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Une nouvelle fête instituée pour célébrer la Vierge Marie

Vierge Marie Mère de Dieu

Par un décret publié par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements et rendu public ce 3 mars, le pape François instaure le lundi de Pentecôte une fête de Sainte Marie Mère de l’Église.

A partir de cette année, tous les diocèses et les paroisses célébreront tous les ans la fête de “la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église“, le lundi de la Pentecôte. Cette célébration officielle souligne une caractéristique de la Vierge Marie, qui est à la fois mère du Christ et de l’Église.

Déjà présente dans la foi chrétienne des premiers siècles, avec saint Augustin et saint Léon le Grand, puis reprise par les auteurs spirituels et les papes, cette qualification de la Vierge Marie comme Mère de l’Église avait été établie officiellement par Paul VI en 1964, à la fin du concile Vatican II. Dès lors, certains pays, comme la Pologne ou l’Argentine, avaient inséré cette célébration dans leur calendrier local. Ainsi que dans certains lieux comme la basilique Saint-Pierre, où Paul VI avait annoncé sa décision.

Mystère de la Croix

Désormais étendue à l’Église universelle comme une fête d’obligation – une mémoire – cette célébration comprendra des lectures propres, notamment celle de l’Évangile selon saint Jean où le Christ en croix affirme à Marie et Jean : “Femme, voici ton fils“, “Fils, voici ta mère“ (Jn 19, 25-34). Dorénavant, tous les calendriers et les livres liturgiques devront donc faire apparaître cette mémoire pour la célébration de la messe et la liturgie des heures. La lecture du bréviaire comprend le texte de la proclamation de Paul VI.

Le Souverain pontife, affirme ce décret, espère que cette mémoire favorisera “la croissance du sens maternel de L’Église“ et une “vraie piété mariale“. La nouvelle fête liturgique de Marie Mère de L’Église exprime la « maternité spirituelle » de la Vierge, affirme le cardinal Robert Sarah. D′après le préfet de la Congrégation, en instaurant cette fête pour ″toute l′Église″ le lundi de la Pentecôte, le souhait est de rappeler que ″tous les disciples du Christ″ doivent ancrer leur vie dans trois grandes réalités : la croix, l′hostie et la Vierge.

Source

Immaculée Conception de Marie

Azarias, l'ange gardien de Maria Valtorta

Azarias dit :

Méditons en chantant les gloires de la très sainte Vierge Marie. La messe de cette festivité n’est qu’un hymne à la puissance de Dieu et à la gloire de Marie. Pour bien comprendre cette liturgie de lumière et de feu, mettons-nous dans les sentiments de la Reine et Maîtresse de toutes les créatures qui aiment le Seigneur.

Reine et Maîtresse ! Des hommes, mais aussi des anges. Il y a des mystères que vous ignorez, et qu’il ne nous est pas accordé de dévoiler complètement. Mais il est permis d’en soulever un voile afin que certaines âmes très aimées puissent en jouir. Je soulève donc pour toi un pan de voile. Une fois cet obstacle retiré, il te sera accordé de porter ton regard spirituel sur cette infinie lumière qu’est le ciel; alors, tu comprendras mieux. Regarde, écoute et sois heureuse.

Quand le péché de Lucifer bouleversa l’ordre du paradis et précipita dans le désordre les esprits les moins fidèles, une grande horreur nous frappa tous, comme si quelque chose s’était déchiré, détruit, sans jamais plus d’espoir de le revoir rétabli. Et c’était bien la réalité. La pleine charité qui, auparavant, était seule à exister là-haut, venait de tomber dans un gouffre dont s’exhalaient des puanteurs d’enfer.

L’absolue charité des anges était détruite, et la Haine était apparue. Effrayés comme on peut l’être au ciel, nous, les fidèles du Seigneur, nous pleurions pour la douleur de Dieu et pour son courroux. Nous pleurions sur la paix outragée du paradis, sur l’ordre violé et sur la fragilité des esprits. Nous ne nous sentions plus certains d’être impeccables parce que faits de pur esprit.

Lucifer et ses semblables nous avaient prouvé que même un ange peut pécher et devenir démon. Nous sentions que l’orgueil était latent et pouvait se développer en nous. Nous avons craint que personne, hormis Dieu, ne puisse y résister puisque Lucifer y avait cédé. Nous tremblions à cause de ces forces obscures car nous ne pensions pas qu’elles pouvaient nous atteindre, je puis même dire que nous ignorions qu’elles existaient; et voilà que brutalement elles se révélaient à nous. Abattus, nous nous demandions avec des élans de lumière : « Mais alors, il ne sert donc à rien d’être aussi purs? Qui donc donnera à Dieu l’amour qu’il exige et mérite, si nous aussi sommes capables de pécher? »

Alors, élevant notre contemplation, de l’abîme et de la désolation, à la Divinité, fixant sa splendeur avec une crainte jusqu’alors ignorée, nous avons contemplé la seconde révélation de l’éternelle Pensée. Et si la connaissance de la première a amené le désordre créé par les orgueilleux qui refusèrent d’adorer la Parole divine, la seconde a rétabli en nous la paix qui s’était troublée.

Nous avons vu Marie dans la pensée éternelle ! La voir et posséder cette sagesse qui est réconfort, sécurité et paix, ce fut une seule et même chose. Nous avons salué notre future Reine par le chant de notre lumière, et nous l’avons contemplée avec ses perfections gratuites et volontaires. Oh ! Beauté de ce moment où, pour réconforter de ses anges, l’Éternel nous a présenté la perle de son amour et de sa puissance ! Nous avons vu Marie humble au point de réparer à elle seule tout l’orgueil des créatures.

Elle fut alors notre maîtresse sur la manière de ne pas faire des dons autant d’instruments de perte. Ce n’est pas son image corporelle, mais sa spiritualité qui nous parla sans paroles, et nous avons été préservés de toute pensée d’orgueil pour avoir, contemplé un instant la très humble Vierge Marie dans la pensée de Dieu. Nous avons œuvré durant des siècles dans la douceur de cette révélation éclatante. Durant des siècles, pour l’éternité, nous avons joui, nous jouissons et nous jouirons de posséder celle que nous avions spirituellement contemplée. La joie de Dieu est notre joie, nous nous tenons dans sa lumière pour en être pénétrés et pour donner toute joie et toute gloire à celui qui nous a créés.

Maintenant que nous sommes remplis de ses mêmes élans, méditons la liturgie qui parle d’elle.

« Avec joie » La caractéristique de la véritable humilité, c’est la vraie joie que rien ne trouble.

Celui qui est humble de façon relative trouve toujours une raison de se troubler, même dans les plus purs triomphes. En revanche, celui qui est vraiment et complètement humble ne se trouble pour rien. Il est joyeux, sans crainte, quel que soit le don ou le triomphe qui le revêt de vêtements spéciaux, car il sait et reconnaît que, ce qui le rend différent de la foule des hommes, il ne l’a pas obtenu par des moyens humains, mais cela vient d’autres sphères et personne ne peut le lui ravir. Il le contemple et le considère comme un vêtement de grande valeur qui lui a été donné pour qu’il le porte un certain temps, et qui doit donc être utilisé avec le soin particulier avec lequel nous traitons ce qui ne nous appartient pas, et qui doit être rendu intact à celui qui l’a donné.

Il sait aussi que ce vêtement royal, qui n’a pas été demandé par soif d’apparaître, lui a été donné par une sagesse infinie qui a jugé bon qu’il en soit ainsi. Il n’y a donc pas de souci à avoir pour l’obtenir ni pour le conserver. Celui qui est réellement humble ne désire pas des choses extraordinaires, et il ne se trouble pas si celui qui a donné reprend. Il dit: « Tout est bien parce que c’est ce que veut la sagesse ». C’est pourquoi l’humble est toujours dans la joie. Il ne désire pas, il n’est pas avare de ce qui lui est donné, il ne se sent pas lésé si cela lui est enlevé.

Marie a connu cette joie. De sa naissance à son assomption, elle l’a connue même parmi les larmes de son long calvaire de mère du Christ, même sous cet océan de tortures que fut le calvaire de son Fils. Elle connut, malgré sa douleur qui ne fut semblable à aucune autre, la joie débordante de faire, jusqu’au sacrifice total, ce que Dieu voulait, ce que Dieu lui avait fait comprendre qu’il attendait d’elle depuis le moment où il l’avait revêtue des vêtements du salut et couverte du manteau de justice comme une épouse ornée de joyaux.

Mesure quelle chute aurait été celle de Marie si, bien qu’ayant bénéficié de sa conception immaculée, de la justice et tout autre joyau divin, elle avait méprisé tout cela pour suivre la voix de l’éternel Corrupteur ? En mesures-tu la profondeur ? Il n’y aurait plus eu pour les hommes ni rédemption, ni ciel ni possession de Dieu.

Marie vous a obtenu tout cela parce qu’elle a su porter ses vêtements de bien-aimée de l’Éternel avec la vraie joie des humbles, parce qu’elle a su chanter les louanges de Dieu et de lui seul, même au milieu des sanglots et des désolations de la passion.

Elle a exulté ! Quel mot profond ! Son esprit a toujours exulté en magnifiant le Seigneur, même quand son humanité subissait la raillerie de tout un peuple, même submergée et oppressée par sa douleur et par celle de sa créature. Elle a exulté en pensant que sa douleur, et la douleur de son Jésus rendaient gloire à Dieu en sauvant les hommes.

Au-delà des gémissements de la Mère, au-delà de ses lamentations de femme, son esprit de corédemptrice chantait. Il chantait avec soumission en cette heure redoutable, plein d’espérance dans les paroles de la Sagesse. Son esprit chantait l’amour qui bénissait Dieu de l’avoir transpercée !

La longue passion de Marie l’a rendue parfaite en unissant aux merveilles que Dieu avait faites en elle, les merveilles qu’elle savait faire pour le Seigneur. Vraiment, tandis que ses entrailles de mère criaient sa torture, son esprit fidèle chantait: « Je t’exalte, Seigneur, car tu m’as protégée et tu n’as pas permis que mes ennemis puissent se réjouir à mon sujet ».

Vois-tu cette humilité ? N’importe qui d’autre aurait dit: « Je suis content d’avoir su rester fidèle même dans l’épreuve. Je suis content d’avoir fait la volonté de Dieu ». Ces mots ne sont pas péchés, néanmoins un filet d’orgueil se cache encore en elles. « Je suis content de ce que j’ai fait » cache le « moi » de la créature qui se sent l’unique auteur du bien accompli. Marie la très sainte dit : « Je t’exalte parce que tu m’as protégée ». C’est à Dieu qu’elle attribue le mérite de l’avoir gardée sainte en ces heures de lutte. Dieu avait préparé une digne demeure pour son Verbe. Mais Marie a su garder cette demeure digne de Dieu, qui devait s’incarner en elle.

Imitez-la, vous les créatures, dans une mesure un peu moindre, certes, puisque vous n’avez pas à concevoir le Christ; cependant, comme il vous est nécessaire de le porter en vous, Dieu vous donne les moyens et les dons capables de faire de vous des temples et des autels. Imitez Marie, en sachant garder la demeure de votre cœur digne du Saint qui demande à y entrer pour jouir de vous et vivre parmi les fils des hommes qu’il aime sans mesure.

Si toutefois vous n’avez pas su l’imiter, si votre cœur est une demeure profanée ou démolie par les excès qui l’ont habité, reconstruisez-le en Marie, cette aimable et infatigable Mère qui engendre les enfants du Seigneur ! On parvient à la vie éternelle par Marie. Par conséquent, celui qui est mourant ou déjà mort et n’ose plus lever les yeux vers le Seigneur, peut encore redevenir vivant et agréable à l’Éternel s’il entre dans le sein, dans le cœur qui a donné le Sauveur au monde.

Le Seigneur t’a expliqué la lumière du chapitre des Proverbes. Je ne me permets pas de m’exprimer là où il a déjà parlé. Pour confirmer mon propos, cependant, je te fais remarquer les paroles que la Sagesse applique à Marie: « … trouvant mes délices parmi les enfants des hommes », parmi ces enfants qui lui ont coûté tant de larmes. Mais c’est le propre des vraies mères de pleurer et d’aimer, d’aimer autant qu’elles pleurent, d’aimer au point de porter à l’amour, de pleurer au point de convertir les pervers. Cette femme bénie a le ciel pour demeure éternelle, elle eut pour demeure le merveilleux sein de Dieu et fut elle-même la demeure de Dieu, son peuple est celui des anges et des bienheureux: pourquoi trouverait-elle son délice à rester parmi les hommes, si ce n’est pour reconstruire les pauvres cœurs que le monde et Satan, la chair et les passions ont dévastés ? Pourquoi y trouverait-elle son délice, si ce n’est pour que, parmi vous, elle vous enfante de nouveau à Dieu ?

Entendez-la chanter dans sa lumière de perle : « Heureux ceux qui gardent mes voies ». Les voies de Marie aboutissent dans le cœur de Dieu. « Écoutez l’instruction et devenez sages, ne la méprisez pas ». Une mère sainte comme l’est Marie ne peut que prononcer des paroles de vie. Voyez quel trésor aura laissé la Parole portée durant neuf mois dans celle qui est pleine de grâce et de sagesse ! De son enfance à sa mort, le Verbe reposa sur ce sein, dans ce cœur très pur durant trente-trois ans ! Dieu le Fils n’est jamais resté inactif envers son aimable Mère, jamais, lui qui n’est pas même resté inactif envers les hommes coupables. C’est pourquoi toute la sagesse s’est uni à toute la pureté, et Marie ne peut que redire la parole de Dieu, cette parole que le Christ a appelée vie pour celui qui l’écoute.

Elle chante, Marie, elle qui sait ce qui est en elle : « Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille jour après jour à mes portes et pour en garder les montants! » Réceptacle de Dieu, elle sait que celui qui entre en elle le trouve. C’est pourquoi elle chante : Qui me trouve, trouve la vie, il obtient la faveur du Seigneur.

Qui vit en elle obtient le salut, la vie, la sagesse, la gloire, la joie et l’honneur. Elle est vraiment tout cela, car ses racines se trouvent en Dieu lui-même; établie comme elle l’est sur la montagne de Dieu pour en être le Temple, elle est plus aimée par le Seigneur que toute autre créature puisqu’elle est destinée à être pour l’éternité la Mère de l’Homme.

Oh ! Parole peu méditée, et encore moins comprise, dans laquelle est résumée toute la figure de Marie. Qui est Marie ? C’est la Réparatrice. Elle annule Eve. Elle ramène les choses bouleversées au point où elles étaient quand le serpent rusé et Eve l’imprudente les mirent sens dessus dessous. L’ange la salue : « Ave ». On dit que Ave est le renversement de Eva (Eve). Mais Ave est encore un écho qui rappelle Yahvé, le très saint nom de Dieu, tout comme le rappelle encore plus vivement, je te l’ai déjà expliqué, le nom du Verbe: Jeoscué.

Dans le tétragramme sacré que les enfants du peuple de Dieu avaient formé pour prononcer, dans le temple secret de l’esprit, le nom à ne pas dire, on trouve déjà Ave, le commencement de la parole par laquelle Dieu fit de la Toute-Belle la sainte Mère et Corédemptrice. Ave : il en est presque comme si – ce qui advint réellement – le Seigneur, s’annonçant par son nom, entra en son sein pour se faire chair, en l’unique sein qui pouvait contenir l’Unique.

Ave, Marie, mère de l’Homme comme Eve, et plus qu’Eve, tu as ramené l’homme, par l’intermédiaire de l’Homme, à sa patrie, à son héritage, à sa condition de fils et à sa joie.

Ave, Marie, sein de sainteté dans lequel est déposée la semence de l’espèce, pour que l’éternel Abraham ait les fils dont la jalousie de Satan l’avait rendu stérile.

Ave, Marie, mère «déipare» de l’éternel Premier-Né, mère compatissante de l’humanité lavée dans tes larmes et dans le Sang qui est aussi ton sang.

Ave, Marie, perle du ciel, lumière d’étoile, beauté suave, paix de Dieu.

Ave, Marie pleine de grâce en qui se trouve le Seigneur, jamais séparée de celui qui trouve en toi ses délices et son repos.

Ave, Marie, femme bénie entre toutes les femmes, amour vivant, devenue par l’Amour épouse et mère de l’Amour.

En toi se trouvent la pureté, la paix, la sagesse, l’obéissance, l’humilité, les trois et les quatre vertus sont parfaites en toi…

Le ciel délire d’amour à contempler Marie. Son chant atteint des notes incomparables. Aucun mortel, aussi saint qu’il soit, ne peut comprendre ce qu’est Marie pour tout le ciel.

Tout a été fait pour le Verbe. Mais aussi, toutes les œuvres les plus grandes ont été faites par l’Amour éternel en Marie et pour Marie. La puissance de Dieu est dans ses mains de lys très pur pour être répandue sur ceux qui recourent à elle.

Ave ! Ave ! Ave ! Marie ! »

Deuxième dimanche de l’Avent.

« Ave Marie, par toi le Seigneur vient sauver les nations et faire entendre sa gloire dans la joie du Sauveur accordé au monde.

La liturgie de la messe du deuxième dimanche de l’Avent s’harmonise très bien avec la messe propre de l’Immaculée Conception, parce que c’est encore par Marie que le Sauveur vient sauver les peuples, et être l’Agneau qui est le bon pasteur et le guide des justes dans les pâturages du Seigneur. Les justes sont représentés par Joseph, doux et juste comme une brebis obéissante à tout commandement de l’Éternel, Pasteur suprême des peuples.

C’est encore par Marie que les pauvres et faibles hommes parviennent à obtenir les moyens du salut et les richesses éternelles. Jean avait anticipé le Christ en préparant ses voies. Marie anticipe le Christ en préparant son chemin dans vos cœurs. Ouvrez votre cœur à Marie, remettez votre âme entre ses mains maternelles pour qu’elle les prépare à la venue de Dieu. Imitez Marie en ce temps de l’Avent, et vous serez prêts à accueillir Noël et ses fruits surnaturels d’une façon digne de l’éloge angélique.

Paul dit que tout ce qui a été écrit pour vous instruire dans le Seigneur, l’a été pour que vous possédiez l’espérance. Quelle espérance ? Celle des promesses divines. Certes, les promesses sont sûres, et il s’ensuit qu’il faut faire mieux qu’espérer, il faut croire, et croire de façon absolue, qu’elles s’accompliront; toutefois, elles s’accompliront si vous savez persévérer et vous conduire dans les diverses contingences de la vie avec patience et avec cette force qui vient des consolations, dont déborde l’Écriture.

Cette vie est en effet un combat continuel, toujours nouveau, plein d’inconnu et de surprises, un combat qui exténuerait même un héros s’il n’était soutenu par quelque chose de surnaturel. Ce quelque chose, c’est Dieu, sa Loi et ses promesses, c’est la certitude de la vie future, la foi certaine que l’Homme qui s’est immolé pour vous ne pouvait être que Dieu, car personne d’autre que le Christ n’a jamais su vivre et mourir comme il a vécu et comme il est mort. Voilà ce qui alimente vos forces de combattants à présent, de vainqueurs demain. Ce sont les certitudes et les réconforts que le Dieu de la patience et des consolations vous infuse pour que vous sachiez lutter avec le Christ et pour le’ Christ, et parvenir à la gloire que, par lui, vous pouvez obtenir.

Avec la foi et l’espérance, Paul rappelle la charité sans laquelle tout le reste est vain. Vivre les vertus plus austères serait vain si ce n’était uni à la charité. Celui qui pratiquerait les plus austères pénitences, qui serait tempérant, honnête, continent, qui croirait et espérerait en Dieu, qui observerait les commandements et les préceptes, mais n’aimerait pas son prochain, celui-là mortifierait ses vertus au point qu’il devrait bien longuement expier son péché d’égoïsme.

L’amour de Dieu est saint, l’obéissance aux préceptes est sainte, la tempérance est sainte et l’honnêteté bonne. Mais sans amour du prochain, tout cela n’est-il pas semblable à un arbre trop taillé dont il ne reste que le tronc dur, sans branches ni feuilles, sans fleurs ni fruits? Il est alors inutile au voyageur qui souffre de la chaleur et recherche de l’ombre, inutile pour se protéger de l’averse, inutile à l’homme découragé qui, rien qu’à la vue des fleurs, y aurait trouvé comme une parole d’espérance pour l’avenir, inutile à l’affamé qui ne peut refaire ses forces languissantes grâce au fruit cueilli sur ses branches et sentir qu’il y a un Dieu qui veille sur les besoins de ses enfants, inutile même à l’oiseau qui cherche en vain un refuge sur ce tronc dépouillé.

Vraiment, la vertu rigide et privée d’amour est une triste vision de tronc vigoureux, mais sec et destiné à mourir. C’est encore de l’égoïsme. C’est encore du pharisaïsme. C’est un paganisme qui se substitue au vrai culte. Car la vraie religion s’appuie sur les deux colonnes des deux amours de Dieu et du prochain, et tout l’édifice est précaire, sans harmonie, s’il est soutenu par une seule colonne.

La Loi demande d’aimer Dieu et de s’aimer entre frères, en s’accueillant les uns les autres, en se soutenant, en s’instruisant, en compatissant comme fit le Christ.

Toi, petite «voix», tu vois comme le Christ a aimé aussi bien les circoncis – c’était leur droit en tant que membres du Peuple de la promesse -, que les incirconcis, comme c’était son droit de les aimer, en tant que peuple nouveau du Roi des rois. Il les a tant aimés que les premiers en firent un chef d’accusation injuste contre lui, tout comme les « circoncis » actuels, ceux qui pour être, ou pour se croire les élus parmi les nations, font, des pages qui révèlent l’incomparable amour du divin Maître pour les païens, un sujet de scandale et un objet de négation. Les rabbis d’alors ne comprenaient pas plus que ceux de maintenant la suprême charité qui voit dans les hommes autant de frères à aimer : comme tels s’ils sont saints, et pour qu’ils le deviennent s’ils ne le sont pas.

Je te dis avec Paul que ce nouveau peuple dépasse dans l’amour qu’il rend à l’Amour ceux qui se croient parfaits. Il en est toujours ainsi, maintenant comme il y a vingt siècles. Les sages ignorants, c’est-à-dire ceux qui connaissent la lettre mais non pas son esprit, ne savent pas comprendre, croire et accepter que Jésus Christ, le Sauveur, est venu, et qu’il vient, plus pour les païens que pour les siens, plus pour les brebis sauvages, blessées, galeuses et sans berger, que pour les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui sont déjà à l’abri dans sa bergerie.

Jésus Christ a été, est et sera, le salut de tous ceux qui savent le chercher ou le désirer.

Sachez donc aimer, souffrir, agir, sans faire de différence entre ceux qui sont du troupeau et ceux qui n’en sont pas, en pensant que, il y a vingt siècles, le ciel s’est ouvert pour accorder le Sauveur et Maître, non pas à Bethléem, à Nazareth ou à Jérusalem, ni même à la Palestine tout entière ou à l’Israël encore plus vaste puisque disséminé de par le monde, mais pour le donner à tous les hommes.

Voici quel doit être l’esprit de préparation à la venue du Christ, suprême amour de Dieu: un esprit d’amour universel qui désire le Royaume de Dieu, la Maison du Père, pour tous les hommes.

Mais toi, c’est un devoir d’amour encore plus grand qui te revient. Tu sais pourquoi et pour qui. Que la grandeur d’amour qui t’est demandée ne te décourage pas. Celui que tu as reçu est tellement grand ! Sois donc généreuse, de toutes les façons, et jusqu’à la consommation totale. Sois héroïque. Sois victime. Sois héroïque. Le temps passe et la paix vient. Sois héroïque. Après, tout te semblera avoir été si peu de choses par rapport à ce que tu auras.

Elève ton esprit! Regarde la joie qui vient de ton Dieu, regarde ton Dieu qui est ta joie, et qui vient à toi pour te réconforter.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. »

Source

De la haine antichrétienne aux jésuites

Alphonse Ratisbonne (1814-1884), athée d’origine juive de la moitié du XIXe siècle, est un cas exemplaire de conversion soudaine grâce à l’intervention de la Vierge Marie. Il a témoigné de cette rencontre dans une lettre bouleversante à l’abbé Dufriche-Desgenettes, envoyée en 1842, l’année de son entrée dans la Compagnie de Jésus.

Alphonse Ratisbonne

Rien ne prédisposait Alphonse Ratisbonne (1814-1884), neuvième et dernier enfant d’une famille de banquiers juifs de Strasbourg, à se tourner un jour vers le Christ. Bien au contraire, il n’y a pas plus révolté que lui contre toute forme de religion. Et plus encore contre le catholicisme, après la conversion de son frère aîné, Théodore, en 1825, qui — dira-t-il — avait porté « un rude coup » à sa famille. Il a lui même raconté son itinéraire de conversion dans une lettre qu’il a envoyée au fondateur et directeur de l’archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires, l’abbé Dufriche-Desgenettes, l’année de son entrée dans la Compagnie de Jésus, en 1842.

De la « haine » aux premiers frissons de l’âme

Lorsque son frère aîné, Théodore, prend la décision de se convertir au catholicisme et d’entrer dans les ordres, le jeune Alphonse n’a que 11 ans. « La désolation » que provoque cette décision dans son entourage, et le fait qu’il exerce son ministère dans la même ville, sous les yeux de son « inconsolable famille », fait grandir en lui un fort ressentiment qui le porte à « haïr » tout ce qu’il représente :

« Tout jeune que j’étais, cette conduite de mon frère me révolta, et je pris en haine son habit et son caractère. Élevé au milieu de jeunes chrétiens, indifférents comme moi, je n’avais éprouvé jusqu’alors ni sympathie ni antipathie pour le christianisme ; mais la conversion de mon frère, que je regardais comme une inexplicable folie, me fit croire au fanatisme des catholiques, et j’en eus horreur (…) son habit me repous­sait, sa présence m’offusquait ; sa parole grave et sérieuse excitait ma colère ».

Quelques années plus tard, sa fureur atteint de telles proportions qu’elle aurait dû rompre à jamais tous rapports entre eux. Une période qu’il raconte avec lucidité :

« Un enfant était à l’agonie, mon frère Théodore ne craignit point de demander ouvertement aux parents la per­mission de le baptiser, et peut-être allait-il le faire, quand j’eus connaissance de sa démarche. Je regar­dais ce procédé comme une indigne lâcheté ; j’écrivis au prêtre de s’adresser à des hommes et non à des enfants, et j’accompagnai ces paroles de tant d’invectives et de menaces, qu’aujourd’hui encore je m’éton­ne que mon frère ne m’ait pas répondu un seul mot. Il continua ses relations avec le reste de la famille ; quant à moi, je ne voulus plus le voir, je nourrissais une haine amère contre les prêtres, les églises, les couvents, et surtout contre les Jésuites, dont le nom seul provoquait ma fureur ».

Après des études de droit à Paris, Alphonse Ratisbonne, entre dans la banque familiale, à Strasbourg, auprès de son oncle, un homme fortuné extrêmement généreux, qui lui passe tous ses caprices (chevaux, voitures, voyages, mille générosités en tout genre…). Si bien que le jeune homme ne pense qu’à s’amuser :

« Je n’aimais que les plaisirs : les affaires m’impatientaient, l’air des bureaux m’étouffait ; je pensais qu’on était au monde pour en jouir ; et, bien qu’une certaine pudeur naturelle m’éloignât des plaisirs et des sociétés ignobles, je ne rêvais cependant que fêtes et jouissances, et je m’y livrais avec passion. »

Mais en son cœur, il ne se sent pas heureux au milieu d’une telle abondance. Quelque chose lui manque. Il annonce alors ses fiançailles avec sa nièce Flore, âgée de 16 ans. Pendant ses fiançailles, une petite révolution s’opère en lui. Lui qui ne croyait à rien voit en sa fiancée son bon ange :

« La vue de ma fiancée éveillait en moi je ne sais quel sentiment de dignité humaine ; je commençais à croire à l’immortalité de l’âme ; bien plus, je me mis instinctivement à prier Dieu… Sa pensée élevait mon cœur vers un Dieu que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais invoqué ».

Premiers pas sur « le chemin de Damas »

Mais Flore étant encore trop jeune pour le mariage, on éloigne le jeune homme quelque temps de Strasbourg. Il part alors en Italie où, à Rome, deux événements le mettront sur le chemin de la conversion : sa rencontre avec Théodore de Bussières, frère d’un de ses amis d’enfance, et grand ami de son propre frère, converti lui aussi au catholicisme après avoir abandonné le protestantisme, pour qui il éprouve donc « une profonde antipathie », et sa visite du Ghetto (quartier des Juifs), où la misère qu’il y découvre suscite en lui « pitié » et « indignation » :

« Quoi ! Est-ce donc là cette charité de Rome qu’on proclame si haut ! Je frissonnais d’horreur (…) Jamais de ma vie je n’avais été plus aigri contre le christianisme que depuis la vue du Ghetto. Je ne tarissais point en moqueries et en blasphèmes (…) ».

Mais imprévus et coïncidences se succèdent, et dans une sorte de jeu avec le père de son ami d’enfance, le baron de Bussières, qui ne cesse de lui parler des grandeurs du catholicisme, Alphonse relève avec ironie chaque défi que celui-ci lui pose, dont celui, fondamental, de porter sur lui une médaille de la Sainte Vierge, à laquelle il tient tout particulièrement. Jusqu’à finir par lui promettre de réciter matin et soir le Memorare, prière très courte et très efficace que saint Bernard adressa à la Vierge Marie, se disant : « Après tout, si elle ne me fait pas de bien, du moins ne me fera-t-elle pas de mal ! ».

« Souvenez-vous, Ô très pieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais ouï dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre secours et demandé votre suffrage, ait été abandonné. Plein d’une pareille confiance, je viens, Ô vierge des Vierges, me jeter entre vos bras, et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe, ne dédaignez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. »

À son propre étonnement, les paroles du Memorare s’emparent de son esprit pour ne plus le lâcher, « comme ces airs de musique qui vous poursuivent et vous impatientent, et qu’on fredonne malgré soi, quelque effort qu’on fasse », avouera-t-il plus tard.

Le « foudroiement »

Puis, un beau jour, le 20 janvier 1842, alors qu’il aurait dû rentrer à Rome, Alphonse tombe sur Marie-Théodore de Bussières, le converti, l’ami de son frère, qui lui propose une promenade. Il lui demande de l’accompagner un instant à l’église Saint-André delle Fratte. Dix minutes plus tard, celui-ci retrouve Alphonse agenouillé devant la chapelle Saint-Michel, comme en extase, le visage plein de larmes, les mains jointes. Son expression est indéfinissable.

« J’étais depuis un instant dans l’église lorsque tout d’un coup, je me suis senti saisi d’un trouble inexprimable ; j’ai levé les yeux, tout l’édifice avait disparu à mes regards. Une seule chapelle avait pour ainsi dire concentré la lumière et au milieu de ce rayonnement parut, debout sur l’autel, grande, brillante, pleine de majesté et de douceur, la Vierge Marie, telle qu’elle est sur ma médaille ; elle m’a fait signe de la main de m’agenouiller, une force irrésistible m’a poussé vers elle…

Je saisis la médaille que j’avais laissée sur ma poitrine ; je baisai avec effusion l’image de la Vierge rayonnante de grâce… Oh ! C’était bien elle ! Je ne savais où j’étais ; je ne savais si j’étais Alphonse ou un autre ; j’éprouvais un si total change­ment, que je me croyais un autre moi-même… Je cher­chais à me retrouver et je ne me retrouvais pas… La joie la plus ardente éclata au fond de mon âme; je ne pus parler ; je ne voulus rien révéler ; je sentais en moi quelque chose de solennel et de sacré… Le bandeau tomba de mes yeux ; non pas un seul bandeau, mais toute la multitude de bandeaux qui m’avaient enveloppé disparurent successivement et rapidement, comme la neige et la boue et la glace sous l’action d’un brûlant soleil ».

Le 31 janvier 1842, Marie-Alphonse Ratisbonne est baptisé, fait sa première communion et reçoit la confirmation. Ordonné prêtre en 1848, il s’installe en Palestine et consacre dès lors sa vie au catéchuménat des convertis d’origine juive, au sein de la double congrégation (masculine et féminine) de Notre-Dame de Sion qu’établit et dirige, pendant plus de cinquante ans, son frère Théodore.

Source

Vision de l’enfer

Sainte Thérèse d’Avila expose comment le Seigneur voulut la transporter en esprit dans un endroit de l’enfer qu’elle avait mérité par ses péchés. Elle raconte sommairement ce qui lui fut présenté alors.

Depuis longtemps déjà le Seigneur m’avait accordé un grand nombre des grâces dont j’ai parlé, et d’autres encore fort élevées, quand, un jour, étant en oraison, il sembla que je me trouvais subitement, sans savoir comment, transportée tout entière en enfer. Le Seigneur, je le compris, voulait me montrer la place que les démons m’y avaient préparée et que j’avais méritée par mes péchés. Cette vision dura très peu ; mais alors même que je vivrais de longues années, il me serait, je crois, impossible d’en perdre jamais le souvenir.

L’entrée me parut semblable à une ruelle très longue et très étroite, ou encore à un four extrêmement bas, obscur et resserré. Le fond était encore comme une eau fangeuse, très sale, infecte et remplie de reptiles venimeux. A l’extrémité se trouvait une cavité creusée dans une muraille en forme d’alcôve où je me vis placée très à l’étroit. Tout cela était délicieux à la vue, en comparaison de ce que je sentis alors ; car je suis loin d’en avoir fait une description suffisante.

Quant à la souffrance que j’endurai dans ce réduit, il me semble impossible d’en donner la moindre idée ; on ne saurait jamais la comprendre. Je sentis dans mon âme un feu dont je suis impuissante à décrire la nature, tandis que mon corps passait par des tourments intolérables. J’avais cependant enduré dans ma vie de souffrances bien cruelles ; et, de l’aveu des médecins, ce sont les plus grandes dont on puisse être affligé ici bas, car tous les nerfs s’étaient contractés quand je fus percluse de mes membres. J’avais eu aussi à supporter toutes sortes d’autres maux dont quelques-uns, je l’ai dit, venaient du démon. Mais tout cela n’est rien en comparaison de ce que je souffris dans ce cachot. De plus, je voyais que ce tourment devait être sans fin et sans relâche. Et cependant toutes ces souffrances ne sont rien encore auprès de l’agonie de l’âme. Elle éprouve une oppression, une angoisse, une affliction si sensible, une peine si désespérée et si profonde, que je ne saurais l’exprimer. Si je dis que l‘on vous arrache continuellement l’âme, c’est peu, car dans ce cas, c’est un autre qui semble vous ôter la vie. Je ne saurais, je l’avoue, donner une idée ce feu intérieur et de ce désespoir qui s’ajoutent à des tourments et à des douleurs si terribles. Je ne voyais pas qui me les faisait endurer, mais je me sentais, ce semble, brûler et hacher en morceaux. Je le répète, ce qu’il y a de plus affreux, c’est ce feu intérieur et ce désespoir de l’âme.

Dans ce lieu si infect d’où le moindre espoir de consolation est à jamais banni, il est impossible de s’asseoir ou de se coucher ; l’espace manque ; j’y étais enfermée ; j’y étais enfermée comme dans un trou pratiqué dans la muraille ; les parois elles-mêmes, objet d’horreur pour la vue, vous accablent de tout leur poids ; là tout vous étouffe ; il n’y a point de lumière, mais les ténèbres les plus épaisses. Et cependant, chose que je ne saurais comprendre , malgré ce manque de lumière, on aperçoit tout ce qui peut être un tourment pour la vue.

Le Seigneur ne voulut pour lors me montrer rien plus de l’enfer. Il m’a donné, depuis, une vision de choses épouvantables et de châtiments infligés à certains vices ; ces tortures me paraissaient beaucoup plus horribles à la vue.

Mais, comme je n’en souffrais pas la peine, j’en fus moins effrayée. Dans la vision précédente, au contraire, le Seigneur m’avait fait éprouver véritablement en esprit ces tourments et ses angoisses, comme si mon corps les avait endurés. Je ne sais comment cela se fit, mais je compris bien que c’était une grande grâce et que le Seigneur voulait me faire voir de mes propres yeux l’abîme d’où sa miséricorde m’avait délivrée. Entendre parler de l’enfer, ce n’est rien. Ce que j’avais médité sur les divers tourments qu’on y endure, bien que ce fût rarement, car la voie de la crainte ne convenait pas à mon âme, ce que j’avais considéré sur les déchirements causés par les démons, ce que j’avais lu enfin de divers autres châtiments, tout cela n’est rien auprès de ce supplice. Ce sont deux choses absolument différentes. Elles sont entre elles comme le tableau et l’objet qu’il représente ; et la torture du feu de ce monde est bien peu de chose en comparaison du feu de l’enfer. Aussi, je fus épouvantée ; malgré les six ans environ écoulés depuis lors, ma terreur est telle en écrivant ces lignes qu’il me semble que mon sang se glace dans mes veines ici même où je me trouve. Aussi, chaque fois que je me rappelle ce souvenir au milieu de mes travaux et de mes peines, toutes les souffrances d’ici-bas ne sont plus rien à mes yeux ; il me semble même que, sous un certain rapport, nous nous plaignons sans motif. Je ne crains pas de le redire, c’est là une des grâces les plus insignes que le Seigneur m’ait accordées. Elle a produit en moi le plus grand profit. Elle m’a ôté la crainte des tribulations et des contradictions de la vie, elle m’a donné le courage de les supporter ; et elle m’a stimulée à remercier le Seigneur de m’avoir délivrée, comme j’ai tout lieu de le croire maintenant, de ces tourments si longs et si terribles.

Depuis lors, je le répète, tout me paraît facile en comparaison d’un seul instant de ces tortures que j’endurai alors. Je m’étonne même qu’après avoir lu souvent des livres où l’on donne quelque aperçu des peines de l’enfer, je ne les aie point redoutées comme elles le méritent et ne m’en soit pas fait une idée exacte. Où étais-je donc ? Comment pouvais-je trouver quelque repos dans ce qui m’entraînait à un si terrible séjour ? O mon Dieu, soyez à jamais béni ! Comme on voit bien que vous m’aimez beaucoup plus que je ne m’aime moi-même ! Que de foi, ô Seigneur, ne m’avez-vous pas délivrée d’une si horrible prison ! Que de fois j’y retournais moi-même contre votre volonté !

Cette vision m’a procuré, en outre, une douleur immense de la perte de tant d’âmes et en particulier de ces luthériens qui étaient déjà par le baptême membres de l’église. Elle m’a procuré aussi les désirs les plus ardents d’être utile aux âmes. Il me semble en vérité que, pour en délivrer une seule de si horribles tourments, je souffrirais très volontiers mille fois la mort. Voici en effet ce que je pense. Quand nous voyons quelqu’un et surtout une personne amie au milieu de grandes épreuves et de grandes douleurs, il semble que nous sommes naturellement touchés de compassion ; et si ses souffrances sont intenses, nous les ressentons très vivement. Mais la vue d’une âme condamnée pour l’éternité au supplice des supplices, qui donc la pourrait souffrir ? Il n’y a pas de cœur qui n’en serait brisé de douleur. Nous sommes émus de la plus tendre compassion pour les maux d’ici-bas, et cependant nous savons qu’ils sont un terme et finissent avec la vie. Ne le serions-nous pas davantage pour des supplices qui doivent durer toujours ? Je ne sais comment nous pouvons vivre en repos quand nous voyons tant d’âmes que le démon entraîne avec lui en enfer.

Cela enfin me fait désirer ardemment que dans l’affaire si importante du salut nous ne soyons satisfaits qu’à la condition de faire tout, oui, tout ce qui dépend de nous. Dieu veuille nous donner la grâce de réaliser ce dessein !

Vision de l’enfer

« Aujourd’hui j’ai été dans les gouffres de l’enfer, introduite par un ange. C’est un lieu de grands supplices, et son étendue est terriblement grande.

Genres de supplices que j’ai vus :

  1. le premier supplice qui fait l’enfer c’est la perte de Dieu ;
  2. le deuxième – les perpétuels remords ;
  3. le troisième – le sort des damnés ne changera jamais ;
  4. le quatrième supplice – c’est le feu qui va pénétrer l’âme sans la détruire, c’est un terrible supplice, car c’est un feu purement spirituel, allumé par la colère de Dieu ;
  5. le cinquième supplice – ce sont les ténèbres continuelles, une terrible odeur étouffante et malgré les ténèbres, les démons et les âmes damnées se voient mutuellement et voient tout le mal des autres et le leur ;
  6. le sixième supplice – c’est la continuelle compagnie de Satan ;
  7. le septième supplice – le désespoir terrible, la haine de Dieu, les malédictions, les blasphèmes.

Ce sont des supplices que tous les damnés souffrent ensemble, mais ce n’est pas la fin des supplices. Il y a des supplices qui sont destinés aux âmes en particulier, ce sont les souffrances des sens.

* * *

Chaque âme est tourmentée d’une façon terrible et indescriptible par ce en quoi ont consisté ses péchés. Il y a de terribles cachots, des gouffres de tortures où chaque supplice diffère de l’autre ; je serais morte à la vue de ces terribles souffrances, si la toute-puissance de Dieu ne m’avait soutenue.

Que chaque pécheur sache : il sera torturé durant toute l’éternité par les sens qu’il a employés pour pécher.

J’écris cela sur l’ordre de Dieu pour qu’aucune âme ne puisse s’excuser disant qu’il n’y a pas d’enfer, ou que personne n’y a été et ne sait comment c’est. Moi, Sœur Faustine, par ordre de Dieu, j’ai été dans les gouffres de l’enfer, pour en parler aux âmes et témoigner que l’enfer existe.

Je ne peux en parler maintenant [en 1936], j’ai l’ordre de Dieu de le laisser par écrit. Les démons ressentaient une grande haine envers moi, mais l’ordre de Dieu les obligeait à m’obéir. Ce que j’ai écrit est un faible reflet des choses que j’ai vues. J’ai remarqué une chose : qu’il y a là-bas beaucoup d’âmes qui doutaient que l’enfer existe.

* * *

Quand je suis revenue à moi, je ne pouvais pas apaiser ma terreur de ce que les âmes y souffrent si terriblement, c’est pourquoi je prie encore plus ardemment pour la conversion des pécheurs, sans cesse j’appelle la miséricorde divine sur eux. Ô mon Jésus, je préfère agoniser jusqu’à la fin du monde dans les plus grands supplices que de T’offenser par le moindre péché. »

– Extrait du Petit Journal, n° 741

Traité du Purgatoire

Introduction

Comment, par comparaison avec le feu divin qu’elle ressentait au-dedans d’elle-même, elle comprenait ce qu’était le purgatoire, et comment les âmes s’y trouvent contentes et souffrantes

Cette sainte âme encore dans sa chair se trouva établie dans le purgatoire du brûlant amour de Dieu. Il la brûlait toute et la purifiait de ce qu’elle avait à purifier, de façon qu’au sortir de cette vie elle pût être présentée au regard de Dieu son doux amour.

Par le moyen de ce brûlant amour, elle comprenait en elle-même dans quel état se trouvent au purgatoire les âmes des fidèles pour purifier toute espèce de rouille et de tache du péché non encore effacée durant cette vie.

Elle-même, établie au purgatoire du feu divin d’amour, se tenait unie à son divin amour, satisfaite de tout ce qu’il opérait en elle; comprenant qu’il en était ainsi des âmes qui sont au purgatoire, elle disait:

Parfaite conformité des âmes du purgatoire à la volonté de Dieu

Les âmes qui sont au purgatoire, à ce que je crois comprendre, ne peuvent avoir d’autre choix que d’être en ce lieu puisque telle est la volonté de Dieu qui dans sa justice l’a ainsi décidé. Elles ne peuvent pas davantage se retourner sur elles-mêmes. Elles ne peuvent dire: j’ai fait tels péchés et c’est à cause d’eux que je mérite de me trouver ici. Il ne leur est pas possible de dire: je voudrais ne pas avoir fait tels péchés, parce qu’ainsi j’irais tout de suite en paradis. Pas davantage: celui-ci sortira d’ici avant moi. Ni dire: « j’en sortirai avant lui. »

Elles sont incapables d’avoir ni d’elles-mêmes ni des autres aucun souvenir, ni en bien ni en mal, qui puisse augmenter leur souffrance. Elles ont, au contraire, un tel contentement d’être établies dans la condition voulue par Dieu et que Dieu accomplisse en elles tout ce qu’il veut, comme il le veut, qu’elles ne peuvent penser à elles-mêmes ni en ressentir quelque accroissement de peine.
Elles ne voient qu’une chose, la bonté divine qui travaille en elles, cette miséricorde qui s’exerce sur l’homme pour le ramener à Dieu. En conséquence, ni bien ni mal qui leur arrive à elles-mêmes ne peut attirer leur regard. Si ces âmes pouvaient en prendre conscience, elles ne seraient plus dans la pure charité.

Elles ne peuvent non plus considérer qu’elles sont dans ces peines à cause de leurs péchés, cette idée , n’entre pas dans leur esprit. Ce serait en effet, une imperfection en acte, chose qui ne peut exister en ce lieu où il est impossible de commettre un péché. Pourquoi elles sont en purgatoire, cette cause qui est en elles, il ne leur est donné de la voir qu’une seule fois, au moment qu’elles sortent de cette vie, et dans la suite ne la voient plus jamais. Autrement, ce regard serait un retour sur soi.

Étant donc établies en charité et n’en pouvant plus dévier par un acte défectueux, elles sont rendues incapables de rien vouloir de rien désirer hormis le pur vouloir de la pure charité. Placées dans ce feu purifiant, elles y sont dans l’ordre voulu par Dieu. Cette disposition divine est pur amour; elles ne peuvent s’en écarter en rien, parce qu’elles sont incapables de commettre un péché, comme aussi de faire un acte méritoire.

Joie des âmes du purgatoire Leur croissante vision de Dieu, la raison de la rouille

Je ne crois pas qu’il puisse se trouver un contentement comparable à celui d’une âme du purgatoire, à l’exception de celui des saints en paradis. Chaque jour s’accroît ce contentement par l’action de Dieu en ces âmes, action qui va croissant comme va se consumant ce qui empêche cette action divine. Cet empêchement, c’est la rouille du péché.

[La rouille n’est pas un reste de péché, une disposition mauvaise de la volonté qui serait l’effet en l’âme des péchés qu’elle a commis durant sa vie terrestre; c’est une souillure de l’âme, un manque de perfection, suite des péchés d’autrefois, dont la volonté s’est totalement détachée au moment de la mort.]

Le feu consume progressivement cette rouille et ainsi l’âme se découvre de plus en plus à l’influx divin.

De même un objet qu’on aurait recouvert ne peut correspondre à l’éclat du soleil, non point parce que le soleil serait insuffisant, lui qui continue de briller, mais par l’empêchement de ce qui recouvre l’objet. Que vienne à se consumer l’obstacle qui fait écran, l’objet se découvrira à l’action du soleil; il la subira de plus en plus à mesure que l’obstacle diminuera.
Ainsi la rouille du péché est ce qui recouvre l’âme.

Au purgatoire cette rouille est consumée par le feu. Plus elle se consume, plus aussi l’âme s’expose au vrai soleil, à Dieu. Sa joie augmente à mesure que la rouille disparaît et que l’âme s’expose au rayon divin. Ainsi l’une croît et l’autre diminue jusqu’à ce que le temps soit accompli. Ce n’est pas la souffrance qui diminue, c’est uniquement le temps de rester dans cette peine.

Quant à la volonté, ces âmes ne peuvent jamais dire que ces peines soient des peines, tant elles sont satisfaites des dispositions divines auxquelles leur volonté est unie par pure charité.

Souffrance des âmes du purgatoire, la séparation d’avec Dieu est leur plus grande peine

D’autre part, la peine qu’elles subissent est si extrême qu’il n’est aucune langue qui puisse l’exprimer ni aucune intelligence qui puisse en saisir la moindre étincelle si Dieu ne la lui découvre par une grâce toute spéciale.

Cette étincelle, Dieu fit à cette âme la grâce de la lui faire voir, mais je ne puis l’exprimer par la langue. Cette connaissance que Dieu m’a fait voir n’est jamais sortie de mon esprit. J’en dirai ce que je pourrai et ceux-là comprendront à qui le Seigneur daignera ouvrir l’entendement.

La source de toutes les souffrances est le péché, soit originel, soit actuel. Dieu a créé l’âme toute pure et toute simple, sans aucune tache de péché et avec un instinct béatifique qui la porte vers lui.

De cet instinct, le péché originel en quoi elle se trouve, la détourne. Le péché actuel, quand il s’y ajoute, l’en détourne plus encore. Plus elle s’en éloigne, plus elle devient mauvaise, puisque Dieu de moins en moins s’accorde avec elle.

Tout ce qu’il peut y avoir de bon dans les créatures n’existe que par la communication que Dieu en fait. Aux créatures non raisonnables, Dieu en fait part selon ses desseins et il ne leur fait jamais défaut.

A la créature raisonnable, à l’âme, il correspond plus ou moins dans la mesure où il la trouve purifiée de l’empêchement du péché. Existe-t-il une âme qui revienne à la première pureté de sa création, l’instinct du bonheur se découvre en elle et s’accroît aussitôt avec une telle véhémence, une telle ardeur de charité l’entraînant vers sa fin dernière, que c’est pour elle chose insupportable d’en être écartée. Plus elle en a la conscience, plus extrême est son tourment.

Différence entre les damnés et les âmes du purgatoire

Les âmes qui sont au purgatoire se trouvent sans la coulpe du péché. En conséquence, il n’y a pas d’obstacle entre Dieu et elles, hors cette peine qui les retarde et qui consiste en ce que leur instinct béatifique n’a pas atteint sa pleine perfection.

Voyant en toute certitude combien importe le moindre empêchement, voyant que la justice exige que leur attrait soit retardé, il leur naît au cœur un feu d’une violence extrême, qui ressemble à celui de l’enfer. Il y a la différence du péché qui rend mauvaise la volonté des damnés de l’enfer; à ceux- ci Dieu ne fait point part de sa bonté. Ils demeurent dans cette malice désespérée, opposée à la volonté de Dieu.

On voit par là que cette opposition de la volonté mauvaise à la volonté de Dieu est cela même qui constitue le péché. Comme leur volonté s’obstine dans le mal, le péché aussi se maintient.

Ceux de l’enfer sont sortis de cette vie avec leur volonté mauvaise. Aussi leur péché n’est pas remis et ne peut l’être, parce qu’ils ne peuvent plus changer de volonté, une fois qu’ils sont sortis ainsi disposés de cette vie.

En ce passage l’âme s’établit définitivement dans le bien ou dans le mal, selon qu’elle s’y trouve par sa volonté délibérée, conformément à ce qui est écrit: « Là où je te trouverai, c’est-à-dire au moment de la mort, avec cette volonté ou du péché ou de rejet et de regret du péché, là je te jugerai.» [Ce texte n’est pas dans l’Écriture Sainte; ce pourrait être une accommodation d’Ezéchiel, 24,14.]

Ce jugement est sans rémission puisque après la mort la liberté du libre vouloir n’est plus sujette au changement. Elle reste fixée dans la disposition où elle se trouvait au moment de la mort.

Ceux de l’enfer, pour s’être trouvés à ce moment avec la volonté de pécher, portent sur eux la coulpe et la peine. La coulpe est infinie; la peine n’est pas aussi grave qu’ils l’ont méritée, mais ils la porteront sans fin.

Au contraire, ceux du purgatoire ont seulement la peine, puisque le péché fut effacé au moment de la mort, car ils étaient contrits de leurs fautes et se repentaient d’avoir offensé la bonté de Dieu. Aussi leur peine aura sa fin, elle va diminuant sans cesse dans le temps, comme il a été dit.

O misère au-delà de toute misère et d’autant plus lamentable que les hommes aveugles n’y pensent pas !

Dieu montre sa bonté même envers les damnés

Ce châtiment des damnés n’est pas infini en quantité. La raison en est que la douce bonté divine étend le rayon de sa miséricorde jusqu’en enfer.

En effet, l’homme décédé en état de péché mortel mérite un châtiment infini et pour un temps infini. Mais la miséricorde de Dieu a disposé que seul le temps serait sans fin, et les peines limitées en quantité. En toute justice il aurait pu leur infliger une peine plus grande qu’il ne fait.

Oh! quel est le danger du péché commis par mauvais vouloir! C’est à grand-peine que l’homme s’en repent, et tant qu’il n’en a pas de repentir, le péché demeure et ce péché continue aussi longtemps que l’homme reste dans la volonté du péché qu’il a commis ou dans celle de le commettre.

Purifiées du péché, c’est avec joie que les âmes du purgatoire s’acquittent de leurs peines

Mais les âmes du purgatoire tiennent leur volonté en tout conforme à celle de Dieu. En conséquence, Dieu s’accorde avec elles dans sa bonté et elles demeurent contentes (quant à leur volonté) et purifiées de la coulpe du péché actuel.

Ces âmes sont rendues aussi pures que Dieu les a créées. Quand elles sortent de cette vie contrites de tous les péchés qu’elles ont commis, les ayant confessés et animées de la volonté de ne plus les commettre, Dieu les absout aussitôt de leur coulpe et il ne reste plus en elles que la rouille du péché. Elles s’en purifient ensuite dans le feu par la souffrance.

Ainsi purifiées de toute coulpe et unies à Dieu par leur volonté, elles voient Dieu clairement, selon le degré de connaissance qu’il leur accorde, elles voient aussi de quelle valeur il est de jouir de Dieu et que les âmes sont créées précisément pour cela.

De quel violent amour les âmes du purgatoire aspirent à jouir de Dieu

 

Exemple du pain et de l’affamé

Elles éprouvent de plus en plus une conformité si unifiante à leur Dieu, cette conformité les tire vers lui avec une si grande force par l’instinct de nature qui existe entre Dieu et l’âme qu’on ne peut donner aucun raisonnement, aucune comparaison, aucun exemple qui puisse expliquer assez cette chose au degré où l’âme la ressent dans son opération en elle et par son expérience intime. J’en donnerai cependant un exemple qui se présente à mon esprit.

Supposons qu’il n’y eût dans le monde entier qu’un seul pain pour enlever la faim à toute créature; supposons de plus que rien qu’à voir ce pain les hommes en seraient rassasiés.

Étant donné que l’homme, à moins d’être malade, a l’instinct naturel de manger, s’il vient à ne plus manger, tout en étant préservé de maladie et de mort, sa faim grandirait continuellement puisque son instinct de manger ne diminuerait jamais.

Il sait que ce pain est seul capable de le rassasier; s’il ne peut l’avoir sa faim ne s’en ira pas, il restera dans un tourment intolérable. Plus il s’en approche sans arriver cependant à le voir, plus aussi s’allume le désir naturel que son instinct ramasse tout entier sur le pain en quoi se trouve tout contentement.

S’il savait avec certitude que jamais il ne lui sera donné de voir ce pain, à ce moment l’enfer s’accomplirait pour lui; il serait dans l’état des âmes damnées qui sont privées de toute espérance d’arriver jamais à voir le pain qui est Dieu leur vrai Sauveur.

Mais les âmes du purgatoire ont l’espérance de contempler le pain et de s’en rassasier pleinement. Par suite, elles souffrent la faim et restent dans leur tourment aussi longtemps qu’elles sont retenues de se rassasier de ce pain, Jésus-Christ, vrai Dieu Sauveur, notre Amour.

8. L’enfer et le purgatoire font connaître l’admirable sagesse de Dieu

De même que l’esprit net et purifié ne se connaît aucun lieu de repos sinon Dieu même puisqu’il a été créé à cette fin, de même l’âme pécheresse n’a de place nulle part sinon en enfer puisque Dieu le lui a destiné pour sa fin.

C’est pourquoi au moment même où l’esprit est séparé du corps, l’âme se rend au lieu qui lui est destiné, sans autre guide que la nature même de son péché, au cas où l’âme se détache du corps en état de péché mortel.

Si l’âme ne trouvait pas à ce moment même cette destination qui procède de la justice divine, elle serait dans un enfer pire que l’enfer même. La raison en est que l’âme se trouverait hors de cette disposition divine qui n’est pas sans une part de miséricorde, puisque la peine infligée n’ est pas aussi grande qu’elle le mérite. Aussi l’âme, ne trouvant aucun lieu qui lui convienne davantage, ni lui soit moins douloureux, Dieu l’ayant disposé ainsi, elle se jette d’elle-même en enfer puisque c’est sa place.

Il en est de même du purgatoire dont nous parlons. Séparée du corps, l’âme qui ne se trouve pas dans cette netteté dans laquelle Dieu l’a créée, voyant en elle l’obstacle qui la retient et sachant qu’il ne peut être enlevé que par le moyen du purgatoire, elle s’y jette aussitôt et de grand cœur.

Si elle ne découvrait ce moyen disposé par Dieu pour la débarrasser de cet empêchement, à l’instant se formerait en elle un enfer pire que le purgatoire, parce qu’elle se verrait empêchée d’atteindre sa fin qui est Dieu. Cela est pour elle d’une telle importance qu’en comparaison le purgatoire est comme rien, quoique, comme il a été dit, le purgatoire est semblable à l’enfer. Mais c’est en comparaison qu’il est comme rien.

Nécessité du purgatoire

J’ajoute encore ceci que je vois. De la part de Dieu, le paradis est ouvert, y entre qui veut. C’est que Dieu est toute miséricorde, il reste tourné vers nous, les bras ouverts pour nous recevoir dans sa gloire.

Mais je vois d’autre part comment cette divine essence est d’une telle pureté et netteté, au-delà de tout ce qu’on pourrait imaginer, que l’âme qui aurait en soi une imperfection aussi légère qu’un fétu minuscule, se jetterait en mille enfers plutôt que de se trouver avec cette tache en présence de la majesté divine.

Aussi, voyant que le purgatoire a été fait pour lui enlever ces taches, elle s’y jette. Elle voit que c’est là une grande miséricorde pour elle que ce moyen d’enlever cet empêchement.

Comme le purgatoire est chose terrible

De quelle gravité est le purgatoire, ni la langue ne le peut expliquer, ni l’esprit le saisir. Je ne vois que ceci: que les tourments y égalent ceux de l’enfer. Néanmoins, je vois que l’âme qui découvre la moindre tache d’imperfection le reçoit, selon ce qui a été dit, comme un bienfait qui lui est accordé.

Dans un certain sens, elle le tient pour rien en comparaison de cette tache qui arrête son amour.
Je vois aussi que le tourment des âmes du purgatoire consiste bien davantage en ceci qu’elles voient en elles quelque chose qui déplaît à Dieu et qu’elles l’ont contracté volontairement en agissant contre une si grande bonté, plutôt que dans nul autre tourment qu’elles ressentent en purgatoire.

C’est qu’étant dans la grâce divine elles voient la réalité et l’importance de cet empêchement qui ne leur permet pas d’approcher de Dieu.

Tout ce qu’on vient de dire, qu’est-ce en comparaison des évidences qui me sont données dans mon esprit (pour autant que j’en ai pu concevoir dans cette vie) ?
Devant de telles extrémités, toute vue, toute parole, tout sentiment, toute imagination, toute justice, toute vérité, tout cela n’est pour moi que tromperies et choses de néant.
Je reste confuse, faute de pouvoir trouver des expressions plus fortes.

L’amour de Dieu qui attire les âmes saintes et l’empêchement qu’elles trouvent dans le péché sont les causes des tourments du purgatoire

Je vois entre Dieu et l’âme une incroyable conformité. Lorsqu’il la voit dans cette pureté où sa majesté l’a créée, il lui donne une certaine force d’attraction faite d’amour brûlant, capable de la réduire au néant, tout immortelle qu’elle soit.

Il la met dans un état de si parfaite transformation en lui son Dieu, qu’elle se voit n’être plus autre chose que Dieu. Il la tire continuellement à lui, il l’embrasse, il ne la laisse pas jusqu’à ce qu’il l’ait menée à cet être divin dont elle procède, c’est-à- dire à cette pureté dans laquelle il l’a créée.

L’âme se voit, par une vue intérieure, ainsi tirée par Dieu avec un tel feu d’amour. Alors, sous l’ardeur de cet amour embrasé de son doux Seigneur et Dieu qu’elle sent rejaillir en son esprit, elle se liquéfie tout entière.

A la lumière divine, elle voit comment Dieu ne cesse pas un instant de la tirer vers lui pour la conduire à son entière perfection. Il y met un soin extrême, une continuelle sollicitude; en tout cela Dieu n’agit que par un pur amour. Mais elle-même, par cet obstacle de péché qui subsiste en elle, se trouve empêchée de se livrer à ce divin attrait, c’est-à-dire à ce regard unitif que Dieu lui a donné pour qu’elle soit tirée à lui.

Elle voit aussi combien lui est douloureux ce retardement qui la retient de contempler la divine lumière. S’y ajoute l’instinct de l’âme impatiente d’être libérée de cet empêchement, attirée qu’elle est par ce regard unitif.

Je dis que tout cela et la vue qu’en ont les âmes, est ce qui engendre en elle la peine du purgatoire.

De cette peine, si grande qu’elle soit cependant elle ne tiennent pas compte. Elles s’occupent bien davantage de l’opposition qu’elles ont à la volonté de Dieu.

Elles le voient brûler pour elles d’un extrême et pur amour. Cet amour, avec son regard unitif, les tire à soi avec une puissance extrême et sans arrêt, comme s’il n’avait autre chose à faire.
C’est au point que si l’âme pouvait découvrir un autre purgatoire plus fort que celui où elle se trouve, elle s’y jetterait aussitôt pour se débarrasser plus vite de cet empêchement. Tant est violent l’amour de conformité entre Dieu et l’âme.

Comment Dieu purifie les âmes Exemple de l’or dans le creuset

De ce divin Amour, je vois jaillir vers l’âme certains rayons et flammes brûlantes, si pénétrants et si forts qu’ils sembleraient capables de réduire au néant non seulement le corps, mais l’âme elle- même s’il était possible.
Ces rayons opèrent de deux manières: l’une est de purifier, l’autre d’anéantir.

Vois l’or. A mesure que tu le fonds, à mesure il s’améliore. Tu pourrais le fondre au point de détruire en lui toute imperfection.

Tel est l’effet du feu dans les choses matérielles. Il y a cette différence que l’âme ne peut s’anéantir en Dieu, mais uniquement dans son être propre. Plus tu la purifies, plus aussi elle s’anéantit en elle-même et pour finir elle est toute purifiée en Dieu.

L’or, quand il est purifié à vingt-quatre carats ne se consume plus, quel que soit le feu par où tu le ferais passer. Ce qui peut être consumé en lui, ce n’est que sa propre imperfection.
Ainsi opère dans l’âme le feu divin. Dieu la maintient dans le feu jusqu’à ce que toute imperfection soit consumée. Il la conduit à la pureté totale de vingt-quatre carats, chaque âme cependant selon son degré. Quand elle est purifiée elle reste tout entière en Dieu, sans rien en elle qui lui soit propre, et son être est Dieu.

Une fois que Dieu a ramené à lui l’âme ainsi purifiée, alors celle-ci est mise hors d’état de souffrir encore, puisqu’il ne lui reste plus rien à consumer. Supposé que dans cet état de pureté on la tienne dans le feu, elle n’en sentirait nulle souffrance. Ce feu ne serait autre chose que celui du divin amour de la vie éternelle, sans rien de pénible.

Les âmes ont un désir ardent de se transformer en Dieu

Sagesse de Dieu qui leur tient cachées leurs imperfections

L’âme a été créée munie de toutes les bonnes dispositions dont elle est capable, pour la mettre à même d’atteindre sa perfection, à condition qu’elle vive comme Dieu l’ordonne sans se souiller d’aucune tache de péché.

Mais elle s’est contaminée par le péché originel qui lui fait perdre ses dons de grâce. Elle est morte, elle ne peut ressusciter sinon par Dieu. Quand elle renaît par le baptême, il lui reste l’inclination au mal; cette inclination la conduit, si elle n’ y résiste pas, au péché actuel, par quoi elle meurt de nouveau.

Une nouvelle fois, Dieu lui rend la vie. C’est une grâce toute particulière qu’il lui fait, car elle est salie et tournée vers elle-même. Pour la ramener à son premier état telle que Dieu l’a créée, elle a besoin de ces opérations divines, faute desquelles il lui serait à jamais impossible de se tourner de nouveau vers Dieu.

Quand l’âme se met en route pour retourner à son premier état, si grande est l’ardeur qui la presse de se transformer en Dieu que c’est là son purgatoire. Elle ne regarde pas ce purgatoire comme un purgatoire, mais cet instinct brûlant et entravé constitue son purgatoire.

Ce dernier acte d’amour accomplit son œuvre, sans que l’homme y ait part.
Il y a dans l’âme tant d’imperfections cachées qu’elle désespérerait s’il lui était donné de les voir. Ce dernier état les consume toutes.

Après qu’elles sont consumées, Dieu les découvre à l’âme pour qu’elle reconnaisse l’œuvre divine accomplie en elle par le feu d’amour. C’est lui qui a consumé en elle toutes ces imperfection qui doivent l’être.

Joie et douleur de l’âme du purgatoire

Sache ceci: la perfection que l’homme croit constater en lui n’est pour Dieu que défaut.

En effet, tout ce que l’homme accomplit sous couleur de perfection, toute connaissance, tout sentiment, tout vouloir tout souvenir, dès qu’il ne le fait pas remonter à Dieu, tout cela l’infecte et le souille.

Pour que ces actes soient parfaits, il est nécessaire qu’il soient faits en nous sans nous, sans que nous en soyons le premier agent, et que l’opération de Dieu soit faite en Dieu sans que l’homme en soit la cause principale.

Ces actes seuls sont parfaits, que Dieu accomplit et achève dans son amour pur et net, sans mérite de notre part. Ils pénètrent l’âme si profondément et l’embrasent à tel point que le corps où elle se trouve se sent brûler comme s’il était dans un grand brasier qui ne s’éteindra pas avant la mort.

Il est vrai, comme je le vois, que l’amour qui procède de Dieu et rejaillit dans l’âme cause en elle un contentement inexprimable; mais ce contentement n’enlève pas une étincelle de leur peine aux âmes du purgatoire.

Donc, cet amour qui se trouve entravé, c’est lui qui constitue leur souffrance. Cette souffrance est d’autant plus grande que plus grande est la capacité d’amour et de perfection que Dieu a donné à chacune.

Ainsi les âmes du purgatoire ont tout ensemble une joie extrême et une extrême souffrance sans que l’une soit un obstacle pour l’autre.

Les âmes du purgatoire sont hors d’état de pouvoir mériter encore

Comment leur volonté est disposée à l’égard des bonnes œuvres offertes ici-bas en suffrage pour elles

S’il était donné aux âmes du purgatoire de se purifier par la contrition, en un instant elles acquitteraient leur dette entière, tant serait brûlante l’impétuosité de leur contrition. Car elles voient clairement la gravité de cet empêchement qui les retient de s’unir à Dieu, leur fin et leur amour.

Tiens pour certain que dans ce paiement, elles ne sont quittes d’un seul denier, la justice de Dieu l’ayant ainsi déterminé. Ceci vaut du côté de Dieu.

Du côté de l’âme, elles n’ont plus aucun choix personnel, aucun regard sur elles-mêmes, sans vouloir considérer autre chose que la volonté de Dieu; elles sont ainsi établies.

Si quelqu’un en ce monde fait une aumône à leur intention et qu’ainsi la durée de leur peine soit diminuée, elles ne peuvent se retourner pour en prendre connaissance et s’y attacher. Elles abandonnent tout à l’exacte balance de la volonté divine, elles laissent Dieu tout régler à lui seul, qu’il se paie comme il plaît à sa bonté infinie.

S’il leur arrivait de penser à ces aumônes en dehors de la volonté divine, ce serait un retour sur elles-mêmes, elles perdraient de ce fait la vue de ce divin vouloir et cela serait pour elles un enfer.

C’est pourquoi ces âmes restent attachées à tout ce que Dieu accomplit en elles, que ce soit plaisir et contentement ou que ce soit souffrance. Elles ne peuvent plus se retourner sur elles-mêmes, transformées qu’elles sont totalement dans la volonté de Dieu et contentes de ce qu’il décide dans son infinie sainteté.

Ces âmes veulent être pleinement purifiées

Si une âme était présentée aux regards divins ayant encore quelque chose à purger, ce serait lui faire une grande injure, ce serait pour elle un tourment pire que dix purgatoires.

La raison en est que ce serait pour la pure bonté et la souveraine justice de Dieu une chose intolérable. De son côté, l’âme verrait qu’elle n’a pas encore pleinement satisfait à Dieu. Ne manquerait-il qu’un clin d’oeil de purification, ce serait pour elle aussi chose intolérable.

Pour enlever ce rien de rouille, elle irait dans mille enfers (supposé qu’il lui fût accordé de choisir) plutôt que de se trouver face à la présence divine sans être totalement purifiée.

Exhortations et reproches aux vivants

Éclairée sur toutes ces choses à la lumière divine, cette âme bénie disait:
Il me vient une envie de crier avec une telle force que sur la Terre tous les hommes en seraient épouvantés.Je leur dirais: malheureux, pourquoi vous laissez-vous aveugler à ce point par le monde? A cette nécessité si pressante où vous vous trouverez au moment de la mort, vous n’avez aucun souci de vous préparer!

Vous vous abritez tous sous l’espérance de la miséricorde divine. Elle est si grande, dites-vous. Mais vous ne voyez pas que cette bonté de Dieu tournera à votre condamnation puisque c’est contre la volonté d’un si bon maître que vous aurez agi.

[« je n’ai pas à m’en faire car Dieu est bon, il est miséricordieux, il me pardonnera tous mes péchés avant que je le lui demande » se transformera en: « comment ai-je pu tant haïr, tant commettre de péchés contre ce Jésus si incroyablement bon et doux, je suis épouvantablement coupable, je ne mérite aucun pardon, je préfère fuir la présence de cet agneau innocent que j’ai moi-même torturé et crucifié à mort par mes péchés », c’est maintenant qu’il faut lui dire: « je te (vous) demande pardon pour le mal que je (vous) t’ai fait, j’ai confiance en ta miséricorde, viens à mon secours, donne-moi la force de commencer une vie nouvelle dans ta grâce », ce n’est que par pur miracle que certains arrivent à changer de volonté et à vouloir, aux abords de la mort, fuir les péchés qu’ils chérissaient pendant leur vie.Les miracles existent mais ils ne sont pas la règle générale, ils sont l’exception.]

Sa bonté devrait au contraire vous forcer à faire sa volonté tout entière et non pas vous porter à la présomption de faire le mal.

Sa justice ne peut être frustrée, il faut de toute façon qu’elle soit pleinement satisfaite.

Ne t’encourage pas en te disant: je me confesserai, j’aurai ensuite l’indulgence plénière, je serai d’un seul coup purgé de tous mes péchés, et ainsi je serai sauvé.

Prends garde que la confession et la contrition, requises pour l’indulgence plénière, sont bien difficiles à réaliser. Si tu en avais conscience, tu tremblerais de terreur; tu serais plus assuré de ne l’avoir pas que de l’avoir.

Au purgatoire, les âmes souffrent volontiers et dans la joie

Au purgatoire, je vois les âmes souffrir avec la vue de deux opérations.

La première, c’est qu’elles souffrent de très bon cœur leurs peines. Elles se rendent compte que Dieu leur fait grande miséricorde, considérant le châtiment qu’elles ont mérité, sachant aussi à quel point il leur est nécessaire. Si la bonté divine n’avait tempéré sa justice par sa miséricorde (payant pour elles par le précieux sang de Jésus-Christ), un seul péché mériterait mille enfers éternels.

Aussi subissent-elles de si grand cœur leurs peines qu’elles ne voudraient en retirer un seul carrât. Elles savent que ces peines elles les ont méritées en toute justice et qu’elles sont parfaitement réglées. Par suite, elles ne se plaignent pas plus de Dieu (quant à la volonté) que si elles étaient dans la vie éternelle.

L’autre opération est un contentement qu’elles éprouvent à voir comment Dieu agit envers elles, avec quel amour et quelle miséricorde.

Ces deux vues, Dieu les imprime en elles instantanément. Puisqu’elles sont en état de grâce, elles saisissent et comprennent à la mesure de leur capacité. Elles en éprouvent une immense joie, qui ne leur manquera plus; au contraire, elle ira toujours croissant au fur et à mesure qu’elles s’approchent davantage de Dieu.

Ces âmes ne voient point cela en elles-mêmes ni par elles-mêmes ni comme quelque chose qui serait à elles, mais seulement en Dieu.

Elles s’occupent intensément de lui beaucoup plus que de leurs peines, elles tiennent celles-ci pour rien en comparaison de lui.

La moindre vues qu’on puisse avoir de Dieu surpasse toute peine et toute joie que l’homme puisse avoir mais sans leur enlever une étincelle ni de joie ni de peine.

La sainte conclut son exposé sur les âmes du purgatoire en leur attribuant ce qu’elle ressent dans son âme

Cette forme de purification que je vois appliquée aux âmes du purgatoire, je l’éprouve dans mon esprit, surtout depuis deux ans. De jour en jour je la ressens et la vois plus clairement.

Mon âme, à ce que je vois, est dans ce corps comme dans un purgatoire, mais à la mesure réduite que le corps peut supporter, pour éviter qu’il ne meure. Néanmoins cela s’aggrave peu à peu, jusqu’à ce qu’enfin mort s’ensuive.

Je vois l’esprit rendu étranger à toute chose, même d’ordre spirituel, où il pourrait trouver quelque aliment, comme serait joie, plaisir, consolation. Il est hors d’état de prendre goût à quelque chose que ce soit, temporelle ou spirituelle, ni par la volonté, ni par l’entendement, ni par la mémoire. Il m’est devenu impossible de dire: je prends plus plaisir à ceci qu’à cela.

Mon intérieur est assiégé. De toute chose qui portait rafraîchissement à sa vie spirituelle et corporelle il a été dépouillé petit à petit. Chaque fois qu’une de ces choses lui est enlevée il reconnaît qu’elle était de nature à lui donner aliment et réconfort. Aussitôt que l’esprit en prend conscience, il les prend en haine et en abomination et elles s’en vont sans aucun remède.

La raison en est que l’esprit porte en soi l’instinct de se débarrasser de toute chose qui puisse faire obstacle à sa perfection. Il s’y acharne au point qu’il irait presque jusqu’à se laisser mettre en enfer pour atteindre à son but.

Il va rejetant toute chose dont l’homme intérieur pourrait se nourrir, il l’investit de façon si subtile que ne peut passer le moindre fétu d’imperfection sans qu’il ne l’aperçoive et ne le prenne en horreur.

Quant à la partie extérieure, puisque l’esprit n’a plus de correspondance avec elle, elle aussi est assiégée étroitement; il lui devient impossible de se rafraîchir au gré de son instinct humain.

Il ne lui reste d’autre soutien que Dieu. C’est lui qui opère tout cela par amour et avec grande miséricorde pour satisfaire à sa justice.

Cette vue donne à l’esprit grande paix et contentement. Mais ce contentement ne diminue en rien la souffrance ni la compression qu’il subit. Jamais la souffrance ne pourrait devenir cruelle au point qu’il puisse désirer de se dégager de ce que Dieu dispose à son sujet. Il ne sort pas de sa prison, il ne cherche pas à en sortir, tant que Dieu n’aura pas accompli en lui tout ce qui est nécessaire. Ce qui me contente c’est que Dieu soit satisfait. Il n’y aurait pas pour moi de souffrance pire que de m’écarter des desseins de Dieu sur moi, tant j’y vois de justice et de miséricorde.

Tout ce qui vient d’être dit, je le vois, je le touche , mais je n’arrive pas à trouver d’expressions satisfaisantes pour le dire comme je voudrais. Ce que j’en ai dit, je le sens s’opérer en moi spirituellement et c’est pour cela que je l’ai dit.

La prison dans laquelle je me vois, c’est le monde; la chaîne, c’est le corps. L’âme illuminée par la grâce, c’est elle qui connaît l’importance d’être retenue ou retardée d’atteindre sa fin, par quelque empêchement que ce soit. Cela lui cause une peine extrême, car elle est d’une sensibilité aiguë.

De plus, cette âme reçoit de Dieu une certaine dignité qui la rend semblable à Dieu même. Il la fait une même chose avec lui en la rendant participante de sa bonté.

Et comme il est impossible qu’une peine quelconque atteigne Dieu, ainsi en advient-il des âmes qui s’approchent de lui. Plus elles s’approchent, plus aussi elles reçoivent de ce qui est propre à la divinité.

Par suite, le retardement qui atteint l’âme lui cause une souffrance intolérable. Cette souffrance et ce retard la rendent dissemblable de ces propriétés qu’elle avait de nature, et que la grâce lui montre; elle est empêchée d’y atteindre, alors qu’elle y est apte, et cela lui cause une souffrance très grande, à la mesure de l’estime qu’elle a de Dieu.

Mieux elle le connaît, plus elle l’estime; plus elle est dégagée du péché, mieux elle le connaît. A mesure aussi, l’empêchement lui devient plus terrible d’autant plus que l’âme est toute recueillie en Dieu et rien ne l’empêche de le connaître sans aucune erreur.

L’homme qui est prêt à se laisser tuer plutôt que d’offenser Dieu ressent la mort et en éprouve toute la peine. Mais dans le zèle que lui donne la lumière divine, il place l’honneur de Dieu au-dessus de la mort.

Ainsi l’âme qui connaît les desseins de Dieu en fait plus de cas que de toute torture intérieure ou extérieure, si grande qu’elle soit. C’est que Dieu qui opère en elle ces choses dépasse tout ce qu’on peut en ressentir ou imaginer.

L’occupation, pour faible qu’elle soit, que Dieu donne de lui-même à une âme l’absorbe en lui au point qu’elle ne peut tenir compte de rien d’autre. Par suite elle perd tout retour sur soi, elle ne voit plus rien en elle-même, ni dommage ni peine, elle n’en parle pas, elle n’en sait plus rien. Un instant seulement elle en a connaissance, comme il a été dit, au moment qu’elle sort de cette vie.

Finalement, tirons cette conclusion: Dieu fait perdre à l’homme tout ce qui est de l’homme, et le purgatoire le purifie.

L’intercession et la Communion des saints

Par son sacrifice, Jésus a ouvert les portes des Limbes aux justes qui, sans cela, n’auraiten pu entrer en Paradis.

À sa suite, et à son imitation, des âmes victimes se sont offertes pour hâter la délivrance des âmes du purgatoire.

Saint Claude La Colombière (1641-1682), qui seconda Marguerite-Marie Alacoque dans la diffusion du culte du Sacré-Cœur, insista, dans le don de lui-même, sur l’offrande réparatrice et sur la miséricorde envers les âmes du Purgatoire.

Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897) mentionne cette intention dès les premiers mots de son «offrande comme Victime d’Holocauste à l’Amour Miséricordieux du Bon Dieu».

Ô mon Dieu ! Trinité Bienheureuse, je désire vous Aimer et vous faire Aimer, travailler à la glorification de la Sainte Eglise en sauvant les âmes qui sont sur la terre et (en) délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire.

C’était de même au cœur de l’offrande victimale du Padre Pio (1887-1968) :

J'en viens à vous demander une permission, dit-il à son Provincial, celle de m'offrir au Seigneur comme victime pour les pauvres pécheurs et les âmes du purgatoire. Ce désir s'est développé de plus en plus dans mon cœur, au point qu'il est devenu, dirai-je, une forte passion. Il est vrai que cette offrande, je l'ai faite plusieurs fois au Seigneur, le conjurant de bien vouloir déverser sur moi les châtiments qui sont préparés pour les pécheurs et les âmes du purgatoire, même en les multipliant, pourvu qu'il convertisse et qu'il sauve les pécheurs et qu'il admette bien vite au Paradis les âmes du purgatoire. Mais maintenant je voudrais la faire, cette offrande, avec votre permission…

Fortunata Evolo (1924-2009) dite Natuzza, consacra l’essentiel de son témoignage au Paradis, à l’enfer et au Purgatoire. Pour elle ce dernier est une création de la Miséricorde de Dieu en ce qu’il permet d’éviter l’enfer aux âmes pécheresses. Elle bénéficiait de messages de défunts à l’intention de leur proche, comme le rapporte la parabole de Lazare et du mauvais riche dans l’Évangile (Cf. Luc 16, 19-31). Cela la rendit suspecte un moment.

Ce charisme de Natuzza est à rapprocher d’un message de la Vierge Marie à Medjugorje :

Il arrive que Dieu permette (aux âmes du Purgatoire) de se manifester de diverses manières auprès des leurs sur la terre pour rappeler aux hommes l’existence du Purgatoire et solliciter leurs prières auprès de Dieu qui est juste et bon.
 La plupart des hommes vont au Purgatoire, beaucoup vont en Enfer ; un petit nombre va directement au Ciel.

Natuzza priait et souffrait pour les âmes du purgatoire avec cette joie paradoxale que l’on retrouve chez les âmes victimes. Une joie qui ne se comprend que dans leur union à l’Amour souffrant du Christ Rédempteur.

La prière est une relation personnelle à Dieu. Elle est aussi intercession pour les autres. Non seulement ceux qui cheminent sur terre «dans cette vallée de larmes» dit le Salve Regina, mais aussi ceux qui sont au Purgatoire, comme nous recevons nous-mêmes des secours par l’intercession de la communion des saints.

La Divine Volonté

Alors que la volonté humaine est toute misérable, la Volonté divine est toute spirituelle et tout amour. Elle est la vie pure et parfaite de la Très Sainte Trinité, son principe vital. Elle est partout, inclut tout et produit tout de Dieu. Elle anime ses attributs, ses perfections, ses bienfaits. Elle a le pouvoir de rendre infini tout ce qui pénètre en elle.

Selon les enseignements de Notre Seigneur à Luisa Piccarreta, en voici sommairement les principales caractéristiques:

  1. Le don de la divine Volonté est le don d’unité parfaite, une substitution divine qui produit une humanité complète de Jésus dans l’âme. «Ce jour-là, vous reconnaîtrez que Je suis en mon Père et vous en Moi et Moi en vous.» (Jn 14,20)
  2. Le don est accessible à tous par notre oui qui se traduit par un échange de la volonté humaine avec la Volonté divine, ne voulant rien faire de soi-même.
  3. L’acquisition de la version divine de notre être: il établit l’ordre divin en nous qui recevons une capacité infiniment plus grande de faire le bien et de rendre une gloire parfaite au Père (fusion de volontés).
  4. Un parfait accord et une communauté de biens avec Dieu qui partage ses qualités.
  5. De spectateur, le Seigneur devient l’acteur de notre agir: toutes les choses accomplies avec Jésus dans sa divine Volonté deviennent les siennes, avec les mêmes qualités.
  6. Quitter le mode humain pour adopter le mode divin, les actes humains deviennent divins, car c’est lui qui opère en nous et qui nous redonne cette première capacité de l’origine.
  7. Devenir porteurs de son agir, de sa vertu créatrice dans le mode éternel d’opération de Dieu; être une courroie, un canal de transmission de la puissance du grand Roi:
  8. Tout acte dans la divine Volonté a primauté sur tout, il est universel et éternel.

Accueillir ma version divine en lui en me revêtant de ses qualités.

Avec l’avènement de l’Ere Nouvelle du Fiat de la sanctification inauguré par Dieu avec Luisa Piccarreta, faisant de nous des êtres d’amour et des fils de lumière soutenus par l’Esprit Saint et œuvrant avec la force, le pouvoir et la vigueur du ressuscité (Ep. 1, 17-23)

Puissance de réparation, de consolation et la glorification de la Sainte Trinité; Puissance pour le salut des âmes; Puissance pour atténuer les calamités et accélérer son retour sur terre pour son Règne que Dieu donne à son Église.

C’est par l’abandon total à la divine Volonté, avec la répétition, que la croissance dans cette Vie nouvelle s’effectue de façon progressive.

Au début du cheminement, le don de la divine Volonté est expérimenté sous forme de prêt, de façon intermittente, selon la fréquence de nos appels à la divine Volonté de venir agir en nous. Plus on le fera par répétition, plus tôt on en obtiendra le don permanent.

Source

Le Ciel à l’origine

À l’origine, tout n’était qu’ordre dans la création. Mais l’ordre n’exclut pas la liberté : Dieu n’a rien créé qui soit esclave. Au contraire, la liberté parfaite se trouve dans l’ordre car il exclut les contraintes nées de la peur de l’intrusion, de la crainte de l’agression, de la lutte contre des volontés contraires destructrices.

Tel était l’univers tout entier avant que Lucifer n’abuse de sa liberté pour susciter en lui-même le désordre des passions – et cela, par sa propre volonté.

Son nom primitif, Lucifer, veut dire « le porteur de Lumière ». En d’autres termes, le porte-drapeau de la Lumière, c’est-à-dire Dieu, puisque Dieu est Lumière. C’était un ange, le plus beau des anges. Son esprit parfait n’était inférieur qu’à Dieu. De tout ce qui existe, il était le second en beauté, le miroir pur qui reflétait l’insoutenable Beauté de Dieu. Il aurait eu comme mission auprès des hommes d’être l’exécuteur de la volonté de Dieu, le messager des décrets de bonté que le Créateur aurait transmis à ses enfants bienheureux sans péché, pour les amener toujours plus haut à sa ressemblance. Le porteur de la lumière aurait parlé aux hommes par le biais des rayons de cette lumière divine qu’il apportait, et comme ceux-ci étaient sans faute, les hommes auraient compris ces éclairs de paroles harmonieuses, pleines d’amour et de joie.

Achevée sans effort, parce que réalisée de façon ordonnée, la création aurait continué sans efforts de la part des créatures si le désordre n’était pas venu briser l’harmonie du Ciel avec la rébellion de Lucifer, et celle de l’Eden avec la rébellion de l’Homme-Adam.

Le péché de Lucifer qui devient Satan
La chute de Lucifer – Satan

Lucifer, le « porteur de lumière », s’est cru Lumière lui-même. Mais « porter la lumière » est bien autre chose que « d’être la Lumière ». La Lumière devant qui se prosterne toute la Création, est le Fils de Dieu, le Verbe du Père, celui « par qui tout a été fait ». La seconde personne de la Trinité « est la perfection des Trois résumée en une seule Personne. Une perfection infinie devant laquelle se prosternent les armées célestes ». Il n’a rien d’égal ni de commun avec la créature angélique qu’était Lucifer à l’origine.

L’archange Lucifer aimait incomplètement. L’orgueil de soi prenait de la place en lui, une place dans laquelle l’amour ne pouvait exister. Il se voyait en Dieu, il se voyait en lui-même, il se voyait dans ses compagnons — puisque Dieu l’enveloppait de sa lumière et faisait sa joie de la splendeur de son archange —, comme, en outre, les anges le vénéraient comme le plus parfait miroir de Dieu, il s’admira. Présent aux côtés de Dieu dès les premiers actes de la Création, il ambitionna que la Création dise de lui ce qui est dit du Verbe Incarné dans le prologue de Jean : « Tout a été fait par lui ». Dès cet instant l’archange devient sacrilège, assassin et prédateur.

Il ne devait admirer que Dieu, mais il s’admira lui-même. En chaque créature, toutes les forces bonnes et mauvaises sont présentes et elles s’agitent jusqu’à ce qu’un côté l’emporte pour produire du bien ou du mal. Lucifer attira à lui l’orgueil.

C’est par cette brèche de l’orgueil que sa dépravation destructrice pénétra. À cause d’elle, il ne put comprendre ni accepter le Christ-Amour; synthèse de l’Amour infini, unique et trine. Le fait que, de nos jours, se répande l’hérésie qui nie l’humanité divine de la seconde Personne pour faire de lui un simple homme bon et sage, s’explique facilement grâce à cette clé : le manque d’amour dans le cœur humain et son incapacité à aimer.

Puisqu’il connaissait les merveilles futures de Dieu, Lucifer voulut prendre la place de Dieu. Son esprit troublé lui faisait déjà se voir le chef des futurs hommes, adoré comme la puissance suprême. Il pensait: « Je sais le secret de Dieu. Je connais les paroles. Son dessein m’est connu. Je peux tout ce qu’il veut, lui. Comme j’ai présidé aux premières opérations de la création, je peux réussir. Je suis. » Cette parole que Dieu seul peut dire fut le cri qui signa la ruine de l’orgueilleux. Et il devint Satan.

Lui qui fut créé pour porter la lumière et les messages de Dieu a choisi librement et volontairement d’être infidèle au Seigneur son Créateur et à sa Grâce. Ce fut ce délire d’orgueil, cette présomption de se croire Dieu à la place du Fils de Dieu et donc non tenu à l’obéissance et à l’adoration, qui foudroya le révolté. S’il avait été tout amour, il n’y aurait pas eu place en lui pour autre chose que l’amour. Mais il y eut place pour l’orgueil, auquel on pourrait donner ce nom: le désordre de l’intelligence.

De même que Dieu avait voulu que l’archange se tienne à ses côtés dès les premiers actes de la création et qu’il en connaisse le destin d’amour, de même, il voulut qu’il sache la nécessité que son péché imposerait à Dieu : l’Incarnation et la Mort d’un Dieu pour contrebalancer le péché que Lucifer créerait s’il ne surmontait pas son orgueil. Il lui en montra la vision. Le premier anéantissement de Dieu se trouve dans cet acte de conviction douce et suppliante, envers l’orgueilleux.

C’était un acte d’amour. Mais Lucifer était déjà satanisé. Au lieu de l’amour, il ne vit que de la peur, de la faiblesse, un affront et une menace. Il engagea donc les hostilités contre Dieu en disant : « Tu es ? Moi aussi, je suis. Ce que tu as fait, c’est pour moi. Il n’y a pas de Dieu. Et s’il y a en a un, c’est moi. Je m’adore. Je t’abhorre. Je me refuse à reconnaître pour Seigneur celui qui ne sait pas me vaincre. Il ne fallait pas me créer si parfait, si tu ne voulais pas que je me pose en rival. Maintenant je suis, et je m’oppose à toi. Triomphe de moi, si tu le peux. Mais je ne te crains pas. Moi aussi, je vais créer et ta création tremblera à cause de moi. Je te hais et je veux détruire ce qui est tien pour créer sur ses ruines ce qui sera mien. Je ne connais et ne reconnais aucune autre puissance que moi. Désormais, je n’adore plus que moi-même ».

La naissance du Mal, de la Haine et de l’Enfer

La Création tout entière, fut alors prise d’une convulsion horrifiée devant l’infamie de ces paroles sacrilèges, une convulsion comme il n’y en aura pas de semblable à la fin de la Création. Il en naquit l’enfer : le règne de la Haine.

Lucifer fit de son orgueil une arme de séduction : Il séduisit ses compagnons les moins attentifs. Il les détourna de la contemplation de Dieu comme Beauté suprême.

Cette révolte tua, en lui et en ses partisans, la charité, l’ordre et l’harmonie.

C’est de l’incubation de l’orgueil qu’est né le Mal. Le Mal est une force qui est née toute seule comme certaines maladies monstrueuses dans le corps le plus sain.

L’Enfer, le lieu d’éternels et inconcevables tourments dans lequel se précipitent ceux qui vivent dans la haine du Seigneur et de sa Loi, cet Enfer a été créé à cause de lui, l’Archange rebelle.

Avec ses partisans, Lucifer a été foudroyé par Dieu, et terrassé par les anges fidèles. Foudroyé, car dépouillé désormais de la puissance de son état de grâce, et « précipité au fond de l’abîme » où son terrible feu de haine, sa lumière et sa flamme désormais horribles, si différentes de la flamme de grâce et d’amour reçues lors de sa création, ont allumé un feu éternel qui est d’une atrocité inimaginable.

Quand le péché de Lucifer bouleversa de façon irrémédiable l’ordre du paradis une grande horreur frappa tous les anges. La pleine charité qui, auparavant, était seule à exister, venait de tomber dans un gouffre dont s’exhalaient des puanteurs d’enfer.

L’absolue charité des anges était détruite, et la Haine était apparue. Effrayés, les anges fidèles pleurèrent pour la douleur de Dieu et son courroux. Ils pleurèrent sur la paix outragée du paradis, sur l’ordre violé et sur la fragilité des esprits. Ils ne se sentaient plus certains d’être irréprochables de fait de leur pur esprit : l’orgueil était latent et pouvait se développer.

Satan contamine la Terre

Le Mal existait donc avant que l’homme ne fût créé. Dieu avait précipité hors du paradis l’Incubateur maudit. Mais ne pouvant plus contaminer le paradis, il a contaminé la terre.

C’est par lui en effet que tout le mal est venu….

Au fond du gouffre où il était tombé, laid pour l’éternité, Lucifer, devenu Satan, était assoiffé de vengeance. Son premier acte de vengeance toucha Adam et Eve. Sa dent empoisonnée mit le signe de sa bestialité dans la perfection de la création, lui communiquant son propre appétit de luxure, de vengeance, d’orgueil.

En repoussant les séductions de Satan, nos premiers ancêtres auraient imité les bons anges vainement tentés par Lucifer lors de sa rébellion, et ils auraient obtenu un accroissement de grâce.

Les impulsions et les instincts de la nature humaine étaient des éléments ordonnés et bons à leur origine. Ils étaient agencés selon une harmonie réciproque, bien adaptée au but final pour lequel l’homme avait été créé. Leur désordre fut la création de Lucifer, le rebelle.

Le péché contre l’amour, c’est-à-dire l’orgueil de l’intellect et du cœur, à partir duquel l’homme-Adam innocent est devenu coupable, le péché terrible du moi qui veut « devenir semblable à Dieu » (Genèse 3, 5) ce péché a été créé par Lucifer qui, plus tard, séduisit l’homme au même péché, en le rendant semblable à lui dans sa rébellion contre le Seigneur.

Depuis des siècles et des siècles, l’homme lutte contre le venin infernal et Satan perpétue une interminable série de crimes de vengeance. Personne n’échappe au désordre provoqué par Lucifer et nos premiers parents. Le Christ, lui aussi, a dû les affronter.

Le péché de Lucifer, d’Adam et, plus tard, de Judas de Kériot est d’avoir voulu tout parce qu’ils avaient reçu beaucoup. Ils se sont crus des « dieux » du fait que Dieu les avait élus, sûrs de pouvoir se sauver sans aucun mérite que l’amour accordé par Dieu. Ils se sont rendus coupables ainsi d’un péché extrêmement grave. Car si la Bonté de Dieu est parfaite et infinie, elle n’est ni sottise ni injustice.

Dieu évite à Adam de se damner pour l’éternité

Mais Dieu a voulu éviter à Adam le risque de répéter le péché de Lucifer, devenu Satan pour avoir refusé d’adorer l’Amour fait chair. Si Dieu eût proposé le futur Christ à Adam, Adam aurait peut être refusé lui aussi d’adorer le futur Christ, vraie Synthèse de l’Amour trinitaire.

Trop souvent, l’homme maudit stérilement le premier péché, il blasphème contre Dieu en l’accusant d’être un imprudent Seigneur qui a soumis l’homme à une tentation plus forte que lui. Mais que serait-il advenu si l’homme, au lieu de céder à la tentation qui l’induisait à croire qu’en mangeant le fruit défendu il serait devenu semblable à Dieu, en était arrivé, sans aucun tentateur, à se croire lui-même dieu parce que sans péché, parce que sans douleur, parce que sans mort ?

Il n’y aurait alors pas eu de rédemption parce que l’homme aurait été un nouveau Lucifer. Cela aurait même été une légion sans nombre de démons car, avec le cours des siècles, l’humanité se serait augmentée par toutes les procréations ; ce ne serait alors pas seulement un homme et une femme, mais tous, qui auraient péché par cette hérésie sacrilège et la race humaine aurait péri tout entière dans un châtiment infernal.

Lucifer a prétendu orgueilleusement racheter lui-même l’homme, jugeant que sa ressemblance avec Dieu était non pas une participation de nature, mais substantielle, le rendant donc l’égal de Dieu en savoir, puissance et beauté. Il a ainsi offensé gravement l’Esprit Saint, dispensateur des lumières, des vérités et de la sagesse qui se trouvent en Dieu. Or les péchés contre l’Esprit Saint, qui ont été commis par Lucifer et par ses compagnons rebelles, comme ils sont encore commis par beaucoup d’hommes, ces péchés ne sont pas pardonnés.

La lutte de Satan contre le Christ jusqu’à la fin des temps

Depuis sa déchéance, Satan veut avoir son propre peuple pour l’opposer au Peuple de Dieu. Il poursuit ce but sans répit, par haine envers Dieu, et par haine des créatures que Dieu aime comme un Père. Or l’intelligence que Lucifer avait avant d’être foudroyé — une intelligence très aiguë, telle qui convenait au prince des populations angéliques —ainsi que ses pouvoirs, il les a conservés même après le foudroiement divin. Il s’en sert maintenant pour atteindre ses objectifs. Il espionne chaque action de l’homme, il écoute chacune de ses paroles. De chaque parole prononcée et de chaque action accomplie il tire son profit. Il se sert de la constitution physique de l’individu, de ses maladies, de ses mésaventures, de ses études, de ses affections, de ses occupations, et de tout ce qu’il trouve apte à être ensemencé, pour y semer sa zizanie. Il suscite des phénomènes aptes à nous séduire et à nous faire tromper.

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Consécration à l’Esprit Saint

Un véritable adorateur doit se consacrer à l’Esprit Saint chaque jour,  mais le feu qui l’embrase ne lui permet plus de se consacrer seul; il désire consacrer beaucoup de frères et sœurs avec lui.

O ESPRIT SAINT, PAR MARIE, je me consacre à toi; je te consacre ma famille, mes amis, mes ennemis. Je te consacre toutes les personnes que je vais rencontrer aujourd’hui,  toutes les personnes à qui j’ai promis des prières.

Je te livre mon intelligence et leur intelligence. Viens les remplis de ta lumière et de ta parole de science; je te donne mon imagination et leur imagination, ma mémoire et leur mémoire, mes sens et leur sens; viens les transfigurer par ta présence pacifiante.

ESPRIT D’AMOUR, je te consacre mon cœur et leur cœur, pour que tu les changes avec le Cœur miséricordieux de Jésus, notre Sauveur.

ESPRIT DE FEU, ravive constamment le feu sacré en moi et en eux.

O ESPRIT DE FORCE, je te consacre ma volonté et leur volonté afin que par nos moindre actions, Jésus continue d’accomplir toutes les guérisons et tous les miracles qu’il souhaite accomplir dans son peuple.

ESPRIT DE PUISSANCE, je te don ne ma bouche et leur bouche afin que tu parles à travers nous, que nos paroles aient la puissance du Verbe de Dieu pour propager la Bonne Nouvelle, multiplier les conversions et faire éclater la Gloire de notre Père du ciel.

ESPRIT DE SAINTETÉ, je te consacre mes mains et leurs mains afin qu’à chaque instant, elles répètent les gestes de bonté et de compassion de Jésus dans ce monde si troublé.

ESPRIT CRÉATEUR, je te consacre mon corps et leur corps, avec nos fatigues et nos maladies, crée en nous de nouvelles forces par ton souffle de résurrection.

ESPRIT DE SAGESSE , je te consacre tout mon être et tout leur être; fais-nous savourer la présence de Dieu afin que Jésus, Sagesse éternelle, puisse transparaître à travers tout notre être et régner sur l’Univers.

Amen.

(Sr Claire Gagné)