dites-m’en, s’il vous plaît, la raison. Ils me répondirent; «Parce qu’il faut que tu te dépouilles de tous a tes appétits et de toutes tes passions pour arriver à ces hauts mystères, qui ne s’accordent pas avec les perverses inclinations de la nature. Déchausse-toi donc comme Moïse, qui en reçut le commandement pour voir ce merveilleux buisson .» Je leur répondis; «Mes princes et mes seigneurs, on demanda beaucoup de Moïse en exigeant qu’il eût des opérations angéliques dans une nature corrompue et mortelle; mais il était saint et juste, et je ne suis qu’une pécheresse remplie de misères et soumise à cette malheureuse loi du péché si contraire à celle de l’esprit .» A quoi ils repartirent; «On te demanderait une chose très-malaisée s’il te fallait l’exécuter par tes seules forces; mais le Très-Haut veut et demande ces dispositions; il est puissant, et il ne te refusera pas son secours si tu le lui demandes avec ardeur; et si tu te disposes à le recevoir. Ce même il pouvoir qui faisait brûler le buisson sans le cousumer , pourra bien empêcher que l’âme plongée a dans les flammes des plus fortes passions, ne se brille si elle veut s’en délivrer. Sa Majesté de mande ce qu’elle veut, et peut ce qu’elle demande; et avec son secours tu pourras ce qu’elle te commande . Dépouille-toi de cette loi dit péché, pleure amèrement, crie du profond de ton cœur, afin que ta prière soit exaucée et ton désir accompli.»

5. Je vis ensuite un voile qui couvrait un très-riche trésor, et je souhaitais avec passion qu’il fût tiré, afin que la merveille que ces intelligences me montraient comme un profond mystère, me fût découverte. Et l’on me répondit; «Âme, obéis à ce qu’il t’est commandé: dépouille-toi de toi-même, et l’on te découvrira ce qu’on te cache.» Je proposai de changer de vie et de vaincre mes appétits; je versais des torrents de larmes, je poussais de profonds soupirs et de tendres gémissements, afin de mériter la connaissance de ce secret; et à mesure que je proposais, le voile qui couvrait mon trésor se retirait. Il fut enfin tout à fait retiré, et je vis en esprit te que je ne saurais exprimer. Un grand et mystérieux signe me parut dans le ciel: je vis une femme, une dame, une très-belle reine couronnée d’étoiles, revêtue du soleil, qui avait la lune sous les pieds . Et les anges me dirent; «Celle que tu vois est cette heureuse femme qui parut à saint Jean dans son Apocalypse, et dans laquelle sont renfermés, mis en dépôt et, scellés, les merveilleux mystères de la rédemption. Le Très-Haut et Tout-Puissant si fort favorisé et enrichi cette dame, que tous les esprits célestes en sont dans l’admiration. Considère et contemple ses excellences, écris-les, car on t’en donne la connaissance pour cela aussi bien que pour ton profit.» Les merveilles que je découvris sont si grandes et en si grand nombre, qu’elles me rendent muette, et, la connaissance que j’en ai me ravit; et je crois même, que tous ne sont pas capables de connaître et de pénétrer, dans cette vie mortelle, ce que je dois déclarer dans la suite de cet ouvrage.

6. Un autre jour, dans le même état où j’étais, et dans une grande quiétude et sérénité de mon âme, fouis la voix du Très-Haut qui me disait; «Ma chère, épouse, je veux maintenant que tu te détermines sans plus balancer, que tu me cherches avec zèle, que tu m’aimes avec ferveur, que ta vie soit plus angélique qui humaine, et que tu oublies tout ce qui appartient à la terre; je veux t’élever de tes bassesses et de ton bourbier , comme une pauvre: misérable et nécessiteuse, et que dans toit élévation tu t’abaisses, que tes vertus rendent une douce et agréable odeur en ma présence ; et que dans la connaissance de tes faiblesses et de tes péchés, tu te persuades fortement que tu mérites les tribulations et les peines que tu souffres. Contemple ma grandeur et ta bassesse; considère que je suis juste et saint, que je t’afflige avec raison, et que je suis toujours miséricordieux, ne te châtiant pas comme a ton indignité le, demanderait. Efforce-toi d’acquérir a sur ce fondement de l’humilité toutes les autres vertus, afin que tu accomplisses ma volonté; et je te destine ma Mère pour ta maîtresse, afin qu’elle t’enseigne, te corrige et te reprenne; elle t’instruira, et dressera tes voies à tout ce qui me sera le plus agréable.»

7. J’étais en présence de cette Reine lorsque le Seigneur me tint ce discours, et cette divine Princesse ne dédaigna point d’accepter l’office que Sa Majesté lui donnait; elle l’accepta avec beaucoup de bonté et me dit: «Ma fille, je veux que tu sois ma disciple et mon associée, je serai ta maîtresse; mais sache que tu dois m’obéir aveuglément, et que dès à présent on ne doit plus reconnaître en toi aucun reste de fille d’Adam. Ma vie, et tout ce que j’ai a fait dans mon état mortel, et les merveilles que la puissance du Très-Haut a opérées en moi, te doivent servir de miroir et de règle.» Je me prosternai alors devant le trône du Roi et de la Reine de l’univers, et je m’offris d’obéir en tout ce qu’ils me commanderaient, rendant des grâces infinies au Seigneur de l’honneur et de la faveur qu’il me faisait, si au-dessus de mes mérites, que de me donner une telle guide et protectrice. Je renouvelai les vœux de ma profession entre ses mains, et m’offris de nouveau de lui obéir et de coopérer de toutes mes forces à l’amendement de ma vie. Le Seigneur me dit: «Prends garde et vois.» Ce qu’ayant fait, je vis une fort belle échelle à plusieurs échelons, une grande multitude d’anges autour, et d’autres qui descendaient et qui montaient. Et sa Majesté me dit: «C’est cette mystérieuse échelle de Jacob qui est la maison de Dieu et la porte du ciel . Si tu te disposes, et que ta vie soit telle, que je n’y trouve rien à reprendre, tu viendras à moi par elle.»

8. Cette promesse excitait mon désir, animait ma volonté, suspendait mon esprit, et je me plaignais de me sentir contraire à moi-même . Je soupirais après la fin de ma captivité, et pour arriver au lieu où il n’y a point d’obstacle au véritable amour. Je fus quelques jours dans ces peines, tachant néanmoins de me perfectionner par une nouvelle confession générale, et par le retranchement des imperfections que je pouvais découvrir en moi. Je continuais de voir l’échelle, mais je n’en comprenais pas encore le mystère. Je promis au Seigneur de m’éloigner toujours plus de toutes les vanités mondaines, et de mettre ma volonté en liberté pour l’aimer sur toutes choses, sans la laisser broncher même aux apparences des moindres défauts: je renonçai à tout le fabuleux et le visible, et je l’abandonnai. Et ayant passé quelques jours dans ces affections et dans ces dispositions, le Très-Haut me déclara que cette échelle était la vie, les vertus et les mystères de la très-sainte Vierge Marie; et sa Majesté me dit: «Je veux, ma chère épouse, que tu montes par cette échelle de Jacob, et que tu entres par cette porte du ciel pour connaître mes attributs et pour contempler ma divinité. Monte donc et avance-toi, viens à moi par elle. Ces anges qui l’accompagnent et qui la servent a sont ceux que j’ai destinés pour sa garde et pour la défense de cette sainte cité de Sion; fais en sorte qu’en méditant ses vertus, tu travailles à les imiter.» Il me sembla que je montais par cette échelle, et qu’en y montant je connaissais et je découvrais la plus grande des merveilles, et le plus ineffable prodige du Seigneur dans une pure créature, la plus grande sainteté et la plus grande perfection des vertus que le bras du Tout-Puissant eût jamais opérées. Je voyais au haut de l’échelle le Seigneur des seigneurs et la Reine de tout ce qui est créé, qui me commandèrent de le glorifier, de le louer et de l’exalter pour, de si magnifiques mystères , et d’écrire ce que j’en comprendrais. Le Seigneur tout-puissant m’écrivit avec son doigt dans des tables bien plus augustes que celles de Moïse, une loi que je devais méditer et que je devais observer ; il me fut inspiré de la manifester en sa présence à la très-pure Vierge, que Marie vaincrait ma résistance et mon incapacité, et qu’avec son aide j’écrirais sa très-sainte vie, qui produirait les trois réflexions que je souhaite. La première, que l’on connaisse et que l’on pénètre sérieusement le profond respect et la révérence que l’on doit à Dieu; que la créature se doit d’autant plus humilier et abaisser, que son immense Majesté se familiarise plus avec elle, et que les plus grands bienfaits et les faveurs les plus signalées doivent être le motif d’une plus grande crainte, révérence, assiduité et humilité. La seconde, afin que le genre humain, ayant si fort oublié son remède, découvre ce qu’il doit à sa Reine et charitable Mère touchant l’ouvrage de la rédemption, le grand amour et le profond respect qu’elle eut pour son Dieu, et ceux que nous devons avoir pour cette aimable princesse. La troisième, afin que mon directeur, et tout le monde, s’il est nécessaire, connaissent ma bassesse, ma lâcheté et le peu de soin que j’ai de correspondre aux grâces que je reçois.

9. La très-sainte Vierge, répondant à mon désir, me dit: «Ma fille, le monde a un grand besoin de cette doctrine, parce qu’il ignore la révérence qui est due au Seigneur tout-puissant, et qu’il y manque; et par cette ignorance les hommes provoquent se justice, qui les afflige et les abat; ils croupissent dans l’oubli de ses vérités; aveuglés qu’ils sont par leurs propres ténèbres, ils ne s’avisent las de recourir à la lumière, qui les dissiperait; et cela leur arrive parce qu’ils manquent de cette crainte et de ce respect qu’ils lui doivent.» Le Très-Haut et la Reine des anges me donnèrent ces avis et plusieurs autres pour me faire connaître leur volonté dans cet ouvrage. Alors j’eus de la confusion de mon peu de charité à l’égard du prochain, et de la répugnance que j’avais portée jusqu’alors aux offres que cette princesse me faisait de me protéger et de m’assister dans la manifestation de l’histoire de sa très-sainte vie, voyant bien qu’il n’était pas à propos de la différer à un autre temps, parce que le Seigneur tri avait fait connaître que celui-ci était le plus convenable; et après cela il me tint ce discours; «Ma fille, lorsque j’envoyai mon l’ils unique an monde, les hommes étaient dans le plus pitoyable état où ils eussent jamais été, excepté le petit nombre qui nie servait La nature humaine est si imparfaits, que, si elle ne se soumet à la direction intérieure de ma grâce et à la pratique de ce que mes ministres enseignent, en assujettissant sa propre volonté et me suivant, moi, qui suis la voie, la vérité et la vie , par l’observance de mes commandements, qui conserve mon amitié, elle tombe à l’instant dans de profondes ténèbres, se plonge dans des misères sans nombre, et va d’abîme en abîme dans l’obstination du péché. Depuis la création et le péché du premier homme, jusqu’à la loi que je donnai à Moise , ils se gouvernèrent selon leurs propres et perverses inclinations, ils tombèrent dans de très-grandes erreurs, et ils y persévérèrent même après la loi, à laquelle ils ne voulurent pas se soumettre, et, marchant et s’éloignant ainsi toujours de la lumière et de la vérité, ils s’abîmèrent dans le malheureux oubli et de Dieu et d’eux-mêmes. J’envoyai alors, par un amour de père, le salut éternel et le remède à la nature humaine pour la guérir de ses infirmités; de sorte que j’ai justifié ma cause. Et comme je me servis alors du temps de la plus grande misère pour faire éclater davantage ma plus grande miséricorde , je veux maintenant départir aux hommes une nouvelle faveur, parce que le temps propre à la faire sentir est arrivé, en attendant que mon heure vienne, en laquelle le monde se trouvera si chargé d’iniquités, et la mesure des pécheurs si remplie, qu’ils connaîtront et seront contraints de confesser la juste cause de mon indignation. Je manifesterai alors ma justice, mon courroux et mon équité, et je ferai connaître par là combien ma conduite a été équitable à leur égard. Pour les confondre davantage, voici le temps où ma miséricorde va fort éclater, et auquel je veux que u mon amour ne soit point oisif; maintenant que le monde est arrivé au plus malheureux siècle qui se soit passé depuis l’incarnation du Verbe, auquel les a hommes négligent d’autant plus leur bien, qu’ils devraient le chercher avec plus d’ardeur; en ce temps auquel la fin de leur vie passagère approché, et auquel la nuit de l’éternité pour les réprouvés va succéder au soleil de la grâce, qui doit faire naître aux justes un jour sans nuit et éternel; en ce temps auquel la plupart des mortels sont plongés dans les ténèbres de leur ignorance et dans l’abîme de leurs péchés, opprimant et persécutant les justes, et se moquant ouvertement de mes fidèles enfants; a en ce temps que cette inique raison d’État, autant odieuse à ma sagesse qu’injurieuse à ma providence, méprise si fort ma sainte loi, et lorsque les méchants se rendent plus indignes de mes faveurs Ayant égard aux justes qui se trouvent dans cet heureux temps pour eux, je leur veux ouvrir à tous une à porte par laquelle ils pourront avoir accès à ma miséricorde, et leur donner un flambeau, afin qu’ils soient éclairés dans les ténèbres de leur aveuglement. Je leur veux donner un souverain remède, s’ils veulent s’en servir, pour arriver à ma grâce; ceux qui le trouveront seront fort heureux, ceux qui en connaîtront la valeur ne le seront pas moins , ceux qui posséderont ce trésor, posséderont les véritables richesses, et ceux qui le méditeront avec respect, tâchant d’en concevoir les mystères, seront les véritables sages. Je veux que les hommes sachent combien vaut l’intercession de Celle qui fut le remède à leurs péchés, lorsqu’elle donna dans son sein virginal la vie mortelle à l’Immortel. Je veux qu’ils aient pour miroir, dans lequel ils puissent voir leur ingratitude, les merveilles que ma puissance a opérées dans cette créature. Je leur veux découvrir plusieurs de celles que j’ai faites en elle en qualité de Mère de mon Fils incarné pour le genre humain, et qui ont été cachées jusqu’à présent par mes secrets jugements.

10. «Je n’ai pas manifesté ces merveilles dans la primitive Église, parce qu’elles contiennent des mystères si relevés et si sublimes, que les fidèles se seraient arrêtés à les approfondir et à les admirer, lors:qu’il était nécessaire d’établir la Loi de grâce et de publier l’Évangile. Et, bien que cela n’eût pas été incompatible, néanmoins l’esprit humain, tout rempli d’ignorance, pouvaitrecevoir quelques troubles et souffrir quelques doutes, dans un temps que la foi de l’incarnation et de la rédemption était encore a faible, et les préceptes de la nouvelle loi dans le berceau. Et ce fut pour cela que le Verbe fait homme dit à ses disciples dans la dernière cène: J’aurais à vous dire plusieurs choses, mais vous n’êtes pas à présent disposés à les recevoir . Il parla en leurs personnes à tout le monde, qui était encore moins disposé, avant l’établissement de la loi et de la foi du Fils, à recevoir la foi et à connaître les mystères de sa Mère. Présentement la nécessité en est bien plus grande, et cette nécessité m’est un motif plus pressant que la mauvaise disposition que j’y trouve. Et si les hommes m’obligeaient par leurs religieux procédés en connaissant et révérant avec respect les merveilles que cette Mère de miséricorde renferme en soi, et s’ils réclamaient de cœur et avec sincérité son intercession, ils trouveraient quelque remède à leurs malheurs. Je leur présente cette mystique Cité de refuge: fais-en la description et le récit, selon que ta faiblesse te le permettra. Je ne veux pas qu’on les regarde comme des opinions ou de simples visions, mais comme une vérité constante et certaine. Que ceux qui ont des oreilles entendent ; que ceux qui ont soif viennent aux eaux vives , et laissent les citernes croupissantes; que ceux qui aiment la lumière la suivent jusqu’à la fin.» C’est ce que le Seigneur Dieu tout-puissant dit.

11. Ce sont les paroles que le Très-Haut me dit sur le sujet que je viens de raconter. Je dirai au chapitre suivant de quelle manière je reçois cette doctrine et cette lumière, et comment je connais le Seigneur; exécutant en cela l’obéissance, qui me l’ordonne. Ainsi, dans la suite, tous seront informés de la nature des connaissances et des miséricordes que je reçois.

La cité mystique de Dieu – Introduction a la vie de la Reine du Ciel

Des raisons qu’on a eues de l’écrire, et de plusieurs autres avis sur ce sujet.

1. Si dans ces derniers siècles quelqu’un entend dire qu’une simple fille, qui n’est par son sexe qu’ignorance et que faiblesse, et par ses péchés que la plus indigne de toutes les créatures, se soit hasardée et déterminée d’écrire des choses divines et surnaturelles, je ne serai pas surprise qu’il me traite de téméraire, de présomptueuse et de légère: singulièrement dans un temps auquel notre mère la sainte Église est remplie de docteurs, d’hommes très-savants, et éclairés de la doctrine des sainte Pères, qui ont développé tout ce qu’il y a de plus caché et de plus obscur dans les mystères de la religion. Il y a pourtant des personnes prudentes, savantes et pieuses, qui, ne pénétrant pas les voies spirituelles et surnaturelles, par lesquelles Dieu conduit extraordinairement les âmes, fatiguent leurs consciences, et les mettent dans le trouble et dans la perplexité, suivant en cela le sentiment du commun du monde, qui croit que ces voies, qu’il ne comprend pas, sont dans le christianisme des voies incertaines et dangereuses; mais si ces personnes considèrent sans préoccupation les motifs surnaturels qui m’ont nécessitée d’écrire sur des matières si sublimes et infiniment au-dessus de ma faiblesse et de ma capacité, elles trouveront la justification de ma témérité dans mon obéissance aveugle aux ordres si souvent réitérés du Ciel, et dans les douces violences qu’il m’a faites pour vaincre mes répugnances intérieures. Mais ce qui peut beaucoup mieux servir de garant à tout ce que je viens de dire, pour excuser mon entreprise, c’est la matière dont je traite dans cette divine histoire, qui étant au-dessus de l’esprit humain, doit faire conclure qu’une cause supérieure en est le principe, et qu’il n’y a que l’Esprit divin qui en ait dicté les conceptions et les vérités sublimes qu’elle renferme.

2. Les véritables enfants de la sainte Église doivent avouer que tous les mortels sont incapables, ignorants et muets, non-seulement par leurs forces naturelles, mais même ces forces étant jointes à celles de la grâce commune et ordinaire, pour une entreprise aussi difficile que l’est celle d’expliquer, ou d’écrire les mystères cachés et les magnifiques faveurs que le puissant bras du Très-Haut opéra en la sainte Vierge, dont, la voulant faire Sa mère, il fit une mer impénétrable de sa grâce et de ses dons, ayant déposé en elle les plus grands trésors de sa divinité: et quel sujet y aura-t-il d’être surpris que notre ignorance et notre faiblesse s’en reconnaissent incapables, puisque les esprits angéliques sont dans le même sentiment, et avouent qu’ils ne font que bégayer lorsqu’il s’agit de parler des choses qui sont si fort au-dessus de leurs pensées et de leurs connaissances? C’est pourquoi la vie de ce phénix des œuvres de Dieu est un livre si sacré et si bien fermé, qu’il ne se trouvera aucune créature dans le ciel, ni sur la terre, qui le puisse dignement ouvrir: le Tout-puissant seul, qui l’a formée la plus excellente de toutes les créatures, ayant ce pouvoir; et après lui, notre auguste Reine, qui ayant été digne de recevoir tant de dons ineffables, fut aussi sans doute digne de les connaître. Et il dépend de son Fils unique de les manifester de la manière et au temps qu’il lui plaira, et de choisir les instruments qu’il aura proportionnés pour les déclarer, et qui seront les plus propres pour sa plus grande gloire.

3. Si le choix était à ma liberté, j’en donnerais la commission aux hommes les plus saints et les plus savante de l’Église catholique, qui nous ont enseigné le chemin de la vérité et de la lumière. Mais les jugements et les pensées du Très-Haut sont autant élevés au-dessus des nôtres, que le ciel est distant de la terre, personne ne les pouvant pénétrer, ni le conseiller dans ses. œuvres; c’est lui qui a entre ses mains le poids du sanctuaire et qui pèse les vents; il comprend tous les cieux; et par l’équité de ses très-saints conseils dispose toutes choses avec poids et mesure. Il distribue par sa très-juste bonté la lumière de sa sagesse; personne ne la peut aller tirer du ciel; ses voies noué sont impénétrables; cette sagesse ne se trouve qu’en lui-même; et il la communique aux nations par les âmes saintes, comme une vapeur émanée de son immense charité, comme un très-pur rayon de sa lumière éternelle, et comme un miroir sans tache et une image de sa bonté divine, afin de se faire par son moyen et des amis et des prophètes. Le Seigneur sait pourquoi il m’a élue et appelée, étant la plus abjecte de toutes les créatures; pourquoi il m’a élevée, m’a conduite et disposée; pourquoi il m’a obligée et contrainte d’écrire la vie de sa digne Mère, notre Reine et notre Maîtresse.

4. Je ne crois pas qu’une personne prudente puisse s’imaginer que, sans ce mouvement et cette force de la puissante main du Très-Haut, aucun esprit humain ait pu avoir cette pensée, ni que j’aie pu faire cette résolution; je reconnais et déclare mon impuissance et ma faiblesse pour une telle entreprise: mais comme il ne m’a pas été possible de la former de moi-même, je n’ai pas dû y résister avec opiniâtreté. Et afin qu’on en puisse juger solidement, je raconterai avec une sincère vérité quelque chose de ce qui m’est arrivé sur ce sujet.

5. La huitième année de la fondation de ce couvent, et dans la vingt-cinquième de mon âge, l’obéissance me fit prendre la charge de supérieure, que j’y exerce indignement: ce qui me causa beaucoup de troubles et d’afflictions, une grande tristesse et une extrême lâcheté; parce que ni mon âge, ni mes souhaits ne me portaient point à commander, mais bien plutôt à obéir: mes craintes même s’augmentaient, tant parce que je sus que pour me donner cette charge on avait eu recours à des dispenses, que pour plusieurs autres justes raisons; de manière que le Très-Haut a crucifié mon cœur durant toute ma vie par une continuelle frayeur, que je ne puis exprimer, et qui est causée par l’incertitude où je me trouvais, ne sachant si j’étais dans le bon chemin, si je perdrais son amitié, ou si je jouissais de sa grâce.

6. Dans cette tribulation, j’adressai ma prière et la voix de mon cœur au Seigneur, afin qu’il me secourut, et qu’il me délivrât de ce danger et de cette charge, si c’était sa volonté. Et, quoiqu’il soit vrai que sa divine Majesté m’est prévenue quelque temps auparavant en me commandant de la recevoir, bien que je m’en excusasse avec beaucoup d’humilité, elle-me consolait pourtant toujours, en me manifestant que c’était son bon plaisir; nonobstant tout cela, je ne discontinuai point mes demandes: au contraire je les redoublai, parce que je connaissais, et je voyais dans le Seigneur une chose très-digne d’admiration: et c’était que, nonobstant que sa divine Majesté me découvrit que telle était sa très-sainte volonté, que je ne pouvais point empêcher, j’apercevais pourtant qu’elle me laissait libre, afin que je pusse m’en dispenser, ou y résister, étant libre de faire ce que je voudrais; mais comme créature faible, je reconnaissais combien mon incapacité était grande en toutes les manières: car les œuvres du Seigneur envers nous sont toujours accompagnées d’une égale prudence. C’est pourquoi, connaissant la liberté dans laquelle j’étais, je fis plusieurs instances pour m’excuser d’un péril si évident, qui est si peu connu de la nature corrompue, de ses inclinations déréglées et de son aveugle concupiscence. Mais le Seigneur continuait toujours à me faire connaître que c’était sa volonté, et me consolait par lui-même et par les saints anges, qui m’exhortaient incessamment de lui obéir.

7. Dans cette affliction, j’eus recours à ma divine Reine, comme à un singulier refuge de toutes mes peines, et lui ayant déclaré mes voies et mes désirs, elle daigna me répondre par ces très-douces paroles; «Ma fille, console-toi, et prends garde que le souci ne te fasse perdre la tranquillité de ton cœur. Efforce-toi de le prévenir et de t’y disposer; et sache que je serai ta mère et ta supérieure de même que de tes inférieures; tu m’obéiras, et je suppléerai à tes manquements; tu ne seras que ma coadjutrice, et c’est par toi que j’accomplirai la volonté de mon Fils et de mon Dieu.» Ce sont les paroles que notre auguste Princesse me dit, auxquelles je trouvai autant de consolation que de profit pour mon âme; c’est pourquoi je pris courage, et je modérai ma tristesse; dès ce jour, la Mère de miséricorde augmenta les faveurs qu’elle faisait à sa très-humble servante; parce que dans la suite ses communications me furent plus intimes et plus assidues, me recevant, m’écoutant et m’enseignant avec une bonté ineffable; elle me consolait et me conseillait dans mes afflictions, remplissant mon âme d’une lumière céleste, et d’une doctrine divine: elle me commanda de renouveler les vœux de ma profession entre ses mains; après quoi, cette très-aimable Mère se familiarisa davantage avec sa servante, et ôta le voile aux mystères très-relevés et très-magnifiques, qui sont renfermés dans sa vie, et qui sont cachés aux mortels. Et quoique cette insigne faveur et cette lumière surnaturelle fussent continuelles (singulièrement aux jours de ses fêtes, et dans d’autres différentes occasions, auxquelles je connus plusieurs mystères), ce n’était pourtant pas avec cette plénitude et avec cette clarté dont je jouissais lorsqu’elle me les a enseignés dans la suite; y ajoutant plusieurs fois le commandement de les écrire de la manière que je les concevrais, et qu’elle me les dicterait et me les enseignerait. Ce fut principalement dans le jour d’une dos fêtes de cette très-sainte Vierge, que le Très-Haut me dit qu’il tenait cachés plusieurs mystères qu’il avait opérés à l’égard de cette divine Reine, et plusieurs faveurs qu’il lui avait faites en qualité de salière, quand elle était encore voyageuse parmi les mortels; et qu’il voulait me les découvrir, afin que je les écrivisse comme elle me les enseignerait. Je résistai pourtant pendant dix ans à cette volonté de Dieu, jusqu’à ce que je commençai la première fois d’écrire cette divine histoire.

8. Ayant auparavant communiqué les peines que j’avais sur ce sujet aux princes célestes que le Tout-Puissant avait destinés pour me conduire dans cet important ouvrage, et leur Ayant déclaré les troubles de mon esprit et les afflictions de mon cœur,et combien je me reconnaissais faible et incapable d’une telle entreprise, ils me répondirent plusieurs fois que c’était la volonté du Très-Haut que j’écrivisse la vie de sa très-pure Mère. Mais ce fut principalement un jour dans lequel je m’obstinais de leur représenter avec ardeur mes difficultés, mes impossibilités et mes craintes, qu’ils me répondirent; «C’est avec sujet, ô âme! que tu perds courage, et que tu te troubles; que tu doutes, et que tu prends de si grandes précautions dans une affaire d’une telle importance; puisque nous-mêmes, nous nous reconnaissons incapables d’expliquer des choses aussi relevées et aussi sublimes que celles que le puissant bras du Seigneur a opérées en faveur de la Mère de piété, notre auguste Reine. Mais prends garde, notre très-chère sœur, que tout l’univers manquera, etque tout ce qui a l’être s’anéantira, avant que la parole du Très-Haut manque; il l’a engagée fort souvent en faveur de ses créatures, et elle se trouve dans les saintes Écritures, qu’il a laissées à son Église, dans lesquelles il est dit que l’obéissant chantera victoire de ses ennemis, et qu’il ne sera point repris d’avoir obéi. Lorsqu’il créa le premier homme, et qu’il lui défendit de manger du fruit de l’arbre de science, alors il établit cette vertu d’obéissance; et jurant, il jura pour assurer davantage l’homme (car c’est la coutume du Seigneur, comme il le fit à Abraham, lorsqu’il lui promit que le Messie descendrait de sa lignée, et qu’il le lui donnerait avec assurance de jurement). Il en usa de même lorsqu’il créa le premier homme, en l’assurant que l’obéissant n’errerait point. Il réitéra aussi ce jurement lorsqu’il commanda que son très-saint Fils mourût; et il assura tous les hommes que qui obéirait à ce second Adam, en l’imitant dans son obéissance, par laquelle il restaura ce que le premier avait perdu par sa rébellion, vivrait éternellement, et que l’ennemi n’aurait nulle part en ses pauvres. Sache, Marie, que toute obéissance vient de Dieu comme de sa principale, et première cause; nous nous soumettons nous-mêmes au pouvoir de sa divine droite, et nous obéissons à sa très juste volonté, à laquelle nous ne pouvons résister, la connaissant, puisque nous voyons face à face l’Être immuable du Très-Haut, dans lequel nous découvrons que cette volonté est sainte, pure, véritable et juste. Or cette certitude que nous en avons par la vue béatifique, vous l’avez aussi, ô mortels! mais a respectivement, et selon la capacité de voyageurs, a comme il est déclaré par ces paroles de l’Écriture, où le Seigneur dit, parlant des prélats et des supérieurs: Qui vous écoute, m’écoute; et qui vous obéit, m’obéit.. Et comme c’est en vertu de ces divines paroles qu’on a obéit à un homme pour l’amour de Dieu, qui est le véritable supérieur, il est aussi de sa divine Providence de rendre les voies des obéissants assurées et irrépréhensibles, lorsque ce que l’on commande n’est point une matière de péché: c’est pourquoi le Seigneur l’assure avec serment, et il cessera d’être (ce qui est impossible) plutôt que sa parole ne manque. Or, comme les enfants sont dans la dé pendante de leurs pères, et que tous les hommes sont renfermés dans la volonté d’Adam, et que naturellement ils multiplient cette dépendance dans leur postérité; de même tous les prélats procèdent et dépendent de Dieu, comme du souverain Seigneur, au nom duquel nous obéissons à nos supérieurs, vous a à vos prélats, et nous aux anges, qui sont d’une hiérarchie supérieure, et les uns et les autres à Dieu. Or souviens-toi, âme très-chère, que tous t’ont ordonné et commandé ce que tu crains pourtant de faire; que si voulant obéir, Dieu ne le jugeait point convenable, il ferait à l’égard de ta plume ce qu’il a pratiqué envers l’obéissant Abraham lorsqu’il sacrifiait son fils Isaac, commandant à un d’entre nous d’arrêter le bras et le couteau; dans le cas présent, il ne nous commande point d’arrêter ta plume: au con traire, il nous ordonne de la conduire, de t’assister, de te fortifier et d’éclairer ton entendement, selon sa divine volonté.»

9. Les saints anges destinés à me conduire dans cet ouvrage, me tinrent ces discours dans cette occasion. Le prince saint Michel me déclara aussi en plusieurs autres que c’était la volonté et le commandement du Très-Haut. Et j’ai découvert par les illustrations, par les faveurs et par les instructions continuelles de ce grand prince, des mystères magnifiques du Seigneur et de la Reine du ciel; parce que ce saint archange fut un de ceux qui l’assista, qui la servit, et qui, entre tous les ordres et toutes les hiérarchies, fut principalement destiné à sa garde, comme je le dirai en son lieu; et étant conjointement le patron et le protecteur universel de la sainte Église, il fut singulièrement en toutes choses le témoin et le ministre très-fidèle des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption, ce que j’ai appris plusieurs fois de lui-même; et par, sa protection j’ai reçu de très-grands bienfaits; et des secours très-considérables dans mes afflictions et dans mes combats, m’ayant promis de m’assister et de m’enseigner dans cet ouvrage.

10. Outre tous ces commandements et plusieurs autres, dont je parlerai dans la suite, je déclare ici que le Seigneur m’a commandé lui-même ce que ses anges et mes directeurs m’avaient auparavant fait connaître que c’était sa sainte volonté, comme l’on pourra juger par ce que j’en vais dire.

Un jour de la présentation de la très-sainte Vierge, la divine Majesté me tint ce discours: «Ma chère épouse, il y a plusieurs mystères de ma Mère et des Saints, qui sont manifestés dans mon Église militante; mais il y en a beaucoup de cachés, et surtout ceux qui se sont passés dans leur intérieur. Je veux découvrir ces mystères, mais particulièrement ceux qui regardent ma très-pure Mère, et je veux que tu les écrives, selon que tu en seras instruite. Je te les déclarerai, je te les montrerai: les ayant réservés jusqu’ici par les secrets jugements de ma sagesse, parce que le temps n’était pas convenable à ma providence. Il est maintenant venu, et c’est ma volonté que tu les écrives. O âme! obéis-moi.».

11. Toutes les choses que je viens de dire, et beaucoup d’autres que je pourrais déclarer, ne furent pas assez puissantes pour me déterminer à un ouvrage si difficile, et si fort au-dessus de mon sexe et de mon ignorance, si mes supérieurs, qui ont dirigé mon àneet qui m’ont enseigné lechemin de la vérité, ne m’en avaient fait un commandement exprès: parce que mes craintes et mes doutes sont d’une telle qualité, qu’ils ne me laisseraient point en repos dans une matière de cette nature; puisque tout ce que je puis faire, c’est de me calmer par l’obéissance dans d’autres faveurs surnaturelles, et qui sont moins importantes. Ayant toujours penché de ce côté-là, comme une pauvre ignorante que je suis, parce que l’on doit soumettre toutes choses, pour relevées et certaines qu’elles paraissent, à l’approbation des docteurs et des ministres de la sainte Église. C’est ce que j’ai triché de faire dans la direction de mon âme, et singulièrement dans ce dessein d’écrire la vie de la Reine du ciel. Et afin que mes supérieurs n’agissent point par mes relations, il m’en a coulé de très-grandes peines, leur cachant autant qu’il m’était possible bien des choses, et demandant au Seigneur avec beaucoup de larmes qu’il les éclairât, qu’il les fit aller au but de sa très-sainte volonté (souhaitant plusieurs fois qu’il leur fit oublier ce dessein), et qu’ils m’empêchassent d’errer, si j’étais trompée.

12. J’avoue aussi que le démon, se prévalant de la faiblesse de mon naturel et de mes craintes, a fait de grands efforts pour m’empêcher d’entreprendre cet ouvrage, cherchant des moyens pour m’intimider et pour m’affliger. A quoi il aurait sans doute réussi, en me le faisant entièrement abandonner, si la prudente conduite et la persévérance invincible de mes supérieurs n’eussent vaincu ma lâcheté; c’est pourquoi ce malin prince des ténèbres fut cause que le Seigneur, la très-sainte Vierge et les anges me donnèrent de nouvelles lumières, firent paraître de nouveaux signes, et éclater de nouvelles merveilles. Nonobstant tout cela, je différai, ou, pour mieux dire, je résistai plusieurs années à leur obéir (comme je le dirai dans la suite), sans avoir osé former le dessein de toucher à un sujet qui est si fort au-dessus de mes forces. Et je ne crois pas que ce fût par une providence particulière de sa divine Majesté: parce que pendant ce temps-là il m ‘est arrivé tant d’événements, et, je puis dire, tant de mystères, tant d’afflictions si extraordinaires et si différentes, que je n’aurais pu, dans cet état, jouir du repos et de la sérénité d’esprit qu’il faut avoir pour recevoir cette lumière et cette science: puisque sans ce calme la partie supérieure de l’âme ne peut être disposée dans quelque état qu’elle se trouve (même le plus relevé et le plus avantageux) à recevoir une influence si sublime, si sainte et si délicate. Outre cette raison de mon indétermination, j’en ai eu une autre, qui était mon instruction particulière, que je devais acquérir par un si long délai, et qui devait me rassurer en même temps par de nouvelles lumières, que l’on acquiert avec le temps et avec la prudence qu’une longue expérience donne. Mais enfin je découvris par ma persévérance quelle était la volonté de Dieu, qui me fut manifestée par les commandements réitérés du Seigneur, de ses saints anges et de mes supérieurs, qui me pressaient incessamment de ne plus résister aux lumières du Ciel, m’ordonnant de mettre fin à mes plaintes, de me rassurer, de revenir de toutes mes frayeurs, de mes lâchetés et de mes doutes, et de confier uniquement à la volonté du Seigneur ce que je n’osais entreprendre en vue de ma faiblesse.

13. Tous ces motifs m’obligèrent de me soumettre à cette grande vertu d’obéissance, et je me déterminai au nom du Très-Haut et de mon auguste Reine et Maîtresse de vaincre ma volonté. J’appelle cette vertu grande, non-seulement parce qu’elle offre à Dieu ce qui est le plus noble dans la créature, en lui offrant l’entendement, le propre sentiment et la volonté en holocauste et en sacrifice, mais aussi parce qu’il n’en est point d’autre qui conduise avec plus de sûreté au véritable but; puisqu’en obéissant, la créature n’opère pas par elle-même, mais elle opère comme l’instrument de celui qui la conduit et la commande. Cette vertu rendit Abraham victorieux de la force de l’amour et de la nature envers Isaac. Que si elle fut assez puissante pour cela, si elle fut aussi assez puissante pour arrêter le cours du soleil et le mouvement des cieux, elle peut bien remuer un peu de cendre et de poussière! Si Oza se fût gouverné par l’obéissance, sans doute il n’aurait pas été puni comme téméraire, lorsqu’il le fut assez pour toucher l’arche. Je vois bien que j’étends la main pour toucher, quoique très-indigne, non point une arche inanimée, et qui n’était qu’une figure dans l’ancienne loi; mais l’Arche vivante du nouveau Testament, où la manne de la Divinité, la source de toutes les grâces, et sa très-sainte loi furent renfermées. Ainsi, si je me tais, je crains avec sujet de désobéir à tant de commandements: c’est pourquoi je pourrais dire avec Isaïe: Malheur à moi, parce que je me suis tue! Il vaut donc bien mieux, ma divine Reine, et mon auguste Maîtresse, que votre très-douce miséricorde, et les puissantes faveurs de votre main libérale reluisent dans ma bassesse il vaut bien mieux que vous me donniez cette charitable main pour obéir à vos commandements, plutôt que de tomber dans votre indignation par ma désobéissance. Vous ferez, ô très-pure Mère de piété, une chose, digne de votre clémence d’élever une misérable de la poussière, et de faire d’un sujet le plus faible et le plus incapable un instrument pour opérer des œuvres si difficiles et si sublimes, par lequel vous exalterez votre grâce, et celles que votre très saint fils vous a communiquées; et ainsi vous ôterez l’occasion à la présomption trompeuse qu’on pourrait avoir de s’imaginer que cet ouvrage se soit fait par l’industrie humaine, ou par la  » prudence terrestre, ou par la force et l’autorité de la dispute; puisqu’on aura plutôt lieu de croire que c’est par la vertu de la divine grâce que vous excitez de nouveau le cœur des fidèles, et les attirez après vous, qui ôtes une fontaine de piété et de miséricorde. Parlez donc, ma divine Maîtresse, car votre servante écoute avec une volonté ardente de vous obéir comme elle doit et comme il est juste. Mais comment pourrai-je proportionnel et égaler mes désirs à mea obligations? Le juste retour est impossible; mais s’il était possible, je le souhaiterais. O grande et puissante Reine! accomplissez vos promesses et vos paroles, en me manifestant vos grâces et vos attributs, afin que la connaissance de votre majesté et de vos grandeurs s’étende davantage parmi les nations; qu’elle passe de génération en génération, et que vous en soyez plus glorifiée. Parlez, ma souveraine Maîtresse, votre servante écoute; parlez, et exaltez le Très-Haut par les puissances et par les merveilleuses œuvres que sa droite a opérées dans votre humilité très-profonde; qu’elles passent de ses divines mains, faites au tour et pleines de jacinthes, dans les vôtres, et des vôtres à vos dévots serviteurs, afin que les anges le bénissent; que les justes le louent, que les pécheurs le recherchent, et que tous aient en ces mêmes œuvres un modèle d’une suprême sainteté, et d’une pureté sans tache, et afin que j’aie par la grâce de votre très saint Fils cette règle infaillible et ce miroir sans tache par le moyen desquels je puisse régler et composer ma vie, puisque ce doit être la première chose que je me dois proposer en écrivant la vôtre, comme vous me l’avez dit plusieurs fois, en me faisant la grâce de m’offrir un modèle vivant et un miroir animé, sur lequel je pusse embellir et orner mon âme pour être votre fille et l’épouse de votre très-saint Fils.

14. Voilà toute ma prétention. C’est pourquoi je n’écrirai point comme maîtresse, mais comme disciple; ce ne sera pas pour enseigner, mais pour apprendre; puisque les femmes sont obligées par leur condition de se taire dans la sainte Église, et d’y ouïr ses ministres. Je manifesterai néanmoins comme un instrument de la Reine du ciel ce qu’elle aura la bonté de m’enseigner, et ce qu’elle daignera me commander; parce que toutes les âmes sont capables de recevoir l’Esprit que son très-saint Fils promit d’envoyer sur toutes sortes de personnes et de sexe sans aucune exception; elles sont aussi capables de le manifester comme elles le reçoivent en leur manière convenable, lorsqu’une puissance supérieure l’ordonne par une prévoyance chrétienne, comme je crois que mes supérieurs l’ont déterminé. J’avoue que je puis errer, et que c’est le propre d’une fille ignorante; mais je ne crois pas que cela se puisse faire en obéissant, et si cela arrivait, ce ne serait point par ma volonté; ainsi je m’en remets, et je me soumets à ceux qui me gouvernent, et à la correction de la sainte Église catholique, prétendant d’avoir recours à ses ministres dans toutes mes difficultés. Je veux que mon supérieur, mon directeur et mon confesseur soient témoins, et censeurs de cette doctrine que je reçois, et qu’ils soient juges vigilante et sévères de la manière que je l’écris, ou en ce que je manquerai à y correspondre en réglant toutes mes obligations sur la mesure d’un si grand bienfait.

15. J’ai écrit une seconde fois par la volonté du Seigneur et par l’ordre de l’obéissance, cette divine histoire parce que, la première fois, la lumière par laquelle je connaissais ses mystères était si abondante, et mon incapacité si grande, que la langue ne put exprimer toutes, choses, que les termes ni la légèreté de la plume ne furent pas suffisants pour les déclarer. J’en laissai donc quelques-unes, et je me trouve aujourd’hui, avec le secours du temps et des nouvelles connaissances que j’ai reçues, plus disposée à les écrire; et ce sera même toujours en omettent beaucoup de ce que l’on me découvre, et de ce que j’ai connu; car il est absolument impossible de tout dire dans une si grande abondance.

Outre cette raison, le Seigneur m’en a fait connaître une autre: c’est que la première fois que j’écrivis, les soins du matériel et de l’ordre de cet ouvrage m’occupaient extrêmement, et alors les tentations et les craintes furent si grandes, les tempêtes qui me combattaient et m’agitaient si excessives, que, craignant de passer pour téméraire d’avoir mis la main à un ouvrage si difficile et si important, je me résolus de briller tout ce que j’en avais écrit; et je crois que ce ne fut point sans une permission singulière du Seigneur, parce que, dans les troubles où j’étais, mon âme n’était pas disposée à recevoir toutes les préparations convenables dont le Très-Haut la voulait prévenir pour que j’écrivisse, en gravant en elle sa doctrine; et pour m’obliger ensuite de l’écrire en la manière qu’il m’ordonne a présent, ce qui se peut inférer de l’événement qui suit.

16. Un jour de la Purification de Notre-Dame, après avoir reçu le très-saint Sacrement, je voulus célébrer cette sainte fête, parée que c’était le jour auquel je fis ma profession, en y rendant de très-humbles actions de grâces an Très-Haut pour avoir daigné me recevoir pour son épouse, tout indigne que je fusse de cet honneur. Et pendant que je pratiquais ces affections, je sentis dans mon intérieur un changement efficace causé par une très-abondante lumière, qui m’attirait et me mouvait fortement et doucement à la connaissance de l’Être de Dieu, de sa bonté, de ses perfections, de ses attributs, et à celle de ma propre misère, Dans le temps que ces objets s’introduisaient dans mon entendement, ils produisaient en moi divers effets: le premier était d’élever toute mon attention et ma volonté; et le second était de m’anéantir et de m’abîmer dans mes propres abjections; de sorte que mon être se détruisait, et alors je sentais une douleur très-sensible, et une très-grande contrition de mes péchés énormes, avec un ferme propos de m’en corriger; de renoncer à toutes les vanités du monde, et de m’élever par l’amour du Seigneur sur tout ce qui est terrestre. Je restais pâmée dans ces afflictions, les plus grandes peines m’étaient des consolations,et je trouvais la vie dans la mort. Le Seigneur ayant pitié de mes douleurs par sa seule miséricorde, me dit: Ne te décourage point, ma fille et mon épouse; parce que pour te pardonner tes péchés, pour te laver et te nettoyer de tes souillures, je t’appliquerai mes mérites infinis, et le sang que j’ai versé pour toi: tâche de pratiquer la perfection que tu désires en imitant la vie de ma très-sainte Mère: écris-là une seconde fois, afin que tu ajoutes ce qui y manque, et que tu imprimes dans ton cœur sa doctrine. Cesse donc d’irriter ma justice et d’être ingrate à ma miséricorde en brillant ce que tu en écriras, de crainte, que mon indignation ne t’ôte la lumière, qui a été donnée sans la mériter pour connaître et pour manifester ces mystères.»

17. Ensuite je vis la Mère de Dieu et de piété, qui me dit; «Ma fille, tu n’as point encore tiré le fruit nécessaire à ton âme de l’arbre de vie de mon histoire, que tu as écrite, et tu n’es pas arrivée à la moelle de sa substance; tu n’as pas assez cueilli de cette manne cachée: et tu n’as pas eu la dernière disposition à la, perfection qu’il te fallait, afin que le Tout-Puissant gravât et écrivit dans ton âme mes perfections et mes vertus. Je te veux donner moi-même les qualités et les ornements convenables pour te disposer à ce que la divine Bonté veut opérer en toi par mon intercession; je lui ai demandé là permission d’embellir et de parer ton âme de mes propres mains, et de la très-abondante grâce qu’il m’a communiquée, afin que tu écrives une seconde fois ma vie sans t’amuser au matériel, mais seulement su formel et au substantiel que tu y trouveras, te comportant passivement, sans mettre le moindre obstacle qui te puisse empêcher de recevoir le courant de la divine grâce que le Tout-Puissant m’adressa, et de donner passage à cette portion que la divine volonté te destine. Garde-toi bien de la limiter et de la rétrécir par ta lâcheté et par l’irrégularité de ta conduite.» Aussitôt je connus que la Mère de miséricorde me revêtait d’une robe plus blanche que la neige et plus brillante que le soleil. Elle me ceignit ensuite d’une ceinture très-précieuse, et me dit: «C’est une participation de ma pureté que je te donne.» Elle demanda au Seigneur une science infuse pour m’en orner, afin qu’elle me servit de très-beaux cheveux; elle lui demanda aussi plusieurs autres dons et pierreries; et quoique je visse qu’elles fussent d’un très-grand prix, je connaissais pourtant que j’en ignorais la valeur. Après avoir reçu cet ornement, la divine Reine me dit: «Tâche de m’imiter avec fidélité et avec diligence, et de devenir ma très-parfaite fille engendrée de mon esprit, et nourrie dans mon sein. Je te donne ma bénédiction, afin qu’en mon nom, par ma direction et par mon assistance, tu écrives une seconde fois ma vie.»

18. Pour garder donc quelque ordre dans cet ouvrage, et pour une plus grande clarté, je le divise en trois parties. La première traitera de tout ce qui appartient aux quinze premières années de la Reine du ciel, commençant dès sa très-pure conception jusqu’à ce que le Verbe éternel prit chair humaine dans son sein virginal; et de ce que le Très-Haut opéra durant ces années envers la très-sainte Vierge. La seconde partie contient le mystère de l’Incarnation, toute la vie de notre Seigneur Jésus-Christ, sa Passion, sa Mort, et son Ascension, qui fut le temps pendant lequel notre divine Reine demeura avec lui; faisant aussi mention de ce qu’elle y fit elle-même. Et la troisième renfermera le reste de la vie de cette Mère de la grâce, je veux dire depuis qu’elle se trouva privée de la douce présence de son File notre rédempteur Jésus-Christ, jusqu’au temps de son heureuse mort, de son Assomption, et de son Couronnement dans la gloire, comme Reine du ciel, pour y vivre éternellement, comme Fille du Père, Mère du Fils, Épouse du Saint-Esprit. Je divise ces trois parties en huit livres afin d’en faciliter l’usage, et d’en pouvoir faire le continuel objet de mon entendement, le continuel aiguillon de ma volonté, et le sujet ordinaire de ma méditation.

19. Tour déclarer avec ordre en quel temps j’écrivis cette divine histoire, il est bon que je fasse savoir que mon père frère François Coronel, et ma mère sœur Catherine de Arana fondèrent ce couvent des religieuses déchaussées de la Très-Immaculée Conception dans leur propre maison par la disposition et la volonté de Dieu, que ma mère connut par une révélation particulière. La fondation se fit le jour de l’octave de l’Épiphanie, le treizième de janvier de l’année 1619. Nous primes l’habit, ma mère, moi et ma sœur, le même jour: mon père alla aussi dans un autre couvent de l’ordre de notre séraphique Père saint François, oui doux de mes frères étaient déjà religieux; il y prit l’habit; il y fit profession, il y donna de grande exemples de vertus, et il y mourut saintement. Ma mère et moi reçûmes le voile le jour de la Purification de la grande Reine du ciel, le second de février de l’année 1620. La profession de ma saur fut différée, parce qu’elle n’avait point encore l’âge. Le Tout-Puissant favorisa, par sa seule bonté, notre famille, en nous faisant la grâce de nous consacrer tous à l’état religieux: Dans la huitième année de la fondation, en la vingt-cinquième année de mon âge, et du Seigneur: l’obéissance me fit prendre la charge de supérieure, que j’exerce indigné ment: aujourd’hui. Je passai dix ans de, ma supériorité, durant lesquels je reçus, plusieurs commandements du Très-Haut, et de la grande Reine du ciel afin que j’écrivisse sa très-sainte vie; et je résistai à cause de mes craintes, pendant tout ce temps-là à ces ordres divins, jusqu’en l’année 1737, auquel temps je commençai de l’écrire pour la première fois. Et l’ayant achevée, je brûlai tous mes écrits, tant ceux qui regardaient cette sacrée histoire que plusieurs autres sur des matières fort graves et fort mystérieuses, par les craintes et les tribulations que j’ai déjà dites, et par le conseil d’un confesseur qui me dirigeait en l’absence de celui qui m’était ordinaire, parce qu’il me dit que: les femmes ne devaient point écrire dans la sainte Église. Je ne manquai point de lui, obéir avec exactitude, dont mes supérieurs et mon premier confesseur, qui savaient toute ma vie, me reprirent très-aigrement. Et ils me commandèrent de nouveau par la sainte obéissance de l’écrire une seconde fois. Le Très-Haut et la Reine du ciel réitérèrent aussi leurs commandements, pour me faire obéir: La lumière que je reçus de l’être divin, les faveurs que la droite du Très-Haut me communiqua cette seconde fois, furent si grandes et si abondantes, les recevant afin que ma pauvre âme se renouvelât et se vivifiât: parles instructions de ma divine Maîtresse, les doctrines, furent si profondes, et les mystères si relevés, qu’il en faut faire nécessairement un livre à part, qui correspondra à la même histoire; et son titre sera: Les lois de l’Épouse, les hautes perfections de son chaste amour, et le fruit tiré de l’arbre de la vie de la très-sainte Vierge Marie, notre divine Maîtresse. Je commence d’écrire cette histoire par la grâce de Dieu ce huitième jour de décembre de l’année 1655, jour de la très-pure et très-immaculée Conception.

Avé Maria – Corédemptrice du monde

Sainte Marie – Mère de Dieu

Je vous salue, Marie pleine de grâce; Le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
SainteMarie, Mère de Dieu, corédemptrice du monde, Priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.

Délivrer 1000 âmes du purgatoire

La Sainte Vierge a révélé cette promesse de Jésus à Sœur Anna le 8 décembre 1997. Ceux qui prononcent avec un cœur ouvert pieusement cette courte prière : « Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous.» obtiennent de Mon Fils Jésus qu’Il délivre mille âmes du Purgatoire !

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Délivrer 1000 âmes du purgatoire

Délivrer 1000 âmes du purgatoire
La Sainte Vierge a révélé cette promesse de Jésus à Sœur Anna le 8 décembre 1997. Ceux qui prononcent avec un cœur ouvert pieusement cette courte prière : « Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous.» obtiennent de Mon Fils Jésus qu’Il délivre mille âmes du Purgatoire !

Sœur Anna est une religieuse âgée aujourd’hui de 70 ans, qui vivait à Ohlau (25 km de Breslau en Pologne lorsque la Très Sainte Vierge lui donna Ses messages et qui reçoit la visite de la Sainte-Vierge, mais qui préfère rester incognito. … Dans chaque Sainte Messe Je prie avec Mon cher Fils pour vous, et Je Me sacrifie pour vous. C’est pour cette raison, que Mon Fils veut que le monde reconnaisse en Moi pas seulement la Mère de Dieu, ce qui est le plus grand honneur, mais aussi la corédemptrice du monde. C’est Mon second nom très honorifique. Un jour, le Pape fera savoir au monde, par un dogme, que Marie, la Mère de Dieu, est la Corédemptrice du monde. Appelez-Moi maintenant, autant que vous le pouvez, dans vos prières, « Corédemptrice du monde » et pour cela Je vous ferai parvenir toute une série de grâces qui sont nécessaires pour votre sauvetage et celui des autres. … Mes enfants, à Ma fête, le 8 décembre, J’ai fait une grande promesse au monde. C’est une grâce qui n’a pas encore été offerte jusqu’à maintenant ! Il ne reste plus beaucoup de temps et il y a au Purgatoire énormément de pauvres âmes – même des âmes qui depuis les temps païens les plus éloignés – souffrent toujours ! ! Il faut les sauver ! Les chrétiens peuvent les sauver : avec leurs prières, le rosaire et tout spécialement avec le sacrifice de la Sainte Messe. Et en plus, Dieu M’a donné maintenant une merveilleuse et exceptionnelle grâce : ceux qui prononcent avec un cœur ouvert pieusement cette courte prière : « Sainte Marie, Mère de Dieu, Corédemptrice du monde, priez pour nous.» obtiennent de Mon Fils Jésus qu’Il délivre mille âmes du Purgatoire ! Pour chacune de ces petites prières, pour chacune de ces invocations ardentes, 1000 âmes seront sauvées du Purgatoire et entreront dans la joie et la lumière éternelles. Profitez de cette grande chance de pouvoir aider ces pauvres âmes (beaucoup sont des ancêtres inconnus, oubliés, de notre propre famille !) et elles vous le rendront avec leurs prières perpétuelles et elles vous soutiendront dans votre vie terrestre souvent si difficile et ardue. Elles vous seront infiniment reconnaissantes, et vous leur demanderez de vous aider. Les âmes délivrées aident beaucoup … Mes enfants, remerciez Dieu pour cette si grande grâce, car la plupart d’entre vous n’ira pas tout de suite au Paradis : vous devrez payer devant Dieu pour vos fautes, au Purgatoire. Et là, vous attendrez vous aussi la prière de la terre… C’est pourquoi, ne gaspillez pas de temps. Cette petite phrase, prononcée avec foi, vous pouvez la dire partout – en marchant, en voiture, à l’église, à la maison, au travail, dans le « Je Vous salue Marie »*, partout et à tout moment. Cette prière sera acceptée partout et délivrera les pauvres âmes. Je vous bénis au nom du PÈRE, du FILS et du SAINT-ESPRIT. Amen. »

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La joie parfaite – Saint-François d’Assise

Saint-Francois d’Assise

Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d’hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est pas point la joie parfaite. »

Et saint François allant plus loin l’appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l’ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »

Marchant encore un peu, saint François s’écria d’une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu’il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »

Allant un peu plus loin, saint François appela encore d’une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu’il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu’en cela n’est point la joie parfaite. »

Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d’une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu’il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n’est point la joie parfaite. »

Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l’interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d’ici misérables petits voleurs, allez à l’hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s’il sort avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite.

Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu’ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l’Apôtre : « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu de Dieu ? et si tu l’as reçu de lui, pourquoi t’en glorifies-tu comme si tu l’avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l’affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c’est pourquoi l’Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »

À qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.

L’homme qui voulait assassiner le pape

Il haïssait l’Église et le Pape jusqu’au jour où la Vierge Marie lui apparut dans la grotte des Trois Fontaines à Rome, en avril 1947.

Bruno Cornacchiola

Comme tant d’autres, rien ne prédisposait Bruno Cornacchiola (1913-2001) à se convertir. Sous l’influence d’un ami protestant allemand, cet Italien issu d’une famille modeste avait développé une haine farouche à l’encontre de l’Église et du Pape qu’il considérait comme la cause de tous les maux du monde. Détruire l’Église était une idée fixe chez lui. Et dans sa haine, il détruisait tout ce qui la représentait. Les images pieuses posées par sa femme dans leur maison familiale ou le crucifix de leur chambre — jeté aux ordures. Ses enfants avaient bien évidemment interdiction de suivre le catéchisme.

Pourtant, lui, Bruno Cornacchiola, persécuteur de l’Église, allait être appelé à devenir un défenseur de l’Évangile, par Marie, qu’il s’apprêtait à insulter. Nous sommes en avril 1947, aux abords de l’abbaye des Trappistes au lieu-dit des Trois Fontaines à Rome, non loin de la basilique Saint-Paul, à savoir l’endroit-même où Paul, devenu apôtre des nations après l’apparition du Christ, fut martyrisé sous Néron. Lors d’une simple promenade, Bruno s’assied pour préparer un dur article contre la Vierge Marie, tandis que ses trois enfants s’éloignent pour jouer au ballon. Inquiet de ne pas les voir revenir, il se met à leur recherche et les retrouve devant l’entrée d’une grotte, les mains jointes, le visage pâle et dans une attitude d’extase : « Belle Dame… Belle Dame », appellent ces derniers, à tour de rôle, en fixant l’intérieur de la grotte. Bruno d’abord agacé puis troublé finit par entrer dans la grotte et se met à appeler à son tour : « Belle Dame, Belle Dame ». Devant lui se tient la silhouette d’une jeune femme, dans la splendeur d’une lumière dorée :

« Je vis inopinément deux mains toutes blanches en mouvement vers moi et les sentis m’effleurer le visage. J’eus la sensation qu’on m’arrachait quelque chose des yeux. J’éprouvai en cet instant une douleur certaine et je restais dans l’obscurité la plus profonde (…) Mais, peu à peu, le noir s’atténua et laissa filtrer une légère lumière qui grandit et s’intensifia au point d’illuminer toute la grotte (…) À ce moment-là, je ne voyais plus ni la cavité, ni ce qu’elle pouvait contenir, mais je fus saisi d’une joie extraordinaire ».

Fasciné, Bruno Cornacchiola tombe à genoux, en extase. La Vierge se met alors à lui parler directement, ou plutôt à le sommer tout doucement :

« Tu me persécutes, arrête maintenant ! Retourne au saint bercail […] Que l’on prie et que l’on récite quotidiennement le Rosaire pour la conversion des pécheurs, des incrédules et pour l’unité des chrétiens ».

Bruno, le souffle coupé, suit la main gauche de la belle Dame lui indiquant quelque chose à ses pieds, comme « un drap noir avec une croix brisée », qui est en fait le livre de l’Apocalypse, réalisera-t-il plus tard.

Prudence et révélation

La Vierge Marie l’exhorte à la prudence : « La science reniera Dieu ! », le prévient-elle, avant de lui dicter un message secret à remettre personnellement « au Saint-Père, pasteur suprême de la chrétienté ». La Vierge lui fait tant de prédictions sur l’Église, sur la foi, lui révèle que « les hommes ne croiront plus… que tant de choses s’avèrent aujourd’hui et d’autres devront encore s’avérer… », que « parmi ceux qui l’entendront raconter cette vision, il y en aura qui ne le croiront pas », mais lui ne devra jamais « se laisser décourager ».

À la fin de la rencontre, la Vierge se présente à Bruno :

« Je suis celle qui est dans la divine Trinité. Je suis la Vierge de la Révélation. Avant de m’en aller je te dis ceci : la Révélation est la parole de Dieu, cette Révélation parle de moi. Voilà pourquoi j’ai ce titre : Vierge de la Révélation ».

Le jour-même, Bruno Cornacchiola grave sur la roche :

« Dans cette grotte m’est apparue la Mère divine. Elle m’invite amoureusement à rentrer dans l’Église catholique, apostolique et romaine… ».

Désormais la conversion de Bruno Cornacchiola est irréfrénable. Entre mille vicissitudes, il va à Rome demander pardon à Pie XII d’avoir voulu le tuer : « Très Saint-Père, voici la Bible protestante avec laquelle j’ai tué beaucoup d’âmes (…) Voilà le poignard, avec l’inscription “mort au Pape”, par lequel je projetais de vous tuer ! Je viens vous demander pardon « . Ce à quoi le Pape lui répondit : « En me tuant, tu n’aurais fait que donner un nouveau martyr à l’église, et au Christ une victoire de l’amour ; mon fils, le meilleur pardon est le repentir… ». Une trentaine d’années plus tard (en 1978), il rencontrera également Jean Paul II qui lui dira : « Tu as vu la Mère de Dieu, tu dois donc devenir un saint ! ».

Le 23 février 1982, la Vierge apparaÎtra encore une fois à Bruno, pour lui demander la construction d’une « maison-sanctuaire » en son honneur, afin que « les assoiffés, les égarés » y trouvent « l’amour, la compréhension, la consolation : le vrai sens de la vie ». Ici, en cet endroit de la grotte où je suis apparue plusieurs fois, a-t-elle ajouté, « ce sera le sanctuaire de l’expiation, comme si c’était le purgatoire sur la Terre. Il y aura une porte au nom significatif de porte de la Paix. Tous devront entrer par cette porte ».

Une conversion annoncée ?

Les apparitions de la Vierge aux « Trois Fontaines » ont été étudiées minutieusement par le Vatican, tout particulièrement par Pie XII qui a reçu Bruno Cornacchiola plusieurs fois en audiences privées, après sa demande de pardon, et a voulu personnellement bénir la statue qui devait être placée dans la grotte. D’autant que ces apparitions – 28 en tout selon différentes sources – eurent lieu dix ans après l’apparition de la sainte Vierge dans la même grotte à une jeune fille auxquels étaient reconnus des dons charismatiques exceptionnels. Marie lui aurait annoncé : « Dans dix ans j’apparaîtrai à nouveau dans cette grotte à un incroyant, un ennemi de l’Église et du Pape ».

Bruno Cornacchiola est devenu un fervent apôtre de Marie, a fondé une association religieuse. Il a raconté partout ce qui lui est arrivé.

« La Très Sainte Vierge Marie a été pour moi une éducatrice insurpassable qui ne s’est pas contentée de m’installer dans une solide culture catéchistique, mais m’a aidé également à devenir son témoin. Qui trouve Marie, trouve Jésus: la Voie, la Vérité, la Vie. Il trouve la vie et la grâce dans l’Église du Salut, le Corps Mystique du Christ, et y trouve aussi la Mère de l’Église ».

source

Les Instructions Spirituelles de Saint Séraphim de Sarov

Dieu

Saint Séraphim de Sarov

Dieu est un feu qui réchauffe et enflamme les cœurs et les entrailles. Si nous sentons dans nos cœurs le froid qui vient du démon – car le démon est froid – ayons recours au Seigneur et il viendra réchauffer notre cœur d’un amour parfait, non seulement envers lui, mais aussi envers le prochain. Et la froidure du démon fuira devant sa Face. Là où est Dieu, il n’y a aucun mal… Dieu nous montre son amour du genre humain non seulement quand nous faisons le bien, mais aussi quand nous l’offensons méritant sa colère…Ne dis pas que Dieu est juste, enseigne saint Isaac le Syrien… David l’appelait  » juste « , mais son Fils nous a montré qu’il est plutôt bon et miséricordieux. Où est sa Justice? Nous étions des pécheurs, et le Christ est mort pour nous (Homélie 90).

Des raisons pour lesquelles le Christ est venu en ce monde

  1. L’amour de Dieu pour le genre humain.  » Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle  » (Jn 3, 16).
  2. Le rétablissement dans l’homme déchu de l’image divine et de la ressemblance à cette image, comme le chante de l’Église (Premier Canon de Noël, chant 1).
  3. Le salut des âmes.  » Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui  » (Jn 3, 17).

De la foi

Avant tout, il faut croire en Dieu,  » car il existe et se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent  » (He 11, 6). La foi, selon saint Antioche, est le début de notre union à Dieu… La foi sans les œuvres est morte (Jc 2, 26). Les œuvres de la foi sont : l’amour, la paix, la longanimité, la miséricorde, l’humilité, le portement de croix et la vie selon l’Esprit. Seule une telle foi compte. Il ne peut pas y avoir de vraie foi sans œuvres.

De l’espérance

Tous ceux qui espèrent fermement en Dieu sont élevés vers lui et illuminés par la clarté de la lumière éternelle. Si l’homme délaisse ses propres affaires pour l’amour de Dieu et pour faire le bien, sachant que Dieu ne l’abandonnera pas, son espérance est sage et vraie. Mais si l’homme s’occupe lui-même de ses affaires et se tourne vers Dieu seulement quand il lui arrive malheur et qu’il voit qu’il ne peut s’en sortir par ses propres moyens – un tel espoir est factice et vain. La véritable espérance cherche, avant tout, le Royaume de Dieu, persuadée que tout ce qui est nécessaire à la vie d’ici-bas sera accordé par surcroît. Le cœur ne peut être en paix avant d’avoir acquis cette espérance.

De l’amour de Dieu

Celui qui est arrivé à l’amour parfait de Dieu vit en ce monde comme s’il n’y vivait pas. Car il se considère comme étranger à ce qu’il voit, attendant avec patience l’invisible… Attiré vers Dieu, il n’aspire qu’à le contempler…

De quoi faut-il munir l’âme ?

– De la parole de Dieu, car la parole de Dieu, comme dit Grégoire le Théologien, est le pain des anges dont se nourrissent les âmes assoiffées de Dieu.

Il faut aussi munir l’âme de connaissances concernant l’Église : comment elle a été préservée depuis le début jusqu’à nos jours, ce qu’elle a eu à souffrir. Il faut savoir ceci non dans l’intention de gouverner les hommes, mais en cas de questions auxquelles on serait appelé à répondre. Mais surtout il faut le faire pour soi-même, afin d’acquérir la paix de l’âme, comme dit le Psalmiste :  » Paix à ceux qui aiment tes préceptes, Seigneur « , ou  » Grande paix pour les amants de ta loi  » (Ps 118, 165).

De la paix de l’âme

Il n’y a rien au-dessus de la paix en Christ, par laquelle sont détruits les assauts des esprits aériens et terrestres.  » Car ce n’est pas contre les adversaires de chair et de sang que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes  » (Ep 6, 12). Un homme raisonnable dirige son esprit à l’intérieur et le fait descendre dans son cœur. Alors la grâce de Dieu l’illumine et il se trouve dans un état paisible et suprapaisible : paisible, car sa conscience est en paix ; suprapaisible, car au-dedans de lui il contemple la grâce du Saint-Esprit…

Peut-on ne pas se réjouir en voyant, avec nos yeux de chair, le soleil ? D’autant plus grande est notre joie quand notre esprit, avec l’œil intérieur, voit le Christ, Soleil de Justice. Nous partageons alors la joie des anges. L’Apôtre a dit à ce sujet  » Pour nous, notre cité se trouve dans les cieux  » (Ph 3, 20). Celui qui marche dans la paix, ramasse, comme avec une cuiller, les dons de la grâce. Les Pères, étant dans la paix et dans la grâce de Dieu, vivaient vieux. Quand un homme acquiert la paix, il peut déverser sur d’autres la lumière qui éclaire l’esprit… Mais il doit se souvenir des paroles du Seigneur :  » Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’œil de ton frère  » (Mt 7, 5).

Cette paix, Notre Seigneur Jésus Christ l’a laissée à ses disciples avant sa mort comme un trésor inestimable en disant :  » Je vous laisse ma paix, je vous donne la paix  » (Jn 14, 27). L’Apôtre en parle aussi en ces termes :  » Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ  » (Ph 4, 7).Si l’homme ne méprise pas les biens de ce monde, il ne peut avoir la paix. La paix s’acquiert par des tribulations. Celui qui veut plaire à Dieu doit traverser beaucoup d’épreuves. Rien ne contribue plus à la paix intérieure que le silence et, si possible, la conversation incessante avec soi-même et rare avec les autres. Nous devons donc concentrer nos pensées, nos désirs et nos actions sur l’acquisition de la Paix de Dieu et crier incessamment avec l’Église :  » Seigneur ! Donne-nous la paix ! « 

Comment conserver la paix de l’âme ?

De toutes nos forces il faut s’appliquer à sauvegarder la paix de l’âme et à ne pas s’indigner quand les autres nous offensent. Il faut s’abstenir de toute colère et préserver l’intelligence et le cœur de tout mouvement inconsidéré. Un exemple de modération nous a été donné par Grégoire le Thaumaturge. Abordé, sur une place publique, par une femme de mauvaise vie qui lui demandait le prix de l’adultère qu’il aurait soi-disant commis avec elle, au lieu de se fâcher, il dit tranquillement à son ami : Donne-lui ce qu’elle demande. Ayant pris l’argent, la femme fut terrassée par un démon. Mais le saint chassa le démon par la prière.

S’il est impossible de ne pas s’indigner, il faut au moins retenir sa langue… Afin de sauvegarder la paix, il faut chasser la mélancolie et tâcher d’avoir l’esprit joyeux… Quand un homme ne peut suffire à ses besoins, il lui est difficile de vaincre le découragement. Mais ceci concerne les âmes faibles. Afin de sauvegarder la paix intérieure, il faut éviter de juger les autres. Il faut entrer en soi-même et se demander « 

Où suis-je ? « Il faut éviter que nos sens, spécialement la vue, ne nous donnent des distractions : car les dons de la grâce n’appartiennent qu’à ceux qui prient et prennent soin de leur âme.

De la garde du cœur

Nous devons veiller à préserver notre cœur de pensées et d’impressions indécentes.  » Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillissent les sources de la vie  » (Pr 4, 23). Ainsi naît, dans le cœur, la pureté.  » Bienheureux les cœur purs, car ils verront Dieu  » (Mt 5, 8).Ce qui est entré de bon dans le cœur, nous ne devons pas inutilement le répandre à l’extérieur : car ce qui a été amassé ne peut être à l’abri des ennemis visibles et invisibles que si nous le gardons, comme un trésor, au fond du cœur.

Le cœur, réchauffé par le feu divin, bouillonne quand il est plein d’eau vive. Si cette eau a été versée à l’extérieur, le cœur se refroidit et l’homme est comme gelé.

De la prière

Ceux qui ont décidé de vraiment servir Dieu doivent s’exercer a garder constamment son souvenir dans leur cœur et à prier incessamment Jésus Christ, répétant intérieurement : Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur… En agissant ainsi, et en se préservant des distractions, tout en gardant sa conscience en paix, on peut s’approcher de Dieu et s’unir à lui. Car, dit saint Isaac le Syrien, à part la prière ininterrompue, il n’y a pas d’autre moyen de s’approcher de Dieu (Homélie 69).

A l’église, il est bon de se tenir les yeux fermés, pour éviter les distractions ; on peut les ouvrir si l’on éprouve de la somnolence ; il faut alors porter son regard sur une icône ou sur un cierge allumé devant elle. Si pendant la prière notre esprit se dissipe, il faut s’humilier devant Dieu et demander pardon… car, comme dit saint Macaire  » l’ennemi n’aspire qu’à détourner notre pensée de Dieu, de sa crainte et de son amour  » (Homélie 2).
Lorsque l’intelligence et le cœur sont unis dans la prière et que l’âme n’est troublée par rien, alors le cœur s’emplit de chaleur spirituelle, et la lumière du Christ inonde de paix et de joie tout l’homme intérieur.

De la lumière du Christ

Afin de recevoir dans son cœur la lumière du Christ il faut, autant que possible, se détacher de tous les objets visibles. Ayant au préalable purifié l’âme par la contrition et les bonnes œuvres, ayant, pleins de foi au Christ crucifié, fermé nos yeux de chair, plongeons notre esprit dans le cœur pour clamer le Nom de Notre Seigneur Jésus Christ ; alors, dans la mesure de son assiduité et de sa ferveur envers le Bien-Aimé, l’homme trouve dans le Nom invoqué consolation et douceur, ce qui l’incite à chercher une connaissance plus haute.

Quand par de tels exercices l’esprit s’est enraciné dans le cœur, alors la lumière de Christ vient briller à l’intérieur, illuminant l’âme de sa divine clarté, comme le dit le prophète Malachie :  » Mais pour vous qui craignez son Nom, le soleil de justice brillera, avec le salut dans ses rayons  » (Ml 3, 20). Cette lumière est aussi la vie, d’après la parole de l’Évangile :  » De tout être il était la vie, et la vie était la lumière de hommes  » (Jn 1, 4).

Quand l’homme contemple au-dedans de lui cette lumière éternelle, il oublie tout ce qui est charnel, s’oublie lui-même et voudrait se cacher au plus profond de la terre afin de ne pas être privé de ce bien unique – Dieu.

De l’attention

Celui qui suit la voie de l’attention ne doit pas se fier uniquement à son propre entendement, mais doit se référer aux Écritures et comparer les mouvements de son cœur, et sa vie, à la vie et à l’activité des ascètes qui l’ont précédé. Il est plus aisé ainsi de se préserver du Malin et de voir clairement la vérité.

L’esprit d’un homme attentif est comparable à une sentinelle veillant sur la Jérusalem intérieure. A son attention n’échappe ni  » le diable (qui) comme un lion rugissant, rôde cherchant qui dévorer  » (1 P 5, 8), ni ceux qui  » ajustent leur flèche à la corde pour viser dans l’ombre les cœurs droits  » (Ps 10, 2). Il suit l’enseignement de l’Apôtre Paul qui a dit :  » C’est pour cela qu’il vous faut endosser l’armure de Dieu, afin qu’au jour mauvais vous puissiez résister  » (Ep 6, 13). Celui qui suit cette voie ne doit pas faire attention aux bruits qui courent ni s’occuper des affaires d’autrui… mais prier le Seigneur :  » De mon mal secret, purifie-moi  » (Ps 18, 13).

Entre en toi-même et vois quelles passions se sont affaiblies en toi ; lesquelles se taisent, par suite de la guérison de ton âme ; lesquelles ont été anéanties et t’ont complètement quitté. Vois si une chair ferme et vivante commence à pousser sur l’ulcère de ton âme – cette chair vivante étant la paix intérieure. Vois aussi quelles passions restent encore – corporelles ou spirituelles ? Et comment réagit ton intelligence ? Entre-t-elle en guerre contre ces passions, ou fait-elle semblant de ne pas les voir ? Et de nouvelles passions ne se sont-elles pas formées ? En étant ainsi attentif, tu peux connaître la mesure de la santé de ton âme.

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Extrait des Instructions spirituelles, dans Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Éditions Abbaye de Bellefontaine et Desclée de Brouwer, 1995. 

Une nouvelle fête instituée pour célébrer la Vierge Marie

Vierge Marie Mère de Dieu

Par un décret publié par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements et rendu public ce 3 mars, le pape François instaure le lundi de Pentecôte une fête de Sainte Marie Mère de l’Église.

A partir de cette année, tous les diocèses et les paroisses célébreront tous les ans la fête de “la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église“, le lundi de la Pentecôte. Cette célébration officielle souligne une caractéristique de la Vierge Marie, qui est à la fois mère du Christ et de l’Église.

Déjà présente dans la foi chrétienne des premiers siècles, avec saint Augustin et saint Léon le Grand, puis reprise par les auteurs spirituels et les papes, cette qualification de la Vierge Marie comme Mère de l’Église avait été établie officiellement par Paul VI en 1964, à la fin du concile Vatican II. Dès lors, certains pays, comme la Pologne ou l’Argentine, avaient inséré cette célébration dans leur calendrier local. Ainsi que dans certains lieux comme la basilique Saint-Pierre, où Paul VI avait annoncé sa décision.

Mystère de la Croix

Désormais étendue à l’Église universelle comme une fête d’obligation – une mémoire – cette célébration comprendra des lectures propres, notamment celle de l’Évangile selon saint Jean où le Christ en croix affirme à Marie et Jean : “Femme, voici ton fils“, “Fils, voici ta mère“ (Jn 19, 25-34). Dorénavant, tous les calendriers et les livres liturgiques devront donc faire apparaître cette mémoire pour la célébration de la messe et la liturgie des heures. La lecture du bréviaire comprend le texte de la proclamation de Paul VI.

Le Souverain pontife, affirme ce décret, espère que cette mémoire favorisera “la croissance du sens maternel de L’Église“ et une “vraie piété mariale“. La nouvelle fête liturgique de Marie Mère de L’Église exprime la « maternité spirituelle » de la Vierge, affirme le cardinal Robert Sarah. D′après le préfet de la Congrégation, en instaurant cette fête pour ″toute l′Église″ le lundi de la Pentecôte, le souhait est de rappeler que ″tous les disciples du Christ″ doivent ancrer leur vie dans trois grandes réalités : la croix, l′hostie et la Vierge.

Source

Immaculée Conception de Marie

Azarias, l'ange gardien de Maria Valtorta

Azarias dit :

Méditons en chantant les gloires de la très sainte Vierge Marie. La messe de cette festivité n’est qu’un hymne à la puissance de Dieu et à la gloire de Marie. Pour bien comprendre cette liturgie de lumière et de feu, mettons-nous dans les sentiments de la Reine et Maîtresse de toutes les créatures qui aiment le Seigneur.

Reine et Maîtresse ! Des hommes, mais aussi des anges. Il y a des mystères que vous ignorez, et qu’il ne nous est pas accordé de dévoiler complètement. Mais il est permis d’en soulever un voile afin que certaines âmes très aimées puissent en jouir. Je soulève donc pour toi un pan de voile. Une fois cet obstacle retiré, il te sera accordé de porter ton regard spirituel sur cette infinie lumière qu’est le ciel; alors, tu comprendras mieux. Regarde, écoute et sois heureuse.

Quand le péché de Lucifer bouleversa l’ordre du paradis et précipita dans le désordre les esprits les moins fidèles, une grande horreur nous frappa tous, comme si quelque chose s’était déchiré, détruit, sans jamais plus d’espoir de le revoir rétabli. Et c’était bien la réalité. La pleine charité qui, auparavant, était seule à exister là-haut, venait de tomber dans un gouffre dont s’exhalaient des puanteurs d’enfer.

L’absolue charité des anges était détruite, et la Haine était apparue. Effrayés comme on peut l’être au ciel, nous, les fidèles du Seigneur, nous pleurions pour la douleur de Dieu et pour son courroux. Nous pleurions sur la paix outragée du paradis, sur l’ordre violé et sur la fragilité des esprits. Nous ne nous sentions plus certains d’être impeccables parce que faits de pur esprit.

Lucifer et ses semblables nous avaient prouvé que même un ange peut pécher et devenir démon. Nous sentions que l’orgueil était latent et pouvait se développer en nous. Nous avons craint que personne, hormis Dieu, ne puisse y résister puisque Lucifer y avait cédé. Nous tremblions à cause de ces forces obscures car nous ne pensions pas qu’elles pouvaient nous atteindre, je puis même dire que nous ignorions qu’elles existaient; et voilà que brutalement elles se révélaient à nous. Abattus, nous nous demandions avec des élans de lumière : « Mais alors, il ne sert donc à rien d’être aussi purs? Qui donc donnera à Dieu l’amour qu’il exige et mérite, si nous aussi sommes capables de pécher? »

Alors, élevant notre contemplation, de l’abîme et de la désolation, à la Divinité, fixant sa splendeur avec une crainte jusqu’alors ignorée, nous avons contemplé la seconde révélation de l’éternelle Pensée. Et si la connaissance de la première a amené le désordre créé par les orgueilleux qui refusèrent d’adorer la Parole divine, la seconde a rétabli en nous la paix qui s’était troublée.

Nous avons vu Marie dans la pensée éternelle ! La voir et posséder cette sagesse qui est réconfort, sécurité et paix, ce fut une seule et même chose. Nous avons salué notre future Reine par le chant de notre lumière, et nous l’avons contemplée avec ses perfections gratuites et volontaires. Oh ! Beauté de ce moment où, pour réconforter de ses anges, l’Éternel nous a présenté la perle de son amour et de sa puissance ! Nous avons vu Marie humble au point de réparer à elle seule tout l’orgueil des créatures.

Elle fut alors notre maîtresse sur la manière de ne pas faire des dons autant d’instruments de perte. Ce n’est pas son image corporelle, mais sa spiritualité qui nous parla sans paroles, et nous avons été préservés de toute pensée d’orgueil pour avoir, contemplé un instant la très humble Vierge Marie dans la pensée de Dieu. Nous avons œuvré durant des siècles dans la douceur de cette révélation éclatante. Durant des siècles, pour l’éternité, nous avons joui, nous jouissons et nous jouirons de posséder celle que nous avions spirituellement contemplée. La joie de Dieu est notre joie, nous nous tenons dans sa lumière pour en être pénétrés et pour donner toute joie et toute gloire à celui qui nous a créés.

Maintenant que nous sommes remplis de ses mêmes élans, méditons la liturgie qui parle d’elle.

« Avec joie » La caractéristique de la véritable humilité, c’est la vraie joie que rien ne trouble.

Celui qui est humble de façon relative trouve toujours une raison de se troubler, même dans les plus purs triomphes. En revanche, celui qui est vraiment et complètement humble ne se trouble pour rien. Il est joyeux, sans crainte, quel que soit le don ou le triomphe qui le revêt de vêtements spéciaux, car il sait et reconnaît que, ce qui le rend différent de la foule des hommes, il ne l’a pas obtenu par des moyens humains, mais cela vient d’autres sphères et personne ne peut le lui ravir. Il le contemple et le considère comme un vêtement de grande valeur qui lui a été donné pour qu’il le porte un certain temps, et qui doit donc être utilisé avec le soin particulier avec lequel nous traitons ce qui ne nous appartient pas, et qui doit être rendu intact à celui qui l’a donné.

Il sait aussi que ce vêtement royal, qui n’a pas été demandé par soif d’apparaître, lui a été donné par une sagesse infinie qui a jugé bon qu’il en soit ainsi. Il n’y a donc pas de souci à avoir pour l’obtenir ni pour le conserver. Celui qui est réellement humble ne désire pas des choses extraordinaires, et il ne se trouble pas si celui qui a donné reprend. Il dit: « Tout est bien parce que c’est ce que veut la sagesse ». C’est pourquoi l’humble est toujours dans la joie. Il ne désire pas, il n’est pas avare de ce qui lui est donné, il ne se sent pas lésé si cela lui est enlevé.

Marie a connu cette joie. De sa naissance à son assomption, elle l’a connue même parmi les larmes de son long calvaire de mère du Christ, même sous cet océan de tortures que fut le calvaire de son Fils. Elle connut, malgré sa douleur qui ne fut semblable à aucune autre, la joie débordante de faire, jusqu’au sacrifice total, ce que Dieu voulait, ce que Dieu lui avait fait comprendre qu’il attendait d’elle depuis le moment où il l’avait revêtue des vêtements du salut et couverte du manteau de justice comme une épouse ornée de joyaux.

Mesure quelle chute aurait été celle de Marie si, bien qu’ayant bénéficié de sa conception immaculée, de la justice et tout autre joyau divin, elle avait méprisé tout cela pour suivre la voix de l’éternel Corrupteur ? En mesures-tu la profondeur ? Il n’y aurait plus eu pour les hommes ni rédemption, ni ciel ni possession de Dieu.

Marie vous a obtenu tout cela parce qu’elle a su porter ses vêtements de bien-aimée de l’Éternel avec la vraie joie des humbles, parce qu’elle a su chanter les louanges de Dieu et de lui seul, même au milieu des sanglots et des désolations de la passion.

Elle a exulté ! Quel mot profond ! Son esprit a toujours exulté en magnifiant le Seigneur, même quand son humanité subissait la raillerie de tout un peuple, même submergée et oppressée par sa douleur et par celle de sa créature. Elle a exulté en pensant que sa douleur, et la douleur de son Jésus rendaient gloire à Dieu en sauvant les hommes.

Au-delà des gémissements de la Mère, au-delà de ses lamentations de femme, son esprit de corédemptrice chantait. Il chantait avec soumission en cette heure redoutable, plein d’espérance dans les paroles de la Sagesse. Son esprit chantait l’amour qui bénissait Dieu de l’avoir transpercée !

La longue passion de Marie l’a rendue parfaite en unissant aux merveilles que Dieu avait faites en elle, les merveilles qu’elle savait faire pour le Seigneur. Vraiment, tandis que ses entrailles de mère criaient sa torture, son esprit fidèle chantait: « Je t’exalte, Seigneur, car tu m’as protégée et tu n’as pas permis que mes ennemis puissent se réjouir à mon sujet ».

Vois-tu cette humilité ? N’importe qui d’autre aurait dit: « Je suis content d’avoir su rester fidèle même dans l’épreuve. Je suis content d’avoir fait la volonté de Dieu ». Ces mots ne sont pas péchés, néanmoins un filet d’orgueil se cache encore en elles. « Je suis content de ce que j’ai fait » cache le « moi » de la créature qui se sent l’unique auteur du bien accompli. Marie la très sainte dit : « Je t’exalte parce que tu m’as protégée ». C’est à Dieu qu’elle attribue le mérite de l’avoir gardée sainte en ces heures de lutte. Dieu avait préparé une digne demeure pour son Verbe. Mais Marie a su garder cette demeure digne de Dieu, qui devait s’incarner en elle.

Imitez-la, vous les créatures, dans une mesure un peu moindre, certes, puisque vous n’avez pas à concevoir le Christ; cependant, comme il vous est nécessaire de le porter en vous, Dieu vous donne les moyens et les dons capables de faire de vous des temples et des autels. Imitez Marie, en sachant garder la demeure de votre cœur digne du Saint qui demande à y entrer pour jouir de vous et vivre parmi les fils des hommes qu’il aime sans mesure.

Si toutefois vous n’avez pas su l’imiter, si votre cœur est une demeure profanée ou démolie par les excès qui l’ont habité, reconstruisez-le en Marie, cette aimable et infatigable Mère qui engendre les enfants du Seigneur ! On parvient à la vie éternelle par Marie. Par conséquent, celui qui est mourant ou déjà mort et n’ose plus lever les yeux vers le Seigneur, peut encore redevenir vivant et agréable à l’Éternel s’il entre dans le sein, dans le cœur qui a donné le Sauveur au monde.

Le Seigneur t’a expliqué la lumière du chapitre des Proverbes. Je ne me permets pas de m’exprimer là où il a déjà parlé. Pour confirmer mon propos, cependant, je te fais remarquer les paroles que la Sagesse applique à Marie: « … trouvant mes délices parmi les enfants des hommes », parmi ces enfants qui lui ont coûté tant de larmes. Mais c’est le propre des vraies mères de pleurer et d’aimer, d’aimer autant qu’elles pleurent, d’aimer au point de porter à l’amour, de pleurer au point de convertir les pervers. Cette femme bénie a le ciel pour demeure éternelle, elle eut pour demeure le merveilleux sein de Dieu et fut elle-même la demeure de Dieu, son peuple est celui des anges et des bienheureux: pourquoi trouverait-elle son délice à rester parmi les hommes, si ce n’est pour reconstruire les pauvres cœurs que le monde et Satan, la chair et les passions ont dévastés ? Pourquoi y trouverait-elle son délice, si ce n’est pour que, parmi vous, elle vous enfante de nouveau à Dieu ?

Entendez-la chanter dans sa lumière de perle : « Heureux ceux qui gardent mes voies ». Les voies de Marie aboutissent dans le cœur de Dieu. « Écoutez l’instruction et devenez sages, ne la méprisez pas ». Une mère sainte comme l’est Marie ne peut que prononcer des paroles de vie. Voyez quel trésor aura laissé la Parole portée durant neuf mois dans celle qui est pleine de grâce et de sagesse ! De son enfance à sa mort, le Verbe reposa sur ce sein, dans ce cœur très pur durant trente-trois ans ! Dieu le Fils n’est jamais resté inactif envers son aimable Mère, jamais, lui qui n’est pas même resté inactif envers les hommes coupables. C’est pourquoi toute la sagesse s’est uni à toute la pureté, et Marie ne peut que redire la parole de Dieu, cette parole que le Christ a appelée vie pour celui qui l’écoute.

Elle chante, Marie, elle qui sait ce qui est en elle : « Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille jour après jour à mes portes et pour en garder les montants! » Réceptacle de Dieu, elle sait que celui qui entre en elle le trouve. C’est pourquoi elle chante : Qui me trouve, trouve la vie, il obtient la faveur du Seigneur.

Qui vit en elle obtient le salut, la vie, la sagesse, la gloire, la joie et l’honneur. Elle est vraiment tout cela, car ses racines se trouvent en Dieu lui-même; établie comme elle l’est sur la montagne de Dieu pour en être le Temple, elle est plus aimée par le Seigneur que toute autre créature puisqu’elle est destinée à être pour l’éternité la Mère de l’Homme.

Oh ! Parole peu méditée, et encore moins comprise, dans laquelle est résumée toute la figure de Marie. Qui est Marie ? C’est la Réparatrice. Elle annule Eve. Elle ramène les choses bouleversées au point où elles étaient quand le serpent rusé et Eve l’imprudente les mirent sens dessus dessous. L’ange la salue : « Ave ». On dit que Ave est le renversement de Eva (Eve). Mais Ave est encore un écho qui rappelle Yahvé, le très saint nom de Dieu, tout comme le rappelle encore plus vivement, je te l’ai déjà expliqué, le nom du Verbe: Jeoscué.

Dans le tétragramme sacré que les enfants du peuple de Dieu avaient formé pour prononcer, dans le temple secret de l’esprit, le nom à ne pas dire, on trouve déjà Ave, le commencement de la parole par laquelle Dieu fit de la Toute-Belle la sainte Mère et Corédemptrice. Ave : il en est presque comme si – ce qui advint réellement – le Seigneur, s’annonçant par son nom, entra en son sein pour se faire chair, en l’unique sein qui pouvait contenir l’Unique.

Ave, Marie, mère de l’Homme comme Eve, et plus qu’Eve, tu as ramené l’homme, par l’intermédiaire de l’Homme, à sa patrie, à son héritage, à sa condition de fils et à sa joie.

Ave, Marie, sein de sainteté dans lequel est déposée la semence de l’espèce, pour que l’éternel Abraham ait les fils dont la jalousie de Satan l’avait rendu stérile.

Ave, Marie, mère «déipare» de l’éternel Premier-Né, mère compatissante de l’humanité lavée dans tes larmes et dans le Sang qui est aussi ton sang.

Ave, Marie, perle du ciel, lumière d’étoile, beauté suave, paix de Dieu.

Ave, Marie pleine de grâce en qui se trouve le Seigneur, jamais séparée de celui qui trouve en toi ses délices et son repos.

Ave, Marie, femme bénie entre toutes les femmes, amour vivant, devenue par l’Amour épouse et mère de l’Amour.

En toi se trouvent la pureté, la paix, la sagesse, l’obéissance, l’humilité, les trois et les quatre vertus sont parfaites en toi…

Le ciel délire d’amour à contempler Marie. Son chant atteint des notes incomparables. Aucun mortel, aussi saint qu’il soit, ne peut comprendre ce qu’est Marie pour tout le ciel.

Tout a été fait pour le Verbe. Mais aussi, toutes les œuvres les plus grandes ont été faites par l’Amour éternel en Marie et pour Marie. La puissance de Dieu est dans ses mains de lys très pur pour être répandue sur ceux qui recourent à elle.

Ave ! Ave ! Ave ! Marie ! »

Deuxième dimanche de l’Avent.

« Ave Marie, par toi le Seigneur vient sauver les nations et faire entendre sa gloire dans la joie du Sauveur accordé au monde.

La liturgie de la messe du deuxième dimanche de l’Avent s’harmonise très bien avec la messe propre de l’Immaculée Conception, parce que c’est encore par Marie que le Sauveur vient sauver les peuples, et être l’Agneau qui est le bon pasteur et le guide des justes dans les pâturages du Seigneur. Les justes sont représentés par Joseph, doux et juste comme une brebis obéissante à tout commandement de l’Éternel, Pasteur suprême des peuples.

C’est encore par Marie que les pauvres et faibles hommes parviennent à obtenir les moyens du salut et les richesses éternelles. Jean avait anticipé le Christ en préparant ses voies. Marie anticipe le Christ en préparant son chemin dans vos cœurs. Ouvrez votre cœur à Marie, remettez votre âme entre ses mains maternelles pour qu’elle les prépare à la venue de Dieu. Imitez Marie en ce temps de l’Avent, et vous serez prêts à accueillir Noël et ses fruits surnaturels d’une façon digne de l’éloge angélique.

Paul dit que tout ce qui a été écrit pour vous instruire dans le Seigneur, l’a été pour que vous possédiez l’espérance. Quelle espérance ? Celle des promesses divines. Certes, les promesses sont sûres, et il s’ensuit qu’il faut faire mieux qu’espérer, il faut croire, et croire de façon absolue, qu’elles s’accompliront; toutefois, elles s’accompliront si vous savez persévérer et vous conduire dans les diverses contingences de la vie avec patience et avec cette force qui vient des consolations, dont déborde l’Écriture.

Cette vie est en effet un combat continuel, toujours nouveau, plein d’inconnu et de surprises, un combat qui exténuerait même un héros s’il n’était soutenu par quelque chose de surnaturel. Ce quelque chose, c’est Dieu, sa Loi et ses promesses, c’est la certitude de la vie future, la foi certaine que l’Homme qui s’est immolé pour vous ne pouvait être que Dieu, car personne d’autre que le Christ n’a jamais su vivre et mourir comme il a vécu et comme il est mort. Voilà ce qui alimente vos forces de combattants à présent, de vainqueurs demain. Ce sont les certitudes et les réconforts que le Dieu de la patience et des consolations vous infuse pour que vous sachiez lutter avec le Christ et pour le’ Christ, et parvenir à la gloire que, par lui, vous pouvez obtenir.

Avec la foi et l’espérance, Paul rappelle la charité sans laquelle tout le reste est vain. Vivre les vertus plus austères serait vain si ce n’était uni à la charité. Celui qui pratiquerait les plus austères pénitences, qui serait tempérant, honnête, continent, qui croirait et espérerait en Dieu, qui observerait les commandements et les préceptes, mais n’aimerait pas son prochain, celui-là mortifierait ses vertus au point qu’il devrait bien longuement expier son péché d’égoïsme.

L’amour de Dieu est saint, l’obéissance aux préceptes est sainte, la tempérance est sainte et l’honnêteté bonne. Mais sans amour du prochain, tout cela n’est-il pas semblable à un arbre trop taillé dont il ne reste que le tronc dur, sans branches ni feuilles, sans fleurs ni fruits? Il est alors inutile au voyageur qui souffre de la chaleur et recherche de l’ombre, inutile pour se protéger de l’averse, inutile à l’homme découragé qui, rien qu’à la vue des fleurs, y aurait trouvé comme une parole d’espérance pour l’avenir, inutile à l’affamé qui ne peut refaire ses forces languissantes grâce au fruit cueilli sur ses branches et sentir qu’il y a un Dieu qui veille sur les besoins de ses enfants, inutile même à l’oiseau qui cherche en vain un refuge sur ce tronc dépouillé.

Vraiment, la vertu rigide et privée d’amour est une triste vision de tronc vigoureux, mais sec et destiné à mourir. C’est encore de l’égoïsme. C’est encore du pharisaïsme. C’est un paganisme qui se substitue au vrai culte. Car la vraie religion s’appuie sur les deux colonnes des deux amours de Dieu et du prochain, et tout l’édifice est précaire, sans harmonie, s’il est soutenu par une seule colonne.

La Loi demande d’aimer Dieu et de s’aimer entre frères, en s’accueillant les uns les autres, en se soutenant, en s’instruisant, en compatissant comme fit le Christ.

Toi, petite «voix», tu vois comme le Christ a aimé aussi bien les circoncis – c’était leur droit en tant que membres du Peuple de la promesse -, que les incirconcis, comme c’était son droit de les aimer, en tant que peuple nouveau du Roi des rois. Il les a tant aimés que les premiers en firent un chef d’accusation injuste contre lui, tout comme les « circoncis » actuels, ceux qui pour être, ou pour se croire les élus parmi les nations, font, des pages qui révèlent l’incomparable amour du divin Maître pour les païens, un sujet de scandale et un objet de négation. Les rabbis d’alors ne comprenaient pas plus que ceux de maintenant la suprême charité qui voit dans les hommes autant de frères à aimer : comme tels s’ils sont saints, et pour qu’ils le deviennent s’ils ne le sont pas.

Je te dis avec Paul que ce nouveau peuple dépasse dans l’amour qu’il rend à l’Amour ceux qui se croient parfaits. Il en est toujours ainsi, maintenant comme il y a vingt siècles. Les sages ignorants, c’est-à-dire ceux qui connaissent la lettre mais non pas son esprit, ne savent pas comprendre, croire et accepter que Jésus Christ, le Sauveur, est venu, et qu’il vient, plus pour les païens que pour les siens, plus pour les brebis sauvages, blessées, galeuses et sans berger, que pour les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont déjà à l’abri dans sa bergerie.

Jésus Christ a été, est et sera, le salut de tous ceux qui savent le chercher ou le désirer.

Sachez donc aimer, souffrir, agir, sans faire de différence entre ceux qui sont du troupeau et ceux qui n’en sont pas, en pensant que, il y a vingt siècles, le ciel s’est ouvert pour accorder le Sauveur et Maître, non pas à Bethléem, à Nazareth ou à Jérusalem, ni même à la Palestine tout entière ou à l’Israël encore plus vaste puisque disséminé de par le monde, mais pour le donner à tous les hommes.

Voici quel doit être l’esprit de préparation à la venue du Christ, suprême amour de Dieu: un esprit d’amour universel qui désire le Royaume de Dieu, la Maison du Père, pour tous les hommes.

Mais toi, c’est un devoir d’amour encore plus grand qui te revient. Tu sais pourquoi et pour qui. Que la grandeur d’amour qui t’est demandée ne te décourage pas. Celui que tu as reçu est tellement grand ! Sois donc généreuse, de toutes les façons, et jusqu’à la consommation totale. Sois héroïque. Sois victime. Sois héroïque. Le temps passe et la paix vient. Sois héroïque. Après, tout te semblera avoir été si peu de choses par rapport à ce que tu auras.

Elève ton esprit! Regarde la joie qui vient de ton Dieu, regarde ton Dieu qui est ta joie, et qui vient à toi pour te réconforter.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. »

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