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Le château intérieur ou les demeures – Deuxièmes demeures

Chapitre I – De la valeur de la persévérance, pour atteindre aux dernières Demeures, du vif combat que livre le démon, et combien il est utile de ne pas se tromper de chemin au début. D’un moyen dont elle a fait l’expérience efficace.

  1. Venons-en maintenant à parler des âmes qui pénètrent dans les deuxièmes Demeures, et de ce qu’elles y font. Je voudrais le faire brièvement, car je m’en suis occupée bien longuement ailleurs (Autobiographie, chap. 11-13 ; Le Chemin de la Perfection, chap.20-29), il me serait impossible de ne pas me répéter, je ne me rappelle rien de ce que j’ai dit ; si je pouvais cuisiner cela de différentes façons, je sais bien que vous n’en seriez pas fâchées, puisque nous ne nous lassons jamais des livres qui traitent de ces sujets, si nombreux soient-ils.
  2. Il s’agit de ceux qui ont déjà commencé à faire oraison et compris l’importance pour eux, de ne pas en rester aux premières Demeures ; mais, souvent, ils ne sont pas encore assez déterminés à ne pas y rester, ils ne s’éloignent pas encore des occasions, ce qui est fort dangereux. Dieu leur fait une bien grande miséricorde lorsqu’ils cherchent par instants à fuir les couleuvres et choses venimeuses, et comprennent qu’il est bon de les fuir. Ceux-là, pour une part, peinent beaucoup plus que les premiers, mais ils sont beaucoup moins exposés ; ils semblent connaître le danger, et il y a grand espoir de les voir pénétrer plus avant. Je dis qu’ils peinent plus, parce que les premiers sont comme des muets qui entendraient rien ; ils supportent donc mieux l’épreuve de ne pas parler que ceux qui entendraient sans pouvoir parler : ce serait bien plus pénible. Mais on n’en désire pas pour autant ne pas entendre, car, enfin, c’est une grande chose que de comprendre ce qu’on nous dit. Donc, ceux-là entendent les appels du Seigneur ; ils se rapprochent du séjour de Sa Majesté, il est trés bon voisin, et sa miséricorde et sa bonté sont si grandes que même au milieu de nos passe-temps, de nos affaires, de nos plaisirs et des voleries du monde, même lorsque nous tombons dans le péché, et nous en relevons, (ces bêtes sont si venimeuses, leur compagnie est si dangereuse et si tapageuse qu’il serait merveilleux de ne trébucher ni tomber), ce Seigneur, malgré tout, apprécie tellement que nous l’aimions et recherchions sa compagnie qu’il ne manque pas, un Jour ou l’autre, de nous appeler, pour nous inviter à nous approcher de Lui ; et cette voix est si douce que la pauvre âme se consume de ne pouvoir faire immédiatement ce qu’il lui ordonne ; c’est pourquoi, comme je l’ai dit, elle est bien plus en peine que si elle ne l’entendait point.
  3. Je ne dis pas que cette voix et ces appels ressemblent à ceux dont je parlerai plus loin ; s’il s’agit de paroles de gens de bien, de sermons, de ce qu’on lit dans de bons livres, de beaucoup de choses que vous avez entendues, et qui sont un appel de Dieu, également des maladies, des épreuves, des vérités aussi qu’il nous enseigne dans ces moments que nous consacrons à l’oraison ; si paresseusement que vous vous y adonniez, Dieu prise cela très haut. Et vous, mes sœurs, ne méprisez point cette première faveur, sans toutefois vous désoler lorsque vous ne répondez pas immédiatement au Seigneur, Sa Majesté sait bien attendre de longs jours, des années, en particulier quand elle voit en nous de bons désirs, étude la persévérance. C’est ce qu’il y a de plus nécessaire ici ; avec la persévérance, on ne manque jamais de beaucoup gagner. Mais la batterie que fomentent sous mille formes les démons est terrible, et bien plus pénible à l’âme que dans la demeure antérieure ; là-bas, elle était muette et sourde, du moins elle n’entendait guère et résistait moins, comme ceux qui ont perdu en partie l’espérance de vaincre. Ici l’entendement est plus vif, les puissances plus habiles ; les coups et la canonnade sont tels que l’âme ne peut manquer de les entendre. Les démons proposent ces couleuvres que sont les choses du monde, ils présentent, comme éternelles, en quelque sorte, ses joies, l’estime dans laquelle il nous tient, les amis et parents, la santé par rapport aux choses de la pénitent (car toujours, l’âme qui entre dans cette demeure, se met à souhaiter de se mortifier un peu), et mille autres sortes d’obstacles.
  4. Ô Jésus ! quel train mènent ici les démons, quelle affliction est celle de la pauvre âme qui ne sait si elle doit avancer ou retourner à la première Demeure ! Car la raison, d’autre part, lui montre qu’elle se leurre beaucoup si elle s’imagine que tout cela n’est rien, comparé avec ce qu’elle recherche. La foi l’instruit de ce qui lui est réservé. La mémoire lui représente à quoi aboutit tout cela, elle lui rappelle la mort de ceux qui ont beaucoup joui de ces choses qu’elle a vues, dont quelques-uns, morts subitement, sont bientôt oubliés de tous ; elle a vu fouler aux pieds Ceux quelle avait connus en pleine prospérité, elle est passée elle-même sur leur sépulture, elle a songé que dans ce corps grouillaient beaucoup de vers, et tant d’autres choses que la mémoire peut lui rappeler. La volonté est portée à aimer, lorsqu’elle a vu tant de marques d’amour et de choses innombrables, elle voudrait les payer de retour ; en particulier, il lui apparaît que ce véritable amant ne la quitte jamais, il l’accompagne, il lui donne la vie et l’être. Aussitôt, l’entendement accourt lui faire entendre qu’elle ne peut se faire un meilleur ami, quand elle vivrait bien des années ; que le monde entier est plein de fausseté ; et ses plaisirs (ceux que lui procure le démon), pleins de peines, de soucis, et de contrariétés ; il lui dit qu’elle est certaine de ne trouver ni sécurité, ni paix hors de ce château ; qu’elle cesse donc d’aller dans des maisons étrangères puisque la sienne regorge de biens, si elle veut en jouir ; qui donc pourrait trouver comme elle tout ce dont elle a besoin dans sa maison, en particulier un pareil hôte, si elle ne veut pas se perdre comme l’enfant prodigue, et manger la nourriture des porcs.
  5. Ce sont là des raisons pour vaincre les détenons. Mais, ô Seigneur et mon Dieu ! Les habitudes de la vanité, où tout le monde est engagé, corrompent toutes choses ! La foi est si morte que nous préférons ce que nous voyons à ce qu’elle nous dit ; à la vérité, nous ne voyons pourtant qu’infortunes chez ceux qui poursuivent ces choses visibles. C’est le fait de ces choses venimeuses dont nous avons parlé ; comme celui que mord une vipère est tout entier empoisonné, enflé, il en est de même ici-bas, et nous ne nous en préservons pas. Évidemment, de nombreux traitements seront nécessaires pour guérir, et c’est déjà une fort grande faveur de Dieu que de n’en pas mourir. Vrai, l’âme souffre ici de grandes peines, en particulier si le démon comprend que son caractère et ses habitudes la prédisposent à aller très loin ; alors, tout l’enfer se conjuguera pour l’obliger à s’en retourner et à sortir du château.
  6. Ah, mon Seigneur ! Ici votre aide est nécessaire, sans elle on ne peut rien. Par votre miséricorde, ne permettez pas que cette âme soit dupée, et incitée à abandonner ce qu’elle a commencé. Éclairez-la, pour qu’elle voie que tout son bonheur en dépend, et qu’elle évite les mauvaises compagnies. Car c’est une chose immense que de fréquenter ceux qui parlent de tout cela, de rechercher, non seulement ceux qu’elle rencontre dans les mêmes salles qu’elle, mais ceux dont elle comprend qu’ils ont pénétré plus avant ; ils l’aideront beaucoup, et ces conversations peuvent les inciter à l’admettre en leur compagnie. Songez toujours à ne pas vous laisser vaincre, car si le démon vous voit bien déterminé à perdre la vie, le repos, tout ce qu’il vous offre, plutôt que de retourner à la première salle, il vous lâchera beaucoup plus vite. Soyez un homme, et pas de ceux qui se jetaient à plat ventre pour boire quand ils allaient au combat, je ne me rappelle plus avec qui (Gédéon), mais montrez votre résolution, vous allez vous battre contre tous les démons, et il n’est meilleures armes que celles de la croix.
  7. Ce qui va suivre est si important que, bien que je l’aie déjà dit d’autres fois (Autobiographie, chap. 11), je le répète ici. Voici : ne vous dites point qu’il y a des joies dans ce que vous entreprenez, ce serait une façon bien basse de commencer à bâtir un si vaste et si précieux édifice, et si vous fondez sur le sable, tout croulera : vous n’en finirez pas d’être mécontents et tentés. Car ce n’est pas dans ces Demeures que pleut la manne, mais plus loin, là où tout a la saveur de ce qu’aime l’âme, parce qu’elle ne veut que ce que Dieu veut. C’est du joli ! Nous sommes encore en proie à mille difficultés et imperfections, les vertus ne savent pas encore marcher, à peine commencent-elles à naître, et plaise même à Dieu qu’elles aient commencé, et nous n’avons pas honte de vouloir des douceurs dans l’oraison et te nous plaindre de nos sécheresses ! Que cela ne vous arrive jamais, mes sœurs ; embrassez la croix que votre Époux a portée, et comprenez que ce sont là vos hauts faits ; que la plus apte à souffrir souffre pour Lui davantage, et elle sera la mieux préservée. Le reste n’est qu’accessoire ; si le Seigneur vous l’accorde, remerciez-le bien.
  8. Vous vous croirez bien décidées à affronter les peines extérieures, à condition que Dieu vous dorlote intérieurement. Sa Majesté sait mieux que nous ce qui nous convient ; nous n’avons pas à lui conseiller ce qu’Elle doit nous donner, elle peut nous dire avec raison que nous ne savons pas ce que nous demandons (Mt 20,22). Quiconque débute dans l’oraison (n’oubliez pas cela, c’est très important), doit avoir l’unique prétention de peiner, de se déterminer, de se disposer, aussi diligemment que possible, à conformer sa volonté à celle de Dieu ; et comme je le dirai plus loin, soyez bien certaines que telle est la plus grande perfection qu’on puisse atteindre dans la voie spirituelle. Vous recevrez d’autant plus du Seigneur que vous observerez cela plus parfaitement, et vous avancerez d’autant mieux sur cette voie. Ne croyez pas qu’il y ait là des complications arabes, des choses ignorées et secrètes : tout notre bonheur consiste en cela. Mais si nous nous trompons au début, si nous voulons immédiatement que le Seigneur fasse notre volonté, qu’il nous conduise comme nous l’imaginons, quelle peut être la solidité de l’édifices ? Tâchons de faire ce qui dépend de nous, et gardons-nous de cette vermine venimeuse ; le Seigneur veut souvent que de mauvaises pensées nous poursuivent et nous affligent sans que Nous parvenions à les chasser, il permet les sécheresses, il consent même parfois à ce que nous soyons mordus pour mieux savoir nous garder à l’avenir, et mettre à l’épreuve notre profond regret de l’avoir offensé.
  9. S’il vous arrive de tomber, ne vous découragez pas, ne renoncez pas à vous efforcer d’avancer, Dieu tirera du bien de cette chute même, comme celui qui vend la thériaque commence par boire du poison, pour s’assurer de sa bonne qualité. Quand cela ne suffirait qu’à nous montrer notre misère, le grand tort que nous fait l’éparpillement où nous vivons, nos luttes, dans cette batterie, pour retrouver le recueillement, ce serait beaucoup. Est-il plus grand malheur que de ne pas nous retrouver nous-même dans notre propre maison ? Quel espoir de trouver le repos dans d’autres maisons, si nous ne pouvons nous reposer chez nous ? Car nos grands, nos vrais amis et parents, ceux avec lesquels, même malgré nous, nous devons vivre toujours, c’est-à-dire nos puissances, semblent nous faire la guerre, comme si elles nous gardaient rancune de celle que nos vices leur ont faite. La paix, la paix, mes sœurs, a dit bien souvent le Seigneur, en admonestant ses disciples (Jn 10,21). Croyez-moi donc : si nous ne la possédons pas, si nous ne la recherchons pas dans notre maison nous ne la trouverons pas chez des étrangers. Il faut mettre fin à cette guerre ; par le sang qu’il a versé, je le demande à ceux qui n’ont pas commencé à rentrer en eux-mêmes ; quant à ceux qui ont commence ; ce combat ne doit pas suffire a les faire retourner en arrière. Qu’ils considèrent que la rechute est pire que la chute ; déjà, il voient ce qu’ils ont perdu ; qu’ils se fient à la miséricorde de Dieu, nullement à eux-mêmes, et ils verront Sa Majesté les conduire de Demeures en Demeures, et les introduire en un pays où ces bêtes féroces ne pourront ni les touchers ni les épuiser ; ils les assujettiront toutes et se moqueront d’elles, et ils jouiront de beaucoup plus de biens qu’ils ne pourraient en désirer, je le dis, même dès cette vie.
  10. Je vous ai dit au début que j’ai écrit comment vous devez affronter les troubles que le démon suscite ici (Autobiographie, chap. 11 et 19) et qu’il ne s’agit pas, quand on commence à se recueillir, de s’y employer à la force du poignet, mais avec douceur, afin de s’y tenir plus longuement, je n’en parlerai donc pas davantage ici ; je dirai seulement qu’à mon avis il est très important d’en conférer avec des personnes expérimentées, car lorsque vous aurez à vaquer à des occupations nécessaires, vous imaginerez faillir gravement au recueillement. Tant qu’on ne l’abandonnera point, le Seigneur dirigera tout pour notre bien, même si nous ne trouvons personne pour nous instruire ; mais contre ce mal, l’abandon, il n’y a d’autre remède que de recommencer, sinon l’âme se perd un peu plus chaque jour, et encore plaise à Dieu qu’elle le comprenne !
  11. Certaines pourront penser que puisqu’il est si grave de retourner en arrière, mieux vaudrait ne jamais commencer, et rester en dehors du château. Je vous l’ai dit au début, et le Seigneur lui-même le dit, celui qui vit dans le danger y périt (d’après Qo 3,27), et la porte d’entrée dans ce château est l’oraison. Songer que nous devons entrer dans ce château sans rentrer en nous-même, nous connaître, considérer cette misère, ce que nous devons à Dieu, et sans lui demander souvent miséricorde, c’est de la folie. Le Seigneur lui-même le dit :  » Nul ne parviendra à mon Père si ce n’est par moi (Jn 14,6)  » ; je ne sais s’il le dit en ces termes, je crois que oui ; et  » Qui me voit, voit mon Père (Jn 14,9) « . Donc, si nous ne le regardons jamais, si nous ne considérons pas ce que nous lui devons et la mort qu’il a subie pour nous, je ne sais comment nous pouvons le connaître, ni agir à son service. Car la foi sans les œuvres, et sans que ces œuvres tirent leur valeur des mérites, de Jésus-Christ, notre bien, quelle valeur peut-elle avoir ? Et qui nous excitera à aimer ce Seigneur ? Plaise à Sa Majesté de nous faire comprendre tout ce que nous lui coûtons, que le serviteur n’est pas plus que son Seigneurs (Mt 10,24), que nous devons travailler pour jouir de sa gloire, et qu’il nous est nécessaire pour cela de prier, afin de ne pas vivre toujours en tentations (Mt 26,40).

Le château intérieur ou les demeures – Premières demeures

Le Château intérieur

  1. L’obéissance m’a ordonné peu de choses qui m’aient semblé plus difficiles que celle d’écrire maintenant sur l’oraison : en premier lieu, parce qu’il ne me semble pas que le Seigneur m’ait donné l’inspiration, ni le désir de le faire ; et puis, depuis trois mois, ma tête est si faible et si pleine de bruit que j’ai peine à écrire, même pour les affaires indispensables. Mais, sachant que la force de l’obéissance peut aplanir des choses qui semblent impossibles, ma volonté s’y décide de bien bon gré, malgré que la nature semble beaucoup s’en affliger ; car le Seigneur ne m’a pas douée d’assez de vertu pour lutter contre des maladies continuelles et des occupations multiples.Plaise à Celui qui a accompli des choses plus difficiles en ma faveur de faire le nécessaire, je me fie à sa miséricorde.
  2. Je crois que Je ne saurai guère dire plus que je ne l’ai déjà fait en d’autres choses qu’on m’a commandé d’écrire, je crains plutôt de toujours me répéter ; car je suis, à la lettre, comme les oiseaux à qui on apprend à parler : ils ne savent que ce qu’on leur enseigne ou ce qu’ils entendent, et le répètent souvent. Si le Seigneur veut que je dise du nouveau, Sa Majesté me le donnera, ou Elle me rappellera ce que j’ai déjà dit, je m’en contenterai, car j’ai si mauvaise mémoire que je me réjouirais, au cas où elles se seraient perdues, de retrouver certaines choses qu’on estimait bonnes. Si le Seigneur ne me donnait même pas cela, je tirerais bénéfice du seul fait de me fatiguer et d’aggraver mon mal de tête par obéissance, même si ce que je dis n’est utile a personne.
  3. Je commence donc à tenir ma promesse aujourd’hui, fête de la Très Sainte Trinité, en l’an 1577 (2 juin) en ce monastère de Saint-Joseph du Carmel de Tolède où je suis présentement, m’en rapportant pour tout ce que je dirai au jugement de ceux qui m’ont commandé d’écrire, personnes fort doctes. Si quoi que ce soit n’était pas conforme à ce qu’enseigne la sainte Église Catholique Romaine, ce sera, de ma part, ignorance, et non malignité. Cela, on peut le tenir pour certain, car je lui suis fidèle et le serai toujours, comme je l’ai toujours été, avec la grâce de Dieu. Qu’Il soit béni à jamais, amen, et glorifié !
  4. Celui qui m’a commandé d’écrire m’a dit que les religieuses de ces monastères de Notre-Dame du Carmel ont besoin qu’on leur explique quelques points indécis d’oraison : il lui semble qu’elles comprendront mieux le langage d’une autre femme, et que l’amour qu’elles me portent les rendra plus sensibles à ce que je leur dirai ; pour cette raison, il y attribue une certaine importance, si je parviens à dire quelque chose ; je m’adresserai donc à elles en écrivant, et puis, il semble insensé de songer que cela puisse convenir à d’autres personnes : Notre-Seigneur me fera déjà une grande grâce si cet écrit aide quelques-unes d’entre elles à le louer un petit peu plus. Sa Majesté sait bien que je ne prétends à rien d’autre, et il est clair que lorsque je réussirai à dire quelque chose elles comprendront que cela ne vient pas de moi, rien ne peut le leur faire croire, sauf si elles manquaient d’intelligence autant que je manque d’aptitudes pour des choses semblables, lorsque la miséricorde du Seigneur ne m’en donne point.

Chapitre I – De la beauté et de la dignité de nos âmes: une comparaison nous aide à le comprendre. Des avantages qu’il y a à reconnaître les faveurs que nous recevons de Dieu. De l’oraison, la porte de ce Château.

  1. Aujourd’hui, comme je suppliais le Seigneur de parler à ma place, puisque je ne trouvais rien à dire, ni comment entamer cet acte d’obéissance, s’offrit à moi ce qui sera, dès le début, la base de cet écrit : considérer notre âme comme un château fait tout entier d’un seul diamant ou d’un très clair cristal, où il y a beaucoup de chambres, de même qu’il y a beaucoup de demeures au ciel. Car à bien y songer, mes sœurs, l’âme du juste n’est rien d’autre qu’un paradis où Il dit trouver ses délices. Donc, comment vous représentez-vous la chambre où un Roi si puissant, si sage, si pur, si empli de tous les biens, se délecte ? Je ne vois rien qu’on puisse comparer à la grande beauté d’une âme et à sa vaste capacité. Vraiment, c’est à peine si notre intelligence, si aiguë soit-elle, peut arriver a le comprendre, de même qu’elle ne peut arriver à considérer Dieu, puisqu’il dit lui-même qu’il nous a créés à son image et à sa ressemblance. Or, s’il en est ainsi, et c’est un fait, nous n’avons aucune raison de nous fatiguer à chercher à comprendre la beauté de ce château ; il y a entre lui et Dieu la même différence qu’entre le Créateur et la créature, puisqu’il est sa créature ; il suffit donc que Sa Majesté dise que l’âme est faite à son image pour qu’il nous soit difficile de concevoir sa grande dignité et sa beauté.
  2. Il est bien regrettable et confondant que, par notre faute, nous ne nous comprenions pas nous-mêmes, et ne sachions pas qui nous sommes. Celui à qui on demanderait, mes filles, qui il est, et qui ne se connaîtrait point, qui ne saurait pas qui fut son père, ni sa mère, ni son pays, ne prouverait-il pas une grande ignorance ? Ce serait d’une grande bêtise, mais la nôtre est plus grande, sans comparaison, quand nous ne cherchons pas à savoir ce que nous sommes, nous bornant à notre corps, et, en gros, a savoir que nous avons une âme, parce que nous en avons entendu parler et que la foi nous le dit. Mais les biens que peut contenir cette âme ; qui habite en cette âme, ou quel est son grand prix, nous n y songeons que rarement ; c’est pourquoi on a si peu soin de lui conserver sa beauté. Nous faisons passer avant tout sa grossière sertissure, ou l’enceinte de ce château, qui est notre corps.
  3. Considérons donc que ce château a, comme je l’ai dit, nombre de demeures, les unes en haut, les autres en bas, les autres sur les côtés ; et au centre, au milieu de toutes, se trouve la principale, où se passent les choses les plus secrètes entre Dieu et l’âme. Il faut que vous soyez attentives à cette comparaison. Peut-être, par ce moyen, Dieu consentira-t-il à vous faire comprendre quelques-unes des faveurs que Dieu veut bien accorder aux âmes, et, dans la mesure du possible, les différences qu’il y a entre elles ; car personne ne peut les comprendre toutes, tant elles sont nombreuses : d’autant moins une misérable comme moi ! Si le Seigneur vous les accorde, vous aurez le : grand réconfort de savoir que cela est possible ; sinon, vous louerez sa grande bonté. Car si la considération des choses qui sont au ciel, et dont jouissent les bienheureux, ne nous fait aucun tort et nous réjouit plutôt, de même, lorsque nous cherchons à obtenir ce dont ils jouissent, il ne peut nous nuire de voir qu’un si grand Dieu peut se communiquer en cet exil à des vers de terre si malodorants, et d’aimer une bonté si bonne, une miséricorde si démesurée. Je tiens pour certain que celui qui souffrirait de savoir que Dieu peut nous faire cette faveur en cet exil n’a guère d’humilité ni d’amour du prochain ; car si ce n’était de cela, comment ne pas nous réjouir que Dieu accorde ces grâces à l’un de nos frères sans que cela l’empêche de nous l’accorder à nous aussi, et de voir que Sa Majesté manifeste ses grandeurs en quiconque ? Ce sera, parfois, dans le seul but de les manifester, comme le Seigneur l’a dit lui-même à propos de l’aveugle à qui il à rendu la vue, lorsque les Apôtres lui ont demandé s’il était aveugle à cause de ses péchés ou par la faute de ses parents. Il arrive, ainsi, que celui à qui il fait ces faveurs ne soit pas plus saint que celui à qui il ne les fait point, il veut seulement qu’on reconnaisse sa grandeur, comme nous le voyons dans saint Paul et la Madeleine, et pour que nous le louions en ses créatures.
  4. On pourra dire que ces choses semblent impossibles, et qu’il est bon de ne pas scandaliser les faibles. Leur incrédulité est une moindre perte, si ceux à qui Dieu les accorde ne manquent pas d’en profiter ; ils s’en régaleront, un plus grand amour s’éveillera en eux pour Celui qui montre tant de miséricorde, et dont le pouvoir et la majesté sont si grands. D’autant plus que je sais que celles à qui je parle ne courent pas ce danger elles savent et croient que Dieu donne de bien plus grandes preuves d’amour. Je sais que ceux qui n’y croiraient point n’en auront pas l’expérience, car Dieu tient beaucoup à ce qu’on ne limite pas ses œuvres ; donc, mes sœurs, que ce ne soit jamais le cas de celles d’entre vous que le Seigneur ne conduirait pas par cette voie.
  5. Donc, pour revenir à notre bel et délicieux château, nous devons voir comment nous pourrons y pénétrer. J’ai l’air de dire une sottise : puisque ce château est l’âme, il est clair qu’elle n’a pas à y pénétrer, puisqu’il est elle-même ; tout comme il semblerait insensé de dire à quelqu’un d’entrer dans une pièce où il serait déjà. Mais vous devez comprendre qu’il y a bien des manières différentes d’y être ; de nombreuses âmes sont sur le chemin de ronde du château, où se tiennent ceux qui le gardent, peu leur importe de pénétrer l’intérieur, elles ne savent pas ce qu’on trouve en un lieu si précieux, ni qui l’habite, ni les salles qu’il comporte. Vous avez sans doute déjà vu certains livres d’oraison conseiller à l’âme d’entrer en elle-même ; or, c’est précisément ce dont il s’agit.
  6. Un homme fort docte me disait récemment que les âmes qui ne font pas oraison sont semblables à un corps paralysé ou perclus, qui bien qu’il ait des pieds et des mains, ne peut les commander ; ainsi, il est des âmes si malades, si accoutumées à s’arrêter aux choses extérieures, que c’est sans remède, elle ne semblent pas pouvoir entrer en elles-mêmes ; elles ont une telle habitude de n’avoir de rapports qu’avec la vermine et les bêtes qui vivent autour du château qu’elles leur ressemblent déjà beaucoup ; et bien qu’elles soient, par nature, très riches, capables de converser avec rien de moins que Dieu, c’est sans remède. Si ces âmes ne cherchent pas à connaître leur grande misère et à y porter remède, elles resteront transformées en statues de sel faute de tourner la tête vers elles-mêmes, comme il advint de la femme de Loth pour l’avoir tournée (Gn. 19,26).
  7. Car autant que je puis le comprendre, la porte d’entrée de ce château est l’oraison et la considération ; je ne dis pas mentale plutôt que vocale, car pour qu’il ait oraison, il doit y avoir considération. Celle qui ne considère pas à qui elle parle, et ce qu’elle demande, et qui est celle qui demande, et à qui, je n’appelle pas cela faire oraison, pour beaucoup qu’elle remue les lèvres. Il pourra pourtant y avoir oraison sans qu’on le recherche, mais dans ce cas on s’y sera exercé naguère. Quiconque aurait l’habitude de parler à la majesté de Dieu comme il parierait à son esclave, qui ne se demande pas s’il s’exprime mal, mais dit ce qui lui vient aux lèvres, ou qui l’apprend pour le répéter, je ne tiens pas cela pour de l’oraison, et plaise à Dieu que nul chrétien ne la pratique de cette façon. J’espère de la bonté de Sa Majesté, mes sœurs, que ce n’est le cas d’aucune de vous, vous êtes habituées à vous occuper des choses intérieures, ce qui est fort utile pour éviter de tomber dans une telle bestialité.
  8. Nous ne nous adressons donc pas à ces âmes percluses, car si le Seigneur lui-même ne vient pas leur commander de se lever, comme à celui qui attendait à la piscine depuis trente ans (Jn 5,5), elles sont bien mal en point, et en grand danger, mais aux autres âmes, à celles qui pénètrent enfin dans le château. Celles-là, fortes mêlées au monde, ont de bons désirs, et parfois, ne serait-ce que de loin en loin, elles se recommandent à Notre-Seigneur et considèrent qui elles sont sans toutefois s’y attarder. De temps en temps, pendant le mois, elles prient, pleines des mille affaires qui occupent ordinairement leur pensée, et auxquelles elles sont si attachées que là où est leur trésor, là est leur cœur (Mt 6,21) ; elles songent parfois à s’en affranchir, et c’est déjà une grande chose pour elles que la connaissance d’elles-mêmes, constater qu’elles sont en mauvaise voie, pour trouver la porte d’entrée. Enfin, elles pénètrent dans les premières pièces, celles du bas, mais toute la vermine qui entre avec elles ne leur permet ni de voir la beauté du château, ni de s’apaiser ; elles ont déjà beaucoup fait en entrant.
  9. Ce que je dis, mes filles, va vous sembler déplacé, puisque, par la bonté de Dieu, vous n’êtes pas de celles-là. Il va vous falloir de la patience, sinon je ne saurais faire entendre comment j’ai compris certaines des choses intérieures de l’oraison, et encore plaise au Seigneur que j’arrive à parler de quelques-unes ; car ce que je voudrais vous faire entendre est bien difficile, lorsque l’expérience fait défaut. Si vous avez cette expérience ; vous verrez qu’on ne peut s’abstenir d’effleurer ce que plaise au Seigneur dans sa miséricorde, de vous épargner.

Chapitre II – De la laideur de l’âme en état de péché mortel, et comment Dieu voulut la faire voir à certaine personne. De la connaissance de soi. Toutes choses utiles, souvent dignes de remarque. De la manière de comprendre ces demeures.

  1. Avant d’aller plus loin, je tiens à vous demander de considérer ce qu’on peut éprouver à la vue de ce château si resplendissant et si beau, cette perle orientale, cet arbre de vie planté à même les eaux vives de la vie, qui est Dieu, lorsque l’âme tombe dans le péché mortel. Il n’est ténèbres si ténébreuses, chose si obscure et si noire qu’elle n’excède. Sachez seulement que bien que le soleil qui lui donnait tant d’éclat et de beauté soit encore au centre de cette âme, il semble n’y être point, elle ne participe point de Lui, et pourtant elle est aussi capable de jouir de Sa Majesté que le cristal de faire resplendir le soleil. Elle ne bénéficie de rien ; en conséquence, toutes les bonnes actions qu’elle accomplit ainsi, en état de péché mortel, ne portent aucun fruit qui mérite le ciel ; elles ne procèdent pas du principe qui est Dieu, par qui notre vertu est vertu, rien ne peut donc être agréable à ses yeux quand nous nous éloignons de Lui ; enfin, le but de celui qui commet un péché mortel n’est pas de Le satisfaire, mais de plaire au démon ; comme il n’est que ténèbres, la pauvre âme, elle aussi, se transforme en ténèbres.
  2. Je connais une personne à qui Notre-Seigneur voulut montrer l’état de l’âme qui pèche mortellement. Cette personne (la sainte elle-même. Voir (Autobiographie, chap. 40 et Relation, chap. 25.) dit qu’aucun de ceux qui le connaîtraient ne pourrait pécher, lui semble-t-il même s’il lui fallait fuir les occasions au prix des plus grandes peines imaginables. Elle eut donc bien envie que tous en soient informés ; vous, mes filles, ayez envie de beaucoup prier Dieu pour ceux qui sont réduits à cet état de totale obscurité, eux et leurs œuvres. Car de même que tous les ruisselets qui découlent d’une source très claire le sont aussi, lorsqu’une âme est en état de grâce, ses œuvres sont agréables aux yeux de Dieu et à ceux des hommes (elles procèdent de cette source de vie, l’âme y est planter comme un arbre qui ne donnerait ni fraîcheur ni fruits, s’ils ne lui venaient de cette source qui le nourrit, l’empêche de sécher, et lui fait produire de bons fruits), ainsi lorsque l’âme, par sa faute, s’éloigne de cette source pour se planter dans une autre aux eaux très noires et très malodorantes, tout ce qu’elle produit est l’infortune et la saleté mêmes.
  3. Il sied de considérer ici que la fontaine, ce soleil resplendissant qui est au centre de l’âme, ne perd ni son éclat ni sa beauté ; il est toujours en elle, rien ne peut lui ôter sa beauté. Mais si on jetait un drap très noir sur un cristal exposé au soleil, il est clair que si le soleil donne sur lui, sa clarté n’opérera point sur le cristal.
  4. O âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ ! Connaissez-vous vous-mêmes, et ayez pitié de vous ! Comment se peut-il que, sachant cela, vous ne cherchiez pas à retirer cette poix de ce cristal ? Considérez que si vous perdez la vie, jamais vous ne jouirez à nouveau de cette lumière. Ô Jésus ! quel spectacle que celui d’une âme qui s’en est éloigné ! Dans quel état sont les pauvres chambres du château ! Que les sens, ces gens qui les habitent, sont troublés ! Et les puissances, qui sont les alcades, majordomes, maîtres d’hôtels, qu’ils sont aveuglés, et gouvernent mal ! Enfin, puisque l’arbre est planté en un lieu qui est le démon, quel fruit peut-il donner ?
  5. J’ai entendu une fois un homme, grand spirituel, dire qu’il ne s’étonnait de rien de ce que faisait une âme en état de péché mortel, mais de ce qu’elle ne faisait pas. Plaise à Dieu, dans sa miséricorde, de nous délivrer d’un si grand malheur, car rien, tant que nous vivons, ne mérite le nom de malheur si ce n’est celui qui entraîne des maux éternels, à jamais. Voilà, mes filles, ce que nous devons craindre, et ce que nous devons demander à Dieu dans nos prières ; s’il ne garde point la cite, nous travaillerons en vain (Ps 76,2), car nous sommes la vanité même. Cette personne disait qu’elle avait tiré deux choses de la grâce que le Seigneur lui a faite: l’une, l’immense crainte de l’offenser : elle le suppliait donc sans cesse de ne pas la laisser tomber dans le péché, dont elle voyait les terribles effets ; la seconde, un miroir d’humilité, sachant que tout ce que nous pouvons faire de bon n’a pas son principe en nous, mais dans cette fontaine où est planté l’arbre de notre ; âme, dans ce soleil qui réchauffe nos œuvres. Elle a vu cela si clairement que dès qu’elle faisait ou voyait faire quelque chose de bien, elle ramenait cette action à son principe, et comprenait que sans cette aide nous sommes impuissants ; de là, elle était immédiatement portée à louer Dieu et à s’oublier d’ordinaire elle-même, quoi qu’elle fit de bien.
  6. Le temps que vous passerez, mes sœurs, à lire ceci, et moi à l’écrire, ne serait pas perdu si nous retenions ces deux choses, que les hommes doctes et entendus savent très bien, mais notre balourdise, à nous, femmes, a besoin de tout cela ; et, d’aventure, le Seigneur veut peut-être qu’on porte à notre connaissance cette sorte de comparaison. Plaise à sa bonté de nous accorder la grâce nécessaire.
  7. Ces choses intérieures sont si obscures pour l’entendement que quelqu’un de si peu instruit que moi, devra forcément dire beaucoup de choses superflues, et même insensées, avant de parler juste une seule fois. Il faudra donc de la patience à quiconque me lira, comme il m’en faut pour écrire ce que j’ignore ; car, vrai, il m’arrive de me sentir toute sotte en prenant le papier, je ne sans ni que dire, ni par quoi commencer. Je comprends bien qu’il est important pour vous que j’explique de mon mieux certaines choses intérieures, car nous entendons toujours dire combien l’oraison est bonne, et d’après la constitution nous devons la pratiquer pendant un grand nombre d’heures, mais on ne nous explique rien d’autre que ce qu’il nous est possible de faire de nous-mêmes ; on nous parle peu des choses que le Seigneur opère dans l’âme, c’est-à-dire le surnaturel. Le fait d’en parler et de nous l’expliquer de nombreuses façons nous apportera la grande consolation de contempler ce céleste artifice intérieur, si peu connu dés mortels, que toutefois nombre d’entre eux recherchent. Et bien que dans quelques-uns de mes écrits le Seigneur ait fait entendre certaines choses, je comprends que je ne les avais pas toutes comprises comme je le fais aujourd’hui, les plus difficiles, en particulier. L’ennui, c’est que pour les aborder, comme je l’ai dit, il faudra en répéter beaucoup de fort connues ; il ne saurait en être autrement, vu la rudesse de mon esprit.
  8. Revenons donc à notre château aux nombreuses demeures. Vous ne devez pas vous représenter ces demeures l’une après l’autre, comme en enfilade, mais fixer votre regard au centre ; là se situe la salle, le palais, où réside le roi ; considérez le palmiste ; avant qu’on atteigne sa partie comestible, plusieurs écorces entourent tout ce qu’il contient de savoureux. Ici, de même, de nombreuses salles sont autour de celle-là, et également au-dessus. Les choses de l’âme doivent toujours se considérer dans la plénitude, l’ampleur et la grandeur, on ne le dira jamais assez, elle est capable de beaucoup plus que ce que nous sommes capables de considérer, et le soleil qui est dans ce palais se communique à toutes ses parties. Il est très important que toute âme qui s’adonne à l’oraison, peu ou prou, ne soit ni traquer, ni opprimée. Laissez-la évoluer dans ces demeures, du haut en bas et sur les côtés, puisque Dieu l’a douée d’une si grande dignité ; qu’elle ne se contraigne point à rester longtemps seule dans une salle. Oh ! s’il s’agit de la connaissance de soi ! Car elle est si nécessaire, (cherchez à me comprendre), même pour celles d’entre vous que le Seigneur a introduites dans la demeure où il se trouve Lui-même, que jamais, malgré votre élévation, vous ne pouvez mieux faire, et vous ne le pourriez pas, même si vous le vouliez ; car l’humilité travaille toujours à la façon dont l’abeille fait le miel dans la ruche, sinon tout est perdu ; mais considérons que l’abeille ne manque pas de sortir pour rapporter des fleurs ; ainsi fait l’âme, par la connaissance de soi ; croyez-moi envolez-vous de temps en temps, pour considérer la grandeur et la majesté de Dieu. Ainsi, débarrassées de la vermine qui entre dans les premières salles, celles de la connaissance de soi, vous verrez votre bassesse mieux qu’en vous-mêmes, bien que, comme je l’ai dit, Dieu fasse à l’âme une grande miséricorde lorsqu’il lui permet de se connaître, mais qui peut le plus peut le moins, comme on dit. Et croyez-moi, avec la vertu de Dieu nous pratiquerons une vertu bien plus haute que si nous restons étroitement ligotées à notre terre.
  9. Je ne sais si je me suis bien fait comprendre, car cette connaissance de nous-mêmes est si importante que je voudrais que jamais vous ne vous relâchiez sur ce point, même si vous êtes fort élevées dans le ciel ; tant que nous sommes sur cette terre, rien ne doit avoir plus d’importance pour nous que l’humidité. Je répète donc qu’il est très bon, et meilleur encore, de chercher à pénétrer d’abord dans la salle qui la concerne plutôt que de s’envoler vers les autres : c’est le chemin pour y parvenir ; et puisque nous pouvons marcher en terrain sûr et uni, pourquoi voudrions-nous des ailes pour voler ? Cherchez à mieux progresser dans l’humilité ; et, ce me semble, jamais nous n’arriverons à nous connaître si nous ne cherchons pas à connaître Dieu ; en contemplant sa grandeurs penchons-nous sur notre bassesse ; en contemplant sa pureté, nous verrons notre saleté ; en considérant son humilité, nous verrons combien nous sommes loin d’être humbles.
  10. On y trouve deux avantages : premièrement, il est clair que quelque chose de blanc parait plus blanc auprès de quelque chose de noir, et, à l’opposé, le noir auprès du blanc ; deuxièmement, notre entendement et notre volonté s’ennoblissent, ils se disposent mieux à accomplir tout ce qui est bien lorsque notre regard, donc nous-même, nous tournons vers Dieu ; il- a de grands inconvénients à ne jamais sortir de notre boue et de notre misère. Nous parlions, à propos de ceux qui sont en état de péché mortel, des courants noirs et malodorants dans lesquels ils sont ; de même, ici, sans qu’il y ait toutefois d’analogie, Dieu nous en garde ! Car ceci n’est qu’une comparaison. Si nous vivons enfoncés dans les misères de notre terre, jamais nous ne sortirons du courant boueux des craintes, des pusillanimités, et de la lâcheté ; regarder si on me regarde ou si on ne me regarde pas ; me demander s’il y a du danger à suivre cette voie ; n’y aurait-il pas quelque orgueil à oser entreprendre cette action ? Est-il bon qu’une misérable comme moi s’occupe d’une chose aussi haute que l’oraison ? Me méprisera-t-on si je ne suis pas la voie de tout le monde ? Et puis, les extrêmes ne sont pas bons, même dans la vertu, grande pécheresse que je suis, ne serait-ce tomber de plus haut ? Je ne progresserai peut-être point, et je nuirai à de bonnes gens ; quelqu’un comme moi n’a pas besoin de se singulariser.
  11. Dieu secourable ! Mes filles, qu’elles sont nombreuses les âmes que le démon a dû beaucoup appauvrir par ce moyen ! Elles prennent tout cela pour de l’humilité, et bien des choses encore que je pourrais dire ; cela provient de ce que nous ne nous connaissons pas tout à fait ; la connaissance que nous avons de nous-même est déviée, et si nous ne sortons jamais de nous-même, je ne suis pas surprise que cela, et pis encore, soit à craindre. C’est pourquoi je dis, mes filles, que nous devons fixer nos regards sur le Christ, notre bien ; là, nous apprendrons la véritable humilité ; en Lui et en ses Saints, notre entendement s’ennoblira comme je l’ai dit, et la connaissance de nous-même n’engendrera pas de lâches voleurs ; car bien que ce ne soit encore que la première Demeure, elle est très riche et d’un si grand prix que celui qui échappe à la vermine qui s’y trouve ne manquera pas de progresser. Terribles sont les ruses et astuces du démon pour empêcher les âmes de se connaître et de discerner leur voie.
  12. De ces premières demeures, je puis vous donner un très bon signalement dont j’ai l’expérience. C’est pourquoi je vous demande de ne pas considérer un petit nombre de salles, mais un million ; car les âmes entrent ici de bien des manières, animées, les unes et les autres, de bonnes intentions. Mais comme celles du démon sont toujours mauvaises, il doit maintenir dans chacune d’elles de larges légions de démons pour empêcher les âmes de passer d’une demeure à l’autre ; la pauvre âme ne s’en rend pas compte, il use donc de mille sortes d’embûches et illusions il n’est plus aussi à l’aise lorsque les âmes se rapprochent du Roi. Mais, comme elles sont, ici, encore absorbées par le monde, plongées dans leurs plaisirs, grisées d’honneurs et de prétentions, les sens et les facultés, ces vassaux de l’âme que Dieu leur a donnés, ne sont pas assez forts ; elles sont donc facilement vaincues, malgré leur désir de ne pas offenser Dieu, et les bonnes actions qu’elles font. Celles qui se trouvent dans cette situation devront souvent, et de leur mieux, avoir recours à Sa Majesté, demander à sa bienheureuse Mère, à ses Saints, d’intercéder et de combattre pour elles ; leurs propres serviteurs n’ont guère la force de les défendre. A la vérité, quel que soit notre état, il faut que la force nous vienne de Dieu. Plaise à Sa Majesté de nous en donner, dans sa miséricorde. Amen.
  13. Quelle misérable vie nous vivons ! Mais je vous ai beaucoup dit ailleurs combien il nous est néfaste de ne pas bien comprendre ce qui touche l’humilité et la connaissance de soi (Autobiographie, chap. 13 ; Chemin de la Perfection, chap. 12 et 13), je n’insiste donc pas ici ; et encore, plaise au Seigneur que j’aie dit quelque chose qui vous soit profitable.
  14. Vous remarquerez que la lumière qui émane du Palais où est le Roi n’éclaire encore qu’à peine ces premières Demeures, car bien qu’elles ne soient pas obscurcies et noires, comme c’est le cas pour l’âme en état de péché, elles sont assez sombres pour que celui qui s’y trouve ne puisse voir de clarté ; ce n’est pas que la salle ne soit pas éclairée, (je ne sais m’expliquer), mais toutes ces mauvaises couleuvres, ces vipères et ces choses venimeuses qui sont entrées avec lui ne lui permettent pas d’apercevoir la lumière : comme celui qui, pénétrant en un lieu où le ciel entre abondamment, aurait, sur les yeux, de la boue qui l’empêcherait de les ouvrir. La pièce est claire, mais il n’en jouit pas, il est gêné, et dés choses comme ces fauves et ces bêtes l’obligent à fermer les yeux et à ne voir qu’elles. Telle me semble la situation d’une âme, qui, bien qu’elle ne soit pas en mauvais état, est si mêlée aux choses mondaines, si imbue de richesses, ou d’honneurs, ou d’affaires, comme je l’ai dit, que bien qu’elle souhaiterait, en fait, voir sa beauté et en jouir, elle n’y a pas accès, et il ne semble pas qu elle puisse se faufiler entre tant d’obstacles. Il est très utile, pour obtenir de pénétrer dans les secondes Demeures, que chacun, selon son état, tâche de se dégager des choses et des affaires qui ne sont pas nécessaires. C’est d’une importance telle que j’estime impossible qu’on accède jamais à la Demeure principale sans commencer par là ; il sera même difficile de rester sans danger dans celle où on se trouve, si on a pénétré dans le château ; car au milieu de choses si venimeuses, il est impossible de n’être pas mordu.
  15. Qu’adviendrait-il, mes filles, si nous qui avons déjà pénétré beaucoup plus avant, dans d’autres demeures secrètes du château, nous nous retrouvions, par notre faute, en plein tumulte, ce qui, du fait de nos péchés, est le cas de beaucoup de personnes à qui Dieu a accordé ses faveurs et qui, par leur faute, sont rejetées au sein de ces misères ? Ici, nous sommes libres extérieurement : intérieurement, plaise à Dieu que nous le soyons, et qu’il nous délivre. Gardez-vous, mes filles, des soucis qui vous sont étrangers. Considérez que rares sont les Demeures de ce château où les démons renoncent à combattre. Il est vrai qu’en certaines demeures, les gardes, je crois avoir dit que ce sont les puissances, ont la force de lutter ; mais il nous est bien nécessaire de ne point nous distraire pour comprendre leurs ruses et qu’ils ne nous trompent point, travestis en anges de lumière ; car ils peuvent nous nuire de multiples façons, en s’insinuant peu à peu et nous ne le comprenons que lorsque le mal est fait.
  16. Je vous ai déjà dit (Chemin de la Perfection, chap. 38 et 39) que le démon agit comme une lime sourde, nous devons le déceler dès le début. Je veux ajouter autre chose, pour me faire mieux comprendre : il insuffle à une sœur de si vifs désirs de pénitence qu’elle n’a de repos que lorsqu’elle se tourmente. Le principe est bon, mais lorsque la prieure a ordonné de ne pas faire pénitence sans autorisation, si le démon suggère à cette sœur qu’elle peut bien passer outre, à si bonnes fins, elle mène en cachette une telle vie qu’elle en perd la santé et se trouve empêchée d’accomplir ce qu’ordonne la Règle ; vous voyez où aboutit ce bien. Il en anime une autre d’un très grand zèle pour la perfection ; c’est très bon, mais il peut découler de là que la moindre petite faute de la part de ses sœurs lui semble un grave manquement, il s’ensuit la préoccupation de les surveiller et d’en appeler à la prieure. Elle peut même en venir à ne pas voir ses propres fautes, tant elle a de zèle pour l’Ordre. Quant aux autres, elles ne comprennent pas ce qui se passe en son for intérieur, et il peut arriver qu’elles ne s’accommodent pas si bien que cela de sa vigilance.
  17. Ce que recherche ici le démon, ce n’est rien de moins que refroidir la charité et l’amour des sœurs les unes pour les autres, ce qui serait fort dommage. Comprenons, mes filles, que la véritable perfection est dans l’amour de Dieu et du prochain ; plus nous observerons ces deux commandements, plus parfaites nous serons. Toute notre règle et nos Constitutions ne tendent à rien d’autre, elles ne font que nous donner le moyen de mieux les observer. Trêve de zèles indiscrets qui peuvent nous faire grand mal. Que chacune se considère elle-même. Je vous ai déjà longuement parlé de cela, je n’insisterai donc pas (Autobiographie, chap. 13 et Manière de visiter).
  18. Cet amour que vous devez avoir les unes pour les autres est si important que je voudrais que vous ne l’oubliiez jamais, car à force de considérer chez les autres de petits riens, qui d’ailleurs ne sont peut-être pas des imperfections, mais que, dans notre ignorance, nous prenons en mauvaise part, notre âme peut perdre la paix, et même inquiéter celle des autres ; considérez que cette perfection-là coûterait cher. Le démon pourrait aussi éveiller cette tentation chez la prieure ; ce serait plus dangereux. C’est pourquoi une grande prudence est nécessaire ; car lorsqu’il s’agit de choses contraires à la Règle et aux Constitutions, il ne faut pas toujours les prendre en bonne part, mais l’avertir, et si elle ne s’amende point, en appeler au supérieur ; voilà la charité. De même vis-à-vis des sœurs, s’il s’agit d’une chose grave ; la vraie tentation serait de tout laisser faire de peur que ce soit une tentation. Il faut prendre bien garde, pour que le démon ne nous abuse point, de ne point parler de cela entre nous, il pourrait en tirer un grand avantage et introduire l’habitude de la médisance, mais uniquement à celle qui agira utilement, comme je l’ai dit. Cela ne nous concerne guère puisqu’ici, grâce à Dieu, nous observons un silence continuel, mais il est bon que nous soyons sur nos gardes.

Enquête au sujet de la datation au carbone 14: La mystification du british museum démasquée

Introduction

En octobre 1981, les savants américains publiaient au symposium de New-London le résultat de leurs travaux: «Nous pouvons conclure pour l’heure que l’image du Suaire est celle de la forme humaine réelle d’un homme flagellé et crucifié. Elle n’est pas l’œuvre d’un artiste. Les taches de sang sont composées d’hémoglobine et donnent aussi un résultat positif au test de l’albumine

Or dès le lendemain de ce symposium, les administrateurs du British Museum autorisèrent le directeur de son laboratoire de recherche, le Docteur Tite, à agir comme superviseur d’un projet de datation du Saint Suaire par la méthode du carbone 14. À l’initiative de qui et dans quel but? Mystère! […]

I. Les indices d’une fraude préméditée

1. Procédure et protocole
Emplacement du prélèvement du 21 avril 1988, laissant paraître la toile de Hollande sur laquelle le Saint Suaire fut «cousu à faux filet» en 1534 par les clarisses de Chambéry.

Une procédure fut d’abord soigneusement concertée entre les sept laboratoires désignés et l’Académie pontificale des sciences. […]

Il faut toutefois remarquer que les Américains du STURP (Shroud of Turin Research Project), qui avaient mis, eux aussi, au point un projet de datation au carbone 14, étaient exclus, après bien des intrigues… […]

Le “ Protocole de Turin  ” ne comptait pas moins de huit cents pages dactylographiées. Tout, absolument tout était prévu, depuis le prélèvement des échantillons sur le Saint Suaire, confié à Mme Mechtilde Flury-Lemberg, de l’Abegg-Stiftung (Berne), la personne au monde la plus qualifiée pour cette première opération délicate dont toute la suite dépendait; jusqu’à la mise en œuvre des deux méthodes de datation (AMS et petits compteurs à gaz).

Or, ce protocole conclu sous l’égide du cardinal Ballestrero (29 sept. – 1er oct. 1986)n’a pas été respecté. […]

  1. Pourquoi Mechtilde Flury-Lemberg a été écartée au profit du signor Riggi, personnage sans qualification?
  2. Pourquoi trois laboratoires seulement (Oxford, Zürich et Tucson) ont finalement été retenus, employant une seule méthode, sous la coordination du seul British Museum, en la personne du seul Docteur Tite?
  3. Nul ne sait qui a évincé l’Académie pontificale des sciences, pas même le cardinal Ratzinger, à l’encontre des promesses qu’il affirme avoir reçues. Mais c’est de la main du cardinal Casaroli que l’ordre du Pape en parvint au cardinal Ballestrero, par une lettre datée du mois de mai 1987, transmise aux laboratoires le 10 octobre 1987.

Dès lors, il n’y a plus de protocole. Tite est libre de prendre toutes les initiatives, sans contrôle de qui que ce soit. Et c’est un adversaire idéologique de notre foi catholique, de ses dévotions et de ses “ reliques ”. […]

2. Une orchestration médiatique

Selon la déontologie scientifique, le résultat de la datation aurait dû faire d’abord l’objet d’un compte rendu révisé par les pairs et publié dans une revue spécialisée, avant d’être annoncé au monde. Inverser cet ordre manifeste l’intention évidente d’abuser le public et tromper le monde entier. […]

Dès le 27 juillet 1988, le britannique David Sox, ennemi juré de la Sainte Relique, avait programmé une émission à la BBC, qui avait pour titre Verdict on the Shroud, «Verdict sur le Suaire.» Mais il ne fut pas autorisé à divulguer ce qu’il savait déjà. Cependant, il prépara un livre au titre provocant: «Le suaire démasqué», annonçant en sous-titre la «découverte de la plus grande forgerie de tous les temps», achevé d’imprimer plus de deux semaines avant la publication officielle des résultats. La forgerie était encore à la forge!

Hall, le Dr Michael Tite au centre, Hedges

Le vendredi 26 août, le quotidien londonien Evening Standard titre: «Le Suaire de Turin est un faux.» La nouvelle se répand aussitôt comme une traînée de poudre. Gonella, le conseiller scientifique du cardinal Ballestrero, tente en vain de démentir. […]

Vendredi 14 octobre 1988: conférence de presse au British Museum. Tite trône, encadré par les physiciens du laboratoire d’Oxford, Edward Hall (directeur du Research laboratory for Archeology and History of Art de l’université d’Oxford) et Robert Hedges. Derrière eux, un tableau noir sur lequel sont écrites à la craie ces simples dates: 1260-1390, ponctuées d’un point d’exclamation, cri de victoire. Le soir de ce vendredi 14 octobre 1988, la datation «médiévale» du Saint Suaire était imposée à l’Église hors de toute justification théologique et pastorale, et au monde entier hors de tout contrôle par les «pairs» de la communauté scientifique, comme le résultat absolu et définitif de l’analyse par la méthode indiscutable et indiscutée du carbone 14. […]

3. La récompense des faussaires
De gauche à droite  : Hedges, Donahue, Hall, Damon, Wölfli dans des stalles de chanoines, à Turin, le 21 avril 1988.

Vendredi saint 24 mars 1989 : quarante-cinq hommes d’affaires et «riches amis» (sic) remettent au Pr Hall un million de livres pour prix de ses bons services, et notamment pour avoir «établi l’année dernière que le suaire de Turin est un faux médiéval».

Le communiqué du Telegraph annonçait la nouvelle le lendemain, Samedi saint 25 mars, en précisant que cette somme assurerait la succession du «professeur de Turin» (sic) qui atteignait l’âge de la retraite. Ce dernier déclara que son intention était d’investir le “ prix du sang ” (Mt 27, 6) dans la création d’une nouvelle chaire de science archéologique à Oxford. En accord évident avec le groupe des généreux donateurs. Désintéressés, tous! Au profit de quel savant digne d’un tel secours? «La nouvelle chaire sera occupée par le Dr Tite, directeur du laboratoire de recherche du British Museum, qui a joué lui aussi un rôle prépondérant pour démasquer la fraude du suaire de Turin.» Tout commentaire serait superflu.

II. La traque des ennemis du saint-suaire, leur crime découvert

Dimanche 27 novembre 1988, à Paris, grande salle de la Mutualité: devant deux mille cinq cents auditeurs, l’abbé de Nantes ouvre l’enquête. Il écarte résolument les imaginaires «causes d’erreur» qui permettraient d’incriminer les machines: ni contamination du linge, ni prétendue modification de la composition isotopique de la cellulose n’expliqueront jamais que les résultats «tapent» pile dans le XIIIe-XIVe siècle trop attendu en lieu et place du Ier siècle de notre ère: le hasard a bon dos!

«Et donc, ce ne sont pas les appareils qui ont dicté leur loi aux hommes, ce sont les hommes, leurs “ maffias ” scientifiques et ecclésiastiques, qui ont manipulé et commandé les résultats des appareils de telle manière que leur “ challenge ” se termine à leur gloire et à la satisfaction générale.»

Et déjà, première preuve de ce complot ténébreux: l’intrusion frauduleuse d’un quatrième échantillon. Tite avait en effet demandé au physicien français Jacques Évin un échantillon de lin absolument semblable au Saint Suaire (cf. sa lettre du 12 février 1988). Celui-ci fut découpé sur la chape de saint Louis d’Anjou (mort en 1297), et apporté à Turin par l’expert en textiles Gabriel Vial. […]

16 février 1989 : La revue Nature publie le seul compte rendu officiel, signé des vingt et un membres de la communauté scientifique internationale ayant participé à “ la datation au radiocarbone du Suaire de Turin ”, cinq mois après la publication des résultats urbi et orbi. Cet article n’a pas été soumis à la révision par les “ pairs ” Nature est d’ailleurs la seule revue de niveau scientifique produisant des articles sans ce contrôle. […]

Deux malversations démasquées

Compte rendu publié par la revue Nature Figure 1 du compte rendu publié par la revue Nature, le 16 février 1989, récapitulant l’ensemble des résultats obtenus par les trois laboratoires (A, Arizona  ; O, Oxford  ; Z, Zurich) en âge radiocarbone, c’est-à-dire en nombre d’années avant l’époque présente (1950), âge conventionnel directement mesuré par le carbone 14, avant toute calibration et conversion en âge calendaire. Chaque tiret figure la plage de résultats d’un laboratoire, identifié par son initiale. L’ ” escadrille ” numéro 1 est l’échantillon substitué au Saint Suaire  : la bande de tissu de 1 × 7 cm. Elle seule présente curieusement un écartèlement certain entre les trois laboratoires. Discordance qui contraste avec les magnifiques concordances des trois autres résultats fournis par les échantillons 2, 3 et 4; le 4 étant la chape de saint Louis d’Anjou. Nos traits rajoutés, à l’encre rouge, soulignent la (trop) exacte contemporanéité du prétendu suaire et de la chape de saint Louis d’Anjou, l’un et l’autre de l’âge exigé par Tite  !

Figure 1 du compte rendu publié par la revue Nature, le 16 février 1989, récapitulant l’ensemble des résultats obtenus par les trois laboratoires (A, Arizona; O, Oxford; Z, Zurich) en âge radiocarbone, c’est-à-dire en nombre d’années avant l’époque présente (1950), âge conventionnel directement mesuré par le carbone 14, avant toute calibration et conversion en âge calendaire.
Chaque tiret figure la plage de résultats d’un laboratoire, identifié par son initiale.
L’«escadrille» numéro 1 est l’échantillon substitué au Saint Suaire: la bande de tissu de 1 × 7 cm. Elle seule présente curieusement un écartèlement certain entre les trois laboratoires. Discordance qui contraste avec les magnifiques concordances des trois autres résultats fournis par les échantillons 2, 3 et 4; le 4 étant la chape de saint Louis d’Anjou.

Nos traits rajoutés, à l’encre rouge, soulignent la (trop) exacte contemporanéité du prétendu suaire et de la chape de saint Louis d’Anjou, l’un et l’autre de l’âge exigé par Tite!

1. L’analyse statistique des résultats

Il suffit d’examiner la “ figure 1 ” du rapport de Nature, illustration des résultats accessible à tous, et d’étudier l’analyse statistique consacrée à l’interprétation de ces résultats, qui occupe à elle seule près d’un tiers de l’article, pour constater que ce développement est sans valeur réelle. Le seul fait d’avoir substitué au test du X2, en raison de son résultat négatif, celui de Student, est une malhonnêteté. Le test du X2 (vérification nécessaire de l’homogénéité des résultats, tissu par tissu) posait problème au statisticien, à partir des données qui lui étaient fournies. Il appartenait donc au Dr Tite, coordinateur de l’ensemble de l’analyse, de soumettre ce problème aux physiciens, et de leur demander de faire des mesures complémentaires.

Au lieu de cela, que voyons-nous? Non seulement le Dr Tite ne pose pas de question, mais il s’entend avec les statisticiennes du British Museum, Mesdames Leese et Bowman, pour appliquer un autre test qui, lui, ne soulèvera aucune difficulté et permettra toujours de définir un intervalle de dates, si large soit-il. Pourvu qu’on en oublie le X2!

Car il est désormais établi que ce test du X2, incontournable, ne permet pas, dans l’état des données actuelles, d’homologuer les résultats fournis par les trois échantillons A 1, O 1 et Z 1 comme obéissant à une même et unique loi normale m1 ± σ1. Autrement dit, dans le cas présent, le test de Student n’a aucune signification et l’affirmation des auteurs du rapport de Nature, selon laquelle: «L’âge du suaire se situe entre 1260 et 1390 après Jésus-Christ, à 95 % de confiance au moins» est sans valeur scientifique. Ce prétendu degré de “ confiance ” est un faux… L’honnêteté scientifique eût dicté la déclaration suivante:

«Nous avons trouvé pour le Suaire un âge calendaire moyen de 1320 environ, mais les résultats obtenus ne nous permettent d’associer aucun degré de confiance à cette moyenne.» […]

Différents tests statistiques prouvent que les mesures des tissus 2, 3, 4 sont homogènes.

Il est non moins prouvé que les mesures du tissu 1 sont hétérogènes, comme si les trois laboratoires avaient travaillé sur deux tissus différents, avec une probabilité de 97,5 %. Plusieurs explications sont possibles:

1. Les traitements chimiques différents ont altéré les mesures, mais seulement sur le tissu 1. Inacceptable.

2. Les appareils étaient calibrés de façon différente. Mais dans le seul traitement du tissu 1. Encore lui!

3. Sous l’appellation ” tissu 1 “, les trois laboratoires ont en fait reçu et analysé des tissus différents.

2. La taille et le poids des échantillons: preuve arithmétique d’une substitution d’échantillons

L’analyse statistique n’établit pas, à elle seule, la preuve de la fraude. Elle signale seulement une hétérogénéité des résultats que n’expliquent pas les aléas du comptage des particules; elle invite donc à enquêter sur la provenance des échantillons. Le symposium de Paris en septembre 1989 allait mettre frère Bruno sur la piste d’une preuve arithmétique de substitution d’échantillons. La revue Nature affirmait, en effet, que chacun des trois laboratoires avait reçu un échantillon du Saint Suaire pesant environ 50 mg chacun, et qu’ils furent préparés à partir d’une bande d’environ 70 X 10 mm. Or les Italiens Testore et Riggi, qui ont effectué le prélèvement et la pesée des échantillons à Turin, affirmèrent au symposium de Paris que les trois échantillons remis aux laboratoires provenaient d’une bande de 81 x 16 mm partagée en deux! […]


Après deux ans d’enquête,
L’aveu d’une mystification sans précédent
Frère Bruno enquête aux États-Unis. – Dans le bureau de Douglas Donahue (au fond, genoux croisés). Jull montre, sur le cahier de laboratoire, la signature des «  témoins  » de l’ouverture des tubes, affirmant que les sceaux n’étaient pas brisés.

Fin octobre 1990, frère Bruno alla aux États-Unis pour interroger les chercheurs du laboratoire de Tucson sur la forme et le poids des échantillons du Saint-Suaire reçus par eux. L’entretien mit dans l’embarras les savants américains, car sous la pression des questions précises de frère Bruno, ils s’enferrèrent dans de si nombreuses contradictions et dénégations que finalement l’un d’entre eux, Douglas Donahue, fut contraint d’avouer au symposium international de New-York (2-3 mars 1991 à l’université de Columbia) que l’échantillon du Saint Suaire reçu par son laboratoire «était bien en deux morceaux: l’un pesait environ 14 mg, et l’autre 40 mg. Le poids total de l’échantillon du Suaire était d’environ 50 mg».

Étrange addition! Cette fois, il dit enfin la vérité mais elle est inconciliable avec les poids que nous avons relevés sur le cahier de laboratoire à Tucson le 26 octobre. Rien d’étonnant: car ces poids étaient ceux de l’échantillon n° 1 substitué, que l’on n’avait pas pensé à ramener à 40 mg. En effet, l’échantillon du Saint Suaire, lui, ne pèse plus que 40 mg, lorsqu’il est extrait du tube n° 3, étiqueté «momie de Cléopâtre». Et le morceau de 14 mg? Il est en réserve. […]

Cette farce, sans équivalent dans l’histoire des sciences, sinon le fait de Piltdown, se trouve ainsi ramenée à son inconséquence aveuglante, si on la résume ainsi:

À Tucson, le tube du Saint Suaire présente l’échantillon sous scellés, à réception le dimanche 24 avril et… de nouveau sous scellés! le lundi 25 avril; mais alors le morceau de 14 mg a disparu… et le morceau de 40 mg, a pris du poids! Il n’y a pas besoin d’aller plus loin pour accuser les gens de Tucson d’avoir substitué un tissu médiéval au lin du Saint Suaire. […]

La fraude reconstituée

Cette implacable démonstration et les faits qui l’étayent ne seront jamais réfutés. Entre temps, les trois laboratoires, l’honorable Tite, l’Éminence Ballestrero et les Italiens ont poussé plus loin leur petite recherche personnelle, et tous savent que le Saint Suaire, à tous les coups, “ tape ” le 11-64 fatidique. Entre 11 et 64, l’année de la mort du Christ: 30 ou 33, sont des plus probables.

III. Dernier attentat

Alors, il ne restait plus aux ennemis du Saint-Suaire qu’une solution: le faire disparaître. Qu’on n’en parle plus, et puis qu’il flambe! C’est la bonne solution, pour la paix du monde.

Cette solution finale sera mise en œuvre dans la nuit du 11 au 12 avril 1997 par l’incendie de la Sainte Chapelle où reposait la Relique. Ce nouveau crime échouera providentiellement grâce au courage des pompiers italiens. Vitorio Messori historiographe du Pape, n’a aucun doute: «Croyez-moi, quelqu’un voulait brûler le Saint-Suaire. Je n’exclus pas un complot international, et mes soupçons vont aux cercles maçonniques et aux intégristes islamistes.» Laissons de côté Ben Ladden et les islamistes, ils ont certainement d’autres chats à fouetter. Mais à qui profite le crime? À ceux dont la fraude est désormais dévoilée… ces forces occultes, cette franc-maçonnerie, qui entravait à la fin du siècle dernier l’œuvre de saint Jean-Bosco, à Turin même, et qui est toujours acharnée contre tout ce qui est catholique…

L’abbé de Nantes concluait ainsi:

Pompiers sauvant le Saint Suaire des flammes à Turin

«La relique a été sauvé par son peuple fidèle. Miracle! Du Suaire aujourd’hui, comme de l’Église demain, ressuscitant, comme Jésus au matin de Pâques. La divine relique a été sauvée pour faire resplendir en ces lieux même l’infinie miséricorde de notre Sauveur et de sa Divine Mère. Faisons connaître cette Bonne Nouvelle aux âmes de bonne volonté: Jésus est ressuscité! Des cendres son linceul est sauvé! Adorons-le, c’est le Seigneur!»

Source

L’authenticité du saint suaire prouvée par les sciences

Saint Suaire de Turin

Saint-Suaire-Turin

C‘est à partir de 1898, date de sa photographie, que le Saint Suaire piqua la curiosité des savants. La technique et les lois scientifiques propres à cet art permirent de comprendre, pour la première fois, que le linge ne pouvait être une peinture. […]

Le Saint Suaire ne pouvait avoir été fait de main d’homme puisqu’il se comportait comme un négatif qui, une fois photographié, révélait en positif le portrait authentique d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié. Cette démonstration de l’authenticité de la relique fut confirmée par la médecine comme l’attestèrent brillamment les travaux du docteur Barbet dans les années 1930.

Mais c’est en 1978 que le Saint Suaire va être passé au crible des sciences exactes et de la plus haute technologie. Une équipe de 32 chercheurs américains se constitue alors pour la réalisation d’un projet bien précis : « déterminer au moyen d’expériences non destructrices, la composition chimique et le caractère de la ou des images empreintes sur le Suaire ». Rogers, l’un des chercheurs du STURP (Shroud of Turin Research Project), exprime bien le sentiment général de ses collègues lors de leur arrivée à Turin avec plusieurs tonnes d’un matériel scientifique des plus sophistiqué : « J’étais réellement sûr à près de 150 % que nous allions entrer, passer 30 minutes à le regarder et décider que c’était un canular… sans qu’il vaille la peine de faire nos expériences… » Voici le bilan de 25 ans de recherches.

LE CONSENSUS DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE

Anatomie, physiologie

Les taches de sang reproduisent exactement, chacune pour sa part, un écoulement naturellement formé à la surface d’une blessure, en parfaite conformité avec l’anatomie, la physiologie de la circulation et de la coagulation sanguine, avec la neurophysiologie et les phénomènes de conduction nerveuse. Ce qui exclue évidemment les capacités d’un faussaire du Moyen-Âge puisque les propriétés et caractéristiques de la circulation sanguine ne furent connues qu’au XVIe siècle. […]

Saint-Suaire – Taches de sang au front

Expertise médico-légale

Tissu du Saint Suaire Macrophotographie du tissu du Saint Suaire. Il est de lin, tissé en chevron.

Cette pièce de pur lin a donc enveloppé un vrai mort dont l’identité ne fait aucun doute : ce que l’on voit sur le Suaire, c’est l’image de Jésus-Christ flagellé, blessé à la tête comme par un bonnet d’épines serré sur les tempes et la nuque, transpercé aux poignets, aux cous de pieds et au flanc droit, enfin couché dans l’attitude de la sépulture.

Ce linceul nous est pourtant parvenu sans la moindre trace de décomposition, ni d’arrachement : les taches de sang n’ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. […]

Physique
La définition de l’image est parfaite, et tient en échec toute tentative d’imitation artistique ou de reconstitution en laboratoire.

L’observation au microscope montre que les fibres du Linceul sont colorées individuellement et uniformément. L’intensité de l’image est fonction de la densité relative des fibres colorées, et inversement proportionnelle à la distance du corps au linge

Chimie
Les examens pratiqués directement sur le Suaire en 1978, ont permis de démontrer que l’image « n’est pas l’œuvre d’un artiste ».

L’image du corps, monochrome, n’est faite d’aucun pigment, ni d’un colorant ou d’une teinture quelconque, mais seulement d’une légère dégradation de la cellulose, due à une oxydation-déshydratation des fibrilles de surface. Il en résulte un jaunissement superficiel des fibres du tissu, apparenté à certaines roussissures d’incendie dont ce Linge porte la trace : les unes et les autres présentent les mêmes caractéristiques de réflexion spectrale et de fluorescence.

Les taches de sang sont composées d’hémoglobine et donnent un résultat positif au test de l’albumine, ainsi qu’à celui de la bilirubine. […]

Le problème fondamental de la formation de l’image, d’un point de vue scientifique, est que certaines explications, qui pourraient être retenues d’un point de vue chimique, sont exclues par la physique. Réciproquement, certaines explications physiques qui peuvent être séduisantes sont complètement exclues par la chimie. Comme le disait le professeur Gonella à frère Bruno au soir de la clôture du Congrès de Bologne en 1989 : « Cette image est techniquement inconcevable. Scientifiquement, elle ne doit pas, elle ne peut pas exister… Et pourtant le Saint Suaire existe ! » […]

Aussi ce fut pour toutes ces raisons que le STURP fut contraint de conclure à l’occasion du symposium de New London en 1981 : « Aucune méthode chimique ou physique connue ne peut rendre compte de la totalité de l’image, aucune combinaison de circonstances physiques, chimiques, biologiques ou médicales ne peut non plus expliquer adéquatement l’image […]. Ainsi la réponse à la question de savoir comment fut produite l’image et pourquoi, demeure, à l’heure actuelle [et encore aujourd’hui en 2004] comme dans le passé, un mystère. »

Sainte Face

La photographie
Le négatif photographique de l’empreinte corporelle tachée de sang fait surgir un portrait positif parfait, totalement inconnu des générations passées, et qui résiste, depuis quatre-vingt-dix ans, à toute tentative d’explication. C’est vraiment un « mystère », plutôt qu’une énigme ou qu’un simple « problème », bien que les données appartiennent au champ d’observation de la physique et de la chimie, et qu’elles soient mesurables en termes mathématiques. […]

Mathématiques
Non seulement l’image est négative, mais elle a enregistré le relief du corps. « Cette tridimensionnalité » de l’image, perçue par don Noël Noguier de Malijay dès 1898, étudiée par Gabriel Quidor au début du 20e siècle, fait depuis 1976 l’objet de rigoureux calculs mathématiques. […]

Comme Barbet l’avait pressenti, l’idée féconde à retenir des recherches de Vignon sur la genèse des empreintes était que l’intensité de la brunissure en chaque point de l’image, variait en raison inverse de la distance qui séparait de la toile chaque point du corps. C’est cette hypothèse que Jackson entreprit le premier de vérifier en utilisant la technologie que la NASA emploie dans l’étude du relief de la planète Mars.

Il fit appel à Bill Mottern, spécialiste des analyses d’images photographiques aux laboratoires Sandia. Mottern utilisa un Analyseur d’Image VP 8,appareil qui permet de rapporter les ombres d’une image brillante de sorte qu’elles occupent différents niveaux d’un relief vertical. […]

Gros plan de la Face, et silhouettes faciale et dorsale en bas, telles qu’elles apparaissent sur le terminal vidéo de l’analyseur d’images VP 8.

« Jackson lui tendit une image ordinaire en transparence du Suaire, de douze centimètres et demi sur sept centimètres et demi… Mottern l’introduisit dans sa machine et, négligemment, mit le contact.

« La seconde d’après, les deux hommes, bouche bée, contemplaient le résultat. Sur l’écran de télévision auquel était relié l’analyseur d’images, on voyait pour la première fois, de côté, l’image du Suaire, en trois dimensions, dans un relief parfait. Utilisant un mécanisme incorporé à l’appareil, Mottern fit tourner l’image pour présenter l’autre côté. L’effet était le même. Certains détails apparaissaient maintenant clairement, comme par exemple le fait que les cheveux épais et étroitement serrés étaient rassemblés sur la nuque, selon la coutume des Juifs de l’Antiquité. Une autre photographie du visage présente les mêmes effets de relief. »

Sur la silhouette faciale le genou est légèrement surélevé, dans une position qui lui est propre, à un niveau distinct de celui du visage ou de la poitrine. Les caractéristiques correspondantes se retrouvent sur la silhouette dorsale, où l’on aperçoit très distinctement la rondeur du mollet droit. « Lorsque j’ai vu cette image pour la première fois, déclare Jackson,j’ai compris ce qu’avait dû ressentir Secundo Pia en 1898 à la vue de sa première photographie. »

Le choc de la découverte était analogue en effet, à quatre-vingts ans de distance, pour ce physicien de l’ère spatiale. « La science spatiale déchiffre sur le Suaire », selon le titre de sa communication au Congrès de Turin, une caractéristique unique au monde, qui lui est tout à fait propre : la tridimensionnalité. Cette propriété est la loi même de l’image inscrite sur ce tissu puisqu’il ne se produit aucune déformation quand elle est transformée par les calculs de l’ordinateur. Au contraire cette transformation permet de manifester le modelé d’un corps humain dans ses proportions naturelles harmonieuses, de découvrir de nombreux détails nouveaux sur ce corps meurtri, et même de perfectionner l’image, de parachever son esthétique en isolant des accidents du textile et en révélant ainsi davantage « l’extraordinaire beauté du Crucifié ». […]

Par contre, si l’on introduit dans le VP 8 une photographie ordinaire « directionnelle », souligna à son tour Jumper clichés à l’appui, pour la transformer en image douée de relief vertical, on y constate des déformations évidentes : ce qui n’était qu’une ombre portée devient appendice proéminent… Une fois de plus « l’hypothèse selon laquelle l’image du suaire serait la création d’un artiste est exclue » par le caractère « non directionnel » de l’image. […]

Jumper et Jackson remarquèrent aussi un détail d’un intérêt prodigieux : un agrandissement en relief de la Face fait apparaître sur les paupières deux disques ressemblant à des monnaies. Ces monnaies devaient avoir pour rôle de maintenir les paupières fermées, selon une coutume hébraïque. Ils espérèrent parvenir un jour à identifier ces monnaies. […]

Le Père Francis, Filas, s.j., mathématicien, physicien et théologien, rappelé à Dieu en 1985.

Datation
C’est au Père Filas, le savant Jésuite de l’université Loyola de Chicago et membre du STURP, que reviendra le mérite de confirmer l’observation de Jumper par une stupéfiante et décisive découverte en août 1979.

Un agrandissement de l’empreinte, sur la paupière droite (fig. ci-bas), a permis au Père Filas de reconnaître l’empreinte d’une pièce de monnaie frappée sous Ponce Pilate : même dimension, même découpe, même effigie (la houlette d’astrologue), même exergue reconnaissable à quatre lettres bien lisibles, qu’une certaine piécette dûment cataloguée pour les années 16, 17 et 18, de Tibère César, soit 29, 30 et 31 de notre ère.

Découverte du Père Filas sur le Saint Suaire
Analyse tridimensionnelle du Saint Suaire
Les lettres Y CAI sont bien visibles, en haut à gauche, ainsi que la houlette et même le contour de la pièce.

Confirmée par l’analyse tridimensionnelle, la découverte s’est trouvée définitivement corroborée par sa fécondité même, en conduisant la science numismatique à un progrès inattendu. Quatre lettres grecques, Y CAI, suffisent en effet à reconstituer l’exergue TIBEPIO [Y KAI] CAPOC, « de Tibère César », à une anomalie près : un C latin remplace, sur le Saint Suaire, le K grec initial de KAICAPOC figurant sur toutes les monnaies de collection connues jusqu’en 1980.
Pièce de Ponce Pilate avec la houlette surmontée des lettres « CAICAPOC ».

Pièce de Ponce Pilate avec la houlette surmontée des lettres « CAICAPOC », avec ‘C’ latin au lieu de ‘K’ grec.

Or, les recherches du Père Filas l’ont conduit à découvrir coup sur coup, en 1981, deux pièces de collection frappées, sous Ponce Pilate, de la lettre C au lieu de la lettre K en initiale de KAICAPOC (figure à droite). Dès lors, à ceux qui l’accusaient d’être le jouet de son imagination et de prendre ses désirs pour la réalité, le Père Filas répondait que n’étant pas du tout numismate, il désirait si peu voir une pièce de Pilate qu’« avant de tomber accidentellement sur celle-ci, m’écrivait-il, je n’aurais pas distingué une pièce de Pilate d’un trou dans le mur ». Il dut donc consulter les spécialistes de la numismatique et c’est alors que sa découverte s’avéra si peu être l’œuvre de son imagination qu’elle procura un progrès positif à la numismatique elle-même en révélant que l’anomalie 1° constatée sur le Saint Suaire, 2° déjà reconnue comme d’usage courant en épigraphie, mais inconnue jusqu’alors en numismatique, 3° existait identiquement sur d’autres pièces de collection frappées sous Ponce Pilate où nul n’y avait jusqu’alors prêté attention.

À deux ans près, voilà le document daté, comme par une volonté expresse de Celui qui fut l’Artisan de cette Image imprimée sur tissu. La piécette le proclame : c’est « sous Ponce Pilate » que cet Homme a souffert. Cette ” estampille ” scelle d’une manière éclatante, du sceau même de Ponce Pilate, l’authenticité du Suaire et l’identité de l’Homme dont il a enveloppé le Corps précieux.

Conclusion scientifique

Parmi les membres du STURP, seuls Kenneth Stevenson, Habermas et le médecin légiste Robert Bucklin ont osé braver le tabou et conclure à cette identité après avoir fait la synthèse des travaux entrepris sur le Suaire : « L’image est l’empreinte d’un homme connu –Jésus de Nazareth –à un moment donné de l’histoire. L’image est peut-être une brûlure légère. Comment s’est-elle produite, nous ne le saurons peut-être jamais en termes scientifiques, parce que cela implique une action divine qui dépasse les lois de la nature. » […]

Quoique « cela semble le plus logique », le STURP refuse encore, à ce jour, d’envisager sérieusement « la possibilité » de cette « possible conclusion », sousprétexte que « la science n’est pas outillée pour traiter de telles questions » et que le « mécanisme aboutissant à une brûlure n’est pas techniquement croyable ». « Voilà qui n’est pas de bonne science », s’exclame Stevenson. En effet, « l’étude archéologique indique que l’homme était un Juif, crucifié par les Romains et enseveli selon les coutumes funéraires juives », avec cependant des particularités qui coïncident exactement avec les procédés exceptionnels qui ont marqué la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus tels qu’ils nous ont été racontés par les quatre Évangiles : « Le cas de Jésus fut irrégulier. Il a été flagellé, couronné d’épines, cloué à sa Croix, percé au flanc (au lieu d’avoir les jambes brisées), enseveli avec honneur mais incomplètement, et son corps a quitté le linceul avant de se décomposer. »

« Le Nouveau Testament affirme que le corps de Jésus n’a pas été soumis à la corruption mais qu’il est ressuscité d’entre les morts. »

« Il n’y a aucune trace de décomposition sur le Suaire. De plus, les taches de sang sont anatomiquement parfaites et n’ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. Ce parallèle est particulièrement intéressant parce que nous possédons de nombreux suaires funéraires anciens qui montrent des taches de corruption. »

De plus, Stevenson souligne que Jésus et l’Homme du Suaire ont tous deux été exécutés comme des criminels, et cependant enterrés avec honneur « dans du pur lin et individuellement ». […]

Stevenson calcule alors la probabilité « que deux hommes aient été crucifiés et ensevelis de cette manière ». En adoptant « volontairement une approche sceptique »,il parvient au chiffre de « 1 chance sur 82 944 000 que l’homme enseveli dans le Suaire ne soit pas Jésus ». Retenons la conclusion du statisticien professionnel : « Il n’existe aucune probabilité pratique que quelqu’un d’autre que Jésus-Christ fut enseveli dans le Suaire de Turin. » […]

Confrontée à l’ensemble de ces données convergentes, la datation médiévale du tissu par le radiocarbone est une aberration qu’il faut imputer non aux machines mais aux mauvaises gens qui s’en servirent. Elle tient donc davantage de l’enquête policière que de la rigueur scientifique comme vous pourrez le constater dans la rubrique suivante.

Source

La méthode historique

La méthode historique a été développée afin de faire de l’histoire une science au même titre que les mathématiques, la physique et la chimie. Elle tire son origine de deux sources : Le livre Introduction aux études historiques de C.-V. Langlois et C. Signobos (1898) et le texte écrit par G. Monod (1876) au démarrage de La Revue historique.

C’est une démarche scientifique qui permet d’étudier rigoureusement les sources historiques afin de déterminer et de comprendre le passé. Elle tente de découvrir, expliquer, différencier le vrai du faux des événements rapportés dans l’histoire. Elle permet de standardiser objectivement l’acceptation de tel ou tel événement du passé en appliquant un certain nombre de critères et de méthodes telles qu’énumérées ci-dessous.

La critique de restitution : Cette méthode vise à nettoyer et à raccommoder les copies et les traductions.

Le classement critique des documents : Cette méthode permet de distinguer les sources primaires, des sources secondaires.

Les sources primaires: Ce sont les témoins oculaires et les documents originaux constituent les premiers témoignages de ce qui s’est passé, de ce que l’on a pensé ou de ce que l’on a dit. Ces sources rares ou uniques ont été créées au moment même où s’est passé un événement ou peu de temps après. Certaines d’entre-elles peuvent exister en de nombreux exemplaires, si elles étaient populaires ou facilement accessibles au moment de leur création.

Parmi ces sources, on retrouve :
• Des notes personnelles;
• des lettres;
• des œuvres d’art;
• des artefacts
• des cartes;
• des manuscrits;
• des livres.

Elle répond aux quoi, qui, quand, où  et au pourquoi.

Les sources secondaires: Les témoins de secondes mains des sources primaires. Ces témoins ont créé des documents ou rapporté des faits, opinions d’après les sources primaires.

La critique interne: Cette méthode consiste à analyser le contenu d’un document, en vérifier la véracité, et la justesse des dires de son auteur. Elle étudie spécialement la forme véhiculée par le contenu. On y étudie la cohérence, la logique, la rigueur, la forme et le style de l’ouvrage et les idées exposées. L’auteur expose-t-il des faits vérifiables, des opinions. Ce qui est exposé, est-il formulé clairement ou laisse-t-il le champ libre à toute interprétation? Les lieux, les noms et les coutumes, correspond-t-il a ce qui est connu. Existe-il des contradictions flagrantes entre ce que l’auteur affirme et ce qui peut être vérifié. Le support matériel et les outils utilisés pour produire le document analysé correspond-il au support et outil disponible à l’époque des faits rapportés.

La critique externe se concentre sur l’œuvre prise dans son contexte social, littéraire, idéologique ou scientifique afin d’en évaluer sa pertinence, son intérêt et son importance. Pour ce faire, on recoupera l’information de différents auteurs de la même époque ou d’une époque antérieure reliée de près ou de loin au même sujet.

La critique interne s’accomplit par une critique d’interprétation i.e. ce que l’auteur veut dire. Et d’une critique de faits particuliers.

La critique d’interprétation cherche le sens du document en posant un certain nombre de questions afin de comprendre l’objectif de l’auteur du document traité. Que veut-il nous dire exactement, quel est le but. Cela se fait avec une grille de questions normalisée qui sera appliquée pour tous les documents analysés. C’est une analyse de contenu.

La critique de faits particuliers (critique de sincérité et d’exactitude) cherche à savoir si l’auteur du document est sincère et véridique. Par exemple, a-t-il un avantage à mentir, à détériorer la vérité ou peut-il être contraint. .

À la lumière de ses différentes méthodes, nous pouvons déterminer de façon assez certaine les vrais et faux faits rapportés comme historique.

Par exemple, nous savons que l’évangile de Barnabé est un faux parce qu’il utilise un support non existant dans le passé et cite des textes de la vulgate latine de l’Ancien Testament, lesquels n’avaient même pas été encore traduits avant l’an 328 par saint Jérôme.

Source 1
Source 2
Source 3

 

Peut-on croire en l’Évangile et refuser la Divinité du Christ

Certains groupes au cours de l’histoire prétendent accepter. l’Évangile sans croire en la divinité du Christ. Entre autres prétention, que la Bible aurait été falsifiée. Naturellement, ces groupes ne présentent aucune preuve, d’avant et après. Car les plus anciens documents composant l’ensemble de la Bible sont connus, donc faciles d’y référer. En fait, tout le Nouveau Testament révèle clairement la divinité du Christ, sans parler de l’Ancien Testament, à travers les prophètes qui en ont annoncé la venue. Alors nier la divinité du Christ est en fait un rejet pur et simple de l’Évangile.

Le Chapelet à la Miséricorde Divine

Chapelet de la miséricorde

On récite cette prière sur un chapelet.

Au début: Le Notre Père, Le Je vous salut Marie, Le Je crois en Dieu

Sur les gros grains du Notre Père (1 fois) : Père Éternel, je T’offre le Corps et le Sang, l’Âme et la Divinité de Ton Fils bien-aimé, Notre Seigneur Jésus Christ. En réparation de nos péchés et de ceux du monde entier.

Sur les petits grains du Je vous salue Marie (10 fois): Par Sa douloureuse Passion, sois miséricordieux pour nous et pour le monde entier.

À la fin (3 fois): Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Éternel, prends pitié de nous et du monde entier.

LA PROMESSE DE GRÂCE DE MISÉRICORDE POUR LES AGONISANTS

« Il Me plaît de leur accorder tout ce qu’elles Me demanderont en disant ce chapelet. Lorsque les pécheurs endurcis le réciteront, J’emplirai leur âme de paix et l’heure de leur mort sera heureuse. Écris cela pour les âmes affligées: Lorsque l’âme verra ses péchés et en mesurera le poids, lorsque se dévoilera à ses yeux tout l’abîme de la misère dans laquelle elle s’est plongée, qu’elle ne désespère pas mais qu’elle se jette avec confiance dans les bras de Ma miséricorde, comme l’enfant dans les bras de sa mère bien-aimée.(…) Dis-leur qu’aucune âme faisant appel à Ma miséricorde n’a été déçue ni n’a éprouvé de honte. Je me complais particulièrement dans l’âme qui fait confiance à Ma bonté. Écris: Si l’on récite ce chapelet auprès d’un agonisant, Je me tiendrai entre le Père et l’âme agonisante, non pas en tant que Juge juste, mais comme Sauveur miséricordieux » (PJ 1541).

« A l’heure de la mort Je défends comme ma propre gloire chaque âme qui récite ce chapelet elle-même, ou bien si d’autres le récitent près de l’agonisant – l’indulgence est la même. Quand on récite ce chapelet auprès de l’agonisant, la colère divine s’apaise, une miséricorde insondable s’empare de son âme »

Neuvaine irrésistible au Sacré-coeur de Jésus

 Padre Pio disait chaque jour cette neuvaine, pour tous ceux qui se recommandaient à ses prières.

On fait suivre chaque formulation de la grâce implorée, de la récitation d’un «Notre Père» à cause de la soumission à la Volonté de Dieu, d’un «Ave» car Marie est là pour appuyer cette prière et d’un «Gloire au Père» pour exprimer, par avance et dans la confiance, notre remerciement à Dieu.

I- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité je vous le dis, demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez et il vous sera répondu !», voici que je frappe, je cherche, et je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

II- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon nom. Il vous l’accordera !», voici qu’à Votre Père, en Votre nom, je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

III- O mon Jésus, qui avez dit : «En vérité, je vous le dis, le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas», voici que m’appuyant sur l’infaillibilité de vos saintes paroles, je demande la grâce de…

Notre Père, Ave Maria, Gloire au Père.
Sacré-Cœur de Jésus, j’ai confiance et j’espère en Vous.

PRIERE :
O Sacré-Cœur de Jésus, à qui il est impossible de ne pas avoir compassion des malheureux, ayez pitié de nous pauvres pécheurs et accordez-nous la grâce que nous vous demandons, par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, Votre et Notre tendre Mère.

Saint Joseph, Père adoptif du Sacré-cœur de Jésus, priez pour nous.
Salve Regina

Amen !

Œuvre de Sainte Catherine de Sienne – Dialogue

Dialogue de Sainte Catherine de Sienne

AU NOM DE JÉSUS CRUCIFIÉ, DE LA DOUCE VIERGE MARIE, DU GLORIEUX PATRIARCHE DOMINIQUE.
Une âme, avide de la gloire de Dieu et du prochain, s’applique humblement à la prière; elle adresse quatre demandes à Dieu, lorsqu’elle lui est unie par la charité.

1.- Une âme qui désire ardemment l’honneur de Dieu et le salut du prochain s’applique d’abord aux exercices ordinaires et se renferme dans l’étude de sa propre fragilité, afin de mieux connaître la bonté de Dieu à son égard. Cette connaissance fait naître l’amour, et l’amour cherche à suivre et à revêtir la vérité.

2.- Rien ne donne plus la douceur et la lumière de la vérité qu’une prière humble et continuelle, qui a pour fondement la connaissance de Dieu et de soi-même. Cette prière unit l’âme à en lui faisant suivre les traces de Jésus crucifié, et en la rendant un autre lui-même par la tendresse du désir et par l’intimité de l’amour. Notre-Seigneur n’a-t-il pas dit : ” Si quelqu’un m’aime, il gardera mes commandements “; et ailleurs : ” Celui qui m’aime (1) est aimé de mon Père : je l’aimerai et je me manifesterai à lui; il sera une même chose avec moi, et moi avec lui ” (S. Jean, XIV, 21).

3.- Nous trouvons dans l’Ecriture plusieurs paroles semblables, qui nous prouvent que l’âme, par l’effet de l’amour de Dieu, devient un autre lui-même; et pour nous en convaincre, voici ce qu’une servante de Dieu, étroitement unie à lui dans la prière, avait appris de son bon Maître au sujet de l’amour infini qu’il porte à ceux qui le servent :

4.- ” Ouvre l’oeil de ton intelligence, lui disait-il, regarde en moi, et tu verras la dignité et la beauté de ma créature raisonnable. Entre toutes les grâces dont j’ai embelli l’âme en la créant à mon image et ressemblance, admire le vêtement nuptial de la charité et l’ornement des vertus que portent ceux qui me sont continuellement unis par l’amour. Si tu me demandes qui sont ceux-là, je te répondrai, ajoutait le très doux et très aimable Verbe de Dieu, ceux-là sont d’autres moi-même qui ont voulu perdre et détruire leur volonté pour se conformer à la mienne, et l’âme s’unit à moi en toute choses “. Il est donc bien vrai que l’âme s’unit à Dieu par l’amour.

5.- Lorsque cette âme voulut connaître plus clairement la vérité, afin de pouvoir la suivre davantage, elle fit à Dieu le Père quatre demandes humbles et ferventes :

la première était pour elle, parce qu’elle comprenait qu’on ne peut être utile au prochain par son enseignement, ses exemples et ses prières, si l’on n’acquiert pas la vertu soi-même; la seconde demande était pour la réforme de la sainte Église; la troisième demande était pour l’univers entier, afin d’obtenir surtout le salut et la paix de ces chrétiens qui insultent et persécutent l’Église avec tant d’acharnement; par la quatrième demande, elle implorait le secours de la divine Providence pour tous les hommes et pour un cas particulier.

Dieu augmente le désir de l’âme en lui montrant la misère du monde.

1.- Ce désir de l’honneur de Dieu et du salut des hommes était grand et continuel; mais il s’accrut bien (2) davantage lorsque la Vérité suprême lui eut montré la misère du monde, les périls et les vices où il est plongé; elle le comprit aussi en recevant une lettre dans laquelle son père spirituel lui expliquait la peine et la douleur immense que doivent causer l’outrage fait à Dieu, la perte des âmes et les persécutions contre la sainte Église.

2.- L’ardeur de son désir augmentait alors; elle pleurait l’offense de Dieu, mais elle se réjouissait aussi dans l’espérance que la miséricorde infinie voudrait bien arrêter de semblables malheurs. Et parce que, dans la sainte communion, l’âme s’unit plus doucement à Dieu et connaît davantage la. vérité, puisque alors elle est en Dieu, et Dieu est en elle, comme les poissons qui sont dans la mer en sont eux-mêmes pénétrés, cette âme avait hâte d’arriver au lendemain matin, afin de pouvoir entendre la messe.

3.- C’était une fête de la Sainte Vierge : dès que le jour eut paru et que la messe fut sonnée, elle y courut avec tous les désirs qui l’agitaient; elle avait une telle connaissance de sa faiblesse et de ses imperfections, qu’elle croyait être la principale cause de tout le mal qui se faisait dans le monde, et cette connaissance lui inspirait une horreur d’elle-même et une soif de la justice qui la purifiaient de toutes les taches qu’elle apercevait en elle. Elle disait : O Père éternel, je m’accuse moi-même devant vous, punissez-moi de mes offenses; et puisque je suis la cause principale des peines que supporte mon prochain, faites-les moi souffrir, je vous en conjure.

Les ouvres de l’homme sont insuffisantes pour expier et mériter dès qu’elles sont séparées de la charité.

1.- L’éternelle Vérité acceptait le désir de cette âme et l’attirait en haut comme l’offrande des sacrifices de l’Ancien Testament, lorsque le feu du ciel descendait et prenait ce qui était agréable à Dieu. La douce Vérité faisait de même en cette âme; elle lui envoyait le feu de l’Esprit Saint qui consumait le sacrifice du désir qu’elle lui avait offert, et elle lui disait : Ne sais-tu pas, ma fille, que toutes les peines que souffre et que peut souffrir une âme dans cette vie, sont incapables d’expier la faute (3) la plus légère? L’offense faite à moi, qui suis le Bien infini, demande une satisfaction infinie.

2.- Je veux que tu saches que toutes les peines ne sont pas données en cette vie pour expier, mais pour corriger. Ce sont les moyens que prend un père pour changer un enfant qui l’offense. La satisfaction est dans l’ardeur d’une âme qui se repent véritablement, et qui hait le péché. La contrition parfaite satisfait à la faute et à la peiné, non par la douleur qu’on éprouve, mais par le désir infini qu’on ressent.

3.- Celui qui est infini veut un amour et une douleur infinis. Il veut la douleur infinie de l’âme, d’abord pour les offenses qu’elle a faites à son Créateur, et ensuite pour celles qu’elle voit commettre par le prochain. Ceux qui ont ce désir infini, et qui me sont par conséquent unis par l’amour, gémissent amèrement : lorsqu’ils m’offensent ou qu’ils me voient offenser, Leurs peines, spirituelles ou corporelles, de quelque côté qu’elles viennent, acquièrent un mérite infini et satisfont à la faute qui méritait une peine infinie, quoique ces œuvres elles-mêmes soient finies et accomplies dans le temps qui est fini. Ils ont agi avec un désir infini et leurs peines ont été supportées avec une contrition, un regret de l’offense infinis, et c’est pour cela que la satisfaction est parfaite.

4.- C’est ce qu’explique saint Paul lorsqu’il dit “J’aurais beau parler la langue des anges et des hommes, prophétiser, donner tout mon bien aux pauvres, et livrer mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, tout cela ne me servira de rien ” (I Cor., XIII, 1-3, ). L’Apôtre prouve par là que les œuvres finies sont incapables d’expier et de mériter sans le concours de la charité.

Le désir et la contrition du cœur satisfont à la faute et à la peine pour soi et pour les autres, quelquefois à la faute seulement et non à la peine.

1.- Je t’ai montré, ma fille bien-aimée, que la faute n’est pas punie par la seule peine qu’on souffre dans le temps comme expiation, mais par la peine qui vient de l’amour et de la contrition du coeur. Ainsi l’efficacité (4) n’est pas dans la peine, mais dans le désir de l’âme; et ce désir, comme toutes les autres vertus, n’a de valeur et de force qu’en Jésus-Christ, mon Fils unique; sa mesure est l’amour que l’âme a pour lui et sa fidélité à suivre ses traces. C’est là le seul et véritable moyen.

2.- Les peines ne satisfont à la faute que par ce doux et intime amour qui naît de la connaissance de ma bonté, et par cette amère et profonde contrition du coeur qui vient de la connaissance de soi-même et de ses fautes. Cette connaissance produit la haine et la fuite du péché et de la sensualité. Elle fait comprendre qu’on est digne de toutes sortes de châtiments et qu’on ne mérite aucune consolation.

3.- La très douce Vérité disait encore : Oui, la contrition du coeur et les sentiments d’une patience sincère et d’une humilité véritable, font que l’âme se trouve digne de peines et indigne de récompenses; l’humilité porte à tout souffrir avec patience, et c’est en cela que consiste la satisfaction.

4.- Tu me demandes des peines pour satisfaire aux offenses que commettent contre moi les créatures, et tu désires me connaître et m’aimer, moi qui suis la Vérité suprême et la Source de la vie. Le moyen d’acquérir ma connaissance et de goûter ma vérité éternelle, c’est de ne jamais sortir de la connaissance de toi-même. En t’abaissant dans la vallée de l’humilité, tu me connaîtras en toi, et tu trouveras dans cette connaissance tout ce qui te sera nécessaire.

5.- Aucune vertu ne peut exister sans la charité et sans l’humilité, qui est la gouvernante et la nourrice de la charité. La connaissance de toi-même te donnera l’humilité, parce que tu verras que tu n’as pas l’être par toi-même, mais par moi, qui vous aimais jusque dans les profondeurs du néant; et cet amour ineffable que j’ai eu pour vous a voulu vous renouveler dans la grâce en vous lavant et vous recréant par ce sang que mon Fils unique a répandu avec tant d’ardeur. C’est ce sang qui enseigne la vérité à celui qui a dissipé le nuage de l’amour-propre par la connaissance de soi-même; et ce sang est l’unique maître.

6.- L’âme, en recevant ces leçons, éprouve un amour (5) immense, et cet amour lui cause une peine continuelle, non pas une peine qui l’afflige et la dessèche, mais qui l’engraisse au contraire. Elle a connu ma vertu, et ses fautes, l’ingratitude et l’aveuglement des hommes; elle en ressent une peine inexprimable, mais elle souffre parce qu’elle aime; sans l’amour elle ne souffrirait pas ainsi. Dès que vous aurez connu ma vérité, il faudra supporter jusqu’à la mort les tribulations, les injures et les affronts de toutes sortes, en l’honneur et à la gloire de mon nom.

7.- Souffrez ces épreuves avec une vraie patience, avec une douleur sincère de tout ce qui m’offense, avec un amour ardent de tout ce qui peut glorifier mon nom. Vous satisferez ainsi à vos fautes et à celles de mes autres serviteurs. Vos peines, rendues efficaces par la puissance de la charité, pourront. expier et mériter pour vous et. pour les autres. Pour vous, vous recevrez le fruit de la vie; les fautes qui vous sont échappées seront effacées, et je ne me rappellerai pas que vous les avez commises pour les autres, je prendrai votre charité en considération, et je leur donnerai selon les dispositions avec lesquelles ils les recevront. A ceux qui écouteront avec respect et humilité mes serviteurs, je remettrai la faute et la peine, parce qu’ils parviendront à la connaissance et à la contrition de leurs péchés.

8.- Les prières et les ardents désirs de mes serviteurs seront pour eux des semences de grâces; en les recevant humblement ils en profiteront à des degrés différents, selon les efforts de leur volonté. Oui, ils seront pardonnés à cause de vos saints désirs, à moins que leur obstination soit telle, qu’ils veuillent être séparés de moi par le désespoir et qu’ils méprisent le sang de mon Fils, qui les a rachetés avec tant d’amour.

9.- Quel fruit en retireront-ils? Le fruit qu’ils en retireront, c’est que, contraint par les prières de mes serviteurs, je les éclairerai; j’exciterai les aboiements de leur conscience, et je leur ferai sentir la bonne odeur de la vertu, en leur rendant douce et profitable la société de mes amis.

10.- Quelquefois je permettrai que le monde leur laisse entrevoir ses misères, les passions qui l’agitent (6) et le peu de stabilité qu’il présente, afin que leurs désirs s’élèvent aux choses supérieures et qu’ils se dirigent vers le ciel, leur patrie. J’emploierai mille moyens; l’oeil ne saurait voir, la langue raconter, et le coeur imaginer toutes les ruses qu’invente mon amour pour leur donner ma grâce et les remplir de ma vérité. J’y suis poussé par cette inépuisable charité qui me les a fait créer, et aussi par les prières, les désirs et les angoisses de mes serviteurs. Je ne puis rester insensible à leurs larmes, à leurs sueurs et à leurs humbles demandes; car c’est moi-même qui leur fais aimer ainsi leur prochain et qui leur inspire cette douleur de la perte des âmes.

11.- Je ne puis cependant pas remettre la peine, mais seulement la faute, à ceux qui, de leur côté, ne sont pas disposés à partager mon amour et l’amour de mes serviteurs. Leur contrition est parfaite comme leur amour, et ils n’obtiennent pas comme les autres la satisfaction de la peine, mais seulement le pardon de la faute; car il faut qu’il y ait rapport entre celui qui donne et celui qui reçoit. Ils sont imparfaits, et ils reçoivent imparfaitement la perfection des désirs et des peines qui me sont offerts pour eux.

12.- Je t’ai dit qu’ils recevaient avec le pardon encore d’autres grâces, et c’est la vérité; car, lorsque la lumière de la conscience et les autres moyens que je viens d’indiquer leur ont fait remettre leur faute, ils commencent à connaître leur intérieur et à vomir la corruption de leur péché; ils se purifient et obtiennent de moi des grâces particulières.

13.- Ceux-là sont dans la charité commune, qui acceptent en expiation les peines que je leur envoie; et s’ils ne font point résistance à la clémence du Saint-Esprit, ils quittent le péché et reçoivent la vie de la grâce. Mais par ignorance et par ingratitude, ils méconnaissent ma bonté et les fatigues de mes serviteurs; tout ce qu’ils ont reçu de ma miséricorde leur tourne en ruine et en condamnation. Ce n’est pas la miséricorde qui leur fait défaut, ni le secours de ceux qui l’ont humblement obtenue pour eux, mais c’est leur libre arbitre qui a malheureusement rendu leur coeur dur comme le diamant. Cette dureté, ils peuvent la vaincre (7) tant qu’ils sont maîtres de leur libre arbitre, ils peuvent réclamer le sang de mon Fils et l’appliquer sur leur coeur pour l’attendrir, et ils recevront le bénéfice de ce sang qui a payé pour eux.

14.- Mais s’ils laissent passer le délai du temps, il n’y aura plus de remède, parce qu’ils n’auront point fait fructifier le trésor que je leur avais confié en leur donnant la mémoire pour se rappeler mes bienfaits, l’intelligence pour voir et connaître la vérité, et l’amour pour les attacher à moi, qui suis cette Vérité éternelle que l’intelligence leur avait fait connaître ! C’est là le trésor que je vous ai donné et qui doit me rapporter; ils le vendent et l’aliènent au démon, qui devient leur maître et le propriétaire de tout ce qu’ils ont acquis pendant la vie. Ils ont rempli leur mémoire de plaisirs et de souvenirs déshonnêtes; ils sont souillés par l’orgueil, l’avarice, l’amour-propre et la haine du prochain, qui leur devient insupportable; ils ont même persécuté mes serviteurs, et toutes ces fautes ont égaré leur intelligence dans le désordre de la volonté. Ils tomberont avec le démon dans les peines de l’enfer, parce qu’ils n’auront pas satisfait à leurs fautes par la contrition et la haine du péché.

15.- Ainsi tu vois que l’expiation de la faute est dans la parfaite contrition du coeur, et non dans les souffrances temporelles; non seulement la faute, mais la peine qui en est la suite, est remise à ceux qui ont cette contrition parfaite, et en général, comme je te l’ai dit, ceux qui sont purifiés de la faute, c’est-à-dire qui sont exempts de péchés mortels, reçoivent la grâce; mais s’ils n’ont pas une contrition suffisante et un amour capable de satisfaire â. la peine, ils vont souffrir dans le purgatoire.

16.- Tu vois que la satisfaction est dans le désir de l’âme unie à moi, le Bien Infini, et qu’elle est petite ou grande selon la mesure de l’amour de celui qui fait la prière et du désir de celui qui reçoit. C’est cette mesure de celui qui m’offre et de celui qui reçoit qui est la mesure de ma bonté. Ainsi, travaille à augmenter les flammes de ton désir, et ne te lasse pas un instant de crier humblement vers moi et de m’offrir pour ton prochain (8) d’infatigables prières. Je le dis pur toi et pour le père spirituel que je t’ai donné sur terre, afin que vous agissiez avec courage et que vous mouriez à toutes sortes de sensualités.

Combien plaît à Dieu le désir de souffrir pour lui.

1.- Rien ne m’est plus agréable que le désir de souffrir jusqu’à la mort des peines et des épreuves pour le salut des âmes; plus on souffre, plus on prouve qu’on m’aime; l’amour fait connaître davantage ma vérité; et plus on la connaît, plus on ressent de douleur des fautes qui m’offensait. Ainsi, en me demandant de punir sur toi les péchés des autres, tu me demandes l’amour, la lumière, la connaissance de la vérité; car l’amour se proportionne à la douleur, et augmente avec elle.

2.- Je vous ai dit : Demandez, et vous recevrez; je ne refuserai jamais celui qui me demandera dans la vérité. L’ardeur de la divine charité est si unie dans l’âme avec la patience parfaite, que l’une, ne peut y subsister sans l’autre. Dès que l’âme veut m’aimer, elle doit vouloir aussi supporter, par amour pour moi, toutes les peines que je lui accorderai, quelles que soient leur mesure et leur forme. La patience ne vit que de peines et la patience est la compagne inséparable de la charité. Ainsi donc supportez tout avec courage; sans cela vous ne sauriez être les époux de ma vérité, les amis de mon Fils, et vous ne pourriez montrer le désir que vous avez de mon honneur et du salut des âmes.

Toute vertu et tout défaut se développent par le moyen du prochain.

1.- Je veux que tu saches que toute vertu et tout défaut se développent par le moyen du prochain. Celui qui est dans ma disgrâce fait tort au prochain et à lui-même, qui est son principal prochain. Ce tort est général et particulier; il est général parce que vous êtes obligé d’aimer votre prochain comme vous-même, et qu’en l’aimant, vous devez lui être utile spirituellement par vos (9) prières et vos paroles; vous devez le Conseiller et l’aider dans son âme et dans son corps, selon ses nécessités, au moins de désir, si vous ne pouvez le faire autrement.

2.- Celui qui ne m’aime pas, n’aime pas son prochain, et ne l’aimant pas il ne peut lui être utile. II se fait tort, puisqu’il se prive de la grâce; il fait tort au prochain, puisqu’il le prive des prières et des saints désirs qu’il devait m’offrir pour lui, et dont la source est mon amour et l’honneur de mon nom.

3.- Ainsi tout mal vient à l’occasion du, prochain qu’on n’aime pas, dès qu’on ne m’aime pas; et quand on n’a plus cette double charité, on fait le mal puisqu’on n’accomplit plus le bien. A qui fait-ou le mal, si ce n’est à soi-même ou au prochain? Ce n’est pas à moi, car le mal ne saurait m’atteindre, et je ne regarde fait à moi que celui qui est fait aux autres.

4.- On fait le mal contre soi-même, puisqu’on se prive de ma grâce, et qu’on ne peut par conséquent se nuire davantage. On fait le mal contre le prochain, puisqu’on ne lui donne pas ce qui lui est dû au nom de l’amour, et qu’on ne m’offre pas pour lui les prières et les saints désirs de la charité.

5.- C’est là une dette générale envers toute créature raisonnable; mais elle est plus sacrée à l’égard de tous ceux qui vous entourent parce que vous êtes obligés de vous soutenir les uns les autres par vos paroles et vos bons, exemples, recherchant en toutes choses l’utilité de votre prochain, comme celle de votre âme, sans passion et sans intérêt. Celui qui n’agit pas ainsi manque de charité fraternelle, et fait par conséquent tort à son prochain; non seulement il lui fait tort en ne lui faisant pas le bien qu’il pourrait lui faire, mais encore en le portant au mal.

6.- Le péché est actuel ou mental dans l’homme : il se commet mentalement lorsqu’on se délecte dans la pensée du péché, et lorsqu’on déteste la vertu par un effet de l’amour sensitif, qui détruit la charité qu’on doit avoir pour moi et pour le prochain. Dès qu’on a conçu ainsi le péché, on l’enfante contre le prochain de diverses manières, selon la perversité de la volonté sensitive. C’est quelquefois une cruauté spirituelle et corporelle : (10) elle est spirituelle, lorsqu’on se voit ou qu’on voit les créatures en danger de mort et de damnation par la perte de la grâce, et qu’on est assez cruel pour ne pas recourir à l’amour de la vertu et à la haine du vice.

7.- Quelquefois on pousse cette cruauté jusqu’à vouloir la communiquer aux autres : non seulement on ne lui donne pas l’exemple de la vertu, mais on fait l’office du démon, en retirant les autres de la vertu autant qu’on le peut, et en les conduisant au vice. Quelle cruauté plus grande peut-on exercer envers l’âme que de lui ôter ainsi la vie de la grâce et de lui donner la mort éternelle? La cruauté envers le corps a sa Source dans la cupidité. Non seulement on néglige d’assister son prochain, mais encore on le dépouille jusque dans sa pauvreté, soit par force, soit par fraude, en lui faisant racheter son bien et sa vie.

8.- O cruauté impitoyable, pour laquelle je serai sans miséricorde, si elle n’est pas rachetée par la compassion et la bienveillance envers le prochain! Elle enfante des paroles que suivent souvent la violence et le meurtre, ou bien des impuretés qui souillent et changent. les autres cri animaux immondes; et ce n’est pas une personne ou deux qui sont infectées, ce sont tous ceux qui fréquentent et approchent seulement ce cruel corrupteur.

9.- Que n’enfante pas aussi l’orgueil, si avide de réputation et d’honneur! On méprise le prochain, on s’élève au dessus de lui et on lui fait injure. Si l’on est dans une position supérieure, on commet l’injustice, et on devient le bourreau des autres.

10.- O ma fille bien-aimée, gémis sur toutes ces offenses et pleure sur tous ces morts, afin que tes prières les ressuscitent. Tu vois quand et comment les hommes commettent le péché contre le prochain et par son moyen. Sans le prochain, il n’y aurait pas de péchés secrets ou publics. Le péché secret, c’est de ne pas l’assister comme on doit le faire; le péché public, c’est cette génération de vices dont je viens de parler. Il est donc vrai que toutes les offenses me sont faites par le moyen du prochain. (11)

Les vertus s’accomplissent par le moyen du prochain. – Pourquoi elles sont si différentes dans les créatures.

1.- Je t’ai dit que tous les péchés se font par le moyen du prochain; leur cause est dans le défaut de la charité, qui seule fait naître, vivifie et développe toute vertu. L’amour-propre qui détruit la charité et l’amour du prochain, est le principe et le fondement de tout mal. Le scandale, la haine, les cruautés, toutes les fautes viennent de cette racine mauvaise, qui empoisonne le monde entier, et qui trouble le corps de la sainte Eglise et toute la chrétienté.

2.- Je t’ai dit que les vertus avaient leur fondement dans l’amour du prochain, parce que c’est la charité qui donne la vie à toutes les vertus; il est impossible d’acquérir aucune vertu sans la charité, c’est-à-dire sans mon amour.

3.- Dès que l’âme se connaît, elle trouve l’humilité et la haine de la passion sensitive, parce qu’elle connaît la loi mauvaise, qui captive la chair et combat sans cesse l’esprit. Elle conçoit alors de la haine et de l’horreur contre la sensualité, et elle s’applique avec zèle à la soumettre à la raison.

4.- Tous les bienfaits qu’elle a reçus de moi lui font comprendre la grandeur de ma bonté, et l’intelligence qu’elle en a lui donne l’humilité, parce qu’elle sait que c’est ma grâce seule qui l’a tirée des ténèbres et lui procure la clarté de cette lumière. Dès qu’elle a reconnu ma bonté, elle aime d’une manière désintéressée, et d’une manière intéressée d’une manière désintéressée, quant à son utilité particulière; d’une manière intéressée quant à la vertu qu’elle a embrassée pour moi, parce qu’elle sait qu’elle ne me serait point agréable Si elle n’avait pas la haine du péché et l’amour de la vertu.

5.- Dès qu’elle m’aime, elle aime le prochain, sans cela son amour ne serait pas véritable; car mon amour et l’amour du prochain ne font qu’un. Plus une âme m’aime, plus elle aime le prochain, parce que l’amour qu’on a pour lui procède de mon amour. (12)

6.- C’est là le moyen que je vous ai donné pour que vous exerciez et cultiviez en vous la vertu. Votre vertu ne peut m’être utile, mais elle, doit profiter au prochain. Vous montrez que vous avez ma grâce en m’offrant pour lui de saintes prières et les désirs ardents que vous avez de mon bonheur et du salut des âmes.

7.- L’âme qui est amoureuse de ma vérité ne cesse jamais d’être utile aux autres en général et en particulier, peu ou beaucoup, selon la disposition de celui qui reçoit, et selon l’ardent désir de celui qui demande et me force de donner. Je te l’ai dit, en t’expliquant que, sans l’ardent désir, la peine ne pouvait suffire, à expier la faute.

8.- Lorsque l’âme possède cet amour qu’elle puise en moi et qu’elle étend au prochain et au salut du monde entier, elle cherche à faire partager aux autres les avantages et la vie de la grâce qu elle en retire. Elle s’applique à satisfaire aux besoins particuliers de ceux qui I’entourent. Elle montre la charité générale pour toutes les créatures. Elle veut servir ses proches en leur communiquant, selon leur nombre et leur mesure, les grâces dont je l’ai faite dépositaire et ministre Car j’ai charge les uns de faire le bien dans l’enseignement de la doctrine, sans avoir égard à leurs intérêts, et j’ai chargé les autres de le faire par les saints exemples que vous étés tous obliges de leur donner pour l’édification du prochain.

9.- Ces vertus et bien d’autres, qu’il serait trop long de nommer, sont les fruits de l’amour véritable du prochain, je les donne à chacun d’une manière différente, afin qu’étant partagées entre tous, la vertu et la charité naissent de leur harmonieux ensemble,

10.- J’ai donné une vertu à celui-ci, et une autre vertu à celui-là; mais aucune vertu ne peut être parfaite sans qu’on ait à un certain degré les autres; car toutes les vertus sont liées ensemble, et chaque vertu est le commencement et le principe des autres. A l’un je donne la charité, à l’autre la justice, l’humilité ou une foi vive, la prudence, la tempérance, la patience ou la force. Je diversifie ainsi mes dons dans les âmes, distribuant à toutes des grâces spéciales. Mais dès que l’âme possède une vertu qu’elle pratique et qu’elle développe de préférence (13), cette vertu entraîne naturellement les autres; car, comme je l’ai dit, toutes les vertus sont liées par les liens de la charité.

11.- Mes dons sont temporels ou spirituels. J’appelle temporels toutes les choses nécessaires à la vie de l’homme, et ces choses je les dispense avec une grande inégalité. Je ne les donne pas toutes à un seul, afin que des besoins réciproques deviennent une occasion de vertu et un moyen d’exercer la charité. II m’était très facile de donner à chacun ce qui est utile à son corps et à son âme; mais j’ai voulu que tous les hommes eussent besoin les uns des autres pour devenir ainsi les ministres et les dispensateurs des dons qu’ils ont reçus de moi. Que l’homme le veuille ou non, il est forcé d’exercer la charité envers son prochain : seulement, si cette charité ne s’exerce pas par amour pour moi, elle ne sert de rien dans l’ordre de la grâce.

12.- Ainsi tu vois que c’est pour organiser la charité que j’ai rendu les hommes mes ministres, et que je les ai placés dans des états et des rapports si différents. Il y a bien des manières d’être dans ma maison, et l’amour est la seule chose que je vous demande; car c’est en m’aimant qu’on aime le prochain, et celui qui aime le prochain accomplit la loi; quiconque possède l’amour rend avec bonheur à son prochain tous les services qu’il peut lui rendre.

Les vertus s’éprouvent et se fortifient par leurs contraires.

1.- Je t’ai dit que l’homme, en servant son prochain, prouve l’amour qu’il a pour moi. J’ajoute que c’est par le prochain qu’on pratique les vertus et surtout la patience, quand il en reçoit des injures. II exerce son humilité avec le superbe, sa foi avec l’incrédule, son espérance avec celui qui désespère, sa justice avec l’injuste, sa bonté avec le méchant, sa douceur avec celui qui est en colère.

2.- Le prochain est l’occasion de toutes les vertus, comme il est aussi celle de tous les vices. L’humilité (14) brille par l’orgueil, car l’humilité détruit l’orgueil et en triomphe. Le superbe ne peut nuire à celui qui est humble, et l’infidélité de celui qui ne m’aime pas et n’espère pas en moi ne peut nuire à celui qui m’est fidèle, ni affaiblir la foi et l’espérance que lui donne mon amour. Elle les fortifie au contraire et les montre dans la charité qu’il a pour le prochain; car, lorsque mon serviteur fidèle voit quelqu’un qui n’espère plus en lui et en moi, il ne cesse pas pour cela de l’aimer, et il demande au contraire son salut avec plus d’ardeur. Celui qui ne m’aime pas ne peut avoir foi en moi; son espérance est dans la sensualité qui captive son coeur. Tu vois donc que c’est par l’infidélité et par le défaut d’espérance des autres que la foi s’exerce; c’est là qu’elle trouve les occasions d’agir et de se développer.

3.- La justice aussi n’est pas détruite par l’injustice; la patience de celui qui souffre montre au contraire la justice, comme la douceur et la résignation brillent d’un plus grand éclat dans les orages de la colère : l’envie, le mépris et la haine sont aussi vaincus par la charité par le désir et la faim du salut des âmes

4.- Non seulement ceux qui rendent le bien pour le mal montrent leur vertu, mais ils la communiquent souvent. Ils mettent les charbons ardents de la charité sur la tête de leur prochain; ils chassent la haine qui s’était emparée de son cœur, et la colère se charge tout à coup en bienveillance c’est un miracle que produit l’affectueuse patience de celui qui supporte la colère du méchant et qui lui pardon ne. La force et la persévérance ont leurs aliments dans l’injure et dans la calomnie des hommes qui, par la violence ou la séduction, veulent détourner mes serviteurs du chemin de la vérité. Celui qui est fort et persévérant le montre, dans sa conduite envers le prochain; celui qui succombe alors prouve que sa vertu n’est rien.

Prière à la Sainte Face

Ô Jésus, qui dans votre cruelle Passion êtes devenu «l’opprobre des hommes et l’homme de douleurs», je vénère votre divin visage, sur lequel brillaient la beauté et la douceur de la divinité, maintenant devenu pour moi comme le visage d’un «lépreux» !

Mais sous ses traits défigurés, je reconnais votre amour infini et je me consume du désir de vous aimer et de vous faire aimer de tous les hommes. Les larmes qui coulèrent si abondamment de vos yeux m’apparaissent comme des perles précieuses que j’aime à recueillir, afin d’acheter avec leur valeur infinie les âmes des pauvres pêcheurs.

Ô Jésus, dont le visage est la seule beauté qui ravit mon cœur, j’accepte de ne pas voir ici-bas, la douceur de votre regard, de ne pas sentir l’inexprimable baiser de votre bouche sainte; mais je vous supplie d’imprimer en moi votre divine ressemblance, de m’embraser de votre amour, afin qu’il me consume rapidement et que j’arrive bientôt à voir votre glorieux visage dans le Ciel.

Amen.