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Versets abrogeants (nâsikh) & versets abrogés (mansûkh)

Versets abrogeant &  abrogés

La règle de l’abrogation constitue une clé absolument indispensable pour la compréhension du Coran et donc de l’islam. Si on ne connaît pas cette règle fondamentale, on ne peut qu’être déconcerté ou découragé devant les nombreuses contradictions présentes dans le livre saint des musulmans ; on risque également de se faire « rouler dans la farine » lors de discussions avec des musulmans rusés et/ou malintentionnés.

Anne-Marie Delcambre consacre un bref chapitre de son dernier livre [1] à ce thème. Elle rappelle que « dans le cas de deux versets qui se contredisent, pour les spécialistes, le verset révélé en dernier abroge le verset révélé en premier ». Étant donné que dans le Coran les sourates ne sont pas classées dans l’ordre chronologique mais approximativement par ordre de longueur décroissante (de la plus longue sourate à la plus courte, à l’exception de la première sourate), une question se pose inévitablement : en cas de contradiction entre deux versets, comment savoir quel est le verset révélé en dernier ?

Réponse : « Il faut (…) se référer aux études des savants de l’islam pour connaître l’ordre chronologique ». Ceux-ci distinguent les sourates mecquoises (révélées à La Mecque entre 610 et 622) et les sourates médinoises (révélées à Médine entre 622 et 632).

Le principe du verset abrogeant (nâsikh) et du verset abrogé (mansûkh) est contenu dans le Coran lui-même : Sourate 16 (sourate mecquoise, la 70 ème révélée), verset 101 (ou 103) [2] : « Quand Nous remplaçons un verset par un autre – et Allah sait mieux ce qu’Il fait descendre – ils disent : « Tu n’es qu’un menteur. » Mais la plupart d’entre eux ne savent pas. » Sourate 2 (sourate médinoise, 87 ème révélée), verset 106 (ou 100)Si nous abrogeons un verset ou si nous le faisons passer à l’oubli, Nous en apportons un meilleur ou un semblable. Ne sait-tu pas qu’Allah est omnipotent ? » (Allah modifie son message en fonction de son humeur, du temps qu’il fait et de je ne sais quoi encore! C’est très humain comme réaction et disons-le franchement, cela n’a rien d’un dieu sachant tout, voyant tout et ayant la science infinie. Ndlr Gérard Brazon) Quel est l’intérêt de tout ceci ? La règle de l’abrogation a des conséquences pratiques, concrètes. Illustrons-le.

Deux exemples.

Premier exemple : Pourquoi la consommation d’alcool est-elle interdite aux musulmans ? La sourate 16, verset 67 (ou 69) dit pourtant : « Des fruits des palmiers et des vignes, vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent. Il y a vraiment là un signe pour les gens qui raisonnent ».

Pour répondre à la question, il faut savoir que la sourate 16 est une sourate mecquoise (c’est la 70 ème révélée) et qu’elle est abrogée par la sourate 2 (médinoise, 87 ème révélée), verset 219 (ou 216). Celle-ci est abrogée à son tour par la sourate 4 (médinoise, 92 ème révélée), verset 43 (ou 46). Cette dernière enfin est abrogée par la sourate 5 (médinoise, 112ème révélée), verset 90 (ou 92) : « O les croyants ! Le vin, les jeux de hasard, les statues, les flèches de divination sont une abomination inventée par Satan. Écartez-vous-en afin que vous réussissiez. » On a donc ici affaire à une succession de versets qui s’abrogent les uns les autres, et c’est le dernier d’entre eux (chronologiquement) qui a le dernier mot. « D’après le principe de l’abrogation qui régit l’application du Coran, c’est la sourate 5 qui doit guider la conduite du musulman. Il faut donc ne pas consommer d’alcool » [3].

Deuxième exemple : Pourquoi certains, dont je fais partie, déploient-ils autant d’efforts pour dire, à l’encontre de tant d’autres, que l’islam n’est PAS la religion pacifique et tolérante qu’on a coutume de nous décrire ? Le Coran contient bien de nombreux versets « pacifiques », « gentils », « tolérants ». En effet. Mais il en comprend également d’autres, qui sont « intolérants », d’une extrême violence envers les juifs, les chrétiens, les non-croyants. Dès lors, à quels versets se fier ? Il faut une nouvelle fois savoir à quelle période se rapportent les versets en question. Les premiers (tolérants) appartiennent à la période mecquoise, les seconds (violents) à la période médinoise.

Par conséquent, toujours en vertu de ce principe de l’abrogation (contenu dans le Coran, je le rappelle), les versets qui prêchent l’indulgence, la tolérance, sont abrogés par ceux qui prônent la violence et l’intolérance. Ceux qui invoquent les versets de la période mecquoise pour soutenir que « l’islam est une religion de paix etc. » sont ignorants du principe de l’abrogation, ou pire encore, le connaissent très bien mais mentent par omission afin de vous manipuler.

Anne-Marie Delcambre fournit dans son dernier livre, au chapitre « Sourates du Coran ? », une liste fort précieuse des sourates de La Mecque et de Médine. Sur un total de 114 sourates, 86 sont mecquoises, 28 sont médinoises.

Sont médinoises les sourates suivantes (dans l’ordre de la révélation) : 2, 8, 3, 33, 60, 4, 99, 57, 47, 55, 13, 76, 65, 98, 59, 24, 22, 63, 58, 49, 66, 64, 61, 62, 48, 5, 9, 110. La sourate 2 est ainsi la première sourate de la période médinoise, et les sourates 5, 9 et 110 en sont les dernières.

Arrêtons-nous un instant sur deux sourates médinoises particulièrement importantes.

« La sourate 9, sourate médinoise, l’avant-dernière révélée, est d’une importance primordiale. Le verset 29 de cette sourate 9, révélée en 631, abroge toute disposition antérieure autorisant une attitude plus douce envers les polythéistes, les juifs, les chrétiens, les sabéens et les zoroastriens. Ce verset n’établit plus de différence entre les idolâtres et les monothéistes. » [4]

Or, que dit cette sourate 9, verset 29 ?« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés».(C’est le statut de la dhimmitude qui fait du non musulman un être inférieure. Alors qui est raciste? l’Islam bien sûr et c’est dit clairement dans le Coran. Ndlr Gérard Brazon)

Le verset 4 (ou 4-5) de la sourate 47 (95ème révélée) est appelé « verset du jihad » : il abroge tous les versets appelant à la paix. Et que dit le « verset du jihad » ?

« Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que la guerre dépose ses fardeaux. Il en est ainsi, car si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c’est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans le chemin d’Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions ». (notons que le bien pensant parle souvent du jihad comme d’une bataille contre soi pour mieux s’élever vers dieu. cette sourate prouve qu’il existe aussi un jihad de violence, de contrainte et de guerre sainte. ndlr Gérard Brazon)

Il faut donc avoir cette règle de l’abrogation à l’esprit lors de toute discussion au sujet de l’islam, que ce soit avec des gens qui l’ignorent et à qui il faut alors l’expliquer, ou avec des gens qui la connaissent mais comptent sur notre ignorance pour avancer leurs pions et nous induire en erreur…

Un cas d’école à connaitre absolument. Il est utilisé par les propagandistes musulmans pour nous faire croire que l’islam est tolérant, c’est le célèbre verset 256 (ou 257) de la sourate 2 qui dit: «Nulle contrainte en religion .» Il est censé nous laisser croire que l’on peut entrer ou sortir de l’islam librement. Certes c’est un verset médinois mais il est abrogé par un autre verset médinois ultérieur, le non moins célèbre verset de la dhimmitude, le verset 29 de la sourate 9, vu précédemment, mais que je cite à nouveau :« Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce qu’Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés ».

Tant que cette règle de l’abrogation ne sera pas abrogée, si j’ose dire, les tentatives de ceux qui conseillent de ne tenir compte que des sourates mecquoises n’ont hélas aucune chance d’aboutir.

Le Soudanais Mahmoud Muhammad Taha (1908-1985), pour l’avoir proposé, le paya de sa vie : il fut déclaré coupable d’apostasie et fut pendu le 20 janvier 1985. Il avait soixante-seize ans.

[1] Anne-Marie Delcambre, Soufi ou mufti ? Quel avenir pour l’islam ? Desclée de Brouwer, 2007

[2] Il existe deux numérotations des versets : moderne (à partir de 1923) et ancienne (avant 1923, donnée ici entre parenthèses si décalage). Pour consulter le coran, en numérotation moderne, traduit en français par Muhammad Hamidullah, savant vénéré par les musulmans francophones : http://oumma.com/coran

[3] Anne-Marie Delcambre, op. cit. , p. 52

[4] Anne-Marie Delcambre, op. cit. , p. 27

Source

La Trinité dans la bible, Jésus est-il Dieu?

La Trinité dans l’ancien testament – Deux personnes révélées dans le premier verset

Genèse 1, 1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

Dieu étant Esprit, l’Esprit de Dieu est l’Esprit de l’Esprit (Dieu)

Genèse 1, 26  Puis Dieu dit:  » Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. « 

Dieu parle à au moins une autre personne quand Il dit : Faisons l’homme…

L’Esprit-Saint

Actes des Apôtres 2, 1 Comme le jour de la Pentecôte était arrivé, ils étaient tous ensemble au même (lieu). Tout à coup, il vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu; et il s’en posa (une) sur chacun d’eux. Et tous furent remplis d’Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait de proférer.

L’apôtre Jean reconnait Jésus comme Dieu et rapporte le témoignage de Jean-Le-Baptiste (le précurseur)

Jean 1: 1  Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui: non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde. Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu. Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés. Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité.

Jésus parlant de la trinité

Mathieu 28, 16  Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. En le voyant, ils se prosternèrent; mais il y en eut qui doutèrent. Et Jésus s’approchant leur parla ainsi:  » Toutes puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. « 

Jean-Baptiste parlant de Jésus qui baptisera par l’Esprit-Saint

Matthieu 3:11  » Moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales; lui, il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Dans sa main est le van: il nettoiera son aire, il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point. « 

Nom de Dieu dans l’ancien testament

Exode 3,14 Moïse dit à Dieu: « Voici, j’irai vers les enfants d’Israël, et je leur dirai: Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. S’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? » Et Dieu dit à Moïse: « Je suis celui qui suis » Et il ajouta: « C’est ainsi, que tu répondras aux enfants d’Israël: Celui qui est m’envoie vers vous. »

Exode 6,3  Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu tout-puissant mais sous mon nom de Yahweh, je ne me suis pas fait connaître à eux.

Jésus se déclarant Dieu

Jean 8:57  Les Juifs lui dirent: « Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham? » Jésus leur répondit: « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fut, je suis. » Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

Jean 10: 22 On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace; c’était l’hiver; Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs l’entourèrent donc et lui dirent: « Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens? Si vous êtes le Christ dites-le nous franchement. » Jésus leur répondit: « Je vous l’ai dit, et vous ne me croyez pas: les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi; Mais vous ne me croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis entendent ma voix. Je les connais et elles me suivent. Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. Mon père et moi nous sommes un. » Les Juifs ramassèrent de nouveau des pierres pour le lapider. Jésus leur dit: « J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres bonnes qui venaient de mon Père: pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous? » Les Juifs lui répondirent: « Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu; Jésus leur répondit: « N’est-il pas écrit dans votre Loi: J’ai dit: vous êtes des dieux? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde: Vous blasphémez, parce que j’ai dit: Je suis le Fils de Dieu? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, alors même que vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres: afin que vous sachiez et reconnaissiez que le Père est en moi, et que je suis dans le Père. »

Prières de Sainte Catherine de Sienne XIII, XIV, XV

XIII – Prière faite à Rome.

1. O Dieu d’amour, que puis-je dire de votre Vérité? Parlez de la vérité, vous qui êtes la Vérité. Moi je vous ignore, et je ne puis parler que des ténèbres. Je n’ai pas suivi le Fruit de votre croix, et j’ai marché dans les ténèbres sans les connaître; car celui qui connaît les ténèbres connaît la lumière. Mais moi j’ai suivi les ténèbres, et je ne les ai pas approfondies. Dites-moi, Seigneur, la vérité sur votre croix, et j’écouterai. Vous me dites qu’il y en a qui persécutent le Fruit de votre croix, et c’est vous qui êtes le Fruit de votre croix. O Verbe! Fils unique de Dieu, qui, par l’excès de votre amour pour nous, vous êtes placé comme un fruit sur deux arbres: sur l’arbre de la nature humaine d’abord, pour nous révéler la vérité de votre Père invisible, que vous représentez; sur l’arbre de la Croix ensuite, où ce ne sont pas les clous qui vous ont attaché, mais les seules forces de votre amour, et cela pour nous montrer la vérité de la volonté de votre Père qui voulait notre salut.

2. C’est de cet arbre qu’a coulé le Sang précieux qui, par l’union de la nature divine, nous a donné la vie, et qui, par sa vertu, nous purifie encore du péché dans les sacrements. Vous avez déposé ce Sang dans les celliers de l’Église militante, et vous en avez donné les clefs et la garde à votre Vicaire sur terre. Les hommes ne le savent et ne le comprennent que par la lumière dont vous éclairez leur intelligence, la partie la plus noble de notre âme. Et cette lumière est la lumière de la foi, que vous accordez à tout chrétien dans le baptême, où votre grâce coule pour effacer la tache originelle et nous donner la lumière suffisante pour nous conduire à la béatitude.

3. Nous pouvons, par la corruption de l’amour-propre, obscurcir nos yeux, que votre grâce a illuminés clans le baptême. Nous pouvons nous aveugler par les nuages de la tiédeur et les vapeurs de l’amour-propre; et alors nous vous méconnaissons, vous et le véritable bien. Nous appelons mal ce qui est bien, et bien ce qui est mai, et nous devenons, par cet abus de la vérité, plus ingrats et plus mauvais que si nous n’avions pas reçu la lumière; car un chrétien qui s’égare est pire qu’un infidèle; il peut seulement recourir plus facilement au remède qui doit le guérir, à cause des lueurs de la foi qui reste encore en lui.

4. Oui, Seigneur, ceux-là sont les ennemis de votre Croix et de votre Sang; car ils ne vous suivent pas dans votre Passion; ils vous persécutent, ils attaquent votre Vicaire, qui a les clefs du cellier où se conservent votre Sang et le sang des martyrs, qui n’a de vertu que par le vôtre. Leur rébellion et leurs péchés viennent de ce qu’il ont perdu la lumière de la Vérités qu’on acquiert par la foi (Sainte Catherine parle ici de la rectitude de jugement que donne la foi.). Aussi les philosophes qui connaissaient les créatures, mais qui n’avaient pas la foi, n’ont-ils pu se sauver.

XIV – Prière faite à Rome.

1. O Dieu éternel, délivrez-moi des chaînes de mon corps, afin que je puisse voir votre Vérité; car maintenant la mémoire ne peut vous saisir, l’intelligence vous comprendre, et la volonté vous aimer comme vous le méritez. O Nature divine, qui ressuscitez les morts, et qui seule donnez la vie, comment vous êtes-vous unie à notre nature mortelle, pour lui rendre la vie? O Verbe éternel! cette union était si parfaite, que rien n’a pu la rompre. Sur la Croix, la nature mortelle souffrait, mais la nature divine vivifiait, et vous étiez à la fois dans la béatitude et la douleur: le tombeau même n’a pu séparer vos deux natures.

2. O Père éternel! vous avez revêtu votre Verbe de notre nature, afin qu’en elle il satisfit pour nous; vous avez voulu punir le Fils véritable pour la faute du fils adoptif. O Père éternel! que vos jugements sont profonds et ineffables! L’homme insensé peut-il les comprendre? Il juge d’après les apparences vos œuvres et celles de vos serviteurs, au lieu de les juger d’après la charité que vous répandez dans les âmes.

3. Homme ignorant et grossier, puisque Dieu t’a fait homme pourquoi te faire animal et abaisser ton jugement au dessous de celui de la brute? Tu sais que ceux qui sont ainsi tombent dans les peines éternelles de l’enfer; et là, l’homme est anéanti, non pas quant à la nature, mais quant à la grâce qui perfectionne la nature, et sans laquelle tout n’est rien.

XV – Prière faite à Rome, le 12 août, jour de l’octave de saint Dominique.

1. O ingratitude de l’homme! ô amour incompréhensible et infini de Dieu! Vous dites, Père éternel, que l’homme qui se regarde vous trouve en lui-même, parce qu’il a été fait à votre image; il a la mémoire pour vous retenir, vous et vos bienfaits, et il participe à votre puissance; il a l’intelligence pour vous connaître, et il participe à votre Sagesse, qui est votre Fils unique, notre Sauveur Jésus-Christ; il a la volonté pour vous aimer, et il participe à la clémence du Saint Esprit. Ainsi, non seulement vous l’avez créé à votre ressemblance, mais vous avez pour ainsi dire en vous sa ressemblance, puisque vous êtes en lui et qu’il est en vous.

2. Je ne me suis pas connue en vous, mon Dieu; je ne vous ai pas connu en moi, et c’est là le malheur des pauvres ignorants qui vous offensent. Sans leur ignorance, pourraient-ils ne pas vous aimer? Cette ignorance est causée par la privation de la lumière de la grâce, et cette privation vient elle-même des nuages que produit l’amour sensitif. La conformité entre les hommes est si grande, que quand ils ne s’aiment pas ils s’éloignent de leur propre nature.

À la fin de cette prière, on lit dans la version latine: « Sainte Catherine pria ensuite pour les siens, afin qu’ils participassent à la nature divine, en s’aimant les uns les autres, car c’est la vraie ressemblance. Et elle ajouta: Mon Dieu, je ne puis avoir une plus grande grâce que de passer ma vie dans les peines, et de la terminer pour vous par le martyre »

Prières de Sainte Catherine de Sienne X, XI, XII

X – Prière faite à Rome, le mercredi 3 mars 1379.

1. O Trinité éternelle, Dieu tout puissant, nous sommes des arbres de mort, et vous êtes l’arbre de vie. Dieu infini, quel spectacle de voir dans votre lumière l’arbre de votre créature! Vous aviez tiré de vous, Pureté suprême, son âme pure et innocente, et vous l’avez unie à un corps formé du limon de la terre. Vous aviez donné à cette arbre pour rameaux les puissances de l’âme, qui sont l’intelligence, la mémoire et la volonté. Et quels fruits devaient porter ces rameaux? La mémoire devait retenir, l’intelligence devait comprendre, la volonté devait aimer. O arbre, dans quel heureux état le jardinier divin t’avait planté!

2. Hélas! cet arbre, ô mon Dieu, s’ est séparé de l’innocence par sa faute; il est tombé, Il est devenu d’un arbre de vie un arbre mort; et il ne pouvait plus porter que des fruits empoisonnés. Mais, éternelle Trinité, vous vous êtes passionnée jusqu’à la folie pour votre créature; et lorsque vous avez vu que cet arbre ne devait plus produire que des fruits de mort, parce qu’il s’était séparé de vous, qu êtes la Vie, vous l’avez sauvé par ce même amour qui vous avait poussé à le créer; vous avez greffé votre divinité sur l’arbre perdu de notre humanité. Bonne et bienfaisante greffe, vous avez mêlé votre douceur à notre amertume, la splendeur aux ténèbres, la sagesse à la folie, la vie à la mort, l’infini au fini.

3. Après l’injure que votre créature vous avait faite, qui donc vous a pu forcer à cette union qui nous rend la vie? C’est l’amour, le seul amour; et cette greffe merveilleuse a vaincu la mort. Mais cela ne suffisait pas aux ardeurs de votre charité, ô Verbe éternel: vous avez voulu arroser cet arbre de votre propre Sang, et ce Sang par sa chaleur fait fructifier l’arbre, dès que l’homme consent à s’unir et à vivre en vous. Son cœur et ses affections doivent être liés à la greffe céleste par les liens de la charité et l’imitation de votre doctrine. Nous ne pouvons et ne devons pas suivre le Père, en qui ne peut être la peine; nous devons par la peine et le tourment de nos désirs nous rendre conformes à vous; car vous êtes la vie, et rions produirons des fruits de vie en recevant votre sève vivifiante. Dès que nous vous sommes unis, les rameaux donnent leurs fruits; la mémoire se remplit du souvenir continuel de vos bienfaits; l’intelligence vous contemple pour connaître votre éternelle volonté et vos perfections; la volonté veut aimer ce que l’intelligence lui a fait connaître. Chaque rameau donne ses fruits aux autres rameaux; et parce que l’âme, par la connaissance qu’elle a de vous, se connaît mieux elle-même, elle se hait dans sa sensualité.

4. O Amour infini, quelles merveilles vous avez opérées dans les créatures raisonnables! O Dieu éternel, si, lorsque l’homme était un arbre de mort, vous avez daigné en faire un arbre de vie, en vous y greffant vous-même, ne pourriez-vous pas, malgré la multitude de ceux qui, par leur faute, portent des fruits de mort, en ne s’unissant point à vous qui êtes la vie, ne pourriez-vous pas sauver le monde que je vois se séparer de vous et persévérer dans la mort! Oui, les hommes ne viennent pas à la fontaine où est le Sang qui doit arroser leur arbre; la vie éternelle coule pour nous, pauvre créatures, qui l’ignorons et n’en profitons pas.

5. O mon âme aveugle et misérable, où sont les cris et les prières que tu dois répandre en la présence de ton Dieu, qui t’y invite sans cesse? Où est ta douleur profonde pour ces arbres qui restent dans la mort? Où sont ces désirs suppliants qui fléchissent l’éternelle Bonté? Hélas! je ne les ai pas, parce que je n’ai pas encore perdu l’amour de moi-même. Si je l’avais perdu, si je cherchais Dieu, si je voulais uniquement la gloire de son nom, mon cœur s’échapperait de mon corps et mes os distilleraient leur moelle. Mais je n’ai jamais produit que des fruits de mort, parce que je ne suis pas greffé sur vous, mon Dieu.

6. Quelle lumière, quel éclat reçoit l’âme qui est greffée véritablement sur vous! O générosité sans borne, la mémoire nous dit sans cesse que nous sommes obligés d’aimer et de suivre la doctrine et les exemples du Verbe, votre Fils unique. Sans la lumière de la foi, nous ne pourrions suivre cette doctrine et ces exemples; aussi l’intelligence fixe cette lumière pour en avoir la connaissance, la volonté aime aussitôt ce que l’intelligence lui montre; tous les rameaux se communiquent leur fécondité.

7. O arbre, où prends-tu donc tes fruits de vie, puisque tu es mort et stérile? C’est l’Arbre de vie qui te les donne; s’il n’était pas greffé sur toi, tu n’aurais aucune vertu, puisque tu n’es rien. O Vérité éternelle, vous nous produisez des fruits d’amour et de lumière, des fruits de cette prompte obéissance qui vous a fait courir avec ardeur à la mort ignominieuse de la Croix. Vous avez porté des fruits en greffant votre divinité sur notre humanité, en attachant votre corps sacré sur le gibet du Calvaire. L’âme qui vous est unie ne pense qu’à votre honneur et au salut des âmes. Elle devient sage, fidèle, patiente et prudente.

8. Rougis de honte, toi qui par tes fautes te prives de si grands biens et t’exposes à de si grands malheurs. Tes bonnes œuvres ne peuvent servir à Dieu, et tes offenses ne peuvent lui nuire; mais son infinie bonté se réjouit lorsque sa créature veut bien recevoir ses dons ineffables et accepter le bonheur qui lui est destiné. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi. Unissez-vous, greffez sur vous ceux que vous m’avez donnés à aimer d’une manière spéciale, afin qu’ils portent des fruits de vie. O bonté infinie! la rosée de votre lumière céleste donne à l’âme qui vous est unie la paix de la conscience; et la rosée de vos serviteurs dissipe les nuages et rend la lumière et la paix à l’Église votre Épouse; faites tomber ces rosées, je vous en conjure humblement. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi. Ainsi soit-il.

XI – Prière faite à Rome, le jour de l’Annonciation de la Sainte Vierge, 1379.

1. O Marie! Marie, temple de la Trinité, Marie, foyer du feu divin, Marie, Mère de la miséricorde, vous avez porté je fruit de vie; vous avez sauvé le genre humain, puisque c’est avec votre chair que le Christ nous a rachetés. Oui, le Christ nous a rachetés par sa Passion, et vous, par les douleurs de votre âme et de votre corps (La sainte Vierge contribua réellement à notre rédemption par sa maternité divine et par ses souffrances au Calvaire. Elle pouvait bien dire comme saint Paul: Gaudeo in passionibus pro vobis, et adimpleo ea quae desunt passionum Christi in carne mea pro corpore ejus, quod est Ecclesia (Coloss. I, 24).). O Marie, océan tranquille, Marie, source de la paix! Marie, vous êtes l’arbre nouveau qui nous a donné cette fleur odorante, ce Verbe, ce Fils unique de Dieu, qui vous a choisie comme une terre fertile. Vous êtes la terre et vous êtes l’arbre.

2. O Marie, char de feu, vous avez conservé et caché le feu dans la cendre de notre humanité. Marie, vase d’humilité, où brillait la lumière de la vraie science qui vous a élevée au dessus de vous-même, vous avez charmé le Père céleste, et il vous a ravie; il vous a captivée dans les liens d’un amour ineffable, et par cette lumière, cette ardeur de votre charité, cette flamme de votre humilité, vous l’avez vaincu vous-même, et vous avez forcé sa divinité à descendre en vous. Sa bonté infinie pour les hommes était d’ailleurs votre complice.

3. O Marie, grâce à la lumière que vous aviez, vous n’avez pas été une-vierge folle, mais une vierge prudente; car vous avez demandé à l’ange Comment ce qu’il vous annonçait pourrait se faire. Vous n’ignoriez pas que tout était possible à la toute-puissance de Dieu, et vous n’aviez aucun doute à cet égard. Pourquoi disiez-vous: « Je ne connais pas d’homme »? (Luc, 1, 34). Ce n’était pas le manque de foi, mais votre humilité profonde qui vous le faisait dire; vous croyiez à la puissance de Dieu, mais vous ne pensiez qu’à votre indignité.

4. Marie, vous avez été troublée par les paroles de l’ange; il me semble, dans la lumière de Dieu, que ce n’était pas de crainte, mais d’admiration. Et qu’admiriez-vous? Vous admiriez l’immensité de la bonté de Dieu, et vous étiez troublée en voyant combien vous étiez indigne de la grâce qu’il voulait vous faire. Cette comparaison de votre indignité et de votre faiblesse avec le miracle ineffable de la grâce divine, vous remplissait de confusion. Votre demande prouvait votre humilité profonde; vous étiez, non pas effrayée, mais étonnée de l’immensité de la bonté de Dieu, que vous compariez à votre petitesse et au néant de votre vertu.

5. Aujourd’hui, ô Marie, vous êtes le livre où notre règle est écrite. Car en vous brille la sagesse du Père céleste, en vous paraît la dignité, la force, la liberté de l’homme. Oui, j’y vois la dignité de l’homme; car, lorsque je vous contemple, ô Marie, je vois que le Saint Esprit a représenté en vous la sainte Trinité en y formant le Verbe incarné, le Fils unique de Dieu. Il y a montré la Sagesse éternelle, qui est le Verbe; la puissance du Père, qui a pu faire une si grande chose; et la clémence du Saint-Esprit, par la grâce et la charité duquel s’est accompli cet ineffable mystère.

6. Si je médite sur cet acte de vos conseils, ô éternelle Trinité, je découvre que vous avez pris en considération la noblesse et la dignité du genre humain. L’amour vous avait forcé à le créer, l’amour vous a forcé à le racheter et à le sauver. Vous aviez bien prouvé que vous aimiez l’homme avant qu’il fût, puisque vous avez voulu le tirer de vous par amour; mais vous avez prouvé bien davantage cet amour, lorsque vous vous êtes donné à lui, en vous revêtant des haillons de son humanité. Pouviez-vous donner plus que vous-même, et n’avez-vous pas le droit de lui dire: Que te devais-je? et ce que je pouvais, ne l’ai-je pas fait? Oui, tout ce que, dans vos conseils, la Sagesse éternelle avait jugé nécessaire pour sauver le genre humain, votre clémence ineffable l’a voulu, et votre puissance l’a accompli, au jour de l’Annonciation.

7. Votre infinie miséricorde voulait le salut de votre créature, ô éternelle Trinité! et vous désiriez lui donner le bonheur parfait qui lui était destiné, puisque vous l’aviez créée pour qu’elle fût unie à vous, et qu’elle en jouît pleinement; mais votre justice s’y opposait, en vous disant que, si vous étiez miséricordieux, vous étiez juste aussi, et que votre justice ne devait pas changer. La justice ne laisse jamais le mal sans châtiment et le bien sans récompense. L’homme ne pouvait être sauvé s’il ne satisfaisait pas à la justice pour sa faute.

8. Alors, qu’avez-vous fait? Qu’avez-vous décidé? Comment votre sagesse éternelle et incompréhensible est-elle restée dans la vérité, en faisant à la fois miséricorde et justice? Quel moyen avez-vous pris pour nous sauver? Ce moyen a été de nous donner le Verbe, votre Fils unique. Il a revêtu notre humanité qui vous avait offensé, afin qu’en souffrant dans notre chair il peut satisfaire à votre justice, non pas par la vertu de l’humanité mais par celle de la Divinité unie à l’humanité. L’homme qui avait péché, s’acquitta envers la justice, parce que la miséricorde lui prêta, pour payer sa dette, la divinité du Verbe.

9. O Marie, le Verbe qui s’est incarné eu vous, est resté cependant uni à son Père, comme la parole intérieure de l’homme, lorsqu’elle s’exprime et qu’elle se communique, ne se sépare pas du cœur. N’est-ce point une preuve de la dignité de l’homme, pour qui Dieu a fait de si grandes et de si nombreuses merveilles?

10. Nous voyons encore aujourd’hui en vous, ô Marie, la force et la liberté de l’homme; car c’est après la délibération de l’auguste Trinité qu’un ange vous est envoyé pour vous annoncer le mystère des conseils divins, et pour vous demander votre consentement. Avant de descendre en votre sein, le Fils de Dieu s’adresse à votre liberté; il attend à la porte de votre volonté, il vous soumet le désir qu’il a d’habiter en vous, et il n’y serait jamais entré, si vous ne lui aviez dit: « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole » (Luc, I, 38). N’est-ce pas là une grande preuve de la force et de la liberté de la volonté? Rien de bien ou de mal ne peut se faire sans elle. Le démon ni aucune créature ne la forcent au mal, si elle ne devient pas leur complice; et personne ne peut la contraindre au bien, si elle veut résister. La volonté de l’homme est donc libre.

11. O Marie, le Dieu tout puissant frappait à votre porte, et si vous ne lui aviez pas ouvert votre volonté, il n’eût pas pris la nature humaine. O mon âme, sois remplie de confusion, en voyant que Dieu fait avec toi un pacte et une alliance en Marie. Tu dois maintenant comprendre que celui qui t’a faite sans toi, ne peut pas sans toi te sauver, puisqu’il s’adresse à la volonté de Marie et qu’il attend son consentement. O Marie, amour délicieux de mon âme! en vous est écrit le Verbe qui nous donne la doctrine de vie; vous êtes le tableau qui nous le représente et qui nous l’explique.

12. Dès que la Sagesse, le Fils unique de Dieu, a été dans votre sein, il y a trouvé la croix du désir; et toute son ambition a été de mourir pour le genre humain, qu’il voulait sauver en prenant notre nature. C’était une grande croix que cette ambition qu’il voulait satisfaire.

13. O Marie, j’ai recours à vous et je vous offre mes prières pour l’Épouse de notre doux Sauveur, votre Fils bien-aimé; je vous implore pour son Vicaire, afin qu’il reçoive la lumière qui lui est utile pour discerner les meilleurs moyens de réformer l’Église. Unissez-lui les fidèles; rendez leur cœur semblable au sien, et qu’ils ne se révoltent jamais contre leur chef. Il est, mon Dieu, comme une enclume; ses nombreux ennemis l’attaquent par leurs paroles et lui nuisent tant qu’ils peuvent.

14. Je vous prie aussi pour ceux que vous m’avez donnés; enflammez-les, qu’ils soient des charbons ardents que consument votre amour et celui du prochain. Qu’ils aient, aux jours de l’épreuve, leurs barques bien fournies et bien disposées, pour eux et pour les autres. Je vous prie pour ceux que vous m’avez donnés: au lieu de les édifier, je les ai toujours scandalisés, au lieu d’être pour eux un modèle de vertus, je ne leur ai donné que des exemples d’ignorance et de négligence. Mais je m’adresse hardiment à vous en ce jour de grâce, parce que je sais, ô Marie, que rien ne peut vous y être refusé. Aujourd’hui, ô Marie, votre terre u produit notre Sauveur. Hé-las! je vous ai offensé toute ma vie, ô mon amour; oui, j’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi.

15. O Marie, soyez bénie entre toutes les femmes, pendant tous les siècles, car vous nous avez donné aujourd’hui votre substance. La Divinité s’est tellement unie et incorporée par vous à notre humanité, que rien maintenant ne peut l’en séparer, pas même la mort et notre Ingratitude. Car, comme la Divinité est restée unie au corps dans le sépulcre, et à l’âme de Jésus-Christ dans les limbes, puis à son âme et à son corps après la Résurrection, notre alliance avec elle n’a jamais été rompue, et elle ne le sera jamais pendant toute l’éternité.

XII – Prière faite à Rome.

1. O Vérité! qui suis-je pour que vous me donniez la vérité? Je suis celle qui ne suis pas, et votre Vérité est celle qui agit, parle, et fait toute chose. Votre Vérité est celle qui donne la vérité, et c’est par votre Vérité que je dis la vérité. Votre Vérité éternelle se communique de différentes manières à toutes les créatures; mais elle ne s’épuise pas et ne change jamais. Vous, Dieu éternel, Fils de Dieu, vous êtes venu de Dieu pour accomplir la volonté de votre Père, et personne ne peut avoir la vérité sans vous. Si quelqu’un veut avoir votre vérité, il ne doit l’affaiblir par aucune erreur; il faut la posséder sans mélange, et c’est ainsi que les bienheureux en jouissent dans votre éternelle contemplation; car ils participent à la vision que vous avez de vous-même.

2. Vous êtes la lumière avec laquelle votre créature vous voit, et, pour elle comme pour vous, il n’y a que ce moyen de vous contempler. Dès que les saints vous voient, ils jouissent de la lumière qui vous fait connaître, et parce que vous êtes toujours la même lumière, le même moyen, le même objet, ils ont la vision que vous avez de vous-même (Sainte Catherine ne confond pas la vision béatifique avec la vision divine; elle les unit seulement comme saint Paul, lorsqu’il dit: Qui autem, adhaeret Domino, unus spiritua est (I Cor. VI,17). Saint Jean dit aussi Scimus quoniam cum apparuerit, similes ei erimus, qui videbimus eum sicuti est (I Ep. III, 2).). Ils l’ont seulement à des degrés différents, les uns plus, les autres moins, selon la différence de leur mérite.

3. Les âmes, pendant cette vie, lorsqu’elles sont en état de grâce, reçoivent votre vérité par la lumière de la foi, qui nous fait croire l’enseignement de l’Église; mais ces âmes, selon leur disposition, reçoivent plus ou moins parfaitement la vérité, qui ne varie pas et qui est la même pour tous. Ainsi les bienheureux jouissent de la même vision, mais plus ou moins parfaitement, selon leur élévation dans la gloire.

Aux Sources du Coran – par frère Bruno Bonnet-Eymard

Par sa traduction scientifique du Coran, frère Bruno établit d’une manière certaine que les sources du Coran sont bibliques, Ancien et Nouveau Testament. L’islam n’est donc pas une révélation divine comme voudraient nous le faire croire les Musulmans, mais un plagiat de la Bible agrémenté de légendes et d’histoires arabes.

Cette traduction scientifique, à elle seule destructrice du mythe des origines de l’islam, est désormais confirmée par les travaux et découvertes archéologiques des savants Joachim Gnilka et Christophe Luxenberg.

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Prières de Sainte Catherine de Sienne VII, VIII, IX

VII – Prière faite à Rome, le dimanche 20 février 1379.

1. Je le confesse, Dieu éternel, je le confesse, adorable Trinité, vous me voyez et vous me connaissez, votre lumière me l’a fait comprendre. Je sais que vous n’ignorez pas les besoins de votre Épouse bien-aimée, la bonne volonté de votre Vicaire, et les obstacles qu’il rencontre dans le bien qu’il veut faire. J’ai vu à vos clartés que tout vous est présent, parce que rien ne peut échapper à votre regard; j’ai vu aussi le remède que vous avez préparé en vous-même pour guérir la mort des hommes, vos enfants.

2. Ce remède est le Verbe, votre Fils unique, et vous avez trouvé moyen de nous l’appliquer toujours. Vous avez conservé les cicatrices de ce Fils bien-aimé, afin qu’elles puissent sans cesse solliciter pour nous votre miséricorde. Oui, j’ai vu dans votre lumière que l’ardeur de votre charité vous a fait conserver les cicatrices du corps de Jésus-Christ: ni sa résurrection, ni sa gloire ne peuvent en effacer la couleur sanglante. Vous avez vu en vous, qu’après le mal dont vous l’aviez délivré, l’homme devait tomber encore dans le péché par sa faute, et vous lui avez donné pour remède le sacrement de Pénitence, où le prêtre verse sur l’âme le sang de l’humble Agneau; et, comme vous avez vu en votre Verbe le principal moyen de nous réconcilier avec vous, vous avez vu aussi tous les autres moyens nécessaires à notre salut. J’ai compris dans votre lumière que vous avez vu toutes ces choses; c’est par cette lumière que je vois, et sans elle je marcherais dans les ténèbres.

3. O doux Amour, vous avez vu en vous les nécessités de notre mère la sainte Église; vous savez ce qui lui manque, et vous lui accordez le secours dont elle a besoin par les prières de vos serviteurs; vous voulez qu’ils soient des murs sur lesquels s’appuient les murs de la sainte Église: car la clémence du Saint Esprit les embrase du zèle de sa réforme. Vous connaissez la loi de notre nature corrompue, qui se révolte sans cesse contre votre volonté. Vous saviez que nous devions la suivre; car vous n’ignorez pas combien nous sommes faibles, impuissants, misérables: aussi votre admirable Providence a tout disposé pour que nous ayons tous les secours nécessaires. Vous nous avez donné le rocher inexpugnable de la volonté, afin de défendre la-faiblesse de notre chair; car la volonté est si forte, que ni le démon, ni les créatures ne peuvent la vaincre sans le consentement du libre arbitre qui en dispose.

4. D’où vient, ô Bonté éternelle, cette force de la volonté dans votre créature, si ce n’est de vous qui êtes la Force souveraine et infinie? Oui, nous participons à votre volonté, quand la nôtre en découle. La volonté de l’homme est invincible quand elle obéit à la vôtre; elle est impuissante quand elle s’en éloigne; il est dit que vous l’avez faite à votre ressemblance, et tant qu’elle la conserve, elle triomphe, O Père éternel, vous montrez dans notre volonté la force de la vôtre: car, s’il y a tant de puissance dans une chétive créature, combien ne doit-il pas y en avoir en vous, Créateur et Maître de toutes choses!

5. Cette volonté que vous avez confiée à notre libre arbitre, est encore fortifiée par la lumière de la foi; par cette lumière, l’homme connaît votre éternelle volonté, et il voit qu’elle n’a d’autre but que notre sanctification. Cette vue augmente et fortifie sa volonté, qui par la foi devient active et puissante; car une volonté bonne et une foi vive ne peuvent exister sans les œuvres. Votre lumière produit et augmente le feu dans l’âme, parce qu’elle ne peut ressentir le feu de votre charité, si la lumière ne lui montre votre amour pour nous. Votre lumière est l’aliment du feu dans nos âmes comme le bois est celui du feu sur la terre; elle augmente la charité, parce qu’elle montre la bonté divine, et cette charité se développe en elle, parce qu’elle désire connaître Dieu davantage, et que vous voulez toujours la satisfaire.

6. O Providence admirable, vous ne voulez pas que l’homme marche dans les ténèbres, et qu’il l’este dans la peine; vous lui avez donné la lumière de la foi, qui éclaire sa route, et lui procure la paix. Avec elle, I’âme ne peut mourir de faim, ni languir dans la nudité de la misère. Vous la nourrissez de votre grâce, vous lui faites savourer les douceurs de votre charité, vous la revêtez de la robe nuptiale de votre amour et des ornements de votre volonté sainte; vous lui prodiguez les trésors de votre éternité. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi; car les ténèbres de la loi mauvaise qui est en moi, -et que j’ai toujours suivie, ont obscurci le regard de mon intelligence. Je ne vous ai pas connu, vous qui êtes la véritable Lumière, et cependant il a plu à votre ardente charité de m’illuminer de ses clartés.

7. Oui, vous aviez prévu la faute que devait commettre l’homme, et vous avez préparé un remède à cette faute dans le Verbe, notre Rédempteur. Vous avez prévu notre faiblesse, et vous avez préparé un secours à cette faiblesse dans la force de la volonté, qui a son origine en vous; et ce qui la guide et la soutient, c’est la lumière sacrée de la foi; c’est cette lumière qui est le commencement, le milieu et la fin de toute perfection; c’est elle qui la conserve et l’augmente dans les âmes; c’est elle qui féconde la charité et lui fait produire des œuvres (Ce paragraphe ne se trouve pas dans la version latine).

8. O Dieu, Amour, Charité infinie! vous pénétrez votre créature; elle est en vous, et vous en elle, par la création, par la force de la volonté, par ce feu dont vous l’avez animée, par la lumière naturelle que vous lui avez donnée pour vous voir, ô véritable Lumière, pour s’exercer avec zèle à toutes les vertus, pour louer et glorifier votre saint nom. O Lumière au dessus de toute lumière! ô Bonté au dessus de toute bonté! ô Sagesse au dessus de toute sagesse, Feu au dessus de tout feu! vous êtes tout; car seul, vous êtes Celui qui est, et rien ne peut être s’il n’a reçu l’être de vous.

9. O mon âme, aveugle et misérable, n’es-tu pas indigne de former avec les serviteurs de Dieu un appui à la sainte Église? Ne mériterais-tu pas plutôt d’être dévorée par les bêtes dont tu accomplis toujours les actes? Je vous rends grâces, ô Dieu éternel, je vous rends grâces de vouloir bien m’utiliser ainsi malgré mes iniquités.

10. Je vous en conjure, inspirez aux cœurs de vos fidèles des désirs ardents qui les excitent à la réforme de votre Épouse; faites qu’ils prient sans cesse pour elle, afin que vous puissiez les exaucer. Conservez aussi et augmentez le bon vouloir de votre Vicaire, et accordez-lui de rendre sa vie parfaite.

11. Je vous prie aussi, et je vous implore pour toutes les créatures raisonnables, mais surtout pour ceux que vous m’avez confiés, et que je vous rends, à cause de mon insuffisance et de ma faiblesse. Je ne veux pas que mes péchés leur nuisent, car j’ai toujours suivi la pente mauvaise de la chair; je désire et je demande que vous les conduisiez à la perfection, afin qu’ils méritent d’être exaucés dans les prières qu’ils vous adressent et qu’ils doivent vous adresser pour le salut du monde et la réforme de votre Église. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi; pardonnez-moi ma misère et mon ingratitude, ô Dieu éternel. Je reconnais que votre bonté a bien voulu me conserver pour épouse, malgré mes infidélités continuelles et mes fautes sans nombre. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi.

VIII – Prière faite à Rome, le mardi 22 février de l’an 1379.

1. O Dieu éternel! Dieu éternel, je vous en conjure, ayez pitié de nous! Vous l’avez dit, auguste Trinité, la compassion qui fait naître la miséricorde vous est naturelle: accordez-nous donc cette miséricorde qui en est inséparable. Oui, je le reconnais, c’est votre compassion qui nous a donné votre Verbe pour rédempteur, et cette compassion avait sa source dans cet amour qui vous a fait créer votre créature. Parce que vous l’aimiez, vous avez voulu, après la perte de son innocence, la revêtir encore de votre grâce, et la rétablir dans son premier état. Vous ne lui avez pas ôté la liberté de vous offenser, mais vous lui avez laissé son libre arbitre, et cette loi mauvaise qui combat contre l’esprit et incline l’âme au mal.

2. Pourquoi, mon Dieu, lorsque vous lui êtes si bon, l’homme est-il si cruel pour lui-même? Quelle plus grande cruauté peut-il exercer contre lui que de se tuer par le péché? Il est bon envers ses sens; mais cette bonté est une barbarie contre son âme et même contre son corps, puisque le corps sera tourmenté avec l’âme dans l’enfer. Cette conduite vient de son aveuglement, qui l’empêche de connaître votre bonté pour nous. Montrez-lui donc que votre bonté ne lui servira de rien, s’il n’en a pas aussi pour lui-même; car vous avez créé l’homme sans l’homme, mais vous ne pouvez le sauver sans lui.

3. O Père tendre et miséricordieux! vous voulez que l’homme connaisse votre infinie bonté, afin qu’il apprenne à être bon pour lui-même, et ensuite pour son prochain; car, comme l’a dit le glorieux Apôtre, la charité doit commencer par nous-même. Que l’âme regarde votre bonté, afin qu’elle perde sa cruauté, et qu’elle prenne la nourriture qui la soutient et lui donne la vie. Dieu éternel, Abîme ardent de charité, votre regard veille sur nous; et pour que votre créature sache que votre miséricorde et votre justice observent les œuvres de chacun, vous lui avez donné l’œil de l’intelligence, qui voit que tout bien procède de la lumière, et que tout mal est causé par sa privation; car comment aimer ce qu’on ne voit pas, et comment voir sans la lumière?

4. O Dieu éternel, Père tendre et miséricordieux, ayez compassion de nous; nous sommes des aveugles car nous nous sommes privés de la lumière; moi, surtout, pauvre misérable, qui me nuis toujours à moi-même. Jetez ce regard de bonté qui a tout créé, sur les besoins du monde, et daignez le secourir. Vous nous avez donné l’être que nous n’avions pas, sauvez donc ce qui vous appartient. Vous avez répandu, quand il le fallait, la lumière de vos Apôtres sur le monde; nous en avons maintenant besoin plus que jamais; suscitez un autre Paul, dont les clartés illuminent toute la terre. Étendez votre miséricorde comme un voile qui nous cache aux regards de votre justice; ne jetez sur nous que ceux de votre bonté; enchaînez-nous avec les liens de votre charité, et qu’elle détruise tous les motifs de votre colère.

5. O douce et suave Lumière, ô Principe et Fondement de notre salut, puisque vous voyez nos besoins, faites-nous voir aussi votre éternelle bonté, pour la connaître et pour l’aimer. O union et rapport du Créateur avec la créature, et de la créature avec le Créateur, c’est votre charité qui nous attache à vous, c’est votre lumière qui est notre lumière. Oui, celui qui ouvre les yeux de son intelligence avec le désir de vous connaître, vous connaît. La lumière entre dans l’âme, dès que la volonté lui donne entrée; elle est toujours à la porte de l’âme, et dès qu’on lui ouvre, elle entre comme les rayons du soleil qui frappent à une fenêtre fermée pour pénétrer dans une maison et l’éclairer. Il faut que votre créature ait la volonté de vous connaître, afin qu’elle ouvre son intelligence, et que vous y répandiez vos splendeurs.

6. Quel miracle ne produisez-vous pas dans l’âme, ô bonne Lumière! Non seulement vous en chassez les ténèbres et vous y versez la clarté, mais vous détruisez par votre chaleur l’humidité de l’amour-propre, et vous entretenez l’ardeur vivifiante de la charité; vous rendez le cœur libre, parce que vous lui faites connaître la liberté que vous nous avez donnée, en nous arrachant à la servitude du démon, à laquelle nous étions si malheureusement livrés.

7. L’homme alors hait sa faiblesse à l’égard des sens; il devient dur pour eux et bon pour sa raison, en se rendant maître des puissances de son âme. Il ferme sa mémoire aux misères et aux vains plaisirs du monde; il se détache d’eux par l’oubli, et vos bienfaits deviennent l’unique objet de ses pensées. Il oblige sa volonté à v6us aimer par dessus toutes choses, et à aimer tout en vous.

8. Il ne veut plus suivre que vous, et alors il est bon pour lui-même, et comme il est bon pour lui, il est bon pour son prochain; il est prêt à donner sa vie pour le salut des âmes. Tout ce qu’il fait par charité, il le fait avec prudence, parce que vous lui montrez avec quelle prudence vous accomplissez tout en nous. Vous êtes la lumière qui rendez le cœur droit sans fausseté, large sans petitesse, tellement que toute créature raisonnable devient susceptible d’amour, et cherche le salut des autres selon les lois de la charité. Comme la lumière est inséparable de la prudence et de la sagesse, celui qu’elle éclaire expose bien son corps pour le salut du prochain, mais il n’y sacrifie jamais son âme; il n’est jamais permis à l’homme de commettre la faute la plus légère, cette faute devrait-elle sauver le monde; car pour l’utilité d’une créature finie, qui n’est rien par elle-même, on ne doit pas offenser le Créateur infini de toutes choses, qui est le souverain Bien.

9. Celui qui voit la lumière abandonnera s’il le faut sa fortune, pour sauver la vie de son prochain. Son cœur sera si ouvert, que tout le monde pourra y lire et le comprendre. Jamais son visage et sa langue ne déguiseront sa pensée; il se montrera dépouillé du vieil homme, et revêtu de votre volonté. O Père tout puissant, notre méchanceté vient de ce que nous ne voyons pas la bonté avec laquelle vous avez racheté nos âmes dans le sang précieux de votre Fils.

10. O Père miséricordieux, jetez un regard de bonté sur votre Église et sur votre Vicaire; abritez-le sous les ailes de votre miséricorde, afin que l’iniquité des superbes ne puisse lui nuire, et accordez-moi d’arroser de mon sang et d’engraisser de la mœlle de mes os le jardin de votre sainte Épouse. Si je regarde en vous, je vois que rien ne vous est caché. Les hommes du monde l’ignorent parce qu’ils sont ensevelis dans les ténèbres de l’amour-propre. S’ils le savaient, ils ne seraient pas si cruels pour leurs âmes, mais ils deviendraient bons à cause de votre bonté. Oh! je vous le demande de tout mon cœur, accordez la lumière nécessaire à toute créature raisonnable.

11. Oui, par le Verbe votre Fils, vous avez été à la fois bon et juste; son corps sacré a satisfait votre justice pendant que nos misères étaient l’objet de votre bonté. O Bonté suprême! comment n’attendrissez-vous pas notre dureté? comment mon cœur n’échappe-t-il pas de mes lèvres? Il faut qu’un nuage obscurcisse mon esprit, et que mon âme n’aperçoive pas votre ineffable tendresse. Quel père livrera pour un serviteur révolté son propre fils à la mort? Il n’y a que vous, ô mon Dieu! Vous avez revêtu votre Verbe de notre chair afin qu’il souffrit, et que nous puissions en recueillir le fruit si nous le voulons. Il faut maintenant que notre sensualité souffre, pour que notre âme reçoive le fruit de vie; c’est la loi et la vérité; car vous avez dit: « Je suis la Voie, la Vérité, et la Vie » (Jean, XIV, 6). Si nous voulons acquérir votre bonté, il faut marcher dans le chemin que vous avez volontairement suivi.

12. O Dieu éternel! je me plains moi-même à vous: punissez-moi d’être si cruelle pour mon âme et si faible pour mes sens. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi. O bienfaisante cruauté! qui brise et qui surmonte la sensualité pendant cette vie passagère, pour glorifier l’âme pendant l’éternité! D’où vient la patience, d’où viennent la foi, l’espérance et la charité, si ce n’est de cette bonté, qui enfante la miséricorde? Qui détache l’âme d’elle-même pour l’attacher à vous? c’est cette bonté qu’on obtient par votre lumière.

13. O Bonté ineffable! Bonté qui détruisez comme un baume délicieux la colère et la cruauté dans les âmes! je vous le demande encore, communiquez-vous à toutes les créatures raisonnables, et surtout à ceux que vous m’avez dit d’aimer d’un amour particulier. Rendez-les bons, afin qu’ils exercent cette cruauté parfaite qui détruit les vices de la volonté. Vous avez enseigné cette cruauté lorsque vous avez dit: « Celui qui vient à moi, et qui ne hait pas son père, sa mère, son épouse, ses enfants, ses frères et son âme, ne peut être mon disciple » (Luc, XIV, 20). Haïr son âme est difficile. Les serviteurs du monde haïssent souvent le reste sans agir par vertu;cela n’est pas difficile, mais il est plus pénible à l’homme de quitter sa nature que de la suivre. Notre nature est raisonnable;nous devons par conséquent obéir à la raison.

14. O vérité suprême! vous êtes un parfum au dessus de tous les parfums, une magnificence au dessus de toutes les magnificences, une bonté au dessus de toutes les bontés, vous êtes une justice qui surpasse toutes les justices; vous êtes la source même de la justice, qui rend à chacun selon ses œuvres. C’est par justice que vous permettez que le méchant se nuise à lui-même, en désirant des choses aussi viles que les richesses et les plaisirs du monde; car tout ce que vous avez créé est au dessous de l’homme. Vous l’avez fait pour qu’il en soit le maître, et non l’esclave. Vous seul êtes plus grand que nous, et c’est vous seul que nous devons toujours chercher, toujours servir. Aussi votre justice veut que l’homme de bien trouve en cette vie même la paix et le repos de son âme, parce qu’il met son affection en vous, qui êtes la paix véritable et le repos suprême. Ceux qui fournissent ainsi courageusement la carrière recevront de votre miséricorde la vie éternelle.

15. Vous êtes la Bonté infinie; personne ne vous contemple et ne vous comprend plus que vous ne le permettez; et vous le permettez autant que nous dilatons nos âmes pour vous recevoir. O très doux Amour! jamais je ne vous ai bien connu, et par conséquent jamais je ne vous ai bien aimé. Je vous recommande avec instance ceux dont vous m’avez chargée: vous me les avez confiés pour que je les réveille, et je dors toujours. Réveillez-les vous-même, ô Père tendre et secourable, afin que le regard de leur intelligence soit toujours fixé sur vous. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi! Mon Dieu, venez à mon aide! Seigneur, hâtez-vous de me secourir! Ainsi soit-il.

IX – Prière faite à Rome, le 1er mars 1379.

1. O puissante et éternelle Trinité, Trinité éternelle, Trinité éternelle, c’est vous qui nous avez donné le doux, l’aimable Verbe! O doux, ô aimable Verbe! autant notre nature est faible et portée au mal, autant la vôtre est forte et propre au bien! L’homme est faible parce qu’il a reçu une nature faible de son père; car le père ne peut donner à son fils une autre nature que celle qu’il a en lui-même. Nous sommes enclins au mal, parce que nous recevons avec la vie une chair révoltée. Notre nature est fragile et vicieuse, parce que nous sortons tous d’Adam comme d’une même souche. Notre premier père est devenu faible, parce qu’il s’est séparé de votre force infinie, ô Père éternel; il s’est révolté contre vous, et il a trouvé la révolte en lui; il a quitté le principe de la puissance et de la bonté, il est tombé dans la défaillance et les mauvais penchants.

2. O Verbe, Fils de Dieu, votre nature est forte et propre au bien; car vous l’avez reçue de votre Père tout puissant. Il vous a donné sa nature divine, où rien n’est imparfait, où le mal n’a jamais été et ne peut jamais être. Aussi, aimable Verbe, vous avez soutenu notre faiblesse en vous unissant à nous. Par cette union, vous avez fortifié notre nature; par la vertu de votre Sang, vous en avez guéri l’infirmité dans le saint baptême. Et lorsque nous sommes arrivés à l’âge de raison, nous avons été affermis par votre doctrine; car l’homme qui la suit dans la vérité en s’en revêtant parfaitement, devient si fort et si porté au bien, qu’il sent à peine la révolte de la chair contre l’esprit.

3. Son âme est intimement unie à votre doctrine et son corps, soumis à son âme, en veut suivre tous les mouvements. Ce qui le charmait autrefois dans les joies coupables du monde lui fait maintenant horreur, et les vertus qui lui semblaient si pénibles à pratiquer deviennent ses plus chères délices il est donc bien vrai, ô Verbe éternel, que vous corrigez la faiblesse de notre nature par la force de la nature divine que vous avez reçue de votre Père, et cette force vous nous l’avez donnée par le Sang et par la doctrine.

4. O Sang, que j’appelle éternel parce qu’il est uni à la nature divine (Quelques théologiens ont critiqué cette expression eterno sangue, sang éternel! Mais sainte Catherine l’explique elle-même, par l’union avec la nature divine, avant les siècles, dans la pensée de Dieu. C’est dans le même sens qu’il est dit dans l’Apocalypse: Agnus qui occisus est ab origine mundi (XIII, 8). Saint Paul dit: Per proprium sanguinem introivit semel in sancta aeterna redemptione inventa (Hb., IX, 12) et saint Thomas explique ainsi ce passage: Quasi dicat Per istum sanguinem redempti sumus, et hoc in perpetuum, quia virtus ejus est infinita), l’homme qui connaît votre force par la lumière, se sépare de sa faiblesse; car la lumière véritable ne s’acquiert jamais sans la haine de la sensualité, qui détruit la lumière naturelle. O Sang délicieux, vous fortifiez l’âme, vous l’illuminez, vous la rendez angélique, vous l’enveloppez de votre charité, au point qu’elle s’oublie elle-même et qu’elle ne peut plus voir que vous; la faible chair qui lui est unie sent elle-même le parfum des vertus; le corps et l’âme n’ont qu’une voix pour crier vers vous, et cela tant que leur saint désir augmente et se développe. Sitôt que le désir se refroidit, la révolte de la chair se réveille plus violente que jamais. O doctrine de vérité, vous donnez à l’âme qui vous possède une telle force, qu’aucune adversité ne peut l’abattre. Dans tout combat, elle trouve la victoire; elle est invincible tant qu’elle vous suit, parce que vous venez de la Force suprême; mais si elle ne vous suivait pas, votre force lui serait inutile. Hélas! pauvre malheureuse, je n’ai jamais suivi la vraie doctrine, et je suis si faible, que la moindre épreuve m’abat. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi.

Prières de Sainte Catherine de Sienne IV, V, VI

IV – Prière écrite en cinabre de la main même de sainte Catherine.

Cette prière ne se trouve pas dans la version latine.- L’original est conservé à Sienne.

Esprit Saint, venez en mon cœur attirez-le à vous par votre puissance, mon Dieu, et donnez-moi la crainte et la charité. O Christ gardez-moi de toute mauvaise pensée réchauffez-moi, enflammez-moi de votre très doux amour, et toute peine me semblera légère! Mon Père, mon doux Seigneur, assistez-moi dans toutes mes actions! Jésus amour, Jésus amour.

V – Prière faite à Rome pendant une extase qui suivit la Communion, le Vendredi 18 février 1379.

Nous donnons les dates des prières de sainte Catherine d’après l’édition de Gigli. La version latine donne celle de 1377 aux prières XIV et XV, et celle de 1378 aux prières XV, XVII, XVIII, XXIV. Sainte Catherine était alors à Sienne ou à Florence; ces prières n’ont pu être faites à Rome qu’en 1379.

1. O souveraine et éternelle Trinité, Amour ineffable, vous m’appelez votre fille, et moi je puis vous dire: Mon Père! Vous vous êtes donné à moi en me donnant le corps et le sang de votre Fils bien-aimé, qui est Dieu et homme tout ensemble! Unissez-moi aussi, je vous en conjure, au corps mystique de la sainte Église, ma mère, à la société universelle de la religion chrétienne; car le feu de votre charité m’a fait connaître le désir que vous avez de voir mon âme se réjouir dans cette union sacrée. O Amour inexprimable, vous m’avez vue et connue en vous, et ce sont les rayons de votre lumière, dont j’étais revêtue, qui vous ont passionné pour votre créature!

2. Vous l’avez tirée de vous-même, vous l’avez créée à votre image et à votre ressemblance; et moi, cependant, pauvre créature, je ne pouvais vous connaître qu’en voyant en moi votre image et votre ressemblance. Mais, afin que je puisse vous voir et vous connaître en moi, vous vous êtes uni à nous; vous êtes descendu des hauteurs de votre divinité jusqu’aux dernières infirmités de notre nature. Comme la faiblesse de mon intelligence ne pouvait comprendre et contempler votre grandeur, vous vous êtes fait petit, et vous avez caché vos splendeurs admirables sous les voiles infimes de notre humanité. Vous vous êtes manifesté par la parole de votre Fils unique, et je vous ai connu en moi-même.

3. O abîme de charité! oui, c’est ainsi, Trinité adorable, que vous vous êtes manifestée, que vous nous avez montré votre Vérité; c’est surtout par l’effusion de votre sang que nous avons vu votre puissance, puisque vous avez pu nous laver de nos fautes. Nous avons vu votre sagesse, puisque, sous la chair de notre humanité, vous avez caché la force de votre divinité, qui a vaincu le démon et l’a dépouillé de sa puissance. C’est votre sang qui nous a montré votre charité, puisque par la seule ardeur de votre amour vous nous avez rachetés, lorsque vous n’aviez pas besoin de nous.

4. Ainsi s’est manifestée votre Vérité, qui nous a créés pour nous donner la vie éternelle. Oui, votre créature a connu la vérité par le Verbe, votre Fils unique. Sans lui, elle était inaccessible à nos regards obscurcis par le péché. Rougis donc, ô créature; rougis d’être ainsi aimée et honorée par ton Dieu, et de ne pas le connaître, lui que sa charité infinie a fait descendre des hauteurs de sa gloire jusqu’à la bassesse de La nature, pour que tu le connaisses en toi. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi.

5. O mystère admirable! vous connaissiez votre créature en vous avant qu’elle fût créée; vous voyiez qu’elle devait commettre l’iniquité, qu’elle devait s’écarter de votre vérité, et cependant vous l’avez créée. O amour incompréhensible! vous me dites: Mon âme, et moi je vous dis: Mon Père! O Père si plein de miséricorde, je vous en conjure, unissez tous vos serviteurs dans le feu de votre charité; disposez-les à recevoir les inspirations et les enseignements que répand et veut répandre la lumière de votre charité.

6. Votre vérité a dit: Cherchez, et vous trouverez; demandez, et vous recevrez; frappez, et il vous sera ouvert, (Mt. VII, 7). Eh bien! moi, pauvre et misérable, je frappe à la porte de votre Vérité, je m’adresse à votre Majesté, j’implore votre clémence, et je lui demande miséricorde pour le monde, et surtout pour la sainte Église; car je sais par votre Fils qu’il faut me nourrir sans cesse de cette nourriture; puisque vous le voulez, ne me laissez pas périr de faim.

7. O mon âme! que fais-tu? Ne sais-tu pas que le Seigneur ton Dieu te voit sans cesse? Ne sais-tu pas que rien ne peut fuir son regard, et que ce qui échappe à l’œil de la créature ne peut jamais éviter le sien? Ne commets donc plus l’iniquité, et relève-toi de tes fautes. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi; il est temps de secouer le sommeil. O éternelle Trinité! vous voulez que nous avancions, et si nous ne nous réveillons pas dans la prospérité, vous nous envoyez l’adversité. Comme un habile médecin, vous brûlez avec le feu de la tribulation les plaies que n’a pu guérir le baume des consolations.

8. O Père! ô Charité incréée! je n’admirerai jamais assez ce que m’a révélé votre lumière! Vous m’avez vue et connue, vous avez vu et connu toutes les créatures raisonnables, en général et en particulier, avant que nous ayons l’être. Vous avez vu Adam, le premier homme; vous avez connu sa faute et celles qui devaient en être la suite, en lui et dans sa postérité. Vous avez su que le péché s’opposerait à votre Vérité, et qu’il empêcherait les créatures raisonnables d’atteindre la fin à laquelle vous les aviez destinées. Vous avez vu les tourments que votre Fils devrait subir pour sauver le genre humain et réparer la vérité en nous. Oui, vous me l’avez dit, votre prescience vous avait tout annoncé. Comment se fait-il, Père éternel, que vous ayez créé votre créature?

9. O mystère adorable, incompréhensible! Oui, vous n’aviez pas d’autres raisons que l’amour dans notre création; vous nous avez vus de vous-même, et votre charité vous a forcé à nous créer malgré toutes les iniquités que nous devions commettre contre vous. Vous n’avez pu résister, ô Amour éternel; vous aperceviez dans votre lumière toutes les offenses de votre créature contre votre infinie bonté, mais vous avez paru ne pas les voir, vous ne vous êtes arrêté qu’à la beauté de votre œuvre; vous l’avez aimée, vous vous êtes passionné pour elle, et vous l’avez tirée de votre sein pour la créer à votre image et à votre ressemblance. O Vérité éternelle! vous vous êtes révélée à votre indigne servante.

10. Vous lui avez appris que c’est l’amour qui vous a forcé à lui donner l’être. Vous voyiez qu’elle devait vous offenser, mais votre charité a détourné vos regards de ses offenses pour les fixer uniquement sur la beauté de votre créature; car la vue de l’offense pouvait empêcher l’amour de répandre la vie. Vous le saviez, et vous n’avez écouté que l’amour, parce que vous n’êtes qu’un foyer d’amour.

11. Et moi, mes fautes m’ont empêchée de vous connaître; mais accordez-moi la grâce, ô très doux Amour, de l’épandre en votre honneur tout le sang de mon corps; faites que je me dépouille entièrement de moi-même. Bénissez aussi, ô mon Dieu, celui qui m’a donné la sainte Communion; détachez-le de lui-même, revêtez-le de votre volonté, fixez-le en vous par des liens indissolubles, afin qu’il soit une plante répandant son parfum dans le jardin de la sainte Église. Accordez-nous, je vous en conjure, ô Père très clément, votre douce bénédiction; lavez nos âmes dans le sang de votre Fils. O Amour, Amour, je vous demande la mort!

VI – Prière faite par sainte Catherine le jour de saint Thomas apôtre.

1. O Déité, Déité, éternelle Déité, véritable Amour, qui par l’union de l’humanité de votre Verbe, Notre Seigneur Jésus-Christ, avec votre divinité, nous avez donné, quand nous étions perdus, la lumière de la foi, qui éclaire l’œil de notre intelligence pour nous faire apercevoir et connaître le véritable objet de notre âme, votre adorable Divinité. Vous avez lait de, votre Fils unique, Notre Seigneur, la victime sans tache qui devait nous réconcilier avec vous, et vous l’avez placé comme la-pierre angulaire, la colonne inébranlable de notre sainte mère l’Église, votre unique Épouse. C’est lui qui doit renouveler sans cesse l’Église par des plantes nouvelles et fécondes. Nul maintenant ne peut s’opposer à votre volonté, qui est éternelle et immuable.

2. Ne regardez pas les péchés qui me rendent indigne de vous prier, mais daignez les effacer par les mérites de saint Thomas, votre apôtre. Oui, purifiez mon âme, Dieu puissant, mon amour; exaucez votre servante qui vous invoque. Vous êtes un feu qui brûlez toujours, mais vous conservez ce qui vous est agréable, et vous ne détruisez dans l’âme que ce qui peut vous déplaire. Brûlez par le feu de votre Esprit, consumez et anéantissez jusqu’à la racine tout amour et tout désir de la chair dans le cœur des plantes nouvelles dont vous avez bien voulu parer le corps mystique de notre sainte mère l’Église. Changez leurs attachements profanes en élans d’amour pour vous; donnez-leur un cœur nouveau avec la connaissance de votre sainte volonté, afin qu’ils méprisent le monde et se renoncent eux-mêmes. Qu’ils soient remplis de ferveur; qu’ils deviennent les apôtres de la foi et les modèles de toutes les vertus; qu’ils abandonnent bien réellement les désirs trompeurs et lés richesses de ce monde périssable, pour vous suivre seul dans la pureté de l’intention et l’ardeur de la charité.

3. Faites que notre Chef et notre Père, l’époux de votre Église, soit toujours fidèle à vos inspirations; qu’il n’élève, ne reçoive et n’écoute que ceux qui en sont dignes et que ces auxiliaires nouveaux, semblables aux anges qui vous servent dans le ciel, travaillent avec votre Vicaire à rendre notre sainte mère l’Église conforme à votre cœur, par la simplicité de leur cœur et la perfection de leur vie.

4. Qu’ils comprennent qu’ils sont réellement des membres nouveaux du corps de Notre Seigneur Jésus-Christ, et que votre Providence sait en retrancher, sans le secours de l’homme, les rameaux inutiles qui ne portent pas de fruits. Qu’ils naissent avec Jésus, et croissent comme lui en vertu; qu’ils soient utiles à l’Église par leurs exemples et par leurs mœurs; qu’ils soient comme des greffes nouvelles dont la nature fait porter des fleurs plus parfumées et des fruits plus agréables. Que votre grâce céleste retranche toute affection charnelle; que la rosée de votre Esprit Saint, qui se répandit sur vos Apôtres, fasse germer en eux de nouvelles vertus. Qu’ils élèvent vers vous la suavité de leur odeur, et qu’ils donnent à l’Église la richesse de leurs vertus et l’efficacité de leurs œuvres, afin que votre Épousé soit réformée en eux.

5. O Amour éternel! purifiez, sanctifiez votre Vicaire, afin qu’il soit pour les autres un modèle de pureté et d’innocence; qu’il reste toujours fidèle à votre grâce et qu’il la communique au peuple qui lui a été confié. Qu’il convertisse aussi les infidèles par de célestes enseignements, et qu’il offre des fruits de salut à votre incompréhensible Majesté. Oui, daignez m’exaucer, mon Dieu, et recevez les actions de grâces de votre pauvre Servante, ô Dieu véritable, souveraine Bonté.

Prières de Sainte Catherine de Sienne I, II, III

I – Prière faite à Avignon pour le rétablissement de la paix dans l’Église.- Elle fut recueillie pendant l’extase de la Sainte, par Thomas Pétra, sténographe de Grégoire XI, et depuis secrétaire du Pape Urbain VI.

1. O Déité, Déité, ineffable Déité! Bonté suprême qui par amour seulement nous avez faits à votre image et ressemblance, vous ne vous êtes pas contenté de dire, lorsque vous avez créé l’homme, le fiat qui tira les autres créatures du néant; mais vous avez dit: Faisons l’homme à notre image et ressemblance (Genèse, 1, 26),afin que la Trinité tout entière concourût à notre existence et imprimât sa forme dans les puissances de notre âme. Et en effet, ô Père éternel! qui conservez tout en vous, notre mémoire vous ressemble, puisqu’elle retient et conserve tout ce que l’intelligence voit et comprend de vous-même. Cette connaissance la fait participer à la sagesse de votre Fils unique. Vous nous avez aussi donné la volonté du Saint Esprit, qui surabonde de votre amour et saisit tout ce que l’intelligence connaît de votre ineffable bonté, pour remplir de vous notre mémoire et notre cœur.

2. Oh! oui, je vous rends grâces de cet amour infini que Vous avez manifesté au monde, en nous donnant l’intelligence pour vous connaître, la mémoire pour vous retenir, la volonté pour vous aimer par dessus toutes choses, comme vous le méritez; et cette puissance, cet amour, ni le démon, ni aucune créature ne peuvent nous les ravir sans notre consentement. Que l’homme rougisse de se voir tant aimé, et de ne pas aimer son Créateur, sa vie véritable.

3. O éternelle Bonté! vous me faites comprendre l’immensité de votre amour. Lorsque, après la désobéissance de notre Père, notre faiblesse nous eut entraînés dans la corruption du péché, l’amour vous a forcé de jeter sur nous des regards de miséricorde, et vous nous avez envoyé dans notre détresse votre Fils, le Verbe incarné, caché sous les voiles de notre chair misérable et revêtu de notre mortalité.

4. Et vous, Jésus, notre réconciliateur, notre réformateur, notre rédempteur, Verbe et Amour du Père, vous êtes intervenu entre l’homme et son Créateur, et vous avez changé la guerre qui les séparait en une paix profonde. Vous avez puni la désobéissance d’Adam et nos iniquités sur votre corps sacré, en vous faisant obéissant jusqu’à la mort ignominieuse de la Croix. Sur la Croix, ô doux Jésus! vous avez satisfait d’un seul coup à l’offense de votre Père et à notre faute; vous les avez expiées sur vous-même.

5. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi! de quelque côté que je me tourne je rencontre votre ineffable amour. Comment excuser celui qui ne vous aime pas? Car, ô Dieu fait homme pour que je vous aime, vous m’avez aimé avant ma naissance, et vous m’avez fait capable de connaître et de sentir votre infinie puissance et votre bonté. Tout ce que je puis aimer et tout ce qui a l’être, je le trouve eu vous; le péché seul ne s’y trouve pas, et puisqu’il n’est pas en vous, il n’est pas digne d’être aimé.

6. Si nous voulons aimer Dieu comme nous le devons, nous trouvons en vous ses infinies perfections; si nous voulons aimer l’humanité, vous l’avez en vous dans son indicible pureté. Si nous voulons aimer un maître, c’est vous, qui nous avez rachetés de votre sang, et qui, par ce prix inestimable, nous avez tirés de la servitude du péché. Oui, nous vous appartenons, car vous avez été notre père, notre frère, notre maître, notre ami, notre compagnon, avec une incompréhensible charité.

7. O Dieu éternel! votre Fils, fidèle à votre volonté, a répandu son Sang précieux pour nous, misérables, sur l’arbre de la sainte Croix. Comment vous remercier de tant de bienfaits, moi misérable créature, et vous la Sagesse, la Puissance, la Bonté même. Vous êtes la Beauté par essence, et moi je ne suis que la bassesse, l’abjection. Vous êtes la Vie éternelle, moi la mort; vous la Lumière, moi l’obscurité; vous la Sagesse, moi la folie; vous l’Infini, moi la fragilité même. A chaque instant je puis mourir, ô Médecin! vous voyez le mal qui m’accable. J’ai perdu mon âme et ma vie en ne vous aimant pas, vous qui nous avez faits pour vous et qui nous attirez sans cesse par votre grâce; vous qui nous uniriez à vous si nous y consentions, si notre volonté ne se révoltait pas contre votre Majesté sainte (Il y a dans cette prière quelques variantes entre le texte italien et le texte latin. Nous avons souvent suivi le latin, comme offrant un sens plus clair.).

8. Ah! Seigneur, j’ai péché, ayez pitié de moi! Que votre éternelle Bonté ne s’arrête pas à ces souillures que nous avons contractées en nous séparant de vous, et en éloignant nos âmes de leur objet véritable. J’implore votre miséricorde, qui est sans bornes, et je vous supplie de jeter un regard de clémence et de tendresse sur l’Église, votre unique Épouse. Éclairez votre Vicaire en ce monde, afin qu’il ne vous aime pas et ne s’aime pas pour lui-même, mais qu’il s’aime et qu’il vous aime pour vous. S’il vous aime et s’il s’aime pour lui, nous périrons; car il est notre perte ou notre salut, puisque nous sommes ses brebis et qu’il doit nous sauver de nos égarements. Mais s’il vous aime et s’il s’aime pour vous, nous vivrons, puisque nous recevrons du Bon Pasteur la vie de l’exemple.

9. O Dieu suprême et ineffable! — J’ai péché et je ne suis pas digne de vous prier, mais vous pouvez m’en rendre moins indigne. Punissez, Seigneur, mes péchés, et ne regardez pas ma misère. J’ai reçu de vous un corps que je vous rends et que je vous offre. Voici ma chair et mon sang; frappez, détruisez, réduisez mes os en poussière, mais accordez ce que je vous demande pour le souverain Pontife, l’unique époux de votre unique Épouse. Qu’il connaisse toujours votre volonté, qu’il l’aime et qu’il la suive, afin que nous ne périssions pas. Donnez-lui, mon Dieu, un cœur nouveau; que votre grâce augmente toujours en lui; qu’il soit infatigable à porter l’étendard de votre sainte Croix, et qu’il dispense aux infidèles les trésors de votre miséricorde comme à nous-mêmes, qui jouissons de la Passion et du Sang de l’Agneau sans tache, votre Fils bien-aimé. — J’ai péché, Seigneur; Dieu éternel, ayez pitié de moi!

II – Prière faite pour les ministres de l’Église pendant la même extase.

1. Je le reconnais, ô Dieu éternel, vous êtes un océan tranquille, où vivent et se nourrissent les âmes; elles y trouvent leur repos dans l’union de l’amour, parce qu’elles suivent en tout votre volonté souveraine, qui ne veut d’autre chose que notre sanctification. Dès qu’elles se comprennent, elles se renoncent pour se revêtir de vous-même. O doux amour, le signe véritable de ceux qui demeurent en vous est de se détacher de leur volonté propre et des créatures qui trompent; c’est de faire ce que vous voulez, en suivant votre bon plaisir et non leur inclination; c’est de se réjouir moins dans les choses heureuses de ce monde que dans les contraires; car l’adversité est uni moyen entre les âmes et vous; elle les éprouve comme l’or dans la fournaise, et montre si c’est par amour qu’elles accomplissent votre volonté. Il faut aimer l’adversité comme les autres choses que vous avez créées; tout est bon et digne d’être aimé, excepté le péché, que seul vous n’avez pas fait.

2. Hélas! malheureuse, en aimant le péché, j’ai perdu le temps qui vous appartenait; j’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi. Punissez mes péchés, effacez mes iniquités, purifiez-moi, ô Dieu éternel et ineffable; exaucez votre pauvre servante; qui vous demande de diriger vers vous les cœurs et les volontés des ministres de notre sainte mère l’Église, votre Épouse, afin qu’ils suivent l’Agneau, votre Fils, dans le chemin de la Croix, et qu’ils imitent sa pauvreté, sa douceur, son humilité, non pas imparfaitement, mais d’une manière surhumaine et divine.

3. Qu’ils soient des anges sur la terre, puisqu’ils doivent consacrer et distribuer le corps et le sang de votre Fils unique, la Victime sans tache. Qu’ils ne s’en rendent pas indignes, comme des animaux sans raison; mais unissez les dans votre amour, ô vous qui donnez la paix; purifiez-les dans l’océan tranquille de votre miséricordieuse bonté, afin qu’ils ne perdent pas un temps précieux, en n’utilisant pas le présent pour l’avenir. J’ai péché, Seigneur, ayez pitié de moi; entendez ma prière, et exaucez votre pauvre servante qui vous implore, ô tendre Père, pour tous ceux que vous m’avez donnés, et que je voudrais tous aimer dans la perfection de votre infinie charité, ô grand, éternel, ineffable, véritable Dieu!

III – Prière faite à Gênes au moment où le Pape Grégoire XI voulait retourner à Avignon.

1. O Père tout puissant, Dieu éternel, douce et ineffable Charité, je vois en vous et je comprends par mon cœur que vous êtes la voie, la vérité, la vie. C’est par vous, que tout homme qui vous désire doit arriver; et c’est votre tendresse qui l’éclaire et le dirige par la connaissance de votre Fils bien-aimé Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous êtes le Dieu éternel et incompréhensible, qui, poussé par votre seul amour et votre miséricordieuse bonté, nous avez envoyé, après la perte du genre humain, Notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils unique, revêtu de notre chair mortelle. Vous avez voulu qu’il vienne, non pas dans les jouissances et les grandeurs de ce siècle périssable, mais dans l’abaissement, la pauvreté et la douleur; il a connu et accompli votre volonté pour notre salut; il a méprisé les dangers du monde et les efforts du démon, et il a vaincu la mort par la mort, en se faisant obéissant jusqu’à la mort cruelle de la Croix.

2. Maintenant, Amour incompréhensible, qui êtes toujours le même, vous envoyez votre Vicaire pour sauver vos enfants qui périssent par leur rébellion contre la sainte Église, votre unique Épouse. Vous l’envoyez au milieu des périls et des angoisses, comme vous avez envoyé votre Fils bien-aimé, notre Rédempteur, pour sauver vos enfants morts par la désobéissance d’Adam et par le péché. Hélas! ces pauvres hommes que vous avez créés se laissent égarer par l’orgueil et la sensualité. L’ennemi les trompe, et ils s’opposent à votre sainte volonté, qui doit les sauver; il détournent le souverain pontife de ses desseins si utiles et si nécessaires à l’Église. O amour éternel, ces infortunés craignent la mort du corps, et non celle de l’âme; ils écoutent leurs sens et leur amour-propre, et non la vérité de vos jugements et la profondeur de votre sagesse infinie. Vous êtes cependant notre règle unique, le chemin que nous devons suivre.

3. Vous nous l’avez dit: il faut nous réjouir au milieu des difficultés et des peines, car c’est là notre vocation. Votre admirable Providence a voulu que le monde et la chair ne produisent que des fruits d’amertume, afin que nous n’y placions pas nos joies et nos espérances, mais que nous n’ambitionnions que les fruits de salut et les grâces d’en haut. Que votre Vicaire se réjouisse de suivre votre volonté et les traces de Jésus-Christ, qui a livré et sacrifié pour nous son très saint Corps, et qui, dans son amour, a versé tout son sang pour laver nos péchés et nous sauver. C’est lui qui a donné à votre Vicaire les clefs qui lient et qui délient nos âmes, afin que nous suivions en tout votre volonté et vos exemples.

4. J’implore pour lui votre souveraine clémence; purifiez son âme, et que son cœur brûle dit désir de ramener ceux qui sont égarés, et de les sauver par votre puissance. Si ses lenteurs vous déplaisent, ô amour éternel, punissez-les sur mon corps qui vous appartient, et que je vous offre, afin que vous l’affligiez et le détruisiez selon votre bon plaisir. Seigneur, j’ai péché, ayez pitié de moi.

5. Dieu éternel, vous vous êtes passionné pour votre créature avec une miséricorde sans bornes; vous avez envoyé votre Vicaire pour retrouver ce qui était perdu, et je vous en rends grâces, malgré mon indignité et ma bassesse, O Dieu véritable! Bonté infinie, Charité qui ne peut se comprendre, comment l’homme, que votre amour a racheté au prix du sang de votre Fils unique, n’a-t-il pas honte de résister à votre volonté, qui n’a d’autre but que notre sanctification!

6. O Dieu! vous vous êtes fait homme pour nous; vous vous unissez à nous, et vous avez établi votre Vicaire le dispensateur des grâces nécessaires à notre sanctification et au salut de vos enfants égarés; faites, je vous en conjure, qu’il suive en tout votre volonté, qu’il n’écoute pas les conseils de la chair et de l’amour-propre, et qu’il ne soit arrêté par aucune crainte, aucun obstacle. Hors de vous, Seigneur, tout est imparfait: aussi ne regardez pas mes péchés que je vous confesse, mais exaucez votre pauvre servante qui espère en votre miséricorde infinie.

7. Lorsque vous nous avez quittés, vous n’avez pas voulu nous laisser orphelins, et vous nous avez donné votre Vicaire, qui nous purifie dans le Saint Esprit, non seulement par le baptême, qui nous rend une première fois l’innocence, mais encore par la pénitence, qui lave et efface sans cesse la multitude de nos péchés. Vous êtes venu à nous, et vous n’avez reçu que des outrages; nous nous sommes éloignés de vous, parce que nous avons jugé selon la chair et l’amour-propre. O Jésus! votre face s’est obscurcie, parce que vos créatures abusent de vos grâces, et qu’elles dépouillent l’Église, votre unique Épouse.

8.- Faites, ô éternelle Bonté, que votre Vicaire ait soif de nos âmes, et qu’il brûle du désir de votre gloire; qu’il s’attache à vous, qui êtes la souveraine et infinie Miséricorde. Guérissez par lui nos infirmités, rétablissez votre Épouse par la sagesse de ses conseils et l’efficacité de ses œuvres, O mon Dieu! réformez aussi la vie de ceux qui l’entourent, afin qu’ils s’attachent à vous seul dans la simplicité de leur cœur et la perfection de leur volonté; ne vous arrêtez pas à l’indignité de votre pauvre servante, qui vous prie pour eux, mais placez-les dans les jardins de votre volonté. O Père! je vous bénis, afin que vous bénissiez vos serviteurs; qu’ils se méprisent eux-mêmes pour l’amour de vous, et qu’ils suivent la lumière de votre volonté, qui seule est sainte et éternelle. O Dieu! recevez, pour tous, mes humbles actions de grâces.

Traité de la perfection

Nous joignons au Dialogue le traité de la perfection qui est attribué à sainte Catherine de Sienne. Cet opuscule n’est connu que par le texte latin dont le manuscrit se trouve dans la bibliothèque du Vatican il a été imprimé à Sienne en 1545 et en 1609, et à Lyon en 1552, avec ce titre: Dialogus brevis sanctae Catharinae Senensis, consummatam continens perfectionem. Gigli en a donné une traduction italienne.

Ce traité de la perfection est-il véritablement de sainte Catherine de Sienne? Nous le pensons, quoique nous n’en trouvions aucune preuve dans les écrits de ses disciples et dans les dépositions du procès de Venise. La forme est moins riche, moins lumineuse que celle du Dialogue; mais le fond présente les mêmes pensées et les mêmes enseignements, Ce traité est sans doute le résumé d’un de ces discours admirables que sainte Catherine de Sienne adressait à ceux qui venaient lui demander des conseils; beaucoup de ses paroles ont été peut-être ainsi recueillies. Le bienheureux Thomas Caffarini, son confesseur, parle d’un traité sur les Évangiles qui auraient été fait d’après ses explications; ce traité n’a pas été retrouvé.

1. Une âme éclairée par l’Auteur de la lumière considérait sa misère et sa fragilité, son ignorance et sa pente naturelle au mal. Elle contemplait aussi la grandeur dé Dieu, sa sagesse, sa puissance, sa bonté, tous ses attributs divins, et elle comprenait combien il est juste et nécessaire que ce Dieu soit saintement et parfaitement honoré.

2. Dieu est père et seigneur de toutes choses; il les a faites pour qu’elles louent son très saint nom et qu’elles contribuent à sa gloire. N’est-il pas juste et convenable que le serviteur respecte son maître, le serve et lui obéisse avec toute la fidélité possible?

3. C’est aussi une chose nécessaire, parce que Dieu a créé l’homme, composé d’un esprit et d’un corps, à la condition que s’il lui rend volontairement un service fidèle jusqu’à la mort, il parviendra à la vie éternelle. L’homme ne peut autrement acquérir cette félicité, renfermant l’abondance de tous les biens; mais II y en a peu qui l’obtiennent, parce que presque tous cherchent leurs intérêts et non ceux de Dieu.

4. Cette âme voyait que les jours de l’homme sont courts, et qu’il ignore l’instant où doit finir le temps fugitif qui lui est donné pour mériter. En enfer, il n’y a plus de rédemption possible; car chacun dans la vie future reçoit justement, par une immuable et inévitable sentence, la récompense ou le châtiment que sa manière de vivre lui aura mérité.

5. Elle voyait combien les prédicateurs faisaient de discours et parlaient diversement des vertus par lesquelles on honore et sert Dieu. Elle voyait aussi le peu de capacité de la créature raisonnable, son intelligence bornée, sa faible mémoire, qui ne peut saisir beaucoup de choses, ni retenir fidèlement celles qu’elle a apprises. Beaucoup s’appliquent à toujours apprendre; mais bien peu s’efforcent d’arriver à une vraie perfection, en servant Dieu comme il serait juste et nécessaire de le faire. Presque tous vivent continuellement dans l’agitation de l’esprit et s’exposent à un péril extrême.

6. A la vue de toutes ces choses, cette âme s’adressait au Seigneur, dans l’ardeur du désir et de l’amour. Elle conjurait la divine Majesté de vouloir bien lui donner quelques courts préceptes pour régler saintement notre vie et la rendre aussi parfaite que possible, en nous faisant suivre véritablement l’enseignement de l’Église et des saintes Écritures, l’obéissance à ses préceptes devant nous faire rendre à Dieu les honneurs qui lui sont dus, et nous mériter, après cette vie courte et misérable, la félicité pour laquelle il nous avait créés.

7. Alors Dieu, qui inspire les saints désirs et ne permet pas que leur ardeur soit inutile, se manifesta tout à coup à cette âme dans l’extase, et il lui dit: Ma bien-aimée, tes désirs me ravissent; ils me, plaisent tant, que je suis beaucoup plus avide de les satisfaire, que tu ne l’es toi-même de les voir satisfaits. Je souhaite ardemment vous donner, quand vous y consentez, les grâces qui sont utiles et nécessaires à votre salut; aussi je m’empresse de contenter ton désir et d’agréer tes demandes.

8. Écoute donc attentivement ce que l’ineffable et infaillible Vérité va te dire. Je t’exposerai en peu de mots ce qu’est, ce que renferme la vraie perfection, et toutes les vertus qu’enseignent l’Église et les saintes Écritures. Si tu te contemples dans cette doctrine, situ y conformes ta vie, situ t’efforces de l’observer, tu accompliras tout ce qui est Contenu et caché dans ces paroles divines, et tu jouiras d’une joie sans bornes et d’une paix inaltérable.

9. Apprends que le salut de mes serviteurs et leur perfection consistent uniquement à faire ma seule volonté et à toujours l’accomplir, à ne servir que moi, à n’honorer que moi, à ne voir que moi dans tous les moments de leur vie. Plus ils s’y appliqueront avec ardeur, et plus ils approcheront de la perfection; car plus ils s’uniront et s’attacheront par des liens intimes et forts à moi, qui suis la souveraine perfection.

10. Ce que je te dis en ces quelques mots, tu le comprendras plus clairement si tu regardes mon Christ, en qui j’ai mis mes complaisances. Il s’est anéanti sous la forme d’un esclave, et il s’est revêtu des apparences du péché. Vous étiez plongés dans d’épaisses ténèbres, vous étiez éloignés du sentier de la vérité; il vous a éclairés des splendeurs de sa lumière, et vous a ramenés dans la voie droite par sa parole et son exemple. Il a été obéissant jusqu’à la mort, et cette obéissance persévérante vous enseigne que votre salut dépend du ferme propos de faire ma seule volonté.

11. Quiconque voudra méditer avec soin la vie et la doctrine de mon Fils, verra clairement que la justice et la perfection de l’homme consistent uniquement dans une continuelle et fidèle obéissance à ma volonté. C’est ce que votre Chef vous a répété tant de fois. N’a-t-il pas dit: « Ce n’est pas celui qui crie: Seigneur! Seigneur! qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon Père » (Mt. VII,21)?

12. Ce n’est pas sans raison que mon Fils a répété deux fois: Seigneur! Seigneur! Toutes les existences passagères de ce monde se partagent entre l’état religieux et l’état séculier, et il a voulu exprimer que personne, quelle que soit sa position, ne peut acquérir la gloire éternelle, quoiqu’il ait tout fait pour m’honorer extérieurement, s’il n’a pas accompli ma volonté.

13. Mon Fils a dit dans un autre endroit: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle du Père qui m’a envoyé. Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Et autre part: « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre qui se fasse. C’est selon l’ordre que m’a donné le Père que j’agis de la sorte » (Jean, VI,38; Vl,34; XIV,31).

14. Si tu veux donc imiter l’exemple de ton Sauveur, et faire ma volonté, qui renferme tout bien, il est nécessaire qu’en toute chose, tu renonces à ta volonté, que tu la méprises et la renies. Plus tu mourras à toi-même, plus tu rejetteras avec soin ce qui est toi, et plus je te donnerai avec abondance ce qui est moi.

15. Lorsque l’âme eut reçu ces salutaires enseignements de la vérité, elle disait dans sa joie: Mon Père, mon Dieu, je ne pourrais jamais exprimer combien je suis ravie des choses que vous avez daigné faire entendre à votre pauvre servante; j’en remercie de toutes mes forces votre souveraine Bonté. Rien ne pourra mieux et plus clairement faire comprendre ces enseignements à ma grossière intelligence, que l’exemple du Sauveur.

16. Puisque vous êtes le Bien suprême, et que vous ne voulez pas l’iniquité, mais la justice et la vertu, je fais ce que je dois faire si j’accomplis votre volonté, et elle l’accomplis en renonçant à la mienne, que vous ne voulez jamais violenter; car vous l’avez faite libre, pour que je vous la soumette de mon plein gré; En m’appliquant sans cesse à faire la vôtre, je vous deviendrai plus agréable, et j’acquerrai des mérites devant vous.

17. Je veux donc et je désire ardemment faire tout ce que vous commandez; mais je ne sais pas bien ce que renferme votre volonté, et comment je puis me soumettre à vous avec zèle et fidélité. Si je ne suis pas trop téméraire, si je n’abuse pas de votre bonté, je vous conjure humblement d’agréer ma demande, et de me donner encore quelques courts enseignements.

18. Alors le Seigneur répondit: Si tu désires connaître en peu de mots ma volonté, afin de pouvoir la suivre parfaitement, ma volonté est que tu m’aimes souverainement et toujours. Je vous ai fait le commandement de m’aimer de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces, et c’est à observer ce commandement que consiste la perfection; car la fin du commandement est la charité, et l’accomplissement de la loi est l’amour.

19. L’âme reprit: Je comprends que votre volonté et ma perfection se trouvent dans votre amour, et je voudrais vous aimer, comme je le dois, d’un amour ardent et souverain; mais je ne sais pas assez comment je puis et je dois le faire. Je vous supplie donc de vouloir bien m’instruire à ce sujet.

20. Dieu lui dit: Écoute et médite de toute l’application de ton esprit ce que je vais te dire. Pour m’aimer parfaitement, trois choses sont nécessaires. Il faut d’abord éloigner, séparer, retrancher ta volonté de tout amour et de tout attachement terrestre et charnel, de sorte qu’aucune chose passagère et périssable ne puisse te plaire en cette vie, si ce n’est pour moi.

21. La chose la plus importante, c’est qu’il ne faut pas que tu m’aimes pour toi, que tu t’aimes pour toi et que tu aimes le prochain pour toi; il faut que tu m’aimes pour moi; que tu t’aimes pour moi, et que tu aimes le prochain pour moi.

22. L’amour divin ne peut souffrir la société d’un autre amour. Selon que tu seras souillée de la contagion des choses de la terre, tu seras privée de mon amour et tu perdras la perfection; car, pour être pure et sainte, il est nécessaire que l’âme méprise toutes les choses sensibles. Fais donc en sorte qu’aucune des choses que ma bonté vous a données pour votre usage ne t’empêche de m’aimer. Que toutes, au contraire, t’aident, t’excitent et t’enflamment pour moi; car si je les ai créées, et je vous les ai données, c’est afin que, connaissant davantage la grandeur de ma bonté, vous m’aimiez d’un plus grand amour.

23. Applique-toi donc à soumettre au frein de la continence tes sens et tes désirs: garde-fui avec vigilance, et résiste avec courage aux concupiscences de la terre, que font naître de toute part les conditions de cette vie malheureuse et la corruption de la nature. Fais en sorte de pouvoir dire avec mon prophète: « C’est lui qui a formé mes pieds (c’est-à-dire mes affections, qui sont les pieds de l’âme) comme ceux du cerf, pour fuir les chiens (c’est-à-dire les liens de la concupiscence), et il m’a placée sur les hauteurs » (Ps. XVII,34), c’est-à-dire dans la contemplation.

24. Aussitôt que tu auras observé ce premier enseignement, tu pourras accomplir le second, qui est d’une plus grande perfection: c’est que toutes tes pensées, tes actes et tes opérations aient pour unique but mon bonheur et ma gloire. Il faut t’appliquer sans cesse à me louer par tes prières, tes paroles, tes exemples. Il faut non seulement le faire, mais encore y porter autant que tu le pourras les autres, afin que tous me connaissent, m’aiment et m’honorent uniquement. Ce moyen me plaît plus que le premier, parce qu’il accomplit plus ma volonté.

25. Quant au troisième enseignement qui reste, si tu le suis, sois persuadée que rien ne te manquera, et que tu arriveras à la justice parfaite. Voici en quoi il consiste: il faut chercher avec un ardent désir, et t’efforcer d’atteindre une disposition d’esprit telle, que tu me sois si unie, et que ta volonté soit si conforme à la mienne, que tu ne veuilles jamais non seulement le mal, mais encore le bien que je ne veux pas.

26. Quoi qu’il arrive au milieu des misères de cette vie, dans les choses temporelles ou spirituelles, rien ne doit détruire la paix ou troubler le calme de ton esprit. Il faut au contraire croire avec une foi inébranlable que moi, le Dieu tout puissant, je t’aime plus que tu ne t’aimes toi-même, et que j’ai pour toi plus de soin et de sollicitude que tu ne peux en avoir toi-même. Plus tu t’abandonneras, plus tu te confieras en moi, et plus je t’aiderai, plus je te serai présent, plus tu connaîtras et sentiras parfaitement la douceur de ma charité envers toi.

27. Tu ne peux arriver à cette perfection que par un entier et perpétuel renoncement à ta propre volonté. Quiconque n’apporte pas ce renoncement dans toutes ses œuvres manque par cela même à la vraie perfection; mais celui qui le pratique avec joie accomplit parfaitement ma volonté. Celui-là m’est très agréable; car rien ne m’est plus doux que d’agir avec vous par la grâce et d’habiter en vos âmes.

28. Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes. Je ne veux pas violer les droits de leur libre arbitre; mais dès qu’ils m’acceptent par la grâce, ils sont transformés en moi, tellement qu’ils sont une même chose avec moi par la participation de ma perfection, de ma paix particulière et de mon repos.

29. Afin que tu comprennes mieux avec quelle ardeur je désire être avec, vous, et que tu te presses de soumettre et d’unir ta volonté à la mienne, vois et considère attentivement que j’ai voulu que mon Fils unique s’incarnât, et que ma divinité, dépouillée de l’éclat de sa majesté, s’unît à votre humanité. C’est par cette preuve d’amour que je vous ai invités, excités à unir votre volonté à la mienne, et à vous attacher toujours à moi seul.

30. J’ai voulu que mon Fils bien-aimé s’assujettît à la mort cruelle et ignominieuse de la Croix, afin que par ses tourments il effaçât votre péché. Car le péché avait établi entre moi et vous une rupture qui m’avait obligé de détourner de vous mes regards.

31. Je vous ai aussi apprêté ce festin si grand et si peu connu, le Sacrement du corps et du sang de mon Fils. En le prenant pour nourriture, vous êtes transformés et changés en moi. De même que le pain et le vin dont vous vous nourrissez passe dans la substance de votre corps, de même, en vous nourrissant de lui, mon Fils, qui est une même chose avec moi, pénètre votre substance spirituelle sous les apparences du pain et du vin, et vous vous convertissez en moi. C’est ce que j’exprimais à mon serviteur Augustin lorsque je lui disais: « Je suis la nourriture des grands. Crois et mange, tu ne me changeras pas en toi, mais tu seras changé en moi » (Cibus sum grandium: credete manducabis; nec tu me mutabis in te, sed tu mutaberis in me.)

32. Cette âme comprit alors ce qu’était la volonté de Dieu; elle vit que, pour l’accomplir, la charité parfaite est nécessaire, et que la charité parfaite consiste dans le renoncement de la volonté propre. Seigneur mon Dieu, dit-elle, vous m’avez fait connaître votre volonté, vous m’avez expliqué que si je vous aime parfaitement, je n’aimerai aucune chose terrestre et périssable pour moi-même, mais que j’aimerai tout à cause de vous et pour vous. Vous m’avez dit que je devais chercher en toute occasion votre honneur et votre gloire, et porter mon prochain à le faire également. Vous m’avez dit que dans toutes les adversités que je rencontrerais pendant cette malheureuse vie, je devais m’appliquer à souffrir avec un esprit indifférent, tranquille et joyeux.

33. Puisque tontes ces choses doivent se faire par le renoncement de ma volonté propre, enseignez-moi, je vous prie, le moyen d’arriver à ce renoncement et d’acquérir, de conserver une si grande vertu; car, je le vois à la lumière de votre doctrine, je vivrai en vous autant que je mourrai en moi.

34. Alors Dieu, qui ne trompe jamais les saints désirs, ajouta: II est certain que tout bonheur consiste dans le parfait renoncement de toi-même: Je te remplirai de ma grâce à mesure que tu te dépouilleras de ta volonté. La communication de ma bonté divine fera ta perfection par la grâce, sans laquelle la créature humaine n’est rien en vertu et en dignité.

35. Si tu veux donc arriver à cette perfection, tu dois, avec une humilité profonde, avec une véritable et intime connaissance de ta misère et de ta pauvreté, travailler à une seule chose et la désirer sans cesse: obéir à moi seul et accomplir en tout ma volonté. Pour y parvenir, il est nécessaire qu’au moyen de ton imagination et de ton jugement, tu te construises en toi-même une cellule entièrement fermée par les ordres de ma volonté, pour t’y cacher et y habiter sans cesse. Quelque part que tu ailles, n’en sors jamais. Quelque chose que tu regardes, n’en détache jamais les yeux.

36. Que tous les mouvements de ton esprit et de ton corps Soient toujours dirigés vers ma volonté. Ne parle, ne pense et n’agis que pour me plaire et pour accomplir ce qui te semblera être ma volonté; et de cette manière, dans tout ce que tu feras, le Saint Esprit sera ton maître.

37. On peut arriver aussi par une autre voie au renoncement de la volonté propre. Si tu rencontres quelqu’un qui puisse t’instruire et te gouverner selon mon bon plaisir, tu lui assujettiras ta propre volonté. Tu te confieras entièrement à lui pour lui obéir en toutes choses, et suivre continuellement ses conseils. Car celui qui écoute mes serviteurs prudents et fidèles m’écoute moi-même.

38. Ce que je veux aussi, c’est qu’avec une foi ferme et une ardeur infatigable tu médites sur moi, ton Dieu, qui t’ai créée pour jouir de la béatitude. Je suis l’Être éternel, souverain, tout, puissant. Je fais pour vous tout ce qui rue plait. Rien ne peut résister à ma volonté, et rien ne peut vous arriver sans elle; car rien ne se fait sans ma permission. Le prophète Amos l’a dit: « Aucun mal n’arrive à la cité sans moi ou sans ma permission » (Amos. III, 6).

39. Songe que moi ton Dieu, je suis la plénitude de la sagesse, de la science et de l’intelligence, que je vois toutes les choses avec certitude, et que je les pénètre intimement. En te gouvernant, en gouvernant le ciel et la terre et le monde entier, je ne puis jamais être trompé ni égaré par quelque erreur. S’il en était autrement, je ne serais pas Dieu et la Sagesse suprême. Pour que tu comprennes l’efficacité de ma sagesse, apprends que, de la faute et du châtiment, je tire un bien plus grand que le mal même.

40. Considère enfin que je suis un Dieu souverainement bon et que mon amour me fait nécessairement vouloir tout ce qui vous est utile et salutaire. Il ne peut venir de moi aucun mal, aucune haine. C’est par bonté que j’ai créé l’homme, et je l’aime toujours d’une ineffable tendresse.

41. Lorsqu’une foi ferme et inébranlable, une méditation profonde t’auront convaincue de ces vérités, ta connaîtras que les tribulations, les tentations, les difficultés, les maladies et toutes les choses contraires de la vie vous sont toujours envoyées par ma providence pour votre salut. Ce qui vous parait fâcheux doit vous corriger de votre malice et vous conduire à la vertu, par laquelle on acquiert le vrai, le souverain bien que vous ne connaissez pas.
42. La lumière de la foi doit aussi t’apprendre que je sais, je veux et je puis accomplir ton bonheur mieux que toi-même. Tu ne peux rien faire, savoir et vouloir, sans ma grâce. Tu dois donc apporter tous tes soins à soumettre entièrement ta volonté à la volonté divine. En le faisant, ton âme se reposera dans la paix, et tu m’auras toujours avec toi, car j’habite dans la paix.

43. Tu ne souffriras d’aucun scandale, et rien ne pourra te faire tomber. Une paix profonde est le partage de ceux qui aiment mon nom; aucune cause ne les ébranle, parce qu’ils aiment uniquement ma loi, c’est-à-dire ma volonté; et ma loi est ce qui gouverne toutes choses. Ils me sont si intimement unis par elle, ils aiment tant l’observer, que rien au monde ne peut les attrister, excepté le péché, parce qu’il me fait injure.

44. Ils voient avec le regard pur et tranquille de l’âme que moi, le Maître souverain de l’univers, je gouverne tout avec une sagesse, un ordre et une charité infinis. Ils savent, par conséquent, que ce qui leur arrive est bon. Je choisis le meilleur pour eux, et je pourvois plus utilement à leurs besoins qu’ils ne pourraient eux-mêmes le savoir, le vouloir et le pouvoir faire.

45. II en est de même des épreuves qu’ils supportent. Comme ils m’attribuent les évènements, au lieu de les attribuer au prochain, ils sont tellement affermis dans une invincible patience qu’ils souffrent tout, non seulement avec calme, mais encore avec joie et bonheur. Dans tout ce qui leur arrive à l’intérieur et à l’extérieur, ils goûtent la douceur de mon ineffable charité.

46. C’est savoir apprécier ma bonté que de croire et de penser avec reconnaissance, au milieu des difficultés et des tribulations, que je dispose de tout avec douceur, et que tout découle de la source élevée de mon amour. Une seule chose peut corrompre et détruire le bien de cette salutaire pensée et de cette sainte disposition, c’est la volonté propre, l’amour de vous-mêmes. Si vous vous séparez de cette volonté, de cet amour, vous vous séparez de l’enfer des flammes éternelles préparées à l’âme et au corps des maudits: vous vous séparez aussi de l’enfer des agitations de l’esprit et des tempêtes de l’adversité, que les hommes aveugles souffrent sur cette terre.

47. Ainsi, ma fille, situ désires vivre dans ce siècle périssable et trompeur par la grâce, et dans l’éternité bienheureuse par la gloire, il faut mourir en te renonçant toi-même et en déposant ta volonté propre. Car bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’ils me voient pendant leur pèlerinage par l’union de l’amour, pour me voir ensuite par la gloire, dans les splendeurs de la patrie.